J’ai raconté dans la première partie de mon témoignage " Conversion à l’hôpital ", comment ma rencontre avec le " Dieu de Jésus-Christ " m’avait affranchie de la crainte de la mort et de la puissance du péché dans ma vie.
Voici maintenant quelques expériences ponctuelles vécues durant mes études de médecine, à l’hôpital, et qui rendent témoignage à la manière dont Dieu, comme un père aimant, sait prendre soin de ceux qui lui font confiance.
Tout au long de mes études, j’ai été confrontée à des situations qui dépassaient mes forces physiques et morales.
Mais après le pardon de Dieu et la nouvelle vie dans l’Esprit, ma vie à l’hôpital changea complètement.
J’avais maintenant une solution.
Je priais Dieu de me venir en aide, je lisais sa parole, je comptais sur ses promesses.
J’avais en particulier bien du mal à supporter les gardes de nuit.
Lorsque nous étions de garde, nous avions dans la poche de la blouse le " bip ", un petit appareil qui nous réveillait avec une sonnerie stridente dès que quelqu’un se présentait au service des urgences, ou dès qu’une personne hospitalisée nécessitait des soins médicaux par suite d’une aggravation de son état.
Certaines nuits, nous ne cessions d’être appelés, pour assister parfois au dernier soupir d’un malade pour lequel il n’y avait plus rien à faire, ou pour tenter de trouver des solutions à des cas désespérés.
Les infirmières nous attendaient, anxieuses, et leurs visages s’éclairaient d’un large sourire lorsque nous arrivions au pas de course.
Elles disaient alors invariablement : " Ah, voilà l’interne ! " (En fait, nous étions de simples étudiants).
Et l’on sentait, dans l’intonation qui accompagnait ces quelques mots, à quel point elles étaient soulagées d’être déchargées de la responsabilité de maintenir le patient en vie, ou en tout cas dans le meilleur état possible.
Le fardeau dont elles étaient déchargées à notre arrivée retombait bien naturellement sur nous, et il était important que notre forme physique et intellectuelle soit bonne, pour faire face aux situations difficiles.
A une époque de ma vie, certaines nuits, j’étais si fatiguée que je ne me sentais pas en état de travailler.
Alors je priais instamment : " Mon Dieu, je t’en prie, permets-moi de dormir au moins 3 heures. "
Et je savais que 3 heures durant, exactement, je ne serais pas dérangée.
Lorsque la fatigue était plus intense, je " demandais " 6 heures de repos. Et le " bip " sonnait exactement 6 heures plus tard.
Bien entendu, ces exaucements de prière faisaient suite non pas à une fantaisie de ma part, mais à une réelle nécessité.
Aucune prière motivée par la paresse n’a jamais été exaucée.
Une fois, à la fin d’une journée de travail intense, ma fatigue était telle, et j’étais de garde la nuit, qu’il m’arriva de penser en moi-même : Si le " bip " sonne, je suis capable de le lancer contre le mur.
Je priai Dieu qu’il n’y ait aucune urgence et je m’endormis, pour me réveiller reposée le matin, 9 heures plus tard.
Il va sans dire que ces évènements se déroulaient entre Dieu et moi, sans que personne ne soit au courant de quoi que ce soit.
Un autre soir de garde, je me trouvais dans une chambre assez sordide, réservée aux étudiants.
Les murs étaient décrépis, seuls un lit et une chaise meublaient la pièce.
C’était l’été, l’atmosphère était chaude, étouffante, et de nombreux moustiques sifflaient autour de moi.
J’étais très fatiguée, désireuse de me reposer quelques heures avant l’afflux des malades et des blessés aux urgences.
Avec cette chaleur et ces moustiques, qui, me semblait-il, se comptaient par centaines, il me serait impossible de fermer l’œil, la nuit menaçait d’être terrible !
Le désespoir m’envahit un instant et la prière que je formulais intérieurement était plutôt un appel au secours : " Mon Dieu, je t’en prie, qu’aucun de ces moustiques ne s’approche de moi, qu’ils restent tous au plafond. "
Je ne sais pas pourquoi je fis cette prière si précise, mais je m’allongeai et n’entendis aucun de ces sifflements stridents, dont habituellement un seul m’empêchait de fermer l’œil.
Je dormis profondément plusieurs heures durant.
Et voici encore un exemple de la manière dont Dieu est capable d’agir dans la vie d’une personne obscure, d’une simple enfant de Dieu qui fait confiance à son père au milieu des événements quotidiens.
Un soir de garde, je discutais avec un interne à propos de l’affluence des situations d’urgence, qui se produisaient principalement en fin d’après-midi.
" C’est normal, me répondit-il. Il y a les accidents de trajet des personnes qui reviennent du travail, les blessures et maladies des enfants qui reviennent de l’école et sont amenés par leurs parents au service des urgences. C’est pour cela que l’affluence est maximale entre 19 heures et 22 heures. Avant et après ces heures-là, c’est plus calme. "
Tout à coup, je pensai en moi-même : " Les choses logiques se déroulent ainsi, mais Dieu est maître des circonstances, il est bien capable d’inverser l’ordre naturel des choses. "
Et je fis cette prière : " Je te prie, mon Dieu, de faire en sorte que ce soir il n’y ait pas une seule urgence entre 19 heures et 22 heures, et que la première urgence arrive à 22 heures précises. "
Cette prière n’était pas du tout préméditée, je l’avais faite comme un enfant qui sait que son père peut faire des choses extraordinaires. Je savais que cette prière allait être exaucée, j’avais foi qu’elle le serait.
Je pense que c’est Dieu qui l’avait inspirée à mon cœur pour manifester sa puissance.
Et les choses se passèrent ainsi.
Nous étions pourtant dans un C.H.U., un Centre Hospitalier Universitaire, un très grand hôpital.
De 19 heures à 22 heures, personne ne se présenta au service des urgences. A 22 heures précises, un couple âgé fut introduit dans le service.
La dame venait d’avoir un A.V.C., (un accident vasculaire cérébral), et elle souffrait d’une hémiplégie (paralysie de la moitié du corps).
Après qu’elle ait reçu les soins nécessaires par le réanimateur de garde, on l’installa dans une chambre et je m’assis à côté de son lit pour remplir le dossier médical.
Je sentais la présence de Dieu. Je sentais que quelque chose de spécial était en train de se passer, d’autant plus que la réponse à ma prière de fin d’après-midi était vraiment extraordinaire.
Et j’eus la possibilité de lui parler de l’amour de Dieu, du pardon qu’il offre à ceux qui acceptent le sacrifice de Jésus, et de la vie éternelle.
Elle était très calme, buvait mes paroles et acquiesçait des yeux et de la tête.
Je fus la dernière personne à la voir vivante.
Dans la soirée, l’infirmière m’annonça qu’elle était décédée lorsqu’elle pénétra dans sa chambre quelques minutes plus tard pour surveiller sa tension artérielle.
Je rencontrai son mari en redescendant et lui expliquai ce qui venait de se passer.
J’offris à ce dernier le Nouveau Testament de poche que je gardais toujours sur moi.
Non, vraiment, il n’y a pas de hasard. Lorsque Dieu agit miraculeusement, il a toujours un but précis.
Je peux vraiment témoigner qu’au cours de mes études de médecine, Dieu a été un père pour moi.
Je manquais de forces, je manquais également d’appuis humains, mais Dieu était là, au milieu de la " vallée de l’ombre de la mort " qu’était pour moi l’hôpital.
Dieu était tout proche de moi, il connaissait mes capacités et il adaptait la charge de travail à celles-ci, comme je le lui demandais.
Des années plus tard, lorsqu’il m’a fallu chercher un travail, j’étais effrayée de me sentir si faible devant une profession si exigeante.
Mais j’ai pu encore une fois bénéficier de la bienveillance de Dieu, qui m’a dirigée de façon tout à fait providentielle vers un poste de médecin salarié qui convenait parfaitement à mes besoins et à mes capacités.
Trente ans plus tard je travaille toujours dans le même centre médical et j’ai pu évoluer dans ma carrière.
C’est souvent dans la faiblesse, lorsque nous sommes sans appui humain et que nous crions vers Dieu, que se manifestent sa grâce et son aide toutes puissantes, comme il est écrit dans la seconde épître de Paul aux Corinthiens, (chapitre 12, verset 9) : " Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. "
J’ai assisté aussi à plusieurs miracles de guérison physique pendant mes études de médecine.
Je veux en rapporter ici deux, qui ont profondément marqué ma mémoire.
Alors que j’effectuais un stage à Toulouse, en service de neurochirurgie, je rencontrai une dame qui devait être opérée d’une hernie discale.
Elle était littéralement clouée au lit par la douleur. Je ne sais comment j’appris qu’elle était croyante. Probablement en voyant une Bible sur sa table de nuit
Nous avons sympathisé et prié ensemble pour sa guérison.
Je me souviens qu’un jour, je me suis même retrouvée à genoux à côté de son lit, priant avec elle pour que Dieu la guérisse au nom de Jésus-Christ.
Un interne est entré dans la chambre à ce moment-là et m’a regardée avec un étonnement sans mélange.
Après quelques secondes, il s’est contenté de refermer la porte.
D’autres chrétiens étaient venus à son chevet, ainsi que le pasteur de son Eglise, qui avait prié pour sa guérison.
Et elle avait été guérie sans intervention chirurgicale, conformément à ce qui est proposé dans la Bible au chrétien qui est malade : " Quelqu’un parmi vous est-il malade ? Qu’il appelle les anciens de l’Eglise, et que les anciens prient pour lui, en l’oignant d’huile au nom du Seigneur ; la prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, il lui sera pardonné. "
Un jour de grande visite, notre cohorte, composée du professeur, du chef de clinique, des internes, des externes, de l’infirmière, arrive autour du lit.
A la question posée par le professeur : " Comment va notre malade ? ", l’interne ose à peine répondre : " Elle n’a plus aucun symptôme, elle a retrouvé toute sa souplesse. "
On demande à la malade de prouver la guérison. Elle s’exécute et saute de son lit avec légèreté, se penche rapidement en avant et touche sans difficultés le bout de ses pieds avec les mains.
Mais lorsqu’elle donne l’explication de cette guérison complète, le visage du professeur se durcit et il lance brusquement une petite phrase : " Guérison spontanée ! "
Puis tournant les talons, il sort précipitamment de la chambre, suivi de toute sa " cour. "
Inutile de dire que j’ai le plus profond respect pour la science médicale, et que j’ai également beaucoup d’affection pour les médecins et tous ceux qui ont une profession paramédicale, qui, au prix de leur confort et de leur tranquillité, s’emploient à faire reculer la souffrance et la mort.
Mais je n’ai pas peur d’affirmer que la guérison divine existe, qu’elle est une réalité, comme j’ai pu le constater plusieurs fois sur moi-même ou sur d’autres personnes.
Beaucoup de médecins et de chirurgiens se sont également trouvés face à des guérisons qui ne pouvaient recevoir aucune explication scientifique et faisaient suite à la prière adressée à Dieu au nom de Jésus-Christ.
Les témoins oculaires qui vivaient du temps de Jésus-Christ rapportent de nombreux miracles de guérison sur des malades incurables, en ce temps où la science médicale était très limitée.
Jésus ne s’attribuait pas la gloire de ces miracles, qui étaient faits par Dieu, et il disait lui-même : " Le Père, qui demeure en moi, c’est lui qui fait les œuvres. " (Evangile de Jean, chapitre 14, verset 10).
Ces œuvres avaient pour but de susciter la foi des contemporains de Jésus, pour qu’ils croient en Dieu, se repentent de leurs mauvaises œuvres et reçoivent le pardon de leurs péchés et la vie éternelle. C’est pourquoi au verset 11, Jésus ajoute :
" Croyez du moins à cause de ces œuvres. "
L’œuvre de Dieu par Jésus-Christ est à la fois simple à comprendre et mystérieuse.
Mais par son action sur nos âmes et nos corps, Dieu prouve qu’il est un Dieu bon, qui veut le bien de ses créatures et qui est capable d’employer des moyens " extra " ordinaires, des moyens qui ne répondent pas aux lois de la nature, pour parvenir à son but.
Si elle est une réalité, la guérison divine est aussi parfois le seul moyen de guérison, lorsque le malade est incurable.
En voici un exemple frappant auquel j’ai assisté, alors que je travaillais à Pau dans le service de réanimation.
Je me souviens seulement du prénom de cet homme, René, qui avait voulu mettre fin à ses jours.
Après 48 heures d’absence, on était parti à sa recherche, et on l’avait trouvé dans sa voiture en plein hiver, dans un col des Pyrénées.
Il avait absorbé des médicaments et une grande quantité d’alcool et avait été retrouvé inconscient, en hypothermie sévère, avec une infection pulmonaire très grave.
Après plusieurs semaines de traitement intensif, pendant lesquels le malade fut laissé sous ventilation artificielle, il devint évident qu’on ne pourrait pas le sauver.
Malgré des perfusions permanentes d’antibiotiques, l’infection avait gagné les deux poumons et plusieurs germes étaient en cause.
Le malade avait été isolé dans une chambre séparée, et c’est à contre cœur que l’on entrait dans la pièce, à cause de l’odeur insoutenable qui y régnait, causée par les germes responsables des infections.
Nous attendions tous son décès.
J’avais eu l’occasion de partager ma foi avec lui.
J’appris d’ailleurs par la suite qu’une infirmière du même service, qui était chrétienne cherchait également à lui communiquer sa foi.
Et surtout, je priais pour lui. Jamais je n’ai prié pour sa guérison physique, je dois l’avouer, tant la gravité de son état me semblait sans remède.
Je priais pour que son âme, désespérée au point d’avoir voulu en finir avec la vie, reçoive au moins une consolation de la part de Dieu.
Un jour que je priais Dieu de se révéler à lui, je reçus brusquement la certitude qu’il allait guérir.
Cette certitude est descendue dans mon cœur sans plus de bruit qu’une plume qui se serait déposée sur le sol.
Mais j’étais sûre de cette guérison, j’avais la foi véritable, celle qui reçoit l’exaucement dont parle Jésus.
Rien n’a pu ébranler ma certitude que cet homme allait guérir.
Ni les pronostics des médecins et des infirmières, qui m’accueillaient chaque matin en disant : " M. X. ne passera pas la journée. "
Ni l’accident qui survint une nuit durant laquelle j’étais de garde.
Je me fis invectiver par le réanimateur de garde que j’appelai au téléphone.
Il me demanda de le laisser mourir tranquillement. " Vous savez bien qu’il va mourir, me dit-il. Mais si vous le voulez vraiment, mettez en place le protocole suivant. …… " c’est ce que je fis, persuadée qu’il allait vivre.
Et il vécut.
Les infections guérirent, et l’on put bientôt enlever la sonde d’intubation, qui n’avait pas endommagé la muqueuse nasale malgré sa mise en place des semaines durant.
Il sortit bientôt de réanimation et je lui rendis visite pendant sa convalescence.
Il avait bonne mine et m’accueillit en souriant.
Je lui laissai un Nouveau Testament et l’excellent livre de l’évangéliste Billy Graham : " La paix avec Dieu. "
Il me dit que pendant son épreuve, il avait lui aussi beaucoup prié.
J’ai été spectatrice d’une guérison miraculeuse pour laquelle je ne priais pas.
Dieu est souverain.
Il m’est arrivé de prier pour la guérison de certains malades, et ils n’ont pas été guéris. Et je ne peux percer le mystère de tous ces événements.
Dans l’Evangile nombreux sont les cas où Jésus pardonnait les péchés et guérissait les malades.
Je m’éloignais naturellement, sans effort, de tout ce qui aurait pu attrister le Saint-Esprit qui résidait en moi.
Je ne redoutais rien autant que de perdre la présence de Dieu en moi.
Je me souviens de bons moments que j’ai passés en compagnie de femmes qui étaient hospitalisées en service de psychiatrie pour de graves dépressions nerveuses.
Les internes et étudiants passaient souvent leur temps libre dans une grande salle de réunion pour y manger, plaisanter.
On les entendait rire derrière la porte fermée. Mais je sentais que ma place était plutôt au milieu des femmes souffrantes, humiliées par la maladie, et qui avaient besoin de trouver une oreille bienveillante et attentive à leur douleur.
L’amour du monde ne peut cohabiter avec celui de Dieu :
" N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du père n’est point en lui. " (1 Jean chapitre 2, verset 15).
Un jour que j’étais de garde, un chirurgien me fit appeler pour l’assister comme aide opératoire. J’aimais beaucoup la chirurgie, mais je savais très bien que ce n’était pas la voie que Dieu voulait pour moi.
Je n’avais pas la santé nécessaire pour me diriger vers ces études contraignantes.
Alors je laissai ma place à une étudiante qui brûlait d’envie de la prendre.
Je remplissais ce soir-là, aux urgences, un dossier médical, lorsque j’entendis une voix forte et cordiale me saluer : " Bonjour, mademoiselle ! "
J’avais en face de moi un chrétien que je connaissais bien.
Il était pilote de l’hélicoptère qui conduisait les malades et les accidentés à l’hôpital.
Nous avons passé, avec lui et les étudiants qui étaient présents, un agréable moment à discuter et je n’ai plus pensé au bloc opératoire.
Je crois que Dieu sait exactement le genre de travail que nous pouvons faire et qui nous sera profitable.
Il faut éviter d’avoir une ambition démesurée, surtout pour une femme, car elle peut nous empêcher de construire une vie affective stable.
De plus, je voulais garder du temps pour connaître Dieu et servir mon prochain.
C’est lorsque l’on s’approche de l’âge de la retraite que l’on prend conscience de la vanité de l’orgueil humain.
Lorsque la carrière est derrière nous, que reste-t-il pour vivre si l’on n’est pas entouré de gens que l’on a aimés, et qui nous aiment, de ceux que l’on a soutenus toute notre vie et qui sont prêts à nous soutenir ?
Ceux qui vivent leur vie professionnelle en milieu médical peuvent parfois être tentés par des aventures sexuelles.
Le fait de connaître Dieu, de savoir qu’il m’aimait et veillait sur moi, de le voir à l’œuvre dans ma vie, m’a toujours gardée de céder à la séduction qui émane de ces hommes importants et honorés.
Dieu n’est-il pas au-dessus de tous ?
Parents, qui voyez vos enfants s’envoler du nid familial vers une destination qui vous fait peur, faites-leur connaître le père céleste, qui les gardera de toute embûche et leur permettra de construire une vie professionnelle et une vie affective stables, pures, heureuses.
Je me souviens d’un stage que j’effectuais en pédiatrie.
Une atmosphère particulière régnait dans ce service, où des lits à barreaux s’alignaient dans une grande salle.
Tous ces petits enfants qui s’ennuyaient subissaient en plus des soins médicaux angoissants ou douloureux.
Le personnel, il est vrai, prenait bien soin d’eux.
Mais a-t-on conscience du mal-être que peut éprouver un enfant ou un adulte dévêtu sous le regard de dix paires d’yeux au moment de la " grande visite " ?
Un de ces petits, un garçonnet d’environ 2 ans, s’ennuyait beaucoup. Il recevait peu de visites.
Ses pieds étaient fermement maintenus dans des bottines reliées entre elle par une planchette.
Il souffrait d’une malformation congénitale des deux pieds.
Il y eut entre nous un véritable coup de foudre.
Je le prenais dans mes bras, et d’aussi loin qu’il me voyait venir, il s’aidait des barreaux du lit pour se lever et m’attendre.
J’avais pris l’habitude, lorsque j’étais de garde de nuit, de manger le soir avec les infirmières dans le service, pour être plus près des enfants et pour échapper à l’ambiance des salles de garde.
Mais le dernier soir, je voulus prendre congé de mes collègues.
Nous étions tous réunis pour manger dans une grande salle dont les murs étaient couverts de dessins obscènes et de peintures érotiques.
Je sentais que ma place n’était pas dans un tel lieu, mais je n’eus pas le courage de partir au cours du repas.
La nuit fut mauvaise, et lorsque je voulus, le lendemain matin, dire au revoir à mon petit protégé, je n’avais pas fière allure.
J’étais fatiguée et j’avais perdu cet élan d’affection qui me poussait vers lui.
Lorsque je m’approchai, je vis mon petit ami s’asseoir tristement, puis se coucher et tourner la tête vers le mur.
Quel triste adieu !
Assurément, il n’y a aucune cohabitation possible entre l’amour de Dieu et l’amour du monde, comme l’écrit l’apôtre Jean dans sa première épître :
" Si quelqu’un aime le monde, l’amour du père n’est point en lui, car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du père, mais vient du monde. " (Chapitre 2, verset 16).
Et malgré notre attachement à Dieu, si nous ne nous gardons pas nous-mêmes des tentations, nous pouvons y succomber.
Voici ce que dit l’apôtre Jean dans sa première épître (chapitre 5, verset 18) :
" Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché ; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. "
Le but de Dieu est de nous procurer des relations affectives profondes et stables avec notre famille.
Les relations purement érotiques ne comblent pas la solitude humaine, non plus que celles qui sont basées sur l’infidélité.
C’est à l’hôpital de Tarbes que j’effectuai mon stage de fin d’étude.
Je prenais le train de 7 heures à Pau, après avoir parcouru à bicyclette la grande descente qui mène à la gare.
Il y avait peu de monde à cette heure-là dans le train, une personne dans chaque compartiment.
Beaucoup de conversations amicales se sont terminées par un témoignage de l’amour de Dieu et le don d’un Evangile.
Quelques souvenirs de ce stage sont restés gravés dans ma mémoire, comme ces mois que je passai en service de pneumologie.
Les malades finissaient leur vie avec une respiration haletante, en cherchant un peu d’oxygène.
Jamais je n’ai autant ressenti la présence de Dieu que dans ces bâtiments et ces cours sordides et tristes.
Ces paroles du Psaume 23 me revenaient en mémoire bien souvent :
" Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ton bâton et ta houlette me rassurent. "
Quelques visages sont restés gravés dans ma mémoire, comme celui de cet homme dont les poumons étaient détruits, par une bronchite chronique si je me souviens bien.
Il respirait avec tant de peine que je lui disais : " C’est pénible, hein ? " et il me répondait : " Ce n’est rien de le dire. " Sa femme et sa sœur se succédaient à son chevet, mais il y avait entre elles deux une lutte d’influence pénible sur le malade.
Il y avait aussi des malades qui terminaient leur vie seuls, telle cette grande femme toute simple, qui avait passé sa vie au service d’un couple fortuné.
Elle n’avait pas eu l’occasion de bâtir une vie personnelle elle-même, mais elle ne se plaignait jamais.
Nous avons sympathisé, elle me racontait sa vie et me disait invariablement : " Mes patrons ont été très bons pour moi. "
Lorsque la maladie a été sur le point de l’emporter, je me suis assise tout près d’elle et je lui ai parlé de l’amour de Dieu pour elle. Son regard était paisible.
D’autres malades étaient angoissés, comme cette femme que je croisai un jour au milieu d’une cour de l’hôpital.
Elle s’adressa à moi avec un tel désespoir qu’elle se tordait les mains et les avant-bras sous l’effet de la douleur morale. Jamais je n’avais rencontré quelqu’un dont le désespoir était aussi manifeste.
Nous sommes restées là un bon moment à parler debout au milieu de la cour.
La compassion m’étreignait et je voulais la consoler en lui parlant de Dieu et de son amour, comme j’avais moi-même vu disparaître toute angoisse de mon cœur sous l’effet de la consolation de Dieu.
Il était évident que l’Esprit de Dieu agissait dans son cœur, car je la vis peu à peu se détendre. Son visage devint serein et souriant, et ce changement était vraiment spectaculaire. Ses mains se dénouèrent et se détendirent.
Elle me remercia chaleureusement et nous partîmes chacune de notre côté.
La compassion et l’amour faisaient vraiment partie des fruits que j’avais reçus lorsque le Saint-Esprit était venu dans ma vie.
Je me souviens d’avoir ausculté un grand malade. La compassion que j’éprouvais pour lui était telle que les larmes coulaient toutes seules de mes yeux tandis que je l’auscultais.
Une infirmière me raconta après son décès, que le jour de sa mort, avec le peu de forces qui lui restaient, il cherchait à repousser un ennemi visible de lui seul.
La mort, cette " reine des épouvantements ", certains malades la sentaient venir, comme cet homme, qui, marchant dans l’hôpital, me croisa un jour et me dit d’un air sombre : " Dans une semaine, je ne serai plus là. "
Il était bien atteint, certes, ne pouvant plus manger. On l’alimentait avec une sonde de gastrostomie, implantée directement dans l’estomac.
Mais il déambulait encore sans difficultés dans les couloirs de l’hôpital. Sa prédiction se réalisa pourtant.
L’hôpital, c’est un lieu où l’on vient recevoir des soins, où l’on vient chercher la guérison. Mais c’est aussi un lieu dans lequel on souffre et l’on meurt.
C’est un endroit privilégié pour y découvrir le tragique de la destinée humaine, conséquence de la rébellion contre Dieu.
C’est aussi un endroit privilégié pour y faire connaître la miséricorde de Dieu.
Une amie médecin, me parlant de son expérience comme accompagnante en service de soins palliatifs, me disait récemment :
" Au moment de la mort, même les personnes qui n’ont jamais cru en Dieu se tournent vers Lui et s’accrochent à une espérance. "
Certains malades s’approchent de Dieu lorsque la souffrance est là, comme celui qui me dit un jour : " Vous savez, mademoiselle, j’ai beaucoup travaillé dans ma vie, je n’ai jamais eu le temps de m’occuper de chercher Dieu. Mais depuis que je suis à l’hôpital dans un lit, j’ai recommencé à prier. "
L’espérance en un Dieu d’amour, qui pardonne et nous a donné un Sauveur pour nos âmes, Jésus-Christ, ainsi que l’espérance de la vie éternelle, sont importantes, à l’hôpital plus qu’ailleurs peut-être.
Pour le soignant qui est confronté au quotidien à la souffrance et à la mort de ceux qui l’entourent.
Pour celui qui est l’objet des soins à plus forte raison, lui qui est confronté, sinon à sa propre mort, à la souffrance.
Lorsque tout disparaît, lorsque même la puissance de Dieu ne se manifeste pas, et que l’âme quitte le corps, il reste toujours, comme le dit l’apôtre Paul :
" La foi, l’espérance et l’amour " (1 Corinthiens 13).
Et la plus grande de ces choses, c’est l’amour.
Nous voudrions avoir des certitudes, quant à l’existence de Dieu, quant à son œuvre de salut en Jésus-Christ, quant à la vie éternelle.
Et nous avons reçu la foi et l’espérance.
Comme il est écrit dans l’épître aux Romains :
" C’est en espérance que nous sommes sauvés. Or l’espérance qu’on voit n’est plus espérance ; ce qu’on voit, peut-on l’espérer encore ? " (Chapitre 8, verset 24).
Mais au-delà de la foi et de l’espérance, il y a l’amour.
Et c’est cet amour pour le souffrant, le mourant, l’oublié, celui qui est réduit à presque rien, qui nous prouve que notre espérance n’est pas vaine, parce que cet amour n’est pas naturel, il vient de Dieu.
Sans amour, la foi et l’espérance ne suffisent pas.
" Or l’espérance ne trompe pas, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. " (Epître aux Romains, chapitre 5, verset 5)
Pourquoi avoir écrit ces quelques souvenirs de mes années d’études ?
Le fait d’avoir connu la Parole de Dieu, d’avoir reçu le Saint-Esprit, m’a permis d’être gardée du mal et d’être accompagnée tous les jours.
Les chrétiens de l’Eglise m’ont entourée de leur bienveillance, mais surtout Dieu était là, tous les jours et à chaque instant.
Lorsque les circonstances étaient trop difficiles, le secours arrivait, d’une manière ou d’une autre, soit d’une façon extérieure, soit par un surcroît de force intérieure.
Dieu est maître du temps et des circonstances, il est prêt aussi à changer nos cœurs lorsque nous sommes plongés dans le péché et à faire de nous des moyens de bénédiction pour les autres.
Quelles que soient les circonstances, si nous sommes seuls, crions à Dieu, Il répondra.
Il a répondu déjà à tous les humains en envoyant Jésus-Christ, par lequel il nous a réconciliés avec lui-même.
Mes années d’études à l’hôpital m’ont plongée toute jeune dans le monde de l’angoisse, de la souffrance et de la mort.
Mais c’est aussi là que la présence et la puissance de Dieu se sont révélées le plus intensément à mon âme et à celle de plusieurs au contact desquelles je me suis trouvée.
Ainsi se termine mon témoignage.
Mon souhait est que ceux et celles qui le liront soient incités à chercher Dieu s’ils ne le connaissent pas encore.
Toute ma reconnaissance est à Dieu par Jésus-Christ.
Dr. F. D.