Tout triste

Marc 10 : 17 à 31

Avant de parler du jeune homme riche qui s’est séparé tout triste de Jésus, j’aimerais vous entretenir d’un jeune homme pauvre qui s’est déclaré tout heureux de l’avoir suivi.

Il s’agit d’un Ecossais du siècle dernier, au cœur enthousiaste, William Waddell.

Il entendit un jour le missionnaire François Coillard prêcher sur ce texte : " Je vous exhorte à offrir vos corps en sacrifice vivant " et décida sous le coup de cette prédication de tout lâcher pour accompagner Coillard au Zambèze.

Et tandis que François Coillard y poursuivait le ministère de la parole, William Waddell bâtissait la station de Sefula, puis, renonçant au congé auquel il avait droit, édifiait à Léalui un deuxième centre pour la mission.

Quand enfin il put rentrer en Europe pour y bénéficier d’un repos largement mérité, ce fut pour découvrir qu’il avait contracté parmi les Noirs, la lèpre des nerfs qui devait l’emporter après un rude martyre de quinze années.

Et lorsqu’une personne amie, bouleversée de constater en lui les ravages de ce " sacrifice vivant " – il allait devenir aveugle ! – lui demanda s’il regrettait l’orientation donnée à sa vie, il répliqua sans hésitation :

" Si c’était à refaire, sachant ce que cela coûte, je l’accepterais comme un honneur, pour le service de Jésus-Christ. "

Et maintenant, après cette présentation d’un homme qui pouvait dire à Jésus, aussi bien que l’apôtre Pierre :

" Voici, nous avons tout quitté et nous t’avons suivi ", nous avons à considérer le jeune homme riche qui avait fort bien entendu l’appel de Jésus :

" Viens et suis-moi ", mais qui n’eut pas le courage de tout abandonner pour marcher après lui.

Il ne nous est pas possible de retracer la carrière de ce jeune homme, mais nous ne pouvons nous défaire de cette impression que, même brillante aux yeux du monde et facilitée par les richesses considérables dont il disposait, son existence fut taraudée par le perpétuel regret d’avoir un jour décliné l’offre de Jésus.

Il avait ainsi repoussé la possibilité qu’il avait d’être heureux.

Il s’en est allé tout triste, ainsi que le souligne l’Evangile, et il est peu vraisemblable que par la suite, sa mélancolie se soit dissipée.

Même une longue vieillesse exempte d’infirmités et à l’abri du besoin ne pouvait compenser la bonne part, la seule chose nécessaire qu’il avait si stupidement laissé échapper dans son jeune âge.

Et nous ?

Il doit être possible de vérifier, d’après notre contentement ou notre mécontentement intime, la réponse personnelle que nous avons donnée à Jésus.

A sa suite, nous ne pouvons que respirer la joie et la paix.

Détachés de lui, nous sommes condamnés à ressentir la déception et l’insatisfaction.

" Car tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur ne trouve point de repos tant qu’il ne se repose pas en toi " (saint Augustin).

La sourde irritation qui mine tant d’existences est l’indice très sûr de vocations manquées.

Mais la sérénité qui s’épanouit en plusieurs de nos semblables témoigne aussi sûrement des destinées consacrées à Celui qui s’est manifesté comme étant pour l’humanité, le chemin, la vérité et la vie.

A ceux qui ont tout abandonné pour le suivre, n’a-t-il pas promis " cent fois davantage ? "

Semeur Vaudois

Un Sauveur qui change les vies

Thao Deng était lépreux.

Obligé de quitter son village, il avait dû construire une modeste petite hutte dans la forêt laotienne où sa femme lui apportait sa nourriture.

Je le visitais régulièrement, lui apportant des médicaments et lui parlant de l’Evangile.

Il avait alors abandonné le culte des esprits et s’était converti à Jésus-Christ.

Qu’il faisait bon voir cet homme toujours rayonnant de la joie du Christ, chaque fois que j’allais lire la Bible avec lui !

Dès qu’il me voyait arriver par le petit sentier, il sortait de sa hutte et venait à ma rencontre muni du Livre saint.

Bien qu’étant privé de ses doigts, il était habile pour tourner les pages avec ses moignons.

Il avait presque toujours des questions concernant des passages qu’il avait lus.

Après notre départ, il fut transporté en un autre lieu près de deux familles lépreuses où peu à peu sa santé déclina.

Un jour, lorsqu’un autre missionnaire arriva sur place, on lui dit que Thao Deng allait très mal.

Ils se réunirent alors pour prier pour lui.

Il était paisible.

On voulut lui donner à boire, mais il refusa en disant : " Ne voyez-vous pas le Seigneur venir à ma rencontre ? Bientôt je serai auprès de lui, et il me donnera lui-même à boire. 

Peu après, il rendait son dernier soupir. Quel beau départ !

Celui qui avait été rejeté par les hommes a été accueilli royalement au ciel par son Sauveur.

Hermann Christen

La lance du lépreux

Une missionnaire en Afrique du Sud visitait des lépreux.

Le vieux chef, lépreux aussi, sortit d’une des petites maisons.

Dans ses moignons, il tenait une lance et s’en venait, clopin-clopant, le long du sentier.

La missionnaire l’appela. Il s’arrêta.

- Où allez-vous ? dit-elle.

- Vous escorter jusqu’à Mbereshi : Vous ne pouvez pas y aller seule avec tous ces lions qui rôdent par là.

- Mais j’y serai en une minute, dit la missionnaire en souriant.

Mais il ne voulait rien entendre.

Il ne voulait pas que la missionnaire s’en allât seule.

Elle mesurait de l’œil son " protecteur " : Un faible vieillard, sans mains, les pieds à demi-mangés, le corps entièrement couvert de lèpre, le visage rongé….

Malgré elle, la missionnaire lui dit sur un ton ironique :

- Et que ferais-tu si un lion se montrait ?

Il se redressa, et avec une tranquille dignité.

- N’ai-je pas ma vie à donner ?

La missionnaire – c’est elle-même qui le raconte – demeura muette.

Elle suivit le lépreux.

D’après " le Monde non Chrétien "

Un héros

Le Dr. George Turner – que le roi d’Angleterre vient de nommer chevalier : Sir George Turner – est une des vieilles figures de notre temps.

A cinquante ans, en 1895, il entra au service de la Colonie du Cap, et pendant la guerre sud-africaine lutta avec un grand dévouement contre la terrible épidémie de fièvre typhoïde qui décimait les troupes.

Il fut nommé inspecteur des hôpitaux puis des camps de concentration, et se dépensa sans compter, risquant sans cesse sa vie. C’est alors qu’il commença à s’occuper des lépreux.

Il y avait à Pretoria un asile abritant une cinquantaine de lépreux boers et quarante indigènes.

Il leur consacra tout le temps que lui laissaient ses autres devoirs, s’efforçant de les soulager et de trouver les causes de la terrible maladie.

Pendant trois ans, il travailla ainsi sans prendre un jour de repos, visitant ses malades le matin et le soir, passant au milieu d’eux le samedi et le dimanche, levé dès l’aube pour avoir le temps de faire les autopsies et les analyses bactériologiques.

Lorsqu’il fut atteint par la limite d’âge, il rentra en Angleterre et poursuivit dans les laboratoires l’étude de la lèpre.

Un jour, en se rasant, il aperçut sur sa main certaines tâches qu’il reconnut au premier coup d’œil.

Son diagnostic fut confirmé par deux de ses confrères, spécialistes : Il était lépreux !

Depuis deux ans, il vit en reclus, continuant ses recherches, et il vient de prendre la résolution de retourner au milieu des lépreux pour leur consacrer le reste de sa vie.

Il est plein d’entrain et espère pouvoir faire encore beaucoup pour eux.

Le Christianisme

La leçon du lépreux

Nous, à Madagascar, nous avons peut-être de grandes joies.

Mais, il y a aussi des moments de découragement lorsqu’on a le paludisme sous le climat tropical humide, ou lorsqu’on a des coups durs et que rien ne va plus.

Ce jour-là, j’étais justement en crise comme on dirait en Europe.

Rien n’allait plus. J’étais découragé.

Je croyais friser une dépression nerveuse.

Or, nous nous étions donné le mot entre jeunes missionnaires que, lorsque ça n’irait pas, on ne resterait pas seuls, on irait voir le confrère le plus proche.

C’est ainsi que je saute sur la moto et me voilà parti pour une ville qui se situe à environ 70 kilomètres de l’endroit.

Je voulais aller voir un ami qui était prêtre.

Je l’ai trouvé en train de passer en visite médicale les enfants des lépreux.

Je ne devais pas avoir une belle figure en entrant chez lui car il me dit : " Qu’est-ce qui ne va pas ? Tu en fais une tête ! "

Et il voulait renvoyer les enfants.

Je lui dis : " Non, finis ton travail. Pendant ce temps j’irai prier un peu à l’Eglise, après on parlera. "

Arrivé à l’Eglise de la léproserie, j’ai commencé une prière hargneuse, une prière de colère.

J’accablais Jésus de reproches : " Pourquoi permets-tu cela ? Pourquoi ce découragement ? Pourquoi cette mauvaise santé ? Moi qui ai tout donné… ! "

Ce n’était pas une prière.

Ou, si vous voulez, une prière contestante, une mauvaise prière.

Soudain, la porte bougea. Je me retournai.

C’était un lépreux. Il était aveugle.

Dans ses orbites rouges, on voyait deux boules blanches.

C’était affreux à voir. Il n’avait plus ni mains ni pieds.

Et pour se déplacer était obligé de se traîner sur les genoux.

Ceux-ci étaient probablement atteints aussi, car il les avait protégés avec deux bouts de chambre à air.

Et le voilà qui se traîne jusqu’à ma hauteur.

Il était à côté de moi.

Je sentais même son odeur, parce que les lépreux ont une odeur caractéristique.

Et se croyant seul, il se mit lui aussi à prier, à haute voix.

Et c’était une prière de louange. Une prière d’actions de grâces.

Une prière merveilleuse.

Je ne sais plus tout ce qu’il a dit, mais ce que j’ai retenu c’est ceci :

" Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi durant ma vie.

Je te remercie même pour cette maladie.

Si je n’étais pas devenu lépreux,

Je serais resté dans ma brousse,

J’aurais probablement été un homme riche puisque je possède des zébus et des rizières.

Mais je ne t’aurais jamais connu.

A cause de cette maladie, j’ai abouti ici, à la léproserie.

Et c’est là que j’ai appris à te connaître.

Et te connaître vaut plus que tout le reste.

Aussi je te remercie pour tout, même pour cette maladie. "

J’avais le souffle coupé.

Ma prière hargneuse aussi était coupée.

Je me suis mis à pleurer.

Et à voix basse j’ai conclu ma prière :

" Pardonne-moi, mon Dieu. Plus jamais je ne murmurerai contre toi ! "

Mary REED surnommée " La mère des lépreux "

Lors de son premier congé en Europe, elle s’aperçut que des taches de lèpre étaient apparues sur son corps.

Elle aurait pu devenir amère ou désespérée mais cela ne se passa pas ainsi.

" Maintenant je comprends mieux ce qui se passe dans l’esprit des malades de la lèpre en Inde et je pourrai mieux les aider et les soigner. "

Et c’est ainsi que, pendant près de cinquante ans, elle s’oublia elle-même dans le travail d’aide aux lépreux d’une petite station missionnaire, perdue aux confins du Népal.

En semaine, elle s’occupait des malades, de simples montagnards, qui, sans elle, n’auraient pas su où se réfugier.

Elle leur enseignait à lire dans une petite classe avec un tableau noir ; elle leur parlait de ce qui se passait dans le monde, et elle leur disait : " Vous pouvez prendre part à tout cela et prier pour les personnes dont je viens de vous parler. "

Mission Evangélique contre la lèpre

En 1913

Lépreux – Il y a deux cent mille lépreux aux Indes, trente mille en Corée, quarante mille au Japon et un nombre considérable en Chine.

Une pauvre lépreuse de ce dernier pays apprit à l’hôpital à connaître Jésus-Christ et elle se mit à raconter à d’autres lépreux ce que le Sauveur avait fait pour elle.

C’est ainsi qu’elle amena trente lépreux à partager sa foi.

Bientôt ils éprouvèrent le besoin de se réunir pour s’édifier ensemble.

Il y avait quelque chose de poignant à entendre les prières de ces malheureux et le chant de leurs cantiques.

L’histoire de cette lépreuse montre comment Dieu peut se servir des plus faibles instruments pour faire de grandes choses.

Aveugle, impotente, rongée par un mal affreux, cette fille, pleine de courage et d’amour chrétien, fut dans la main de Dieu un instrument plus calme que ne le sont nombre d’ouvriers tout autrement qualifiés.

Pénétrée par l’Esprit de Christ, elle accomplit l’œuvre qui lui fut inspirée avec une puissance qui lui venait d’En-Haut.

La Mission aux lépreux possède quatre-vingt centres d’action tant aux Indes qu’en Chine.

Elle est à la fois anglaise et américaine ; elle a été fondée il y a trente-six ans.

Elle a trouvé, chez les infortunés qu’elle évangélise, un terrain tout particulièrement favorable à la semence de vie.

Parmi les lépreux d’Afrique – Pendant l’année qui s’achève, la Mission aux Lépreux s’est occupée de l’amélioration matérielle et de l’agrandissement des Asiles aux Indes, en Chine, et ailleurs.

Des dépenses considérables ont été engagées et couvertes par des fonds suffisants.

On étudie la manière de commencer un nouveau travail en Afrique.

Déjà, on est à l’œuvre, sans bruit, mais avec des résultats, dans un certain nombre de centres, où des missions médicales reçoivent des médicaments, et on les aide par d’autres moyens à atteindre les lépreux de leur région.

Mais il semble maintenant possible de donner un essor nouveau aux efforts de la Mission, pour donner les consolations de l’âme et les soins du corps aux lépreux de l’Afrique tropicale.

Christian

Une vocation

Samuel Higginbottom, l’ami des lépreux.

Il en est des vocations qui décident de la carrière pastorale ou missionnaire comme des conversions.

Elles se préparent souvent non pas par une orientation normale ou graduelle dans le sens voulu, mais, au contraire, par une longue et parfois coupable résistance.

Le pécheur qui refuse de se convertir aggrave sa condition, commet des fautes de plus en plus compromettantes, honteuses, dégradantes, qui l’amènent, soit au dégoût du péché et à la détresse, soit à la révolte ouverte, à l’incrédulité impie, et la conversion se produit alors, soudain, plus prononcée, plus entière et définitive que si le rebelle était resté dans les limites de l’indifférence et de la modération.

De même pour les vocations suivies d’un grand dévouement, d’une activité enthousiaste, d’un déploiement extraordinaire d’ardeur et de zèle, il arrive fréquemment que le futur serviteur de Dieu éprouve la plus vive aversion pour la tâche qui lui est réservée et fuit tout d’abord devant l’appel, mais pour y répondre ensuite avec d’autant plus d’empressement et d’amour des âmes.

Tel fut le cas de Saul de Tarse ; il " résistait aux aiguillons " et courait dans une voie tout opposée quand, soudain, le Seigneur l’arrêta et se révéla à lui.

Dès l’instant, il prête l’oreille, s’humilie et après trois jours seulement de recueillement intense, il entre directement dans sa carrière nouvelle, rendant témoignage au Maître qui venait de le dompter si miséricordieusement.

Il semble que le déchainement de fanatisme auquel il s’était livré l’avait formé à la hardiesse dont il fit preuve aussitôt ; en ce cas conversion et vocation coïncidaient.

Samuel Higginbottom était un jeune garçon du Pays de Galles ; il éprouvait une répulsion très vive à l’endroit des pasteurs et des missionnaires, bien que ceux-ci soient dans son pays tenus généralement en grande estime et partout honorés.

Tout brave garçon qu’il fût, ces hommes-là lui étaient tout à fait antipathiques, il les fuyait.

Il avait une Bible, comme tous les membres de la famille, mais il ne la lisait pas.

Toutefois, un jour, deux dames lui en donnent une, accompagnée sans doute de leurs prières ; il en fut flatté, se mit à la lire, y prit goût, si bien qu’en dix-huit mois il la parcourut plusieurs fois d’un bout à l’autre.

L’Esprit de Dieu s’empara de lui, grâce à cette lecture ; il comprit qu’on ne se donne pas à moitié, et que Dieu lui demandait une consécration entière.

Il en vint à dire à Dieu : " C’est à toi à décider de ma carrière ", et il se mit à son entière disposition.

Il fut bientôt certain qu’en dépit de toutes ses répulsions, Dieu l’appelait à être ou pasteur ou missionnaire.

Après un combat avec lui-même, il s’écria : " Oui, Seigneur, j’accepte et j’irai où tu voudras. "

A cela il y avait de graves obstacles.

N’ayant jamais aimé l’étude, à douze ans il avait quitté l’école pour s’adonner entièrement au travail des champs sur la ferme de son père.

Il fallait maintenant renoncer à cette vie libre en plein air.

Où irait-il étudier ?

A portée, aucune école supérieure.

Il entendit parler des établissements de Moody, à Northfield, en Amérique.

Là vivait un demi-frère, un pasteur qui avait un emploi.

Il demanda à son père de l’y laisser aller et de lui donner les ressources nécessaires.

Non ! Le père refuse ; qu’avait-il besoin de s’instruire davantage ?

Mais voici ce frère d’Amérique qui vient en visite, avec sa femme.

Il devait prêcher le dimanche dans une paroisse voisine.

Le père Higginbottom ne permettait jamais que ses chevaux sortent de l’écurie le jour du repos.

Mais au grand étonnement de Samuel, il lui donne l’ordre d’atteler, et voici la famille en route pour l’Eglise lointaine.

Le père voulait entendre prêcher son fils.

Dans sa prédication, celui-ci fit un tableau de ce qu’était l’établissement de Mount Hermon et du travail missionnaire dont cette école est le centre.

Samuel en fut profondément remué.

Durant le trajet du retour à la ferme, il exprima de nouveau à son père et à sa mère son ardent désir d’étudier.

A une montée, comme il marchait devant la voiture, il entend sa mère qui plaide sa cause.

Le père l’appelle et lui crie : " Samuel, si en vérité tu veux aller étudier, vas-y ! "

Neuf jours après, Samuel était en route.

Il débarqua à Boston le 19 août 1894 et, en septembre, il entrait à Mount Hermon.

Il y passa quatre ans, puis deux à Amherst, et deux à Princeton.

Restait à faire ses études théologiques, mais, à son insu, l’heure avait sonné pour lui d’entrer sans retard dans le champ missionnaire.

Ce fut une surprise.

" Un soir, raconte-t-il, à l’Union Chrétienne de Jeunes Gens, le secrétaire me présente à un homme qui m’était tout à fait inconnu, dont je n’avais jamais entendu parler, Henry Farman, missionnaire aux Indes.

Le lendemain, je me retrouve avec lui dans la voiture du tramway.

Nous avions à faire un trajet de vingt minutes ; pendant ce temps si court, il me persuada que j’étais l’homme qu’il lui fallait et me décida à le suivre aux Indes sans attendre la fin de mes études. "

Le Comité de la Mission permit cette infraction aux règles et peu après le jeune Gallois – en juillet 1903 – partit pour les Indes où, entre autres travaux, il s’occupa d’une administration agricole missionnaire.

Dieu lui réservait une tâche spéciale.

En débarquant, il eut l’occasion de remarquer un mendiant qui, montrant ses mains malades, réclamait à grands cris l’aumône.

C’était un lépreux ; Higginbottom en fut horrifié.

Un peu plus tard, voici un des missionnaires qui lui dit :

- Vous savez, sans doute, que vous êtes destiné à la surveillance de l’Asile des aveugles et de l’Asile des lépreux ?

- Non ! Je ne le savais pas ! répondit-il, et par devers lui, il ajoute : Non ! Non ! Pas moi !

Quelques jours après le Dr. Ewing lui demande :

- Etes-vous dispos, aujourd’hui ?

- Mais oui !

- C’est qu’il vous faudra toutes vos forces ; nous allons à l’Asile des lépreux.

Ils enfourchèrent leurs bicyclettes.

Quand Samuel vit l’amas de huttes de terre à demi ruinées et les pauvres créatures qu’elles abritaient, atteintes à divers degrés de l’affreuse maladie, il se sentit défaillir, et il fut plus que jamais résolu à refuser la tâche qu’on voulait lui assigner.

Comme les deux visiteurs repartaient, montés sur leurs machines, Samuel voulut jeter un dernier coup d’œil à ce lieu d’extrême misère, en se répétant qu’il n’y reviendrait certainement pas.

Ses regards s’arrêtèrent malgré lui sur un malheureux gisant au pied d’un arbre et arrivé au dernier terme de la maladie, couvert de plaies, les mains et les pieds en partie disparus, présentant un spectacle navrant.

L’âme de Samuel frissonna d’horreur et de dégoût ; à ce moment même Dieu lui parla.

- Comme je considérais cet homme, dit-il, je me souvins soudain qu’il était mon frère et que ce corps à l’aspect si repoussant renfermait une âme pour laquelle mon Maître avait donné sa vie.

Qui étais-je pour refuser de le secourir ?

De retour à la maison, j’acceptai la surveillance des lépreux.

Maintenant, à la place des huttes misérables s’élèvent des demeures convenables et divers bâtiments, un asile pour enfants et une chapelle.

Au lieu de cinq chrétiens seulement, plus de la moitié des trois cent lépreux de ce refuge invoquent Christ comme leur Sauveur.

" Cet Asile de lépreux est l’œuvre de ma vie, écrit Higginbottom ; c’est ma passion, mon sport. Quand je suis fatigué et éprouve le besoin de la diversion, je m’en vais à mon Asile de lépreux.

C’est pour moi l’endroit où je suis le plus heureux. Je m’y plais et j’en reviens toujours restauré. "

D’après le S.-S. Times

Pourquoi m'avez-vous touché ?

Plusieurs malades patientaient devant la clinique de dépistage de la lèpre au Népal.

Un peu à l’écart, un homme dans la quarantaine, l’air triste et résigné, regardait avec insistance en direction du médecin.

Ses mains déformées témoignaient tragiquement d’un manque de soins de sa lèpre. Je désirais lui parler.

Je savais que maintenant la chirurgie reconstructive pouvait restaurer la mobilité du membre malade.

J’avais pris sa main dans la mienne pour examiner les doigts.

Malheureusement le muscle et son état général étaient tels, que, humainement parlant, il n’était guère possible de l’aider.

J’allais lui expliquer la situation. Mais j’ai été surpris de voir des larmes couler sur ses joues.

- Pourquoi pleurez-vous ? lui dis-je.

- Vous êtes la première personne en neuf ans qui ose me toucher. Les dieux m’ont maudit en m’infligeant la lèpre. Je suis rejeté par tous. Pourquoi m’avez-vous touché ? N’avez-vous pas peur ?

Nous avons partagé la bonne nouvelle de l’amour de Dieu pour tous les hommes.

Jésus veut toucher chacun, quel que soit son besoin.

Il ne tient pas compte de notre condition physique ni de notre statut social.

Chaque personne a besoin de découvrir le pardon et la vie en Lui.

Cet homme a accepté Christ comme son Sauveur personnel.

Durant plusieurs années, allant de village en village, il a dit aux gens : " Dieu ne veut pas vous punir de vos péchés, il les a pris sur lui. Jésus m’a touché et m’a rendu pur. Il peut le faire aussi pour vous. "

Témoignage de S. Perotti

Mission Evangélique contre la Lèpre

Lundi 25 janvier 1999

Décès de Graham Staines, surintendant de la Maison pour les Malades de la Lèpre de Mayurbhanj, Baripada, état d’Orissa.

La Mission Contre la Lèpre a été choquée hier en apprenant la mort de Graham Staines, Surintendant de la Maison pour les lépreux, (aidée par TLM), de Mayurbhanj (Etat d’Orissa, N.E. de l’Inde), ainsi que celle de ses deux fils, dans une attaque vicieuse contre les chrétiens, samedi matin.

Graham Staines, 58 ans, et ses deux fils, Philip 10 ans et Timothy 8 ans, ont été brulés vifs dans la voiture dans laquelle ils dormaient.

La voiture a été arrosée au kérosène et enflammée par des gens dont on pense qu’ils étaient membres d’un groupe Hindou d’extrême droite, Bajrang Dal.

Tous les trois dormaient dans leur véhicule alors qu’ils participaient à un camp annuel d’étude de la Bible, tenu depuis vingt ans à Manoharpur.

Un groupe d’une cinquantaine d’activistes, portant des torches et hurlant des accusations de " tactiques de conversion ", a entouré la jeep de Monsieur Staines.

Tous ceux qui ont essayé de rejoindre la voiture pour sauver cette famille ont été frappés par les fanatiques.

L’attaque a eu lieu près du village de Manoharpur, à environ 1000 km au S.E. de New Delhi, près d’une Eglise sous tente montée pour le Camp Biblique.

La police a arrêté 40 personnes qui ont pris part à l’attaque.

C’est la plus horrible d’une série d’attaques qui durent depuis plus d’un mois contre des Eglises chrétiennes de la région.

Les groupes Hindous ont accusé les missionnaires d’avoir recours au chantage et à la provocation pour gagner des convertis chrétiens.

Les Indiens de toutes tendances religieuses ont rapidement condamné ces meurtres, et le service funèbre a été suivi par des Chrétiens, des Hindous, et des Mahométans de la région qui ont voulu marquer leur respect à Madame Staines et à sa fille.

Le Premier Ministre Indien, Atal Behari Vajpayee, a condamné cette " effroyable attaque " et a demandé une action rapide pour arrêter les tueurs, et une récompense de 600 $ a été offerte à qui donnerait des indications amenant à l’arrestation du leader du Bajrang Dal, Dara Sing, dont la police dit que c’est lui qui a organisé les tueries.

Dans un communiqué, avec des mots très forts, le Président de l’Inde, Son Excellence Monsieur K. R. Narayanan, a dit " que quelqu’un qui a passé des années au service des malades de la lèpre, au lieu d’être remercié et apprécié comme un modèle, ait été tué de cette façon, est une aberration monumentale contre les traditions de tolérance et d’humanité pour lesquelles l’Inde est bien connue. "

Graham Staines s’occupait des personnes atteintes de la lèpre depuis 1965. Il était surintendant de la Maison de la Lèpre de Mayurbhanj.

Dans une interview télévisée sur la chaine nationale indienne, Gladys Staines a appelé au pardon.

" Nous ne pouvons pas demander à Dieu une vie plus longue que ce qu’il a décidé pour chacun de nous " a-t-elle dit.

" Je remercie Dieu qu’Il lui ait donné cette longue période de vie au service des gens. "

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