- Mère, disait une jeune fille mourante, c'est une chose terrible que de mourir.
- Ah, oui, répondit la mère ; je voudrais mourir pour toi. Mais tu as vu le prêtre, ma chère enfant, et tu t'es confessée, ainsi tu n'as pas à avoir peur.
- C'est vrai, dit la jeune fille, j'ai confessé tous les péchés dont j'ai pu me rappeler, et le prêtre m'a donné l'absolution ; mais malgré cela j'irai bientôt dans le purgatoire, et, tu sais, mère, tu es très pauvre.
La malheureuse mère sentait toute la vérité de ces paroles, mais elle répondit : En effet, Maria, nous ne sommes pas riches, mais je travaillerai jour et nuit afin de gagner de l'argent et payer les messes pour ton âme. Crois-tu que ta pauvre mère pourrait se reposer avant que tu fusses délivrée de tes souffrances ?
- J'ai beaucoup pensé, dit la pauvre fille, à ma cousine Catherine. Elle était si heureuse avant de mourir ; et pourtant elle ne s'était pas confessée et n'avait pas reçu l'absolution. Elle ne croyait pas au purgatoire, mais pensait qu'elle allait tout droit au ciel.
- Catherine était une hérétique, mon enfant, répondit la mère ; elle était hors de la vraie Eglise. Il vaut mieux pour toi d'être malheureuse que de mourir comme elle dans l'erreur.
- Je pense souvent, continua Maria, aux paroles qu'elle répétait si volontiers : " Quand je marcherai dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne craindrai aucun mal ; car tu es avec moi. " Que voulait-elle dire ? Moi, je n'ai personne qui me console ; je ne puis penser qu'aux flammes qui m'attendent.
- Allons, allons, mon enfant, la maladie a affaibli ton esprit. Laisse tout cela au prêtre ; essaie de te reposer, et ne pense plus à ta cousine Catherine.
- Et bien, mère, j'essaierai ; mais je ne puis m'empêcher de penser qu'il vaudrait mieux ne point aller du tout dans le purgatoire, mais entrer tout droit dans le ciel quand on meurt.
- Ce n'est pas pour des gens comme nous, Maria, d'aller droit dans le ciel. Il nous faut suivre le chemin que le prêtre nous enseigne.
- Mais, mère, c'est un chemin bien difficile, et je m'effraie souvent à la pensée qu'une fois dans les flammes, on pourrait n'en plus sortir jamais.
- Si le prêtre savait ce que tu dis, il serait, en effet, difficile de payer pour les messes qu'il demanderait. Mais voici ton frère Patrick ; il restera auprès de toi et essaiera de te consoler, pendant que je vais à mes occupations.
Patrick entrait à ce moment. Il s'assit auprès de sa sœur, très peiné de voir combien elle était changée. Le médecin ne laissait aucun espoir qu'elle pût se rétablir, et il était venu de loin pour la revoir avant sa mort.
- Maria, dit-il lorsqu'ils furent seuls, que disiez-vous, la mère et toi, de la cousine Catherine ?
- Oh, Patrick, je disais combien je désirerais être aussi heureuse qu'elle. Elle ne s'était pas confessée au prêtre, et n'avait pas reçu l'absolution. Elle disait que ce n'était pas nécessaire et qu'elle n'avait aucune crainte, parce que ….
- Parce qu'elle croyait au Seigneur Jésus-Christ, interrompit Patrick, et c'est pourquoi elle n'avait aucune raison de craindre. Le Seigneur Lui-même parlait à son cœur, Maria. Il la consolait par l'assurance de son amour et du pardon des péchés qu'elle avait commis. Quel besoin avait-elle d'un prêtre pour l'assurer de cela ?
Maria regardait son frère avec étonnement.
- Comment, Patrick, s'écria-t-elle, serais-tu aussi un hérétique ?
- Ne te tourmente pas de cela, Maria ; je ne renie pas la vérité, bien au contraire. J'ai lu la Parole de Dieu pour moi-même, et je l'ai trouvée si remplie d'amour envers les pauvres pécheurs qu'elle m'est devenue plus précieuse que toute autre chose.
- As-tu donc les Saintes Ecritures ? demanda Maria. Comment te les es-tu procurées ? Les as-tu demandées au prêtre ? sait-il que tu les as ?
- Non, non, je te l'assure, je ne les lui ai pas demandées. Mais j'ai rencontré un " lecteur de la Bible ", comme on les appelle. Il m'a dit qu'en Angleterre chacun à la permission de lire la Parole de Dieu. Je me suis dit : " Je suis un bon et loyal sujet de la reine, pourquoi n'aurais-je pas aussi une Bible ? " Et ce brave homme m'en a donné une, et je l'ai lue, et j'y ai vu comment les péchés sont pardonnés. J'ai trouvé ce pardon, ma chère Maria, et je suis heureux.
- Oh ! Patrick, pourquoi n'es-tu pas venu plus tôt pour me dire cela ? Mais dis-moi ce qu'il y a dans le Saint Livre touchant le purgatoire ?
- Je l'ai cherché depuis le commencement jusqu'à la fin du livre, Maria, et il ne s'y trouve pas un mot du purgatoire. Le prêtre le sait bien, et voilà pourquoi il te défend de lire la Parole de Dieu. Je t'assure, chère sœur, qu'il n'y a qu'une seule chose dont tu aies besoin pour être aussi heureuse que Catherine.
- Qu'est-ce que c'est Patrick ? Je donnerais tout au monde pour être sûre que mes péchés sont pardonnés.
- Voici ce que c'est …
Et le jeune Irlandais, tirant de sa poche le précieux petit volume qui avait été le moyen d'apporter le salut à son âme, lut à sa sœur les passages suivants : " Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle " (Evangile de Jean 3 : 16).
" C'est une parole certaine et entièrement digne d'être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs " (1ère Epître à Timothée 1 : 15).
" Il y a un seul Dieu et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s'est donné lui-même en rançon pour tous (1ère Epître à Timothée 2 : 5 et 6).
" Il a été meurtri pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et par ses meurtrissures nous sommes guéris " (Esaïe 53 : 5).
" Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché ". (1ère Epître de Jean 1 : 7), et aussi :
" Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois" (1ère Epître de Pierre 2 : 24).
- Ce sont de bien belles paroles, dit Maria ; mais comment puis-je savoir que tout cela est pour moi ?
- " Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvée" (Actes des Apôtres 16 : 31).
Tu ne penses pas que je voudrais te tromper, Maria ?
- Oh ! non, Patrick. Tu as toujours été un bon frère pour moi.
- Ne veux-tu donc pas avoir confiance dans le Seigneur Jésus, qui est mort pour toi ?
Ecoute ce qu'Il a dit à tous ceux qui, comme toi, sentent le fardeau de leurs péchés et le besoin d'être pardonnés : " Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et moi je vous donnerai du repos " (Evangile de Matthieu 11 : 28) et aussi : " Je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi " (Evangile de Jean 6 : 37).
- Peux-tu supposer, Maria, que Christ ait souffert la moitié du châtiment dû au péché, et que le pécheur doive souffrir le reste ? Cela, c'est l'enseignement des prêtres, mais non celui de la Parole de Dieu.
Quand la femme pécheresse vint à Jésus (Evangile de Luc 7), le Seigneur, sachant bien que ses pleurs et sa repentance venaient de son cœur, la consola par ces douces paroles : " Tes péchés sont pardonnés ".
Et quand le Sauveur, sur la croix, pardonna au brigand mourant, il lui dit : " Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis ".
Le prêtre aurait pensé sans doute que le purgatoire était assez bon pour un brigand, mais le Seigneur le pardonne et le prend tout droit dans le ciel. Le sang de Christ est ce qui justifie le pécheur ; celui qui se repose sur son sacrifice est pour toujours en sûreté. "
" Car il n'y a pas de condamnation pour ceux qui appartiennent à Jésus-Christ " – ceux qui croient en Lui (Epître aux Romains 8 : 1). Ils sont enfants de Dieu – héritiers de la vie éternelle. Saint Paul parle des croyants qui sont morts comme étant " absents du corps ", mais " présents avec le Seigneur " (2ème Epître aux Corinthiens 5 : 8). Il désirait mourir pour être avec Christ. Pour tous ceux qui croient en Jésus, la mort a perdu ses terreurs.
Oh, ma chère sœur, détourne tes yeux du prêtre et de l'église ; regarde à Jésus, l'Agneau de Dieu, et quand tu quitteras ce monde, tu iras près de Lui, et le péché, la peine et la douleur ne te troubleront plus jamais.
Il est écrit : " L'Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie, et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux " (Apocalypse 7 : 17).
Le jeune homme cessa de parler.
Bien solennels et bien bénis furent ces instants passés dans cette chambre où, peu de temps auparavant, la pauvre victime de l'ignorance et de la superstition gisait sous la puissance de l'ennemi.
Béni soit Dieu, Christ illuminait l'âme de la jeune mourante.
Les ténèbres s'étaient dissipées.
Les rayons de la vraie lumière d'en haut la rendaient maintenant capable de contempler par la foi l'Agneau de Dieu qui était mort pour la sauver.
L'expression d'anxiété et de désespoir avait disparu de ses traits dévastés déjà par la mort, et était remplacée par la confiance et la joie qui les illuminaient.
- Oh, Patrick, dit-elle, à présent je comprends tout ; Catherine pouvait bien être heureuse. Je suis heureuse aussi : Jésus m'a pardonné mes péchés ; Il a payé toute ma dette. Notre mère n'aura pas besoin de s'épuiser au travail pour mon âme : je suis sauvée.
Et dans cette bienheureuse assurance, après avoir encore langui quelques jours, elle quitta ce monde pour être toujours avec le Seigneur, laissant un nouveau témoignage de la puissance de la Parole et de la grâce de Dieu.
Et vous, cher lecteur, avez-vous reçu le pardon de vos péchés ?
Etes-vous prêt à rencontrer la mort ?
Etes-vous assuré que, si elle venait à vous frapper en ce moment, vous iriez auprès de Christ dans le ciel ?
Sinon où irez-vous ?
Et si parmi mes lecteurs se trouvait quelqu'un qui fût dans l'ignorance où était notre jeune amie, dans la crainte de ces tourments du purgatoire que l'on vous présente comme devant achever de purifier votre âme, prenez la Parole de Dieu, lisez-la comme Patrick ; car Dieu l'a donnée pour tous.
Vous n'y trouverez mentionnés que deux endroits pour les âmes après la mort : celui du bonheur éternel, le paradis avec Jésus ; et celui du malheur éternel, l'enfer, loin de Dieu.
La foi au Seigneur Jésus, mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification, nous ouvre seule le ciel.
" Celui qui ne croit point est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu " (Evangile de Jean 3 : 18).
Le purgatoire n'est qu'une invention humaine, puisque Jésus et les apôtres n'en parlent jamais et que Jésus a ouvert le ciel à un brigand mourant qui s’est repenti de ses péchés et l'a imploré dans la simplicité de sa foi.
Oh, venez à Christ avec repentance et foi, et vos péchés, tous vos péchés, seront effacés pour toujours.