Le réveil

Les Réveils sont bibliques

J’espère que vous serez tous d’accord pour reconnaître que les réveils sont parfaitement bibliques.

De tout temps, Dieu a réveillé son Peuple.

Il y eut un puissant réveil avec Moïse, lorsqu’il fut envoyé en Egypte pour délivrer le Peuple de la " maison d’esclavage. "

Depuis Moïse, Dieu suscita toujours des prophètes et des hommes pour rappeler à Lui les enfants d’Israël chaque fois qu’ils retournaient sur le chemin de l’idolâtrie.

J’avais l’habitude de penser que j’aurais bien voulu vivre aux temps de ces prophètes, mais j’ai abandonné cette idée, car les prophètes apparaissaient toujours à l’époque la plus noire, quand Israël se détournait de l’Eternel pour servir des dieux étrangers.

Alors Dieu suscitait des prophètes pour rappeler à Lui Son Peuple.

Les ennemis de Dieu

Toute œuvre véritable de Dieu eut ses pires ennemis – non seulement de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur - exactement comme au temps de Néhémie.

Il y a toujours quelques bonnes gens qui se joignent à Satan pour élever leur voix contre l’œuvre de Dieu.

L’action la meilleure rencontre toujours l’opposition la plus forte.

Que quelqu’un aille dans une ville, y prêche avec toute l’éloquence de Démosthène, attire les foules, et qu’il n’y ait pas de conversion, tous les journaux l’applaudiront et feront son éloge !

Mais qu’il y ait quelques conversions, l’opposition deviendra aussi brûlante que l’enfer peut la rendre ; elle a toujours existé et existera toujours.

Plus un homme vit en Christ, plus il est fidèle, mais plus aussi les ennemis de Dieu seront cruels à son égard.

Y a-t-il eu dans le monde un prédicateur tel que Jean-Baptiste en dehors du Maître Lui-même ?

Voyez comme l’opposition fut violente et non seulement de la part des mauvaises gens, mais aussi de la part de ceux qui s’appelaient " bons " à cette époque.

Son ministère fut court, mais ce fut comme un souffle de printemps après une longue nuit d’hiver.

Puis vinrent Christ et ses apôtres, qui accomplirent une œuvre immense, rencontrant néanmoins l’opposition partout.

Les dénominations engendrées par les Réveils

Maintenant, je ne peux pas comprendre comment un homme ou une femme qui connaît la Bible peut s’élever et agir contre un mouvement de réveil.

Je suis étonné de voir dans l’histoire de l’Eglise, dénomination après dénomination s’élever contre ce que j’appelle l’œuvre de Dieu.

L’Eglise Catholique romaine réclame d’être apostolique, comment peut-elle être opposée aux réveils quand l’Eglise de Christ est née de la Pentecôte ?

Ce fut le plus grand réveil que le monde ait jamais connu, et encore que l’Eglise Catholique n’aime pas le mot " réveil ", les prêtres tiennent des " missions " qui sont exactement la même chose.

Et l’Eglise Episcopale (qui correspond, aux Etats-Unis, à l’Eglise anglicane), si elle pouvait tracer une ligne jusqu’à la Pentecôte, verrait qu’elle est aussi une enfant de réveil ;

Je ne sais pas comment celui qui appartient à une Eglise Episcopale peut s’opposer à un mouvement de réveil.

Plus l’Eglise devient vieille, plus elle a besoin d’un réveil, car la tendance est toujours au formalisme.

D’où vient donc l’Eglise Luthérienne, si elle n’est pas née d’un réveil au temps de Luther ?

Comment un Luthérien peut-il s’opposer à un mouvement de réveil, c’est pour moi un mystère.

Que Dieu ait aussi pitié d’un méthodiste qui ne croit pas aux réveils, car son Eglise est née d’un réveil qui nous est encore presque contemporain.

Le Méthodisme n’est-il pas né d’un réveil avec Charles et John Wesley et Georges Whitfield ?

Leur nation ne fut-elle pas bouleversée par leur prédication ?

D’où viennent aussi les Quakers, sinon d’un réveil avec Georges Fox ?

Et nos Unions Chrétiennes de Jeunes Gens, ne sont-elles pas le résultat du réveil de 1857 ?

Tous nos meilleures institutions sont nées de réveils, et néanmoins, tant de gens ont peur du réveil et apportent objection sur objection pour le combattre !

Objections aux Réveils

L’objection la plus populaire est celle-ci : Trop de convertis ne tiennent pas.

C’est tout à fait vrai.

Si tous ceux qui ont professé de se convertir avaient été fidèles, il y a longtemps que le monde entier eût été amené à Christ.

Mais, savez-vous, je trouve qu’il y a quelques pasteurs et serviteurs de Dieu qui ne sont pas fidèles.

Mais si tous eussent été fidèles, ce serait contraire à tout ce que peut nous rapporter la Bible.

Cette objection ne vaut pas la peine qu’on s’y arrête, tous ceux qui se convertirent aux jours de Jésus sont-ils restés fidèles ?

Regardez dans Jean, chapitre 6, nous lisons : " Plusieurs de Ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec Lui. "

Imaginez qu’un cultivateur ne veuille plus semer parce que toute la semence ne lève pas et ne mûrit pas, que nous coupions tous nos pommiers parce que toutes les fleurs ne deviennent pas des pommes, qu’adviendrait-il ?

Il est estimé que 90% de ceux qui entrent dans les affaires font faillite, supposez que plus personne ne veuille entrer dans les affaires parce qu’il y en a tant qui font faillite ; c’est là le genre d’arguments que l’on apporte contre les réveils : " Ils ne tiennent pas tous. "

Un enfant naît, vais-je ne pas me réjouir parce qu’il y en a tant qui meurent ?

Un homme tombe dans la rivière, quelqu’un saute et le sauve. Vais-je ne pas me réjouir avec lui de crainte qu’il n’y tombe de nouveau ? Et voilà l’argument le plus fort qu’on apporte contre les réveils !

Un autre argument qui semble capital pour beaucoup est celui-ci : Il y a tant d’agitation.

Mes chers amis, je voudrais bien qu’il y ait autant d’agitation dans l’Eglise de Dieu et dans Son œuvre, qu’il y en a dans d’autres choses.

Allez dans n’importe quel lieu de plaisir, et vous y trouverez de l’agitation.

Je connais un pasteur éloquent qui fit un sermon contre une réunion de réveil que M. Sankey et moi-même avions tenue en Grande-Bretagne.

Tout le sujet de son sermon portait sur une " agitation illégitime. "

Dans la nuit du vendredi au samedi suivants, ce pasteur était lui-même l’animateur d’un bal qui dura jusqu’à cinq heures du matin.

Alors, j’ai supposé qu’il avait préparé son sermon en pensant à une " agitation illégitime dans les réunions religieuses ! "

Il y a des cabarets qui restent ouverts toute la nuit, et où les gens deviennent tellement excités qu’ils finissent par se taper les uns sur les autres et s’entre-tuer ; et voilà qu’il ne faut pas avoir de réunions de réveil parce qu’il y a " trop d’agitation ".

Il y a eu en une semaine plus d’agitation dans les salles de billard, les salles de jeux, lieux de plaisir et cabarets, que dans toute l’Eglise en une année.

Les journaux, eux, n’ont rien à dire, car il n’y a pas sous le ciel des gens qui essaient de produire autant de sensation que les reporters.

S’il n’y en a pas en vue, ils en fabriquent, aussi sont-ils les derniers à devoir nous jeter la pierre.

Je n’ai pas si peur de l’agitation que certaines gens ; dès qu’il y a un souffle d’intérêt, ils se mettent à crier : " Du sensationnel ! Du sensationnel ! "

Je vous dirai que je préfère l’agitation à l’inertie, à quelque moment que ce soit.

Il n’y a rien qu’un marin redoute comme le brouillard, il ne craint pas beaucoup plus la tempête.

Il y a beaucoup trop de brouillard dans l’Eglise de Christ, et il faut en sortir.

Prenez un serviteur de Dieu qui vit dans le brouillard, il vous dira : " Je n’attire pas les foules, mais, Dieu soit loué, je ne suis pas l’homme du sensationnel. "

Laissez-le écrire un livre, il sera si " sec " qu’il pourra presque s’enflammer seul, et personne ne pensera à le lire. Cet homme pourtant, remerciera Dieu de ce qu’il n’est pas l’homme du sensationnel.

Pensez-vous qu’il y ait eu dans ce vaste monde un pays plus bouleversé que la Palestine par la prédication de Jean-Baptiste, de Jésus et des apôtres ?

N’ayez pas peur d’un peu d’agitation et d’un peu de sensationnel ; il me semble que tout serait préférable à l’absence de vie.

Il n’y a ni agitation ni sensationnel dans une tombe, quelqu’un y est couché tel qu’on l’y a mis, mais je pense qu’il y aura un bouleversement au jour de la résurrection.

Là où il y a de la vie, il y a toujours du mouvement.

Ce dont nous avons besoin, c’est de Vie !

Une expérience dans une ville des Etats-Unis

Je me suis arrêté l’hiver dernier dans une ville de l’est de six mille habitants (Moody prêcha ce message le 2 aout à East Northfield, dans l’est des Etats-Unis).

Une grande partie de la population était composée de jeunes gens dont quelques-uns étaient diplômés d’université et cherchaient à se faire une situation.

Il y avait dans la ville quatre Eglises et trente-six cabarets. Beaucoup de ces cabarets et salle de concert restaient ouverts jour et nuit, hiver comme été, tandis que les Eglises étaient pour la plupart fermées en été.

Le pasteur de l’Eglise Episcopale, malade des deux poumons, était parti ; et il n’y avait plus de service dans son Eglise.

Le pasteur baptiste était mort et le culte avait également cessé dans cette Eglise là.

Le pasteur méthodiste n’avait plus qu’un poumon, et tout ce qu’il pouvait faire était de parler à voix basse.

Il restait encore un pasteur qui prêchait contre les mouvements de réveil et mettait en garde ses paroissiens à l’égard des réunions que je devais tenir dans la ville.

Parmi mes auditeurs, je découvris qu’il n’y avait que deux jeunes gens qui appartenaient à ces Eglises.

A la première réunion, l’un d’eux, malade, ne put venir. Ainsi, il ne me restait plus pour m’aider, qu’un seul jeune homme et un pasteur prêchant contre les réveils !

Il y avait bien là de quoi décourager même les anges du ciel, et cependant, qu’y avait-il de plus nécessaire qu’un réveil, pour sauver tous ces jeunes gens qui, pour la plupart, avaient quitté les meilleurs foyers de ce pays pour aller gaspiller leur temps, leur santé et leur argent dans ces cabarets et dans tous ces bouges d’iniquité ?

Je crois que si nous demandons à Dieu une vraie manifestation de Sa puissance, Il ne nous en donnera pas une contrefaçon.

Si nous Lui demandons du pain, Il ne nous donnera pas une pierre.

S’il existe de la fausse monnaie, il doit bien exister quelque part aussi de la monnaie authentique ; et s’il existe de faux réveils dans l’Eglise – car Satan essaie toujours de nous contrefaire – nous n’allons pas pour cela renoncer aux vrais réveils.

Les gens raidissent le cou, et disent : " Où sont donc les convertis de ce grand réveil ? "

Dieu seul le sait et ils ne viendront pas frapper à votre porte ni tirer votre sonnette pour vous dire qui ils sont.

Si vous vous opposez aux réveils, vous êtes la dernière personne à laquelle ils s’adresseront.

Le Missionnaire et l’Incrédule

Quelques personnes revenant des Indes offraient à Londres un grand dîner.

Parmi les invités, se trouvait un riche marchand, type parfait du sceptique, et un missionnaire.

Pendant le dîner on souleva la question des nouveaux convertis.

Le riche marchand anglais, prenant la parole, affirma hautement :

- J’ai vécu vingt ans aux Indes, mais je n’ai jamais entendu parler de nouvelles conversions ; j’en ai plus entendu parler à Londres qu’aux Indes. Je n’ai jamais rencontré un seul nouveau converti tout le temps que j’ai passé là-bas.

Tous les invités attendaient une réponse du missionnaire, mais celui-ci ne répondit rien ; plus tard dans la soirée, il se tourna tout à coup vers le riche marchand et lui posa cette question :

- Avez-vous vu des tigres aux Indes ?

Le visage du marchand s’illumina aussitôt.

- Oh ! Oui, je ne les ai pas seulement vus, mais j’en ai tué un grand nombre.

- ça c’est curieux, répliqua le missionnaire, j’ai vécu vingt ans aux Indes et je n’ai jamais vu un seul tigre !

L’un cherchait des tigres et l’autre cherchait des âmes.

On finit toujours généralement par trouver ce que l’on cherche.

Nous avons besoin d’un Réveil

J’en arrive maintenant à un autre point, qui est primordial.

Chaque fois que Dieu a revivifié Son œuvre, c’est parce qu’elle en avait besoin ; il fait nuit avant l’aurore.

Je crois que nous allons vers l’époque la plus noire de l’histoire et ne pensez pas que je sois pessimiste ; si je devais vivre dix mille ans je ne serais pas pessimiste.

Je ne doute pas plus de l’accomplissement des prophéties de la Bible que de la fin de ma propre vie.

Je crois que Jésus règnera en souverain Maître sur toute la terre, et que le temps est proche où la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel et où la voix de l’homme ne sera que l’écho de la voix de Dieu.

Je crois que l’heure arrive où au nom de Jésus tout genou fléchira et toute langue confessera que Jésus-Christ est le Seigneur.

Je ne suis pas pessimiste, mais je ne me cache pas non plus la tête dans le sable comme l’autruche.

Je veux simplement vous faire voir les choses telles qu’elles sont pour que vous agissiez en conséquence, car les temps s’assombrissent toujours plus.

Paul dit dans sa seconde épître à Timothée : " Sache que, dans les derniers temps, il y aura des temps difficiles, car les hommes seront égoïstes. "

N’est-ce pas vrai aujourd’hui ?

" Egoïste ", prouvez donc le contraire si vous le pouvez.

Regardez un peu tous ceux qui entassent des millions.

Je suis encore assez jeune pour me souvenir du temps où, dans ce pays, on devenait difficilement millionnaire, mais quand un homme avait son million, il en avait assez.

Aujourd’hui, deux, trois, cinq cents millions ne peuvent le satisfaire.

" Amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux. "

Ecoutez : " Insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien. "

N’avons-nous pas besoin d’une Réforme ?

N’est-il pas venu pour les enfants de Dieu le temps de crier : " Revivifie Ton œuvre ! "

" Traitres, emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu… "

Récemment, un projet de loi fut envoyé à la législature de New-York en vue de permettre aux théâtres d’ouvrir le dimanche dans cette ville.

Je dis à l’un des politiciens éminents de cet Etat : " J’espère que vous allez vous opposer à ce projet et faire tout ce que vous pouvez pour le faire annuler. "

" Non, dit-il, j’y crois ; et c’est ce que nous voulons. Je vais à la messe le dimanche matin, mais je crois que le Seigneur nous accorde le repos pour nous distraire. "

Servant le Dieu Vivant le matin, et Baal l’après-midi et le soir !

La malédiction de cette génération, c’est que nous recherchons deux autels, l’un pour Baal, et l’autre pour l’Eternel.

Vous ne pouvez pas faire cela ; il doit y avoir une séparation.

Nous avons besoin d’un réveil pour purifier l’air.

D. L. MOODY

Le baptême dans le Saint-Esprit de MOODY

Né en 1837, Dwight Moody fit profession de conversion vers 1854- 1855, abandonna tout métier lucratif en 1860 et se consacra à l’évangélisation de la jeunesse de Chicago.

Pasteur d’une Eglise formée de ses convertis, directeur ou secrétaire d’organisation de jeunesse, aumônier durant la guerre de Sécession, il pouvait en toute vérité jeter un regard reconnaissant sur l’œuvre qui s’était faite grâce à lui.

Bien sûr, on le critiquait à cause de ses fautes de grammaire, et il acceptait volontiers ces remarques.

Mais on déplorait aussi qu’il fût (vers 1865) " triste, plein d’ardeur et d’anxiété pour les âmes " – écrasé sous le travail, la correspondance, les entretiens.

Disons-le franchement ; s’il était un puissant prédicateur, il devait apparaître aussi comme un homme d’affaires (spirituelles, bien entendu) agité et trépidant.

En 1867, à trente ans, Moody rencontra un jeune évangéliste anglais, Moorhouse.

Celui-ci, invité à prêcher dans l’Eglise de Moody, prit pour texte, sept fois de suite, le verset 16 du troisième chapitre selon saint Jean.

Moody eut la révélation de l’Amour ; il crut qu’il n’avait jusqu’alors jamais réellement vécu l’Amour de Dieu.

Les témoins de la vie de Moody, sa femme, lui-même déclarent que sa prédication changea alors.

Elle abandonna dans une certaine mesure l’appel à la crainte, elle mit l’accent sur l’Amour de Dieu.

Il se mit à étudier la Bible avec passion.

Signalons encore que le passage de Moorhouse, marqué par une bénédiction dans le ministère de Moody, apporta à celui-ci la révélation du Retour de Jésus-Christ : il avait prêté jusqu’alors une assez distraite attention à cet enseignement des Ecritures.

Parmi ses paroissiennes, deux femmes âgées troublaient leur pasteur.

Présentes aux réunions, elles provoquaient une gêne en lui. Absentes, elles lui manquaient.

Un jour, à l’issue d’une réunion l’une d’elles murmura : " Nous avons prié pour vous. "

Moody, probablement un peu vexé, répliqua : " Pourquoi ne priez-vous pas pour les auditeurs ? " " Parce que c’est vous qui avez besoin du Saint-Esprit. "

Il fut profondément humilié parce que les deux paroissiennes le considéraient comme un " vieil homme. "

Il chercha à y voir clair. Sa femme l’y aidait, qui donna raison aux deux chrétiennes.

" Oui, j’avais besoin de puissance, mais je croyais la posséder. Mon auditoire était le plus important de Chicago, et j’obtenais de nombreuses conversions.

Jusqu’à un certain point, je pouvais être satisfait.

Or, sans se lasser, ces deux femmes continuaient à prier pour moi, et ce qu’elles me dirent de la nécessité d’être revêtu du Saint-Esprit me donna fort à réfléchir.

Je fini par leur demander de venir me voir. Elles vinrent. Nous nous agenouillâmes.

Elles répandirent leur cœur devant Dieu et le supplièrent de me donner la plénitude de son Esprit.

Je sentis alors s’éveiller en moi comme une grande aspiration vers quelque chose que je ne connaissais pas encore.

Je criai à Dieu comme jamais je ne l’avais fait.

Je sentis qu’en réalité peu m’importait de vivre davantage si je n’obtenais pas cette puissance dont on me parlait. "

Il y avait dix ans que les deux paroissiennes priaient pour que Moody reçut la plénitude de l’Esprit, quand il se joignit à elles dans cette requête.

Cela se passait en 1871.

Le 8 octobre 1871, éclata le grand incendie de Chicago (l’un de ceux qui comptent dans l’histoire d’une ville, et d’une nation).

Toute l’œuvre de Moody était par terre, en cendres.

Il établit une Eglise provisoire, et se mit à crier à Dieu pour recevoir le baptême dans le Saint-Esprit.

Il s’attacha, dans la prédication, à demeurer plus proche du texte biblique qu’il ne le faisait auparavant.

Il tint des réunions dans un faubourg de New-York, à Brooklyn en novembre 1871.

Un évangéliste anglais attiré par la renommée de Moody, Douglas Russell, vint à ses réunions.

Dans une étude biblique sur l’épître aux Galates, (chapitre 4), Russel prit la parole pour montrer que l’esprit d’adoption était différent que l’esprit de puissance.

Moody l’interrompit en s’écriant : " Je n’avais jamais compris cela ! J’ai été troublé des années sans le comprendre ! "

Le lendemain, tandis que Moody marchait par les rues de New-York en suppliant Dieu de l’aider dans sa détresse, une joie divine l’envahit soudain.

Ce fut une ivresse exaltante. " Chaque pas qu’il faisait était scandé d’un Gloria ou d’un Alléluia qui retentissait au fond de son cœur.

Et cette prière montait, ardente : " O Dieu, pourquoi ne m’obliges-Tu pas à marcher avec Toi toujours ?

" Délivre-moi de moi-même. Prends la direction de ma vie ! "

Profondément ému, il court s’enfermer chez un ami et reste seul de longues heures. "

Plus tard quand il évoquera ce moment, il dira que les mots lui manquent pour décrire la force qui le subjuguait.

Et sans doute a-t-il voulu garder un silence discret sur cette expérience religieuse.

Il rentre à Chicago.

Sa prédication ne fut pas changée (elle l’avait été en 1867) ; mais des centaines de conversions marquèrent ses réunions, aussi bien dans sa propre ville qu’en Angleterre où il se rendit bientôt à l’appel de Douglas Russell.

Conversions ? Oui certes, le mot, trop souvent, est-il employé à la légère. En 1894, à Glasgow, on fit une enquête au sujet des cinquante jeunes gens qui, vingt ans plus tôt, avaient déclaré se convertir lors d’une réunion tenue par Moody.

On en retrouva quarante-deux. Cinq seulement étaient redevenus indifférents ; trente-neuf étaient chrétiens, dont vingt-sept, à un titre ou à un autre étaient " serviteurs de Dieu. "

Moody ne parlait pas volontiers de son intimité avec Dieu.

La déclaration qu’il a faite en 1893, devant un Congrès d’Etudiants, à Northfield, n’en a que plus de valeur.

Il divisait sa vie, en effet, en trois périodes : celle de l’homme naturel ; celle de la grâce (depuis sa " naissance de l’Esprit" au jour de sa conversion) ; celle de la puissance, enfin, depuis son baptême dans le Saint-Esprit.

F. L. CRESPIN

Le Saint-Esprit

Quelle grâce, mes bien-aimés, si nous savions l’entendre, que de recevoir ce pain et ce vin que le Seigneur nous donne lui-même, présent quoique absent, et plus présent, étant absent, que s’il était présent :

" Ceci est mon corps rompu pour vous, ceci est mon sang répandu pour vous. "

Désormais, c’est par l’étroite union avec le Seigneur, c’est par la possession de son corps et de son sang que nous sommes appelés à faire son œuvre.

C’est dans son corps meurtri et dans son sang répandu que nous sommes appelés à souffrir toutes les angoisses et toutes les douleurs de la chair ; et renouvelés par le Saint-Esprit en celui qui nous appelle à sa communion éternelle par la communion présente et visible, nous avons pour l’œuvre de Jésus la force de Jésus, la grâce de Jésus, et la nature divine de laquelle nous avons été fait participants en Jésus par les promesses de la foi.

Hélas ! Nous sommes des gens de petite foi.

Quel spectacle donnerions-nous au monde si nous étions des gens de grande foi, d’une foi capable d’exciter, comme celle du centenier, l’admiration ou l’étonnement du Seigneur lui-même !

D’une foi qui, en saisissant Jésus-Christ, saisirait en lui la vie éternelle et tous les trésors de grâce qui sont déposés en ce Sauveur miséricordieux !

Nous nous occupions, il y a quelques jours, mes chers amis, en considérant les pensées dans lesquelles se repose le chrétien quand il arrive à ce moment auquel on fait allusion, et que, touchant à la fin de sa carrière, il dit au Seigneur dans sa petite mesure :

" J’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire " (il le dit, si toutefois il a été fidèle dans sa petite mesure) ; - nous considérions, dis-je, la puissance et la vérité de cette Parole sur laquelle le Seigneur s’est révélé à nous, et par laquelle jour après jour il nourrit nos âmes, en sorte qu’elle nous est comme une communion perpétuelle par laquelle nous vivons de la vie de Jésus-Christ, et nous accomplissons l’œuvre de Jésus-Christ.

Mais ne l’oublions pas, et apprenons-le, soit des déclarations de la Parole de Dieu, soit des humiliantes expériences de notre vie, cette Parole, toute puissante et tout divine qu’elle est, qui faisait dire à Job : " Oh combien sont fortes les paroles de l’Eternel ! " n’a de force qu’autant qu’elle est appliquée à nos âmes par cet Esprit qui l’a fait déposer sur les pages du livre, qui a opéré dans le cœur d’un Esaïe et d’un Jérémie, d’un saint Paul et d’un saint Jean, et qui, les ayant choisis pour organes, les a conduits pour donner à toutes les générations humaines, sans danger d’erreur, la vérité éternelle.

Cette Parole a besoin d’être récrite dans nos cœurs, et d’y être comme fixée par ce même Esprit, sans quoi elle est pour nous comme une parole morte et sans effet.

Nous pourrions relire les saintes Ecritures pendant des années que nous n’en recueillerions aucune bénédiction réelle, et que nous nous étonnerions de la voir si peu puissante, si peu justifiée par l’expérience, si le Saint-Esprit ne nous l’explique et ne nous l’applique, en venant demeurer en nous.

Or, ce même Esprit qui nous applique et nous explique la Parole de Dieu, est aussi celui qui opère en nous tout le reste.

L’œuvre du Père qui nous a gratuitement sauvés, l’œuvre du Fils qui nous a rachetés par son sang, deviennent vaines sans l’œuvre du Saint-Esprit, qui ouvre notre âme pour croire au Père et au Fils et pour mettre en pratique ces paroles de vie.

L’homme, le cœur de l’homme nous est représenté dans l’Ecriture, où tout est grand, infini, éternel, comme un théâtre qui excite l’attention des saints anges et du Seigneur lui-même, et dans lequel se livre un combat continuel entre les puissances de l’enfer et les puissances du ciel, qui n’est que le renouvellement de ce grand combat qui s’est livré entre ces mêmes puissances dans la vie intérieure et extérieure de notre Seigneur Jésus-Christ, dans lequel il a été rendu complètement vainqueur et nous a rendus nous-mêmes capables de l’être, en celui qui nous a aimés, plus que vainqueurs à notre tour.

Ainsi nous sommes ou les esclaves et les dépositaires de l’esprit de ténèbres, ou les esclaves, les bienheureux esclaves et les riches dépositaires de l’Esprit de lumière et de vie, et c’est à nous de choisir l’un par l’incrédulité ou l’autre par la foi, car il est écrit : " J’ai mis devant vous le bien et le mal, choisissez. "

Mais il y a cette différence bien digne de la miséricorde de Dieu que, tandis que l’esprit de Satan, quelque ingénieux qu’il soit pour solliciter toutes les entrées, toutes les portes de nos cœurs, n’est pourtant jamais capable de s’unir entièrement à notre esprit, et d’être un avec lui, l’Esprit de Dieu daigne pénétrer au-dedans de nous et s’unir tellement avec nous que nous devenons les temples du Saint-Esprit, et qu’étant remplis de l’Esprit de Jésus-Christ, nous sommes capables de faire les œuvres qu’il a faites, et d’en faire même en un sens de plus grandes, ainsi qu’il l’a dit lui-même, en annonçant la promesse du Saint-Esprit : " Celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes "

Si bien que Jésus déclare à ses disciples qu’à cause de cet Esprit qu’ils attendent de sa part, il vaut mieux pour eux qu’il s’en aille : " Il vaut mieux pour vous que je m’en aille. "

O mon Sauveur ! Que de fois j’ai souhaité de t’avoir près de moi comme Pierre et Jean, et de pouvoir m’approcher de toi, m’entretenir avec toi et te consulter ! Mais voici que tu me l’as déclaré toi-même, il y a un don si précieux qu’avec lui il vaut mieux pour moi que tu t’en ailles, et ce don, tu me l’as fait par le Saint-Esprit.

Qui sont ceux qui connaissent et qui apprécient le don du Saint-Esprit ?

Ce qu’on peut dire, c’est que Dieu accorde à l’Eglise fidèle contemporaine la grâce de sentir combien elle a peu apprécié et possédé cet Esprit créateur qui n’est autre que Dieu lui-même venant demeurer en nous et y faire toutes choses nouvelles, cet Esprit à qui rien n’est impossible.

Heureux celui qui croit et qui ne doute point !

Si j’ai à vaincre une tentation redoutable, ce n’est pas moi qui dois la vaincre, c’est l’Esprit de Dieu que j’appelle en moi par la prière.

Si j’ai à supporter des douleurs insupportables pour la chair, ce n’est pas moi qui ai à les supporter, c’est l’Esprit de Dieu que j’appelle en moi par la prière.

Si j’ai à revêtir cet esprit d’amour si contraire à notre égoïsme naturel, ce n’est pas moi qui exercerai cette puissance d’amour, c’est l’Esprit de Dieu appelé en moi par la prière, - et de même de toute le reste ; en sorte que pour douter que nous puissions, par le Saint-Esprit, accomplir l’œuvre à laquelle nous sommes appelés, il faudrait commencer par douter, premièrement que Dieu soit fidèle dans ses promesses, et puis qu’il possède la puissance nécessaire pour les accomplir.

O mes amis, disait un chrétien mourant, nous n’avons, même dans nos meilleurs jours, que les yeux à demi ouverts ; cette parole à la vertu et à la puissance du Saint-Esprit ; et j’applique tout particulièrement car si nous avions les yeux bien ouverts, pour le voir et pour l’apprécier, y aurait-il parmi nous tant de gémissements et de plaintes, et ne nous verrait-on pas toujours remplis de la puissance de la communion du Christ pour accomplir notre œuvre ?

Mes amis, voyez la place que le Saint-Esprit occupe dans les Ecritures, voyez celle qu’il occupe dans les promesses de Jésus-Christ à ses apôtres, le passage qu’il opère des Evangiles aux Actes, et le changement immense qu’il produit dans les apôtres eux-mêmes, pour montrer à tous les disciples de toutes les générations ce qu’il est capable de faire dans tous les temps.

Le Saint-Esprit est la grande promesse du Nouveau Testament ; c’est lui qui met le comble à tout le reste.

Elus du Père, racheté du Fils, si nous venons à être remplis du Saint-Esprit et à vivre de sa vie, alors, et seulement alors, nous sommes mis en possession de son héritage, en attendant que nous recueillions dans un monde meilleur et sous un ciel plus serein, la plénitude de cet héritage, dégagé d’avec toutes les infirmités de la chair et de la terre, et que nous ne soyons plus que les temples du Saint-Esprit, tellement que nos corps mêmes soient appelés des corps glorieux et spirituels.

Tombe bientôt, corps de poussière et de péché, pour faire place à ce corps glorieux, à ce corps spirituel dans lequel nous accomplirons la volonté de Dieu avec la perfection de Jésus-Christ lui-même, et nous connaîtrons par la lumière du Saint-Esprit, tous les dons du Saint-Esprit et toutes ses grâces ; - nous les connaitrons pour en jouir et surtout pour avoir appris à aimer comme nous fûmes aimés !

Adolphe MONOD

Méditation prononcée avant la Sainte Cène, donnée dans sa chambre de malade le 2 mars 1856 (voir " Les Adieux d’Adolphe Monod ").

Adolphe Monod, pasteur de l’Eglise réformée de Paris, devait mourir le 6 avril 1856.

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