Chapitre XI

A la fin de février 1802, les frères décidèrent que M. Nott ferait le tour de l’île de Tahiti pour annoncer l’Evangile aux indigènes.

Il devait être accompagné par M. Elder, un des nouveaux arrivants, qui ne savait encore que quelques mots de la langue du pays.

Une tournée d’évangélisation n’était pas chose facile.

Chaque fois que les frères voyaient quelques habitations, ils s’en approchaient et engageaient les gens à venir entendre la prédication de l’Evangile dans un endroit désigné.

Les naturels étaient difficiles à persuader, et souvent ne tenaient pas leur promesse.

Nott prêcha trois ou quatre fois dans une journée devant un auditoire qui comptait souvent une centaine de personnes.

Les pauvres gens étaient stupéfaits des choses qui leur étaient annoncées.

Souvent ils répondaient à haute voix au prédicateur.

Un jour, M. Nott demanda : Comment le péché peut-il être expié ?

Un homme répondit immédiatement : par une offrande de porcs et de poules !

Une autre fois l’évangéliste fit la remarque que le peuple n’avait aucun désir de connaître le vrai Dieu.

Quelqu’un, du milieu de la foule, protesta : Ne dites pas que nous n’en avons pas le désir. Dites plutôt que nous ne pouvons comprendre à cause de la méchanceté de nos cœurs !

Un chef assura qu’il avait un grand désir de prier le vrai Dieu, mais qu’il craignait que ses anciennes divinités ne le fassent mourir s’il s’éloignait d’elles !

Le voyage autour de l’île représentait une distance de cent quatre-vingts kilomètres à peu près.

Les frères n’en parcouraient que cinq ou six par jour et logeaient dans les cabanes des indigènes qui les recevaient gratuitement, car ils n’avaient rien à leur donner.

Les naturels habitaient presque tous sur la côte, mais quelques-uns cependant avaient élu domicile dans les riantes vallées qui s’ouvraient entre ces montagnes.

Nott y prêcha aussi.

Il s’était fait accompagner par plusieurs serviteurs tahitiens qui assistèrent à toutes les réunions tenues pendant les cinq semaines que dura le voyage.

Le dernier jour de l’expédition, M. Nott eut la grande joie d’entendre ces hommes expliquer clairement l’Evangile à des étrangers qui s’étaient trouvés sur leur chemin.

Ce soir-là, le missionnaire rassembla ces indigènes autour de lui et leur parla très sérieusement, leur montrant leur grande responsabilité, à eux qui avaient entendu si souvent l’Evangile et les exhortant à ne pas négliger un si grand salut.

Un jeune homme répondit :

- Si le Duff avait été le premier navire qui eût abordé dans notre île, il y a longtemps que nous aurions abandonné nos dieux de bois et de pierre !

Nott traversa le district d’Atehuru au moment où se tenait la grande assemblée qui devait décider de la guerre ou de la paix.

Le grand temple ou marae se trouvait à Atehuru.

L’édifice était vide lorsque M. Nott passa, mais il vit les corps de plusieurs gros cochons couchés sur l’autel et des cadavres humains suspendus entre les arches.

Un peu plus loin, M. Nott aperçut plusieurs canots amarrés près du rivage.

Dans l’un d’eux, le dieu Oro était placé dans son arche et Pomare offrait à son idole les têtes de cochons égorgés.

Nott s’approcha et expliqua à Pomare que le vrai Dieu n’acceptait pas de sacrifices et qu’il ne voulait pas qu’on lui offrit des hommes ou des animaux.

Jésus seul avait offert un sacrifice capable d’ôter à tout jamais le péché de devant le Dieu juste et saint.

Pomare ne sembla prêter aucune attention à ces paroles, mais ses serviteurs demandèrent beaucoup de questions auxquelles M. Nott fut heureux de répondre.

Ils n’en continuèrent pas moins le lendemain à adorer Oro et les deux frères restèrent dans le voisinage pour voir ce qui allait se passer.

L’idole fut posée sur un tabouret sur le rivage, tandis que le roi et les prêtres, assis sur le sable, s’entretenaient avec elle !

Au matin, on la promena de long en large pendant une heure, puis le bloc de bois fut transporté dans le temple.

Vous vous demandez peut-être comment Pomare pouvait adorer Oro puisque le dieu était la possession des rebelles Atehurans.

Il est probable que ceux-ci, pour des raisons politiques, avaient accordé une permission spéciale au vieux chef.

Otu exigea qu’Oro lui fut restitué immédiatement.

Les Atehurans s’y refusant, Otu se leva dans une grande colère pour quitter l’assemblée.

Ses gens se précipitèrent dans le temple, saisirent l’idole et coururent à toutes jambes vers la mer où ils placèrent la bûche de bois dans l’un de leurs canots.

Les Atehurans les poursuivirent, mais ils reculèrent devant les fusils que les gens du roi pointèrent contre eux.

Tel fut le commencement de la guerre.

L’idole fut conduite par mer dans une île appelée Taiarubu, où Otu fit sacrifier un de ses esclaves pour se gagner la faveur d’Oro.

Nott et M. Elder qui avaient tout vu revinrent auprès de leurs frères leur apportant ces tristes nouvelles.

La guerre ayant commencé, les missionnaires furent obligés de chercher à se protéger contre les Atehurans qui devenaient leurs ennemis du fait qu’eux étaient connus pour être les amis du roi.

Nos amis se seraient trouvés dans une situation très critique si Dieu n’avait permis qu’à ce moment un grand nombre de matelots anglais se trouvassent dans l’île pour y faire des approvisionnements.

Ces matelots, bien qu’ils fussent des hommes impies, prirent naturellement le parti de leurs compatriotes.

Les frères passèrent des jours et des nuits d’angoisse.

Leur foi était petite et l’ennemi leur semblait bien puissant.

Ils entendaient parler des cruautés sans nom commises par les Atehurans dans leur marche à travers le pays.

Enfin les ennemis s’arrêtèrent près de Matavai et sachant fort bien que les missionnaires possédaient des armes à feu et se trouvaient en état de défense, ils leur offrirent de faire la paix avec eux.

Vous pensez si les frères y consentirent avec reconnaissance.

Les Atehurans continuèrent alors leur marche jusqu’à Taiarabu ; ils y attaquèrent l’armée du roi, la mirent en déroute et s’emparèrent de l’idole Oro.

Pomare et Otu, avec ce qui leur restait de soldats, s’enfuirent dans leurs canots et cherchèrent un refuge auprès des missionnaires.

Ils arrivèrent avec des visages ravagés par le souci et l’inquiétude, mais se rassérénèrent quelque peu quand ils virent que les Européens les recevaient avec bonté et mettaient même leurs demeures en état de défense.

Pomare commit alors une action atroce qui nous montre l’état de dépravation absolue dans laquelle se trouvaient les indigènes de Tahiti.

Le vieux chef savait que les Atehurans avaient laissé leurs femmes et leurs enfants seuls dans leur village, tandis que les hommes ravageaient les autres parties de l’île.

Pomare, rassemblant ses troupes, s’en alla de nuit, surprit les femmes et les enfants pendant leur sommeil, les massacra jusqu’au dernier, puis revint tranquillement à Matavai.

Lorsque les Atehurans apprirent ce qui était arrivé, leur fureur ne connut pas de borne et ils jurèrent une guerre sans merci contre Pomare et sa famille.

A ce moment un nouveau navire, le Nautilus, jeta l’ancre devant l’île.

Pomare, enchanté de ce renfort, pria le capitaine de lui prêter un grand canot plein de matelots, pour aller attaquer les Atehurans.

Le capitaine y consentit et une vingtaine de marins bien armés accompagnèrent la flottille de Pomare le long de la côte jusqu’à ce qu’ils se trouvassent en vue de Atehuru.

Mais ici nous pouvons constater une fois de plus le peu d’intelligence de Pomare.

Au lieu de marcher hardiment à l’attaque, il se contenta de descendre sur le rivage et d’y offrir un sacrifice à Oro.

Ensuite, à l’extrême indignation des matelots anglais, il reprit le chemin de Matavai.

Le capitaine, furieux, résolut d’attaquer lui-même les Atehurans afin d’assurer la sécurité des missionnaires.

Otu resta à Matavai, mais Pomare et Idia accompagnèrent les Anglais avec un corps de troupes.

La bataille s’engagea le 3 juillet.

Il était onze heures du matin lorsque l’armée du roi débarqua sur la plage d’Atehuru.

Ils trouvèrent les côtes désertes et apprirent que l’ennemi s’était retiré dans les montagnes à quatre kilomètres de la mer.

Pomare n’osa les attaquer ; il était lâche, croyant que la victoire était assurée à ses adversaires parce qu’ils avaient Oto avec eux.

Surtout il tremblait en voyant les blocs de rochers que les Atehurans précipitaient dans la plaine et la pluie de cailloux qu’ils jetaient avec leurs frondes.

Il y avait dans l’armée de Pomare un jeune homme qui était très courageux.

Il répondait au nom étrange de " Demain matin "…Il s’aventura tout prés des ennemis, les provoquant au combat.

Mais les Atehurans refusèrent de quitter leurs lieux forts.

Vers le soir, au moment où les Anglais songeaient à se rembarquer, " Demain matin " et l’un de ses camarades arrivèrent en courant sur le rivage, suivis d’une nuée d’ennemis qui faisaient entendre des cris sauvages en brandissant des lances, des massues et des fusils.

Les Anglais firent front immédiatement et les Atehurans tournèrent bride et cherchèrent à regagner leurs montagnes.

Mais dix-sept d’entre eux furent tués parmi lesquels se trouvaient Rua, l’un des chefs des rebelles.

Les Anglais passèrent la nuit à Atehuru, espérant que l’ennemi ferait la paix le lendemain matin.

Ils furent horrifiés de voir Pomare et ses hommes fouler aux pieds les cadavres de leurs ennemis tombés dans la bataille ; ils les lardaient de coups et les couvraient d’outrages.

Mais, à la grande déception du capitaine anglais, l’ennemi ne fit pas sa soumission et resta dans ses retraites de la montagne.

On leur envoya une femme, portant un drapeau blanc, afin de leur faire connaître les noms de ceux qui avaient été tués ; son message ne fut pas reçu.

Le chef rebelle répondit qu’il lutterait jusqu’à la mort plutôt que de se rendre.

Alors les Anglais retournèrent à Matavai.

Ainsi se termina la guerre.

Les Atehurans, malgré leur fière réponse, n’avaient presque plus de combattants et n’osaient attaquer l’armée du roi.

Pas un seul des soldats de Pomare n’était tombé dans la bataille.

Cependant le roi n’avait pas recouvré son dieu Oro.

A quelques semaines de là, la plupart des matelots quittèrent l’île.

Le cœur des frères était rempli d’actions de grâces envers Dieu qui leur avait envoyé ainsi du secours au moment opportun.

Cependant ils n’en étaient pas moins abattus en voyant leurs cultures dévastées et leur chapelle démolie.

Mais, bien que la tempête eût passé sur eux, pas un seul cheveu de leurs têtes n’avait été touché.

1802

Les missionnaires ne manquaient pas une occasion d’annoncer l’Evangile aux indigènes.

Chaque dimanche, plusieurs des frères parcouraient le voisinage, essayant de rassembler les gens pour venir écouter la bonne nouvelle.

Mais les difficultés étaient très grandes.

Les uns étaient occupés à tisser, les autres à apprêter leur nourriture, d’autres encore festoyaient ou s’enivraient.

Les habitants de Matavai se montraient plus indifférents que tous les autres parce qu’ils étaient fatigués d’entendre sans cesse les mêmes choses.

Les missionnaires cependant continuaient leur travail, sachant bien que Dieu agirait par son Esprit lorsque son moment à Lui serait venu.

Ils faisaient souvent des voyages par groupes de deux ou trois ; quelquefois maintenant, ils traversaient la mer et visitaient l’île d’Eimeo.

Ces voyages n’étaient pas faciles.

Depuis la guerre, les huttes des indigènes étaient plus misérables qu’autrefois ; les anciennes habitations avaient été brûlées et on avait élevé à leur place de tristes cabanes construites sans aucun soin.

Elles étaient sales et remplies de vermine ; aussi les frères ne trouvaient-ils guère de repos dans ces mauvais abris.

Les missionnaires n’avaient plus de chaussures, parfois, lorsqu’ils traversaient les sables brûlants, ils devaient envelopper leurs pieds de feuilles pour les défendre contre la chaleur.

Souvent ils manquaient de nourriture, car les indigènes refusaient parfois de leur donner à manger.

Comme les apôtres d’autrefois, ils souffraient de la faim et de la soif, et travaillaient sans cesse pour subvenir à leurs propres besoins.

Les indigènes ne comprenaient rien à ce que les frères supportaient pour l’amour d’eux.

Dans leur folie, ils s’imaginaient que ces hommes étaient venus vivre à Tahiti pour jouir des fruits du pays.

Souvent ils se montraient malveillants et tandis que les missionnaires prêchaient, ils les interrompaient par les cris de : " Mensonges ! " ou " sottises ! "

D’autres fois ils cherchaient à distraire la congrégation en faisant des grimaces ou en répétant les paroles des frères sur un ton de moquerie.

Beaucoup des indigènes se couchaient par terre à peine la prédication était-elle commencée et se mettaient à ronfler avec un sans-gêne absolu !

Ainsi Satan aveuglait les cœurs de ces pauvres gens pour les empêcher d’accepter le message du salut.

Les insulaires étaient en proie à de nombreuses maladies ; ils accusaient le Dieu des Européens de les leur envoyer !

L’une de ces infirmités atteignait la colonne vertébrale qui se pliait en avant ou en arrière et causait ainsi des souffrances terribles.

Un jour les indigènes amenèrent un grand nombre de malheureux atteints de cette terrible maladie et les placèrent devant les missionnaires afin qu’ils les guérissent.

" Vous nous parlez de salut, disaient-ils, et nous mourons tous. Nous ne demandons rien de plus que d’être délivrés de nos maux afin de pouvoir vivre toujours sous nos bosquets fleuris, en mangeant et en dansant ! "

Lorsque les missionnaires leur parlaient de la résurrection, ils se mettaient à rire, disant qu’une telle chose était impossible, que personne n’était jamais revenu d’entre les morts.

Les frères répondaient que Christ était sorti victorieux du tombeau, mais ils se mettaient à rire en répliquant : " Pomare croit-il cela ? ou quelque autre des chefs ? "

Ce n’était que trop vrai que les chefs étaient les grands ennemis de la croix de Christ. Ils décourageaient le peuple.

Chapitre XII

Avez-vous oublié Ote-u, le grand-père du roi ?

Les missionnaires avaient à maintes reprises cherché à amener ce vieillard à s’occuper de son âme, mais ils le trouvèrent toujours absorbé par les choses de la terre.

Quand ils cherchaient à lui présenter la vérité, Ote-u les interrompait invariablement par des questions comme celles-ci : Un navire arrivera-t-il bientôt ? Ou encore : Avez-vous de l’eau-de vie ?

A peu près quatre mois après la fin de la guerre, Ote-u mourut de vieillesse.

Le peuple estimait qu’il devait être un favori des dieux puisqu’il avait atteint sa quatre-vingtième année.

Il rendit le dernier soupir dans une case avoisinant la maison des frères.

Ceux-ci lui firent un cercueil et le corps embaumé fut transporté à Pare et placé dans un hangar vis-à-vis de la demeure du roi Otu.

L’année suivante, le frère cadet du roi, Teare, fut atteint d’une maladie de langueur.

Il s’imagina que les dieux étaient irrités contre lui et s’empressa de sacrifier une victime humaine pour les apaiser.

Cependant son état ne fit qu’empirer. Sa mère Idia le soignait avec tendresse.

Un des missionnaires, M. Elder, visitait fréquemment le jeune prince, lui apportant des remèdes et des boissons rafraîchissantes.

Elder vit Teare, le jour avant sa mort.

Le pauvre jeune homme brûlait de fièvre, tandis que ses serviteurs cherchaient à le soulager en arrosant son corps d’eau glacée.

Pendant que le missionnaire était auprès de lui, le prince se sentit défaillir ; croyant sa dernière heure venue, il prit congé de sa mère Idia et des serviteurs qui sanglotaient autour de lui.

On fit chercher Pomare.

Le vieux chef ne témoigna d’aucune émotion en voyant l’état de son fils.

Tous les hommes devant mourir une fois ou l’autre, il ne voyait pas la nécessité de s’affliger devant un mal inévitable.

Toutefois, dans la chambre même du malade, il sacrifia à son dieu deux cochons, un agavier et des plumes rouges, espérant, par ce moyen, obtenir la guérison du mourant !

Elder parla au jeune homme de Jésus qui pouvait le sauver même à la onzième heure, mais Idia l’interrompait sans cesse ; elle pensait que les prières adressées aux idoles resteraient sans effet si le nom de Christ était prononcé dans la chambre.

Bien que Teare se sentit mourir, il paraissait absolument indifférent en face de l’éternité.

Le missionnaire pria à ses côtés, puis le quitta fort attristé.

Il revint le lendemain ; Teare vivait encore, mais peu après rendit le dernier soupir.

Il n’avait que dix-huit ans.

Les missionnaires étaient désolés de voir les indigènes mourir les uns après les autres sans avoir reçu le Sauveur qu’ils leur présentaient.

Le corps de Teare fut embaumé et placé à côté de celui de son grand-père.

Pomare, qui avait assisté à la mort de son fils avec tant d’indifférence, se doutait peu que ses jours à lui étaient comptés.

Dieu devait le frapper d’une manière subite et effrayante.

Un vaisseau anglais avait jeté l’ancre près de Tahiti.

De bon matin, Pomare monta en canot avec deux hommes pour se rendre à bord.

Il tenait une rame à la main et avait presque atteint le navire lorsqu’il ressentit une douleur subite dans les reins ; il poussa un cri, lâcha la rame qu’il tenait, et tomba en avant, les bras étendus.

Les deux hommes qui l’accompagnaient ramenèrent le corps à Pare.

Les frères purent constater le décès.

Le corps fut immédiatement embaumé et placé à côté des deux autres cadavres.

Ainsi Otu, quand il s’était assis dans son palais, pouvait voir le corps de son frère, de son père et de son grand-père !

Les indigènes ne parurent nullement affligés par la mort subite de Pomare.

Leurs cœurs, endurcis par la cruauté et le péché sous toutes ses formes, semblaient fermés à la pitié et à l’affection.

Que dire de Pomare ?

Nos lecteurs ont appris à le connaître, cruel, égoïste, menteur et rempli de convoitise.

Cependant le vieux chef était le plus zélé de tous les indigènes pour servir ses dieux.

Il avait planté de nombreux arbres et avait construit beaucoup de maisons et de bateaux ; de cette façon, il fut utile à ses concitoyens.

D’un autre côté, Pomare avait répandu des torrents de sang humain pour se rendre les dieux favorables.

Par ses cruautés, il s’était aliéné le peuple, ainsi il fut détesté pendant sa vie et personne ne le regretta.

Par-dessus tout, Pomare vécut et mourut en ennemi du vrai Dieu.

Triste fin que celle de ce vieillard impie qui refusa la vérité telle qu’elle est en Jésus.

Dès ce moment-là, Otu prit le nom de son père et fut appelé sa Majesté Pomare.

C’est ainsi que le nous désignerons aussi à l’avenir.

1803 - 1806

Bien que Pomare II fût beaucoup moins sympathique à première vue que son père, il se montra cependant moins opposé aux missionnaires que ne l’avait été le vieux chef.

Il avait souvent recherché la société des missionnaires et avait plus d’une fois assisté aux services dans la chapelle.

Un dimanche, il fit chercher Idia afin qu’elle assistât à une prédication en plein air.

La reine n’osa pas refuser, mais se tint trop loin du prédicateur pour entendre quoique ce soit.

Elle était une ennemie jurée de l’Evangile.

Pomare, tout en passant beaucoup de temps à manger, à boire et à s’amuser avec ses courtisans, s’était efforcé d’apprendre à lire et à écrire.

Dans ses voyages, il emportait avec lui des modèles qu’il s’appliquait à copier et il en était arrivé à rédiger assez correctement de courtes missives.

Son cœur n’était pas changé, hélas ! Mais il cherchait plus que jamais à cacher sa méchanceté aux missionnaires.

Peu après la mort de son père, Pomare quitta les frères et s’en alla dans l’île d’Eimeo, emportant avec lui le dieu Oro.

La réputation de l’idole avait encore grandi depuis la mort du vieux Pomare ; on disait qu’Oro avait frappé le chef pour le punir d’avoir placé un drap sacré sur le dos de son fils Otu !

Le roi resta près de dix-huit mois à Eimeo. Il revint à Tahiti en janvier 1806

Les frères vinrent à sa rencontre jusqu’à Pare.

La reine, qui l’accompagnait, semblait très malade.

Le roi parut enchanté de voir les missionnaires ; il leur dit qu’il viendrait prochainement à Matavai et les pria de lui construire une petite maison à côté de la leur, afin qu’il puisse s’y retirer pour écrire tranquillement.

De plus, il exprima le désir qu’on lui préparât quelques cadeaux.

Une semaine plus tard, Pomare arrivait à Matavai, avec la reine et Idia ; il apportait avec lui le dieu Oro et trois sacrifices humains.

L’idole fut placée dans la " maroe " pour la nuit et les corps en décomposition furent suspendus aux arbres voisins.

Le lendemain, l’idole fut reportée dans le canot sacré et quatre autres dieux furent placés dans quatre autres canots, prêts à mettre à la voile pour Taiarabu, où de nouveaux sacrifices humains devaient être offerts pour célébrer le retour du roi.

Bien que Pomare continuât à vivre dans le péché, il n’en recherchait pas moins la société des missionnaires.

Un jour, il les pria d’obtenir de sa mère la permission de visiter la nouvelle maison des frères ; il désirait surtout visiter l’étage supérieur, n’ayant encore jamais gravi un escalier.

Idia seule avait autorité pour modifier la loi tahitienne, octroyant au roi toute maison dans laquelle il pénétrait.

Idia donna la permission désirée et le roi se montra enchanté de l’installation.

En mars 1806, les frères perdirent l’un des leurs, M. Shelley, qui abandonna l’œuvre pour se vouer au commerce maritime.

La chambre de M. Shelley qui se trouvait à l’étage supérieur de la maison fut donnée à M. Teissier.

Bientôt après, les missionnaires reçurent un billet suivant, écrit en tahitien :

" Amis,

Donnez-moi la chambre, la chambre d’en haut qui appartenait à M. Shelley.

Donnez-la-moi pour une chambre à écrire.

Donnez la chambre d’en bas à Teissier ; gardez-moi l’autre.

Si vous êtes d’accord, écrivez pour que je connaisse votre décision.

Pomare, Roi. "

Les missionnaires étaient très embarrassés.

Ils ne désiraient pas avoir le roi chez eux pour bien des raisons ; d’un autre côté, comment lui refuser sa demande ?

Ils lui écrivirent avec bonté, lui exposant combien il leur serait difficile de le loger chez eux à cause de la quantité de gens qui viendraient sans cesse pour lui parler et le consulter.

A quelques jours de là, ils reçurent le message suivant :

" Amis,

Ainsi, je continue mon discours, et tel est mon désir.

Ecoutez-moi et ne vous détournez pas de ma demande.

Ordonnez à M. Nott et à M. Bicknell de me faire une chambre regardant vers la mer, dans votre nouvelle maison.

C’est là que je la veux, si vous êtes d’accord avec moi.

Frères, donnez-moi encore une scie, un rabot, une lime et d’autres outils encore.

Etes-vous du même avis que moi ? La chose est-elle décidée ?

Serait-ce non ? Ecrivez-moi votre discours pour que je sache.

C’est tout. Le discours est achevé.

Portez-vous bien, amis.

Pomare, Roi. "

Les frères consentirent volontiers à faire la chambre en question et envoyèrent la réponse suivante :

" Puisses-tu vivre, ô Roi !

Nous sommes d’accord avec le discours que tu as écrit.

Nous t’aiderons dans ce travail et te donnerons une scie, un rabot, des limes et des clous.

John Davies. "

La chambre fut bientôt achevée.

Le roi y passait des heures entières, couché à plat ventre, à écrire.

Il apprit aussi à lire l’anglais presque couramment.

Mais il continuait à vivre dans l’iniquité.

En novembre 1806, M. Davies ouvrit une école dans la maison neuve que les missionnaires avaient construite et invita les garçons du voisinage à y venir trois fois par semaine.

Les enfants prirent goût à leurs leçons et supplièrent leur maître de les recevoir plus souvent.

Davies y consentit et l’école fut ouverte chaque matin.

Les garçons apprenaient à lire et à écrire.

Comme le papier manquait, ils faisaient leurs pages d’écriture sur le sable de la plage.

Les missionnaires leur préparèrent des livres de lecture et rédigèrent à leur intention des histoires de la Bible en langue tahitienne.

Cette école fut une joie et un encouragement pour les frères qui trouvèrent tous leurs élèves attentifs et appliqués.

A ce moment-là, les missionnaires eurent un autre grand sujet de reconnaissance.

Depuis cinq ans ils étaient sans nouvelles de leur patrie lorsqu’enfin arriva un navire portant des lettres et des paquets.

Ces derniers malheureusement avaient été abîmés par l’eau de la mer et leur contenu était en partie inutilisable.

Les frères, connaissant le caractère envieux du roi Pomare, lui envoyèrent quelques-uns des objets qu’ils avaient reçus ; ils joignirent à leur envoi le billet suivant :

" Pomare, voici ce que nous pouvons te donner : dix haches, dix paires de ciseaux, dix miroirs, six rasoirs.

Ceci vient de la part de tous les missionnaires. Le drap a été gâté par la mer. "

Quelques heures plus tard, ils reçurent la réponse suivante :

" Amis, j’ai été enchanté en voyant votre présent.

Pomare. "

Le mot " merci " n’existant pas dans la langue de Tahiti, Pomare n’aurait pu exprimer sa reconnaissance même s’il en avait éprouvé.

Le même vaisseau apportait à Pomare une lettre des Directeurs de la Société des missions de Londres.

Elle était naturellement écrite en anglais, mais les frères la lurent au roi en tahitien.

Pomare put répondre lui-même.

Il écrivit une longue lettre dans sa propre langue, les missionnaires en firent une traduction anglaise que Pomare copia et les deux documents furent expédiés à Londres, où on peut les voir encore dans le Musée des Missions.

La lettre de Pomare était si longue que je ne puis que vous en citer quelques fragments :

" Amis,

Je vous souhaite toutes bénédictions dans votre belle patrie et je désire que vous réussissiez à enseigner ce pays-ci, ce mauvais pays, ce pays insensé, où le vrai Dieu n’est pas connu.

J’aurai égard à votre demande, et bannirai le dieu Oro, l’envoyant à Raiatea.

Amis, de votre côté, j’espère que vous aurez égard à ma prière et que vous nous enverrez un grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants.

Envoyez-nous aussi des vêtements pour que nous puissions nous habiller comme vous.

Amis, envoyez aussi beaucoup de fusils et des munitions, car les guerres sont fréquentes dans ce pays.

Si je viens à être tué, vous ne pourrez rien faire ici.

Ne venez pas à Tahiti quand je serai mort. Vous y souffririez trop.

Je désire aussi que vous m’envoyiez toutes les choses curieuses que vous avez en Angleterre : aussi tout ce qu’il faut pour écrire, du papier, de l’encre et des plumes en quantité.

Quant à votre désir d’instruire Tahiti, je suis pleinement d’accord avec vous.

Le commun peuple ne comprend pas au premier abord, mais votre but est bon et j’abolirai toutes les mauvaises coutumes.

Ce que je dis est la vérité. Je ne mens pas. "

Pomare. "

Cette lettre était-elle sincère ?

Il est permis d’en douter puisque, bientôt après l’avoir écrite, Pomare offrit un sacrifice humain à Atahuru !

Le roi désirait simplement obtenir des présents.

Son cœur demeurait éloigné de Dieu.

Bien qu’il passât presque tout son temps dans la chambre que les frères lui avaient préparée, il refusait d’écouter leurs exhortations et faisait la sourde oreille lorsqu’ils lui parlaient de son âme.

Chapitre XIII

Au mois de mai 1807, une nouvelle guerre éclata à Tahiti.

Elle fut occasionnée par un incident bien futile.

Un homme d’Atehuru se servit des ossements d’un chef tué jadis dans la bataille, pour s’en faire des hameçons

Or ce chef étant de la maison royale, Pomare regarda cet acte comme une insulte qui lui était faite à lui-même, et la guerre fut déclarée.

Un prophète idolâtre, Metia, excitait le roi en lui disant que le dieu Oro lui ordonnait de combattre les Atehurans.

Bientôt les missionnaires purent voir Pomare et son armée partir pour Atehuru.

Quelques jours après ils reçurent une lettre du roi les informant que les ennemis avaient été mis en déroute et avaient dû se réfugier dans les montagnes.

Les frères tremblaient en pensant aux sanglantes représailles que Pomare exerceraient tout spécialement sur les femmes et sur les enfants.

Deux missionnaires résolurent de se rendre auprès de lui et de le supplier d’user de miséricorde envers ses ennemis.

Quel spectacle les attendait !

Toutes les maisons d’Atehuru étaient brûlées, les récoltes étaient anéanties, la population avait disparu.

Sur le rivage se tenait Pomare, dirigeant ses serviteurs à charger sur des pirogues les cadavres des vaincus afin de les transporter à Taiarabu pour les offrir en sacrifice à Oro.

Soixante-dix corps avaient déjà été ainsi expédiés, il en restait une trentaine.

Les frères furent épouvantés de voir l’état dans lequel se trouvaient les cadavres.

Ils s’approchèrent de Pomare et le supplièrent d’arrêter le massacre et d’épargner les femmes et les enfants.

Pomare promit ce qu’on voulut, mais paraissait peu disposé à parler aux missionnaires.

Sa conscience lui reprochait peut-être sa cruauté.

Du reste, le moment approchait où le roi impie devrait rencontrer la conséquence de ses méfaits.

Cette année-là, un des missionnaires, M. Jefferson, mourut.

Son départ fut paisible ; son grand désir était d’être auprès du Seigneur.

Sa dernière parole fut : A Lui la gloire !

Pendant dix longues années, ce fidèle serviteur avait travaillé sans avoir vu un seul païen se tourner des idoles vers Dieu.

Avait-il dépensé ses forces en vain ?

Non, certes, et sa récompense est avec son Dieu qui tient compte de chaque effort qui est fait à la gloire du Seigneur Jésus.

Le 3 octobre 1808, les frères reçurent la lettre suivante :

" Amis,

" Soyez sur vos gardes, la guerre se prépare. Les gens de Matavai vont prendre les armes contre nous.

Tenez-vous prêts et veillez. Gardez le secret de ce que je vous écris, mais faites-moi savoir votre pensée.

Vie et santé pour vous.

Pomare. "

Les frères furent consternés de ces nouvelles, car ils habitaient eux-mêmes Matavai.

Ils écrivirent au roi, le suppliant de maintenir la paix.

Mais ils purent bientôt se convaincre que leurs instances étaient inutiles.

A ce moment un vaisseau anglais, la Persévérance, arriva en vue de Tahiti.

A son bord se trouvaient un missionnaire et sa femme, M. et Mme Elder.

C’était un dimanche et le roi était occupé à boire à bord du vaisseau quand on vint l’informer que les gens de Matavai s’étaient armés de leurs lances, de leurs massues et de leurs fusils.

Furieux de ces nouvelles, Pomare se fit conduire à terre et arma ses propres serviteurs.

A la vue de ces préparatifs menaçants, ceux de Matavai se réfugièrent dans leur camp où beaucoup d’insulaires vinrent les rejoindre.

Le lendemain, les rebelles se présentèrent en ordre de bataille.

Pomare leur adressa des propositions de paix qu’ils refusèrent.

Le roi, sérieusement alarmé, conseilla aux missionnaires mariés de chercher un refuge sur le vaisseau anglais avec leurs femmes et leurs enfants.

Ainsi fut fait ; pendant la nuit les frères se retirèrent sur le navire avec leurs familles.

Ceux d’entre eux qui étaient seuls restèrent dans l’île pour veiller sur leurs demeures.

Cependant aucune attaque n’eut lieu.

Au matin, les missionnaires se réunirent pour prendre une décision.

Il semble qu’à ce moment leur foi faiblit ; ils craignaient une victoire des rebelles et ils étaient profondément découragés de n’avoir obtenu aucun résultat de leur travail parmi les indigènes.

Ils résolurent donc de quitter Tahiti.

Cependant M. Nott et M. Hayward tentèrent un dernier effort pour ramener la paix.

Ils se rendirent ensemble au camp des rebelles et supplièrent les chefs de se réconcilier avec Pomare ; mais ceux-ci dégoûtés, disaient-ils, par la fausseté du roi, refusèrent de faire la moindre concession.

Cependant ils témoignèrent beaucoup de tristesse en apprenant que les frères allaient partir.

Nott et M. Hayward allèrent ensuite auprès de Pomare et lui annoncèrent que six missionnaires, leurs femmes et leurs enfants quitteraient Tahiti, mais que, par contre, eux deux et les frères Scott et Wilson resteraient auprès de lui.

Le roi se montra très heureux de cette décision.

Plusieurs serviteurs indigènes et la plupart des étrangers domiciliés dan l’île accompagnèrent les six missionnaires dans leur voyage.

Ils mirent à la voile le 10 novembre 1808 et arrivèrent le lendemain à l’île de Huahine, distante de Tahiti de soixante milles environ et là, ils demandèrent à débarquer.

Cette île était peuplée de sauvages comme Tahiti.

Aucun des six frères ne l’avait encore visitée, mais MM. Not et Hayward y avaient annoncé l’Evangile l’année précédente et y avaient rencontré de l’intérêt.

Les indigènes furent heureux de voir des blancs venir s’installer chez eux et les reçurent avec bienveillance ; mais lorsque les frères commencèrent à prêcher Christ, les uns se moquèrent et les autres restèrent indifférents.

Ce fut là que les missionnaires séjournèrent pendant cinq mois sans recevoir aucune nouvelle de leurs frères restés à Tahiti.

De tristes événements se passaient dans cette île.

Quelques semaines après le départ du navire, Pomare, encouragé par un sorcier nommé Mitia, attaqua les rebelles, quoique leur armée fut bien plus considérable que la sienne.

Il fut battu et dut prendre la fuite.

Les quatre frères, apprenant le désastre, s’embarquèrent sur une pirogue et atteignirent l’île d’Eimeo, à quatorze milles de Tahiti.

Peu après leur départ, l’ennemi brûla leurs maisons et ravagea leurs cultures ; tous les livres furent déchirés et le fer qu’on put trouver fut fondu et transformé en armes de guerre.

Pomare lui-même ne tarda pas à rejoindre les missionnaires à Eimeo et y resta pendant plusieurs mois.

En Avril 1809, MM. Scott et Wilson firent voile pour Huahine pour voir leurs amis.

Vous vous figurez la joie des missionnaires en voyant que leurs frères n’avaient pas été massacrés par les rebelles.

A peu près au même moment, le roi écrivait aux missionnaires en ces termes :

" Ceci est ma requête et mon désir présent, que vous retourniez à Tahiti ; non pas maintenant, sans doute, mais quand tout sera bien dans mon royaume. A ce moment, j’enverrai un messager auprès de vous pour vous dire ces bonnes nouvelles. "

Cependant, malgré la requête du roi, les frères résolurent de quitter les mers du Sud par le premier navire qui toucherait Huahine.

Ils avaient perdu confiance et pour un temps le découragement les avait envahis.

Il est triste de voir des enfants de Dieu perdre courage au jour de l’adversité ; pourtant qui de nous oserait jeter la pierre à ces frères qui avaient rencontré tant de difficultés sur leur chemin sans qu’un seul rayon d’espoir vint les réjouir ?

En juillet, M. Hayward arriva à Huahine.

Il annonça que les rebelles tenaient encore Tahiti et que le roi était resté à Eimeo avec M. Nott.

Que se passait-il dans l’île révoltée pendant ce temps ?

Dès que les rebelles se sentirent maîtres de la situation, ils conçurent le projet abominable de se saisir de tous les vaisseaux qui toucheraient Tahiti.

Nott, apprenant à Eimeo ce qui se tramait, écrivit une lettre qu’il confia à un messager dont il était sûr, le chargeant de la communiquer à tous les capitaines qui jetteraient l’ancre dans le voisinage de l’île.

Après quelques mois, un petit navire, le Vénus arriva en vue de Tahiti et, avant que le messager pût entrer en communication avec le capitaine, le vaisseau fut saisi et l’équipage fut jeté dans les fers en attendant qu’il fût sacrifié à Oro.

Qui dira l’horreur de la situation de ces malheureux matelots !

Dieu cependant, par sa grande puissance, les délivra de la mort.

Un autre navire arriva.

Celui-ci s’appelait l’Hibernia.

Cette fois le messager réussit à arriver à bord de nuit ; il descendit dans la cabine, réveilla le capitaine endormi et lui remit la lettre de M. Nott.

Le capitaine put ainsi sauver son propre équipage et celui de la Venus.

On devina sa reconnaissance envers le missionnaire qui l’avait averti du péril.

Lorsqu’il apprit que plusieurs missionnaires se trouvaient à Huahine, il fit voile pour cette île et y fut reçu avec joie.

Les frères n’avaient pas vu de navire depuis une année.

Tous, à l’exception de M. Hayward, s’embarquèrent sur l’Hibernia en octobre 1809 et àprès un voyage très long et très dangereux, ils arrivèrent à Port Jackson en Australie en février 1810.

Hayward ne resta pas longtemps seul à Huahine ; M. Nott vint l’y rejoindre, Pomare étant retourné à Tahiti pour chercher à ramener ses sujets rebelles à l’obéissance.

Il n’y réussit pas cependant.

Dieu semblait avoir abandonné Pomare et son peuple, mais qui dira la profondeur de la grâce et de la miséricorde divine ?

Le Seigneur devait reprendre en main la cause de Tahiti et s’occuper de ce pauvre peuple assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort.

Cependant en Angleterre beaucoup de personnes commencèrent à tourner les missionnaires en ridicule.

Ils revenaient sans avoir été le moyen de la conversion d’un seul païen : qu’en était-il de leur travail et de l’appel de Dieu ?

Les croyants eux-mêmes étaient abattus et se demandaient pourquoi le Seigneur n’avait pas fait fructifier le labeur de ses serviteurs.

Mais les voies de Dieu ne sont pas nos voies et ses pensées ne sont pas nos pensées.

Il trouva bon d’éprouver la patience et la foi des missionnaires, les envoyant pour semer et pour arroser longtemps avant qu’Il ne donnât l’accroissement.

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