Etienne BRACQ
Voici un témoignage écrit pour la première fois, seize ans après les faits.
Dès mon jeune âge, j’étais attiré par les jeux de hasard : Ce qui pouvait se gagner m’intéressait et vous pouviez me voir dans les kermesses ou foires annuelles près des stands de loterie.
Après le service militaire, ce fut le P.M.U., et le boursicotage.
Je découvrais en moi la graine d’une passion pour les jeux d’argent qui n’attendait qu’une occasion favorable pour germer, se développer pleinement et porter du fruit…. Amer bien sûr !
Un jour en cure thermale à Cauterets, j’ai arrosé cette graine en jouant à la roulette dans un casino.
Ce fut le commencement d’une autre cure : Celle d’une intoxication !
Le besoin de jouer s’installait progressivement ; le satisfaire me procurait un plaisir que je voulais de plus en plus intense.
La graine avait pris racine.
Une autre période de ma vie fut une carrière professionnelle bien remplie qui a répondu à mes ambitions et qui ne laissait pratiquement plus de place au jeu sauf quand l’opportunité se présentait….
L’anticipation de ma retraite a changé la donne ; ce fut la fin d’une époque où je me sentais reconnu et utile.
J’ai alors ressenti un vide qu’il me fallait combler, aussi me suis-je livré au quotidien à mes anciennes habitudes jusqu’au jour où j’en ai eu vraiment " marre ".
J’avais conscience d’avoir perdu liberté, temps, sens des valeurs, argent qui aurait pu être mieux utilisé, une partie importante de ma personnalité, et surtout je réalisais que cette double vie, que je voulais cachée, avait un impact familial…
Je ne voyais aucune issue à cette déchéance et c’est ce moment que j’ai choisi pour me faire interdire l’entrée des casinos ; pas si facile, je devais m’adresser au Ministère de l’Intérieur… ce que je n’ai pas fait, et bien m’en a pris.
Je m’explique :
A Wimbledon (banlieue de Londres) où nous rendions visite à une amie chrétienne engagée, nous avons appris de celle-ci qu’un renouveau charismatique assez surprenant avait lieu depuis un certain temps dans une Eglise baptiste non loin de chez elle.
Je ne pouvais laisser passer cette occasion.
Avec mon épouse et notre fille nous y sommes allés le 2 octobre 1994.
L’Eglise était pleine.
Il y avait un temps pour l’enseignement, mais c’est celui pour la prière qui a retenu le plus mon attention ; le chrétien que j’étais, dans sa faiblesse, en avait besoin…
Je n’étais pas dans mon milieu d’Eglise habituel, mais j’avais conscience que Dieu œuvrait dans ce lieu et c’était pour moi le moment de me lancer et je me suis avancé.
Je me suis assis, souhaitant que quelque chose se passe en moi.
En fait je voulais que le Seigneur me débarrasse de mon fardeau.
Je le voulais vraiment cette fois.
J’avais déjà prié seul, mais en vain ; car il y a vouloir et vouloir !
Jésus, avant de guérir l’infirme de Bethesda, ne lui a-t-il pas demandé s’il voulait retrouver la santé ? (Evangile de Jean 5 : 6).
N’était-ce pas un enseignement pour nous, de demander ce que nous voulons réellement ?
A peine m’étais-je assis, qu’un ancien de l’Eglise s’est approché de moi et m’a demandé si je voulais qu’il prie pour moi.
Ma réponse fut positive.
Il s’en est suivi quelque échange ; j’ai appris par exemple qu’il avait 25 années de présence dans cette communauté, mais il me serait impossible d’écrire ce qu’il m’a dit d’autre ; je n’ai rien retenu !
Je ne me rappelle pas lui avoir confié que le jeu était mon problème.
Il a donc prié et j’avais dans mon cœur cette assurance que j’étais prêt à recevoir ce que Dieu voulait me donner.
Ma volonté avait rejoint la Sienne.
Ce que j’ai ressenti par contre reste gravé dans ma mémoire ; une joie tranquille, la paix du cœur et la certitude que c’en était fini de ma passion. J’étais heureux d’avoir fait ce qu’il fallait faire !
Nous avons terminé notre séjour en Angleterre et nous nous sommes retrouvés à Thonon-les-Bains. " Les jeux sont faits, rien ne va plus ! "
Combien de fois dans ma vie, ai-je entendu cette déclaration des croupiers !
Mais dans mon cœur, cette assurance : " Finis les jeux, tout va bien ! "
Ce que Dieu voulait me donner, c’était sa grâce et il me l’a accordée.
Merci de tout mon cœur Jésus, je sais que Tu m’aimes !!!!
Je me suis rendu au casino d’Evian où pendant six ans j’avais entretenu ma dépendance.
Je voulais tester ma résistance à la tentation.
Cette démarche qui a été mienne de vérifier " si cela marche ", n’est pas pour autant à conseiller !
Comme dit la Parole de Dieu : " Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe la ! "
Bien reçu comme toujours par le Directeur des Jeux, nous avons échangé quelques mots, nous avons parlé de la pluie ou du beau temps, ce n’était pas à l’ordre du jour ; je ne m’en souviens plus !
Mais je ressens encore du dégoût en voyant les joueurs devant leur table….
Le Directeur des Jeux de me demander si je ne jouais pas : Normal, devant si peu d’empressement de ma part !
Et moi de lui expliquer à haute voix, sans gêne et sans honte ce qui s’était passé.
Enfin, j’étais gagnant !
Il me dit alors : " M. Bracq, j’ai peur de la mort ! "
- " Pourquoi ne pas venir à la maison pour en discuter autour d’une tasse de thé ? "
Il prit son temps pour me répondre : " Je ne suis pas encore prêt ".
Je ne l’étais pas non plus…. Avant de l’être !
Ce que je voudrais souligner, c’est que je n’ai eu aucun effort à faire pour ne plus jouer.
Tout s’est passé en douceur et je n’ai plus jamais été tenté par les jeux d’argent.
Le Seigneur m’a montré un amour que j’étais loin de mériter !
Quand le péché abonde, la grâce surabonde !
Cette grâce ne s’est pas arrêtée avec ma délivrance.
Elle était présente quand j’ai pris goût à lire la Bible et à prier plus assidûment ou alors quand je saisissais des opportunités pour parler de l’amour et du pardon de Jésus, en évoquant le cas échéant ce que j’avais vécu et le changement que Sa Présence pouvait opérer dans la vie de chacun.
Elle était encore présente lorsque, mon cœur satisfait, je voyais l’existence prendre tout son sens avec Dieu : Une vie d’aventure qui s’est avérée riche en bénédictions !
Un flash-back sur les prières que j’avais faites, la vie durant, et dont certaines, selon moi, étaient restées sans réponse, m’ont donné l’excellente occasion de discerner les nombreuses bénédictions que le Seigneur m’avait accordées.
Combien de fois ai-je interprété une " non réponse " comme un silence de Dieu !
En fait le Seigneur qui, Lui, voit à long terme, voulait me voir heureux avec Lui.
Il me fallait coopérer à 100%... lui faire pleinement confiance.
Je ne suis pas déçu et mon cœur déborde de reconnaissance !