Marcel LAHAYE - Evangéliste (1913 - 1966)
Préface
Il ne m’est pas facile d’évoquer le souvenir de mon père, que Dieu a repris à Lui il y a 40 ans.
Mon désir, en éditant ce livret, n’est pas de mettre mon père sur un piédestal, ce qu’il n’aurait voulu en aucun cas, mais de glorifier Dieu, qui s’était révélé à lui au temps favorable et avait fait de lui un instrument pour la bénédiction de plusieurs.
Mon père, de condition très modeste et pendant les temps troublés de la guerre, fut un témoin choisi par Dieu pour répandre les vérités évangéliques, très peu connues à l’époque dans cette région de l’Aisne et des Ardennes.
Ce modeste livret n’a qu’un seul but : montrer au monde qu’un homme, simple mais soumis à Dieu, peut accomplir une tâche pour l’avancement du règne du Seigneur dans ce triste monde.
Je terminerai ce préambule en citant le verset que mon père aimait et qui fut le but de sa vie :
" Car je n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié " (1 Corinthiens 2 : 2).
René LAHAYE
Témoignage de Julien BEAUFORT au sujet de Marcel LAHAYE
" Mon frère Marcel, qui a été aussi mon père spirituel, fut un homme dévoué à son prochain et zélé pour son Seigneur.
C’était un homme de foi et quand on l’appelait, il se déplaçait à vélo après sa journée de travail pour rendre visite, prier et annoncer la Parole de Dieu.
Je remercie le Seigneur d’avoir trouvé un homme comme lui sur mon chemin et je veux aussi saluer son épouse, qui a été en somme ma mère spirituelle.
Que Dieu la bénisse, il le fait et le fera encore.
Comment j’ai connu le Seigneur Jésus.
C’est là ce que je veux vous dire par ces lignes qui suivent.
J’ai été élevé dans le catholicisme et suivais les rites de cette Eglise. Je fus pendant quatre années enfant de chœur et je me sentais attiré vers les choses de Dieu, mais je n’avais pas de paix en moi.
Je n’étais pas plus mauvais qu’un autre, mais j’étais quand même un pécheur.
N’ayant pas trouvé dans cette religion ce que mon cœur désirait, je me suis tourné vers le prolétariat, étant moi-même ouvrier, donc prolétaire.
J’ai milité au sein des syndicats et même au parti communiste où je fus secrétaire de cellule pendant plusieurs années.
Là non plus, je n’ai pas trouvé la paix du cœur.
– un trait en passant pour montrer que la Parole de Dieu est vraie – il est écrit dans la Bible en Romains 8 verset 30 : " Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés. "
Chaque fois qu’il y avait un meeting, nous chantions l’Internationale et dans ce chant, il y avait un passage où il est dit : " ni Dieu ni César ni tribun. "
Arrivé au passage qui dit " ni Dieu, " je ne pouvais ouvrir la bouche, comme si mes lèvres étaient paralysées, aucun son n’en sortait.
Il est d’autre part écrit dans la Bible, dans Exode 20 verset 7 : " Tu ne prendras point le nom de l’Eternel ton Dieu en vain ". Ceci pour éclairer ce qui va suivre.
Ma jeune sœur était tombée malade. C’était en 1947.
Nous ne travaillions que pour payer les docteurs et les médicaments. Elle fut hospitalisée à l’hôpital de la Pitié à Paris.
Après avoir été en observation et après un traitement, elle nous fut rendue avec ces mots :
" Cette enfant est perdue, elle ne dépassera pas l’âge de treize ans, tumeur au cerveau inopérable. "
Nous avions dépensé tout notre argent et nous avions espéré dans la science humaine qui se révélait impuissante.
Imaginez notre désappointement et notre souffrance de la savoir condamnée !
Bref, après avoir tout épuisé, ne sachant plus où donner de la tête, ne sachant plus que faire, nous étions de plus en plus désespérés.
C’est alors que Dieu, que nous ne connaissions point comme Sauveur personnel, fit dans son amour luire un rayon d’espoir pour nous.
Des nomades de passage nous dirent qu’il y avait un guérisseur à Aubenton, à dix kilomètres de chez nous.
Comme je vous le disais plus haut, ne sachant plus que faire et ayant tout épuisé comme remède, nous essayâmes de voir ce guérisseur.
Nous lui écrivîmes et cet homme vint. Au lieu d’un guérisseur, nous vîmes un homme qui nous dit :
- " Je ne puis absolument rien pour cette enfant. Un seul peut tout et celui-là, c’est Dieu. Si vous croyez que Dieu peut guérir. "
" Moi dit-il, j’en suis certain. Cette enfant sera guérie car il est écrit : Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, croyez que ce que vous lui avez demandé vous sera accordé. Si vous avez la foi, tout est possible à celui qui croit. "
Ne sachant plus que faire, nous crûmes au témoignage de cet homme plein de foi et de zèle pour Dieu.
Cet homme était notre regretté frère Marcel Lahaye, rappelé à son Sauveur il y a une année.
Effectivement, après la prière et l’imposition des mains, ma sœur fut guérie.
J’allais avec elle aux réunions d’évangélisation, mais la réunion finie, nous repassions au bal, à la fête, ou au cinéma.
Je croyais sans croire.
Bien sûr, j’avais vu la puissance de Dieu, mais je ne comprenais pas ces choses.
Cela dura quelques années ainsi.
J’étais partagé entre Dieu et le monde.
Je militais toujours au syndicat et au parti communiste, jusqu’au jour où Dieu se fit vraiment connaître à mon cœur.
Depuis le temps qu’il me cherchait, moi la brebis égarée, il m’avait enfin trouvé.
Ce jour-là, je travaillais aux champs.
J’avais arraché les pommes de terre et au moment de les ramener à la maison, le cheval ne voulait rien savoir.
Ni douceur, ni cris, injures, ni caresses, rien n’y fit, si bien qu’étant en colère, je me mis à jurer comme un charretier, c’est cas de le dire.
En jurant, je pris le nom de l’Eternel en vain.
Cela ne fut pas mieux pour autant.
Enfin, je revins quand même à la maison, mais en arrivant je trouvai maman en pleurs.
Je lui dis : " Qu’y a-t-il ? "
Elle me répondit : " C’est ta sœur, je crois que c’est la fin "
Je lui demandais : " A quelle heure cela lui est-il arrivé, d’être terrassée par une crise ? "
" – Telle heure " me dit-elle.
C’était l’heure où moi je prenais le nom de l’Eternel en vain.
Hé oui, moi le fanfaron, je n’en menais pas large.
Je me suis mis à genoux, j’ai pleuré et j’ai demandé pardon à Dieu et lui ai dit ceci :
" – Ecoute, si vraiment tu existes, montre-moi ta puissance en libérant ma sœur de son mal et je te croirai et je t’obéirai. "
Instantanément, le mal la quitta, et celle qui devait mourir à treize ans en a actuellement trente.
Voyez l’amour insondable et infini de Dieu pour sa créature et le moyen qu’il a choisi pour m’appeler à lui.
Je ne puis que lui rendre gloire et grâce pour ce qu’il a accompli pour moi et de ce qu’il s’est fait connaître à moi.
" Invoque-moi du sein de la détresse, et je te répondrai ".
Ces autres paroles du Saint Livre sont réelles pour moi, comme toute sa Parole est vraiment réelle. Il a vraiment répondu à ma détresse quand je l’ai invoqué.
Il m’a donné justement ce que mon cœur n’avait pas trouvé ni dans le catholicisme ni dans la politique, c'est-à-dire la paix parfaite en lui, paix que je voudrais vous voir tous partager.
Qu’il en soit loué et béni dès maintenant et à jamais. Amen.
Julien BEAUFORT
L’assemblée en 1956
Témoignage de Françis MEURANT
J’ai eu le privilège de connaître notre cher frère Marcel, avec lequel j’ai fait mes premiers pas dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
J’ai aussi eu la joie d’être baptisé par lui-même.
Je me souviens de sa disponibilité à toute heure du jour et de la nuit.
Très souvent, mes parents, qui habitaient à Saint Michel, l’appelaient et il venait en moto par tous les temps.
Soit il était gelé à cause du froid ou trempé s’il pleuvait mais il était vraiment toujours disponible.
Le Seigneur lui avait accordé une épouse qui était toujours à ses côtés.
Je me souviens des bons moments que j’ai passés avec lui. Nous venions à l’Assemblée d’Aubenton en vélo, en tandem ou même à pieds mais nous étions tous très heureux de nous retrouver autour de la Parole de Dieu. Nous chantions des cantiques tout aussi merveilleux et mon chant préféré, que j’ai choisi pour mon baptême fut : " Oh quel beau soleil dans mon âme ".
Je vous remercie de m’avoir permis de dire quelques mots au sujet de notre cher frère Marcel et de son épouse que nous appelions Nénette.
Francis MEURANT
P.S. : Il y aurait encore tant de choses à dire du dévouement de notre frère Marcel. Pour moi, je garderai jusqu’à la fin de ma vie un bon souvenir de ce temps passé en sa présence.
Un autre témoignage de ghislaine LAHAYE
Il m’est souvent arrivé, quand je me présentais à quelqu’un, d’entendre : " Vous êtes parente avec monsieur LAHAYE Marcel ? "
A ma réponse affirmative, ces personnes rendaient témoignage et c’est ainsi que lors de l’hospitalisation d’une de nos filles, un vieux monsieur a vu le nom inscrit sur la porte, et a frappé pour nous parler.
Lui-même était dans les lieux avec son épouse qui était atteinte de la maladie " d’Alzheimer ". Il vivait donc là, rendant des menus services
Il m’a demandé : " Vous connaissez monsieur LAHAYE Marcel ? Si je suis ici c’est grâce à lui. J’étais un alcoolique, une vraie brute, je battais ma femme, j’ai fait fuir mes enfants de la maison.
Un jour ce monsieur, avec qui je travaillais, m’a demandé si je désirais être délivré de l’alcool, que Dieu pouvait m’enlever cette passion. J’ai dit oui sans trop réfléchir.
Et puis, ce monsieur m’intimidait. Il a posé sa main sur moi, a prié, et depuis ce jour, je n’ai jamais eu envie de reboire de l’alcool, plus jamais ma femme n’a souffert de violences et depuis qu’elle est hospitalisée, je suis à ses côtés. "
Ce vieux monsieur est auprès du Seigneur avec son épouse maintenant. Il a fait profession de foi et a rendu bien des fois témoignage là où il était, jusqu’à la fin de ses jours.
Témoignage de ghyslaine LAHAYE - le grand Marcel
C’est comme cela que quelques-uns appelaient monsieur LAHAYE.
Grand, c’est vrai, il était très grand. La première fois que je l’ai vu, en effet, il m’a semblé immense pour l’enfant de 8 ans à peine que j’étais.
Il est venu chez mes parents, un soir, conduit par une voisine qui avait été guérie d’ulcères aux jambes suite à l’imposition des mains du grand Marcel. Mais, comme le disait cette dame, maintenant mes jambes sont guéries…
Donc, il est arrivé le béret à la main (c’était une habitude chez lui, quand il voyait quelqu’un, déjà de loin il se découvrait. C’était un signe de respect).
Ce monsieur est entré, il était légèrement voûté. Il s’est présenté non comme un guérisseur, mais pour apporter la bonne nouvelle du Salut.
Ce soir-là, il est resté un bon moment, a prié pour mon père qui était tuberculeux.
Il est revenu à plusieurs reprises.
C’était devenu une habitude, tous les lundis soirs, il venait avec son fils aîné René.
Ils nous donnaient un coup de main, mangeaient à la maison.
Les curieux, les gens qui avaient besoin, en recherche de Dieu, arrivaient, et Marcel sortait de sa poche intérieure un Nouveau Testament (qui ne le quittait jamais), lisait, on chantait des cantiques et il y avait les prières pour les malades. Il y eut beaucoup de guérisons chez nous.
Guérisons d’ulcères, d’épilepsie, d’éléphantiasis.
Les soirées se succédaient dans différents endroits et le Seigneur se manifestait à travers lui.
C’était un homme très simple, très humble, qui s’humiliait très souvent.
C’est ainsi qu’un jour où il était à la maison à réparer un croisillon en bois, il s’est tapé sur le doigt.
Il a eu un mouvement de colère.
Aussitôt, il a ôté son béret, et a demandé pardon au Seigneur.
Cet exemple est toujours resté gravé dans ma mémoire et m’a donné conscience qu’il y avait un Dieu qu’on ne voyait pas mais qui voyait tout.
Cela m’a servi toute ma vie, la crainte du grand Dieu était dans mon cœur. Gloire à Dieu.
Il venait assez souvent avec des chrétiens de Lille ou de Dunkerque, où lui-même avait connu le Seigneur qui l’avait guéri de la tuberculose alors qu’il n’avait que 29 ans.
Une de ses cousines était venue le voir alors qu’il crachait le sang, pour lui apporter la bonne nouvelle de l’Evangile.
Il a très vite donné son cœur au Seigneur.
Cela a été terminé de l’hôpital, du sanatorium, ses forces sont revenues.
C’était un homme nouveau.
Il était originaire de Saint Pol Sur Mer dans la banlieue de Dunkerque, où il est né en avril 1911 et c’est après son mariage avec Antoinette Caulier, qu’il a contracté la tuberculose.
D’hôpital en sanatorium, son état ne s’améliorait pas, et c’est à ce moment-là que sa cousine, qui était venue (avec 3 autres) le voir, lui parla de l’Evangile.
Elle l’a exhorté à demander l’imposition des mains à un évangéliste qui est venu le voir et l’intervention de Dieu s’est faite sur le champ.
Ce serviteur de Dieu l’a exhorté à marcher avec le Seigneur, qui lui avait fait du bien, qui l’avait guéri de sa maladie.
Il a suivi aussi ce serviteur de Dieu dans son service.
Pendant toutes ces années à aller à bicyclette où à moto, par tous les temps, à 50, 60 kilomètres à la ronde, annoncer la bonne nouvelle du Salut.
Dieu manifestait sa puissance par des guérisons, des délivrances.
Des hommes et des femmes étaient libérés de l’alcool, du tabac.
Malgré cela, il n’y avait pas d’articles dans les journaux régionaux.
C’est comme cela qu’est née l’Assemblée dans notre petit village d’Aubenton.
Des gens de toutes conditions venaient, recevaient les bienfaits du Seigneur et repartaient.
Dieu soit loué, un certain nombre est resté fidèle et proclame encore aujourd’hui, 40 ans après le départ pour la patrie céleste de son fidèle serviteur, les bienfaits de Dieu.
J’ai encore en mémoire certains faits.
Un soir, dans un village de 3500 habitants, il y avait une réunion d’évangélisation.
Un homme est venu, dans l’intention de troubler la réunion.
Il avait 38 ou 40 ans, avait bu plus qu’il ne fallait.
Cet homme connaissait l’Evangile car sa mère et ses 2 frères avaient été libérés de l’alcool.
Beaucoup de personnes, ayant vu cette famille se transformer, grâce à Dieu, restaient sans voix mais se demandaient : " Pourquoi ces trois-là, et pas le fils aîné ? ".
Il était donc là, affalé, maugréant sans cesse, quand le frère Marcel s’est approché de lui et l’a exhorté au nom de Jésus à ouvrir son cœur, sous peine de ne plus pouvoir entendre l’Evangile.
Celui-ci s’est levé et est sorti.
Il fut retrouvé 2 jours plus tard, mort, dans un village voisin.
Le salut des âmes était la préoccupation constante de Marcel Lahaye.
Il avait une connaissance de la Parole de Dieu et pouvait l’appliquer dans toutes les circonstances.
Dieu a vraiment dirigé sa vie.
Ainsi, après sa maladie, il a été réquisitionné par les allemands pour surveiller des travaux et bénéficiait d’une petite cabane où il passait le plus clair de son temps à lire et à méditer la Parole de Dieu.
Il était imprégné de cette parole du Seigneur et la faisait connaître avec conviction à tous ceux qui le côtoyaient.
Il disait souvent : " Malheur à moi, si je n’évangélise pas. "
Nous avons été nombreux à l’accompagner dans les visites où il était appelé. C’était vraiment un privilège. Il sortait de sa personne une telle force de persuasion car le Seigneur travaillait avec lui.
Il allait rarement seul en visite, sauf si l’appel était de nuit.
Ce que nous entendions et voyons, nous faisait un bien fou.
Pour ma part, je tirais des forces dans cet exemple de foi. Quand il priait, je savais qu’il allait se passer quelque chose. Cela m’a servi dans certaines occasions.
Gloire à Dieu qui m’a fait connaître son amour pour moi par un tel serviteur.
Ghislaine LAHAYE
L’assemblée en 1962
Témoignage d'un ancien Pasteur, F. CACHERA
Tu me demandes d’écrire quelques lignes sur ton père en souvenir du 40ème anniversaire de son décès.
C’est une marque de confiance que tu me fais là, car les quatre années passées à Charleville sont bien loin derrière nous.
Je crois que c’est en 1957 que nous avons fait la connaissance de tes parents.
Nous n’avions à l’époque que le vélo ou la mobylette pour nous déplacer et les Eglises Evangéliques étaient assez éloignées les unes des autres et encore très peu nombreuses.
Il fallait absolument briser notre isolement.
Nous avons donc décidé de nous revoir pour un culte ou une réunion d’évangélisation en commun, plusieurs fois dans l’année.
Ce fut pour moi, tout jeune pasteur, une réelle joie de travailler avec ton père et d’être si fraternellement accueilli lors de mes déplacements chez vous.
En repensant à ton père, je vois un frère qui avait voué sa vie à Jésus-Christ et au service passionné du prochain ; un frère rempli d’amour, mais d’un amour lucide et exigeant pour ceux qui étaient mis sur son chemin et confiés à sa vigilance.
" Alors ceux qui craignent le Seigneur se parlèrent l’un à l’autre, le Seigneur fut attentif, il entendit. Un livre d’évocation fut écrit devant lui pour ceux qui craignent son nom. Ils seront à moi, dit le Seigneur des armées, ils m’appartiendront en propre au jour que je prépare " (Malachie 3 : 16).
Une journée d'évangélisation avec mon père
Mon père avait projeté de faire deux visites dans la région de Charleville, un certain jour, l’une à Viviers et l’autre à Lumes, localités situées à une dizaine de kilomètres de Charleville.
J’avais 12 ans à ce moment-là, et mon père me proposa de m’emmener avec lui.
Nous partîmes en vélo très tôt le matin pour attraper le train de Charleville à Any Martin Rieux, (à 6 kilomètres d’Aubenton).
Les visites se firent en vélo et dans l’après-midi, de retour à Charleville, nous apprîmes qu’il n’y avait pas de train avant le soir.
Mon père me dit : " Te sens-tu capable de rentrer en vélo à la maison ? "
Je répondis oui sans hésiter et nous voilà partis.
Le trajet de retour se fit par Rimogne avec sa côte interminable puis par Bossus et Hannappes.
Dans la côte d’Hannappes, j’étais à bout de forces et j’eus envie de tout lâcher.
C’est ainsi que pour prêcher l’Evangile à 2 foyers dans les Ardennes, nous avions parcouru dans la journée 70 à 80 kilomètres en vélo, 45 kilomètres en train…
" Je fais tout à cause de l’Evangile afin d’y avoir part " : disait l’apôtre Paul (1 Corinthiens 9 : 23).
René LAHAYE
Témoignage d’Antoinette LAHAYE, son épouse
Après avoir été sollicitée à maintes reprises de faire connaître mon long cheminement avec Dieu, je me suis enfin décidée à le faire avec son aide et pour sa gloire.
Le 1er mars 1944, il nous fallut quitter le pays où nous résidions, nous devions évacuer. Nous partîmes pour Aubenton dans l’Aisne, où nous avions de la famille, mais je dois dire que ce fut sur une indication du Seigneur.
Il neigeait ce jour-là et nous étions en pleurs. Nous avons atterri, ma tante, mon fils et moi chez une de mes sœurs.
Le 31 mars 1944, je mis au monde notre deuxième fils Joël.
Quelques mois plus tard, nous eûmes la joie de tenir notre première réunion en réponse à nos prières et à la demande de personnes qui avaient le désir de connaître Dieu et Jésus.
La Parole faisait son œuvre.
Nous étions témoins et d’autres avec nous et Dieu nous faisait connaître sa volonté.
C’est ainsi que nous eûmes la révélation que l’usine où travaillait mon mari à Saint Michel allait s’arrêter. C’est en effet ce qui se produisit. Il partit alors à Soissons pour son travail.
Il était absent toute la semaine et ne rentrait que le vendredi soir.
Les enfants étaient au collège.
Nous avions un appartement HLM à Belleu près de Soissons et il m’arrivait parfois d’accompagner mon mari.
Ce fut une erreur de notre part.
Il n’était pas dans la volonté du Seigneur de nous installer à Soissons et nous fûmes sévèrement repris.
Nous tombâmes malades tous les deux.
Pendant trois mois, mon mari fit une rechute avec fièvre et moi-même je dus être hospitalisée une semaine à l’hôpital de Chauny.
Nous retournâmes à Aubenton, là où Dieu nous avait appelés et retrouvâmes la bénédiction.
Mon mari retrouva ses forces et un emploi dans les environs, moins lucratif que le précédent mais nous étions ensemble en famille.
Les années s’écoulèrent mais en 1966 aux environs de Pâques, alors que nous passions des vacances à Dunkerque, mon mari rechuta brutalement et il fallut l’hospitaliser.
Quinze jours plus tard, nous rentrâmes à Aubenton et le soir même, il nous quittait pour entrer dans la gloire au milieu des élus.
Il nous revint en mémoire une parole du Seigneur que nous avions reçue 25 ans plus tôt : " Tu resteras à Aubenton et tu mourras à Aubenton ".
Grâces soient rendues à Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ maintenant et à jamais.
" J’ai exaucé ceux qui ne me demandaient rien. Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas " (Esaïe 65 : 1).
Combien de fois n’ai-je pas expérimenté cette Parole de Dieu dans ma vie ! Merci Seigneur.
Antoinette LAHAYE
L’assemblée à ses débuts
Maison de M; et Mme LAHAYE - 2, rue de Logny à AUBENTON,
Où l’Evangile fut prêché de 1945 à 1970