Le mensonge et la vérité
Un jour, un Mensonge s’échappa de son enclos et partit en voyage.
Le propriétaire du local ne s’aperçut de la chose qu’après et fut fâché de n’avoir pas mieux barricadé les abords.
Alors il fit venir sa Vérité la plus agile et lui dit : Un Mensonge a pris la clef des champs et causera beaucoup de dommage, s’il n’est pas arrêté. Je te donne la charge d’aller à sa poursuite et de le ramener mort ou vif.
Ainsi la Vérité partit après le Mensonge.
Mais celui-ci avait une heure d’avance.
A la fin de la première journée, il en avait encore davantage et la Vérité était fatiguée.
Aussi n’a-t-elle pas réussi jusqu’ici à exécuter les ordres de son maître !
Une entrevue tragique
Par des lettres venues de Russie et par des personnes arrivées de là-bas, j’ai appris que plusieurs démarches ont été faites auprès de Trotzky par ses parents et amis pour le supplier de quitter le pouvoir ou de mettre fin aux cruautés inouïes dont il est presque toujours l’instigateur ou l’auteur.
L’antisémitisme qui semble régner en Russie, les pogroms qui y éclatent à chaque instant ont certainement pour cause les excès que commettent journellement Trotzky et ses acolytes, car ils provoquent autour d’eux une haine féroce.
Comme cela arrive souvent, on rend responsable tout un peuple des crimes de quelques fous ou traitres, et on oublie que les juifs qui luttent contre le bolchevisme sont infiniment plus nombreux que ceux qui le servent ; on oublie que les deux terroristes dont l’un a tué le commissaire Ouristsky et l’autre a blessé Lénine étaient des Juifs.
Tout récemment encore, une personne qui a pu fuir l’enfer bolcheviste et qui fut liée avec une des proches parentes de Trotzky me conta la savoureuse histoire suivante dont l’authenticité est hors de doute.
Mme Kr… est une amie d’enfance de Trotzky.
Il lui garda longtemps un souvenir très tendre, puisque, à peine arrivé au pouvoir, il la fit venir à Petrograd et l’installa richement, ainsi que toute sa famille.
En janvier dernier, Mme Kr… fit une démarche auprès de son " protecteur " et le supplia de mettre fin à la terreur rouge et de sauver ainsi les Juifs.
Le sinistre dictateur l’écouta en silence, puis lui répondit : " Tu chantes bien, jolie sirène, tu arrives à toucher mon cœur, mais ma raison est plus forte que mon cœur. Ne comprends-tu pas que si nous cessons la terreur, nous serons, nous, massacrés sans pitié par nos ennemis.
Nous n’existerons que grâce à la terreur et nous ne vivrons que tant que nos exercerons la terreur.
Et puis, autre chose : les Juifs… est-ce parce que le hasard m’a fait naitre Juif que je dois quoi que ce soit aux Juifs ?
Je suis internationaliste, je suis athée dans toute l’expression du terme…. Juifs, chrétiens, mahométans, balivernes que tout çà. Il n’y a qu’une religion, qu’une foi : c’est l’internationalisme. "
De cette réponse cynique, il n’y avait qu’une seule conclusion possible à tirer, celle-ci : Trotzky ne cesserait pas la terreur et ne ferait rien pour ses coreligionnaires, dont il veut même ignorer l’existence.
C’est alors qu’une suprême tentative fut faite auprès du dictateur par son vieux père.
C’est cette pathétique entrevue que nous raconte aujourd’hui M. de Bougime dans la Svobodnaïa Rossia, organe des social-révolutionnaire russes, d’après les données du rabbin M., qui avec un de ses collègues, accompagna le vieillard.
Il y aura bientôt une année que cette tentative fut faite.
Les événements, dès lors, ont bien marché. Mais Trotzky est toujours au pouvoir, et plus redoutable que jamais.
Le fait raconté ci-après constitue un document de nature à servir plus tard l’historien qui appréciera la vie et l’œuvre de ce personnage, un des plus néfastes qui aient existé.
En février dernier, une délégation Israélite du sud de la Russie se rendit à Moscou pour s’entretenir avec Trotzky du grand danger qui menace les israélites russes, à cause de l’activité de commissaires juifs.
La délégation donna au père de Trotzky, un vénérable vieillard, la mission de parler au terrible commissaire.
Le vieillard se fit accompagner par deux rabbins.
Nous nous rendîmes au commissariat de la guerre, raconte le rabbin M.. , et nous fûmes annoncés par un vieux serviteur, " le camarade courrier ".
- Ah ! le papa de camarade-commissaire, dit-il. C’est bien, j’irai voir.
Il revint au bout d’un instant :
- Entrez.
Nous entrâmes dans un vaste cabinet, meublé avec un grand luxe.
Trotzky était assis devant une énorme table, surchargée de papiers, de livres, de cartes.
Il leva à peine la tête lorsqu’il nous vit entrer, et silencieusement, de la main, il nous invita à nous asseoir.
- Que la paix soit avec toi mon fils, prononça le père de Trotsky.
- Bonjour, répondit le dictateur ; prends place et parle vite, car je suis très pressé.
- Mon fils, commença le vieillard, mon fils, la délégation israélite m’a chargé de venir te voir et de te dire que ton activité nous précipite tous dans un gouffre. Mon fils, que fais-tu ? … reviens à toi.
Ne vois-tu pas que tu anéantis tout ton peuple ?
Tu es Juif, et le salut du peuple israélite exige que tu abandonnes la politique, ou au moins que tu la modifies.
Car par ta faute, les foudres de Jéhovah s’abattront sur notre peuple innocent. Tu excites contre nous les masses ignorantes du malheureux peuple russe.
On nous rend responsables de tous les malheurs, on nous fait payer les crimes que toi et tes commissaires commettez journellement.
Dans les rues, on crie que nous, Juifs, nous avons tout en abondance : du pain, du sucre, des vêtements, et que nous ne voulons rien céder aux chrétiens.
On nous accuse de voler, de tuer, de fusiller, bref de faire tout ce que tu ordonnes, toi dans tes décrets.
Le peuple russe dit que nous voulons l’anéantir, afin de faire de la Russie notre Sion.
Mon fils, un danger terrible, celui d’être exterminés, nous menace, à cause de toi.
Et c’est toi, Juif, qui tues le peuple juif.
Le sang que tu répands en si grande abondance retombera sur nos têtes. Est-ce jute ?
Un peuple entier doit-il souffrir pour les crimes dont toi et tes acolytes vous rendez complices. "
Trotzky écoutait avec impatience ; il tambourinait sur la table.
Enfin, d’une voix cassante, il résuma le discours de son père :
- Eh bien ! quoi ? …. Vous avez peur de pogroms ? soyez rassurés, il n’y aura pas de pogroms… quant à la délégation qui t’envoie, dis-lui de me f…. la paix.
Le vieillard fut secoué d’un tremblement ; ses yeux s’agrandirent.
Puis il se maîtrisa, se leva, fit un pas vers son fils et s’arrêta.
Les deux rabbins s’étaient aussi levés et se tenaient derrière le père.
- Mon fils, reprit le vieillard, je t’ai parlé comme mandataire de la délégation israélite ; elle m’a fait l’honneur de m’envoyer auprès de toi, pensant que tu te souviendrais du cinquième commandement et que tu écouterais ton père.
Elle s’est trompée. Ecoute-moi bien. Tu as renié Dieu, mon fils ; à sa place tu as créé une idole, et à ses pieds tu immoles quotidiennement des milliers de vies humaines.
Tu ne vénères pas ton père, tu ne respectes rien ; tu tues, tu pilles, tu voles, et tu enseignes toutes ces vilaines choses aux autres.
Tu méprises toutes les lois de notre Dieu, et, par toutes tes actions, tu railles Son nom tout puissant.
Lui, Il te punira pour cela. Et moi, ton vieux père, j’aurais préféré te voir mort qu’athée.
- Tu as tout simplement perdu la raison, interrompit brutalement le commissaire. Tu me fais rire avec ton Dieu. Sache ceci : je ne me considère pas comme Juif, je suis internationaliste. Dis-le carrément à ta délégation.
Les bras du vieillard se levèrent vers le ciel.
- Il renie son peuple, s’écria-t-il. L’entends-tu, Seigneur. Il Te renie, Toi, et il renie son peuple !...
- Ne crie pas, je t’en prie, répliqua son fils.
Le vieillard se redressa. Ses yeux lancèrent des éclairs, et il tonna :
- Je te le dis une dernière fois, reviens à toi, sinon… Je te maudirai, je te maudirai publiquement…
Jusqu’alors Trotsky était resté assis. Il se lève maintenant et s’approche de son père.
Les deux hommes se tiennent l’un devant l’autre, les yeux dans les yeux.
Dans le regard décidé et plein de courroux du père et dans celui du fils, où se lit une volonté inébranlable, il y a cependant quelque chose de commun, quelque chose d’indéfinissablement qui devrait les rapprocher.
Mais les lèvres du dictateur se plissent, et il réplique d’une voix rageuse, étouffée :
- Avant que tu aies le temps de me maudire, je te ferai fusiller.
Le fils avait vaincu.
L’audience était terminée.
Le dos voûté, la tête dans les mains, le vieillard se dirigea vers la porte.
Sur le seuil, il s’arrêta un instant, et selon l’antique usage israélite, il secoua la poussière de ses pieds.
Les deux rabbins le suivirent, sans parler.
(La Gazette de Lausanne) – Serge PERSKY
Le Sauveur et le pécheur
Il est impossible de réfléchir à l’état moral de notre monde sans être épouvanté.
Partout, chez toutes les créatures, on trouve l’injustice, le mensonge, l’esprit de tromperie, l’égoïsme et l’orgueil.
Pour avoir un peu de sécurité, il faut un garde-champêtre au moins dans chaque petite commune, des gendarmes dans chaque chef-lieu de canton, des agents de police, des tribunaux, des juges, des prisons dans les villes.
Chaque peuple est armé contre les autres pour les attaquer ou se défendre en cas d’attaque.
Et pendant que les créatures se trompent réciproquement, les déceptions, les chagrins, les infirmités, la maladie, le deuil, la mort détruisent le peu de bonheur qu’il y avait sur la terre.
Est-ce pour une telle vie que Dieu nous a créés ?
Il y avait dans mon cœur d’enfant des promesses de bonheur, et en grandissant, j’ai trouvé le malheur ; je me sens fait pour vivre et je suis un condamné à mort comme tous mes semblables.
Dieu a-t-il mis dans mon cœur cette soif de bonheur et de vie par cruauté, pour me tourmenter ?
M’a-t-il donné, des parents, une femme, un mari, des enfants à aimer pour briser ensuite mon cœur en les faisant mourir ?
Est-il la cause de mes déceptions, de mes chagrins, de mes malheurs, ou bien tous ces maux sont-ils les fruits de mes péchés ?
Quand je me place en face de Jésus-Christ pour écouter ses enseignements, contempler sa vie sainte et pleine d’amour et me pénétrer de la signification de sa mort, la lumière se fait dans mon esprit et mon âme.
J’apprends trois choses :
La première, c’est que j’ai vu et connu ce qui était le mieux depuis mon enfance et j’ai choisi et fait ce qui était le pis en pensées, en paroles et en actions.
J’ai su que je devais toujours et à tout prix écouter ma conscience et Jésus-Christ en vivant une vie d’amour et d’humilité, en disant toujours la vérité, en étant bon pour chacun, en faisant aux autres ce que je voudrais qu’on fasse pour moi.
Or, je n’ai pas vécu cette vie-là.
Je me rappelle telle parole mensongère que j’ai dite, telle pensée et tel sentiment mauvais auquel je me suis livré, telle convoitise honteuse que j’ai caressée dans mon cœur et mon imagination.
Je ne puis songer à ce que j’ai été intérieurement sans être obligé de m’avouer que j’ai manqué d’idéal moral, que ma conscience et Jésus-Christ ont eu peu d’influence sur moi et que je suis coupable, très coupable.
La seconde chose que je comprends et qui m’effraie quand je réfléchis sérieusement, c’est que je suis sans excuse d’avoir vécu comme je l’ai fait.
Non seulement je suis obligé de me reconnaitre coupable quand j’examine sincèrement ma vie, mais je me reconnais coupable avec toutes sortes de circonstances aggravantes.
D’autres ont peut-être des excuses ; moi je n’en ai point.
Sans doute j’ai eu mes tentations, mais je n’ai point lutté contre elles comme je l’aurais dû.
Non seulement j’ai mal pensé, mal parlé, mal agi, mais je l’ai voulu, j’y ai pris plaisir, je me suis plu à mal faire.
Je sais sur mon propre compte des choses honteuses que je ne sais sur le compte de nulle autre personne.
Que de fois je me suis livré volontairement à des sentiments mauvais, à des pensées coupables, que de fois j’ai parlé légèrement des autres en les condamnant quand je valais encore moins qu’eux.
Si je l’avais voulu, j’aurais pu prendre un meilleur chemin, avoir une vie plus sérieuse, plus honnête, plus utile à mes semblables.
En vérité, je ne puis m’examiner avec sincérité sans me condamner.
Je reconnais que je suis pécheur et coupable, tellement que le plus grand pécheur que je connaisse, c’est moi-même, car je sais quels appels j’ai entendu, tout ce que m’a dit ma conscience et toutes les résistances que je lui ai opposées.
La troisième chose que je constate en réfléchissant, c’est que si je me condamne parce que je me connais, un autre qui n’est pas un simple juge humain, me connait encore mieux que moi-même.
Que pense-t-il de moi ? Quel accueil me fera-t-il quand je comparaitrai devant Lui ?
Ne sera-t-il pas encore beaucoup plus sévère que ma conscience et ma raison ?
Que me dira le Dieu saint ?
Assurément Il est bon, mais Il montre son amour du bien par sa haine du péché.
Il ne peut pas me voir autrement que je ne suis.
Or je suis intérieurement impur, menteur, égoïste, orgueilleux, j’ai violé des milliers de fois la loi de Dieu, ma vie entière est une désobéissance à Dieu, une désobéissance sans excuse.
Si Dieu est moralement digne d’être Dieu, Il ne peut que me condamner et je me demande comment lui échapper et fuir loin de Lui !
Et ces appréhensions que j’éprouve à la pensée de comparaitre devant Dieu ne viennent pas de la supposition que Dieu serait méchant, injuste, cruel, mais au contraire de la pensée qu’il est parfait, juste, saint et sage.
Si ma conscience sérieusement interrogée me condamne, comment une créature impure pourrait-elle aller habiter dans le séjour de la pure lumière ?
Et si Dieu me rejette, s’il me condamne, je suis privé éternellement de tous les biens et de toutes les espérances pour moissonner les semailles de ma vie de péché, c’est-à-dire pour récolter l’abandon de Dieu et la malédiction.
Que répond l’Evangile de Dieu à la créature humaine qui reconnait ainsi son état de péché, de culpabilité et de perdition ?
" Je suis le bon berger, dit Jésus-Christ, je donne ma vie pour mes brebis. Mes brebis entendent ma voix. Je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais et personnes ne les ravira de la main de mon Père " (Jean, chapitre 10).
" Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.
Celui qui croit en lui n’est point jugé ; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie et la colère de Dieu demeure sur lui " (Jean, chapitre 3).
" Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu " (Luc, chapitre 19, verset 10).
La veille de sa mort en prenant la Sainte-Cène avec ses apôtres, Jésus leur dit en leur donnant la coupe :
" Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour beaucoup, pour la rémission des péchés.
" Repentez-vous donc et convertissez-vous pour que vos péchés soient effacés. "
Il n’y a de salut en aucun autre (qu’en Jésus-Christ), car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.
" Ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez hérité, de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, lui qui a porté nos péchés en son corps sur le bois (de la croix), afin que morts au péché, nous vivions pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris. "
" Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu " (Saint Pierre).
Et Saint-Paul dit :
" Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ.
Dieu prouve son amour envers nous en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.
Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui appartiennent à Jésus-Christ.
C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi.
Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu.
Ce n’est point par les œuvres afin que personne ne se glorifie.
Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour de bonnes œuvres que Dieu nous a préparées d’avance, afin que nous les pratiquions. "
L’apôtre Saint-Jean nous dit que : " Jésus-Christ est lui-même la victime expiatoire pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux du monde entier.
Jésus a paru pour ôter les péchés. Le sang de Jésus-Christ nous purifie de tout péché. "
Que dit Dieu à tous les pécheurs par les prophètes ?
" J’efface tes transgressions comme un nuage, et tes péchés comme une nuée ; reviens à moi car je t’ai racheté…
Le châtiment qui nous apporte la paix est tombé sur lui (sur Jésus-Christ) et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin ; et l’Eternel l’a frappé pour l’iniquité de nous tous.
Je suis vivant dit l’Eternel, ce que je désire, ce n’est pas que le méchant meure, c’est qu’il change de conduite et qu’il vive. "
Toutes ces déclarations de Jésus-Christ et de ses apôtres nous disent que le salut a coûté très cher à notre Sauveur puisqu’il nous a rachetés de la malédiction de la loi, ayant été fait malédiction pour nous, mais qu’il ne nous coûte rien à nous que d’abandonner nos péchés et de mettre notre confiance en Jésus mort pour nous.
" Tout est accompli ", a dit notre Sauveur avant de mourir, et il a ouvert la porte du Paradis au larron repentant comme il l’ouvre aujourd’hui à tous ceux qui se repentent et qui croient.
C’est si beau ! Mais est-ce vrai ?
Peut-on vraiment vivre et mourir étant en paix avec Dieu, et entrer dans la gloire sans passer par les atroces souffrances du Purgatoire ?
Des milliers de croyants pourraient se lever et dire oui.
Bureau des consciences oblitérées
Ce bureau peu ordinaire existe à Washington, et est une division du Ministère des Finances.
Il est destiné à recevoir les envois d’argent des personnes qui ont quelque chose à se reprocher et veulent réparer soit un vol, soit un tort fait à autrui dans ses biens.
Ce bureau fonctionne depuis 1891, et ses recettes augmentent d’année en année.
De janvier 1904 à décembre 1904, le bureau a encaissé 2 millions ½ de francs !
On tient compte des plus petits envois.
Un écolier enverra des timbres, parce qu’il a pris de la craie au tableau noir.
Un négociant enverra des billets, parce qu’il a évalué son revenu trop bas.
En 1896, une somme de 70.000 frs est venue de Londres, sans autre explication.
Récemment un vieillard qui, à 16 ans, avait pris dans une agence indienne, en Californie, deux crayons d’ardoise sans les payer, a envoyé 75 centimes.
Peu de jours après, on recevait 60.000 frs d’une personne qui avait volé une caisse publique, avait depuis longtemps restitué son larcin, mais se sentait pressée de faire comme Zachée, de rendre au quadruple ce qu’elle avait pris.
" Dieu seul sait ce que j’ai souffert. " Signé : " un pécheur. "
" Pécheur, Ame perdue, Repentant ", telles sont les signatures habituelles de ces envois tous anonymes.
Dans les temps de réveil, les envois sont plus nombreux et plus importants, surtout faits par des femmes, qui expliquent comment, en venant de l’étranger, elles ont introduit en fraude des vêtements, des dentelles, des diamants.
La logique de la superstition
Cette amusante histoire (amusante et triste, tout à la fois), révèle un état d’esprit si probablement ténébreux qu’on a peine à croire à tant d’ignorance et de crédulité.
Elle n’est cependant que trop authentique et, par conséquent, prouve surabondamment quel besoin ont les populations rurales... et autres, d’un enseignement moral et spirituel qui les fera croire à la Vérité et non au Mensonge.
Croyez-vous aux sorciers ? non, n’est-ce pas ? moi non plus.
Il y a pourtant des gens qui y croient ; et cela peut avoir du bon, vous allez voir.
L’histoire suivante, rigoureusement authentique, vous le montrera :
Une ferme reculée de nos montagnes cévenoles était habitée par une assez nombreuse famille de paysans.
Dans ces pays où les curés ont souvent pouvoir de rendre le lait aux vaches quand elles l’ont perdu, ou " quand un sort le leur a pris ou le leur a changé en sang, " les fidèles de la superstition ne sont pas rares.
L’une des jeunes filles de la ferme tombe malade, ne peut plus assister à la messe, et un médecin est mandé ; celui-ci diagnostique, ordonne quelques remèdes, puis se retire.
Malheureusement, le mieux ardemment attendu ne se produit pas ; au contraire, la maladie semble vouloir s’aggraver ; la pauvre jeune fille devient de plus en plus pâle, de plus en plus languissante ; si cela continue, elle mourra, la chose est certaine.
Que faire ? Le médecin n’a rien pu. Qui pourra quelque chose ?
Et la tristesse est grande dans la maison, ce qui se comprend assez, du reste.
Les jours et les semaines s’écoulent sans apporter aucun changement.
Pourtant, les choses ne pouvaient pas toujours durer ainsi, il fallait essayer de guérir la pauvre petite par tous les moyens et, comme l’on se demandait ce qu’il convenait mieux de faire pour arriver vite à un bon résultat, quelqu’un s’écria tout à coup d’un accent convaincu et particulièrement persuasif :
- Le sorcier ! Faites venir le sorcier ! Lui, la guérira sûrement.
Ces paroles produisirent un effet extraordinaire ; la lumière se fait peu à peu et vient montrer le chemin à suivre.
Le sorcier est bien, en effet, l’homme qui, seul, peut faire quelque chose ; le médecin n’ayant rien pu.
Dieu n’ayant pas été consulté, reste le diable ; et l’on va à lui avec une confiance absolue.
Aussitôt, un messager vole vers celui de qui toute la famille attend un miracle avec une certitude que rien ne peut ébranler.
Ah ! si le docteur avait inspiré une pareille confiance, que n’aurait-il pas fait ?
Le sorcier vint, examina la malade, et déclara :
- J’ai le pouvoir de la guérir comme celui de la laisser dans cet état.
Paroles redoutables qu’il devait payer cher.
Notre homme fut reçu comme un prince, presque comme un dieu ; tout ce qu’il y avait de meilleur dans la maison fut mis à son service.
Il mangea, but, se gava tant et plus (ces gens-là ont toujours bon appétit) ; puis, il se retira, emportant un panier bien garni et vingt francs dans son gousset.
Et la famille, heureuse et confiante, attendit les bons effets de la puissance du sorcier.
Un jour, deux jours, trois jours se passent, mais la malade ne se sent pas mieux.
Qui sait ? Le sorcier a peut-être besoin de beaucoup de temps pour opérer la guérison, la pauvre petite était si mal !
Ce n’est pas en un jour qu’on revient de si loin…
De nouveau, les jours et les semaines s’écoulent dans l’attente.
Ah ! l’attente, c’est une épreuve de foi ; il faut donc savoir attendre et croire.
Cependant, l’attente lasse et peut tuer la foi la plus robuste.
La lutte fortifie, dit-on ; c’est vrai, mais elle peut user aussi, et c’est presque toujours le cas.
Nos braves gens se lassèrent d’attendre un miracle qui ne venait jamais ; leur confiance dans le pouvoir du sorcier disparut peu à peu pour faire place à une violente haine.
Que voulez-vous, l’homme est essentiellement incrédule et impatient ; si vous lui promettez quelque chose, il faut le lui donner tout de suite, autrement il se figure que vous vous moquez de lui ; si vous lui dites être capable de quelque chose, prouvez-le-lui, autrement il vous prend pour un imposteur.
A bout de patience, la mère de notre malade éclata :
- Ce misérable est venu chez nous, il s’est gorgé tant qu’il a pu, a emporté un panier tout plein et vingt francs, et n’a pas guéri notre fille ! c’est qu’il compte revenir et en prendre tout autant !
Il a jeté un sort sur la pauvre enfant pour l’empêcher de guérir ; il faut couper ce sort, et pour cela, rosser le sorcier de la plus belle façon !
A ce discours de la mère en fureur, le père, le fils et le gendre saisissent la première occasion de tomber sur le malheureux sorcier, lui administrent une râclée des mieux conditionnées, puis, fiers et satisfaits, en hommes à qui leur conscience rend un complet témoignage d’avoir bien rempli leur devoir, ils rentrent à la maison conter leurs exploits…
- Ce n’est pas encore suffisant dit la mère, le sort ne sera pas coupé ! Ah ! si j’y avais été, moi, vous auriez vu ! Il faut recommencer.
A la prochaine foire du village, le père, le fils et le gendre se jettent de nouveau sur l’infortuné.
Cette fois, ils le laissèrent à demi-mort, baignant dans son sang et dans l’eau boueuse du ruisseau.
De retour chez eux :
- Ah ! si cette fois nous ne lui avons pas coupé le sort, jamais rien ne le coupera !
Et ils font la description détaillée de l’état où ils ont laissé le malheureux sorcier.
Oh ! phénomène étrange et incompréhensible ! voilà que sous coup d’une grande réaction nerveuse, et de l’autosuggestion la plus violente, la jeune fille guérit, et la mère triomphante de dire :
- Vous voyez bien que j’avais raison ; si vous lui aviez assez fait la première fois, vous n’auriez pas eu besoin de recommencer !
Ceci s’est passé il y a quelques années dans un pays que je connais très bien, et j’ajoute que plusieurs des personnages ne me sont pas inconnus.
Je pourrais les citer par leurs noms, et leur demander de confirmer mon récit, mais cela n’est pas nécessaire.
Il y a tant de choses surprenantes dans le monde qu’une de plus ne peut pas beaucoup étonner !
La jeune fille était guérie, et la famille ne pouvait assez exprimer sa joie ; mais cette guérison avait été particulièrement douloureuse au " médecin ", désormais célèbre dans la contrée.
Relevé du ruisseau et conduit dans une auberge, notre sorcier dut être soigné pendant quelques semaines, après quoi il songea à tirer parti des deux râclées reçues.
Il attaqua le père de la jeune fille pour " coups et blessures. "
Mal lui en prit.
Notre paysan fort embarrassé, va trouver M. X. … son propriétaire, et lui fait part de ses ennuis.
M. X. … l’écoute, puis, après réflexion :
- Le sorcier vous attaque pour coups et blessures, attaquez-le donc pour exercice illégal de la médecine !
Ce qui fut dit fut fait.
Malgré ses deux bastonnades et leurs suites, les tribunaux condamnèrent le sorcier et acquittèrent le paysan.
M. X… trouva la chose fort amusante, en fit spirituellement le récit et le publia dans un journal.
Puis, un jour, en visitant son fermier, il lui dit à brûle pourpoint :
- Pierrou, l’on parle de toi dans le journal.
- C’est pas possible, monsieur.
- Mais si, c’est bien de toi qu’il s’agit ; je vais te le lire, tu verras.
Après la lecture :
- Eh bien, monsieur, si je savais qui a fait ça, je le battrais comme j’ai battu le sorcier !
- Et tu aurais raison, moi je t’aiderais.
Et voilà l’histoire à peu près comme elle me fut contée pendant mes vacances dernières par M. Z… beau-père de M. X…