Aux jeunes gens

C’est Napoléon qui a dit : " Dans toute bataille, il y a dix minutes desquelles dépend la destinée de la nation. "

De même, au cours de la jeunesse, il arrive un moment critique où, le plus souvent, se détermine le bonheur ou le malheur de toute la vie.

Ce moment critique, c’est celui où le jeune homme est mis par les circonstances en demeure de prendre une décision définitive, celui où, placé en face des grandes alternatives morales, il doit choisir entre l’honneur et la honte, entre la pureté et la passion, entre l’égoïsme et la bonté.

L’obligation de quitter le foyer paternel pour entrer à l’atelier ou au bureau, la mort soudaine du chef de famille, ou même simplement une tentation forte, un appel direct à la conscience sont autant de causes possibles de crise spirituelle, exigeant de notre part une résolution immédiate.

L’éternel conflit des droits et des devoirs devient alors quelque chose de précis, de personnel et de pressant.

Il existait auparavant, ce conflit ; il était autour de nous ; mais maintenant il est en nous, nous le voyons, nous nous en rendons compte ; il nous faut prendre parti, et nous ne pouvons nous soustraire à la responsabilité d’un choix gros de conséquences.

Notre avenir présent et éternel dépend, en effet, de notre attitude, de la réponse de notre volonté.

C’est le pas décisif ; car s’il est vrai qu’il n’y a que le premier pas qui coûte, ce premier pas déterminera vraisemblablement la direction de tout le voyage : c’est notre existence même qui est en jeu.

Deux portes s’ouvrent devant toi, jeune homme !

Par laquelle vas-tu entrer dans cette vie de responsabilités, qui sera désormais la tienne ? Arrête-toi et regarde !

L’une de ces portes est belle et spacieuse. Elle donne sur une délicieuse allée plantée d’arbres et bordée de riches parterres de fleurs.

Comme elle attire, cette route ! Elle descend si agréablement ! Il ne faut pas s’étonner si une foule innombrable s’engouffre sous la porte large.

Et quels rires ! Quels joyeux propos ! Ah ! penseras-tu peut-être, voici certainement la route du bonheur !

L’autre porte est basse et étroite.

Elle donne sur un chemin rocailleux, bordé de précipices.

Il faut avoir l’âme bien trempée pour s’y engager, car le sentier monte droit, escarpé, terrible.

L’ascension s’annonce d’autant plus périlleuse que la région à parcourir est déserte et le sentier peu fréquenté.

Combien rares, en effet, seraient les compagnons de route de celui qui y risquerait ses pas !

Où chercher du secours en cas d’alerte ? Que de dangers, que de fatigues, que de sueurs, que de larmes en perspective.

Ah ! t’écris-tu déjà, c’est sûrement là le chemin du malheur !

Jeune homme, tu as mal regardé.

Cette route spacieuse, elle descend, et là, dans le bas, après ce tournant que les arbres et les fleurs te cachent, le sol devient marécageux.

La route se perd dans les sables mouvants. Puis, c’est le désert à perte de vue.

Car ces rires fous, ces propos bruyants que tu as remarqués, ce ne sont pas des indices de joie, mais des symptômes de fièvre.

C’est la pente qui les entraine inexorablement.

Que dirons-nous pour conclure ce propos de Napoléon ?

Il vaut bien mieux écouter la Parole du Fils de Dieu : " Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là, mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent " (Evangile de Matthieu, chapitre 7, versets 13 et 14).

Trois tentations du jeune homme

L’intempérance, l’impureté, le jeu

L’intempérance

Comme les crânes qu’un sauvage porte à sa ceinture ou dont il décore la cour de son palais pour dire au voyageur à quel vaillant guerrier tel et tel crâne appartenait, jusqu’à ce que lui, le grand chef, l’ait abattu de sa flèche ou de sa hache… de même, de tous les péchés, l’intempérance est celui qui peut se vanter d’avoir fait le plus de sinistres trophées.

Sans parler de ceux qui ne sont que blessés, on peut trouver, dans le nombre, des victimes mortellement atteintes, des hommes de toutes classes de la société, depuis l’ouvrier et l’homme des champs jusqu’à l’artiste, au poète, au philosophe, à l’avocat, au diplomate, au savant.

Ces hommes qui détruisent leur corps et leur âme par l’intempérance se suicident aussi catégoriquement que s’ils s’empoisonnaient ou se pendaient.

L’alcool transforme les meilleurs sentiments en vices immondes.

Il fait de l’homme intelligent un idiot, de l’homme vif un assassin.

Il tire la haine d’une simple antipathie, il rend vaniteux, méfiant, rampant.

Il atrophie la volonté et mine les affections naturelles.

" Enfin ", a dit Chrysostome, " l’intempérance est une hydre à cent têtes. Elle ne se promène jamais sans son cortège habituel : l’impureté, la colère, et les plus infâmes débordements. "

L’impureté

Notre génération est tellement habituée au vice et tellement lâche, que certains jeunes hommes qui, cependant, ont une vie correcte, supportent mal la plaisanterie que leur attire leur conduite pure selon le monde.

Et cette raison est souvent la seule qui les fasse se détourner du droit chemin.

Ils veulent avoir l’air de ne point s’effaroucher de l’histoire corsée, de la plaisanterie obscène, du mot grossier, de la conversation qui tend à avilir la femme, pour passer pour des jeunes gens " dégourdis " qui ont vu le monde et qui connaissent la vie.

Rien n’est plus triste que cette caractéristique de notre époque.

Car la pureté ne consiste pas seulement à s’abstenir d’actes immoraux mais à rejeter toute impureté, même en pensée.

C’est cette délicatesse si sensible et si vive que même l’idée du mal donne le dégoût.

C’est une vertu qui réside à l’intérieur, qui se fait la gardienne du cœur et veille sur lui comme une citadelle et un sanctuaire inviolables, dans lesquels une imagination contaminée ne peut pas se développer.

L’impureté, au contraire, pénètre et dégrade l’être tout entier.

Elle " brûle la chandelle par les deux bouts. "

Elle dépense le capital et les intérêts en plaisirs onéreux.

Car le jeune homme vicieux n’épuise pas seulement sa force quotidienne, mais il livre à l’avance l’avenir de sa santé, de sorte qu’à l’âge où les autres sont encore vigoureux, il aura atteint une vieillesse prématurée.

Faites attention de ne pas brûler la chandelle par les deux bouts.

Elle brûle assez vite d’un seul côté, car notre provision de forces physiques est encore bien limitée.

Le jeu

Le jeu de hasard est un vol tout comme le duel est un meurtre.

Dans les deux cas, la victime a risqué la chance d’être victorieuse et l’a perdue.

Dans le jeu, on peut classer depuis le simple jeu de cartes, les loteries, les tirages à lots, les courses, les spéculations, jusqu’aux petits chevaux et la roulette.

Quand on gagne, par le hasard, ce qu’on n’a pas payé d’une façon ou d’une autre, on le gagne d’une façon immorale, en d’autres mots, on le vole.

Le joueur va, non seulement vers sa propre ruine, mais vers celle de sa famille. Il compromet sa position et sa réputation.

Tout cela pour une chimère.

On raconte que lorsque la maison de l’Inquisition à Madrid, fut détruite sur l’ordre de Napoléon, l’officier commandant des troupes trouva la reproduction en marbre d’une vierge admirablement belle.

Le travail était parfait, les proportions idéales, les traits finement ciselés.

Cette vierge était un instrument de torture.

Le martyr devait s’élever jusqu’à elle et l’étreindre dans ses bras.

A mesure qu’il plaçait ses lèvres sur les lèvres en marbre, un ressort se soulevait, une machine intérieure était mise en mouvement et les bras de la vierge, faits de poignards aigus, s’étendaient pour encercler la pauvre victime, pénétraient ses chairs, la broyaient, la trituraient et la tuaient.

Le jeu est cette image.

Il parait attrayant de loin, mais il est armé de poignards qui tuent non seulement le corps mais l’âme. Jugez la maison de jeu comme la porte du Sépulcre. Jugez le joueur lui-même. Il vous entrainerait. Le poison est dans son cœur et le mensonge sur ses lèvres. Il veut votre perte.

Entre jeunes gens

Le jeune homme dont on a besoin

Une des plus belles qualités qu’un homme puisse avoir est celle de faire ce qui doit être fait sans qu’on le lui dise.

On a besoin de ces jeunes gens-là partout.

Un outil est resté au jardin, un barreau s’est arraché de la barrière, une vitre manque à la fenêtre.

Le jeune homme qui répare tout cela parce que cela doit être fait et sans attendre des directions spéciales est le jeune homme qui, toutes choses égales, trouvera son chemin facilement, une fois lancé dans la vie.

C’est l’habitude d’observation des petites choses, de voir ce qu’il y a à faire et de le faire qui fait les hommes utiles.

Il y aura toujours pour eux un appel à " monter plus haut " un moment ou l’autre.

Dans un sens, c’est une chose peu importante d’accomplir ces petites choses sans ordres précis, mais c’est cependant cela qui fait les grands capitaines, les grands ingénieurs, les grands artistes, les grands architectes, les grands travailleurs dans n’importe quel domaine.

C’est aussi l’absence de cette qualité qui fait les hommes ordinaires et médiocres, ceux qui devront être toujours dépendants des autres, ceux qui ne font rien à moins qu’on leur dise : " faites-le. "

Un naufrage

Un jeune homme entra dans un bar et demanda une consommation.

- Non, dit le propriétaire, vous avez déjà trop bu. Vous avez eu le délirium tremens une fois et je ne peux plus rien vous vendre.

Il se tourna alors vers deux jeunes gens qui entraient et les servit avec la plus grande politesse.

L’autre restait-là, silencieux, abattu.

Quand ils eurent fini, le premier s’avança de nouveau vers le propriétaire et lui dit :

- Il y a six ans, à leur âge, je me tenais à la place où sont ces jeunes gens, maintenant.

J’avais un bel avenir devant moi.

Aujourd’hui, à vingt-huit ans, je suis une ruine, corps et âme. Vous m’avez conduit à boire.

C’est dans cette salle que ma ruine a été commencée et consommée.

Vendez-moi encore quelques verres et votre œuvre sera complète.

J’aurai, d’ailleurs, bientôt disparu, car il n’y a plus d’espoir pour moi.

Ceux-là peuvent être sauvés, ils peuvent redevenir des hommes.

Ne les poussez pas plus loin. A moi, vendez encore un verre et laissez-moi mourir ; le monde sera débarrassé de ma personne.

Mais pour l’amour du ciel, ne leur donnez plus rien à eux ! …

. Le cabaretier écoutait, pâle, tremblant, terrifié.

Posant sa bouteille sur le comptoir, il s’écria :

- Que Dieu me soit en aide ! J’ai vendu ma dernière goutte !

Et il tint parole.

Un coeur pur

" O Dieu, crée en moi un cœur pur " (Psaume, 51, verset 12).

Comme chrétien, déclarons nettement la guerre à toute impureté, quelle vienne de l’imagination ou des sens ; elle est, en effet, la grande ennemie de l’âme.

Elle nous précipite au plus profond du ruisseau et nous empêche d’apercevoir et de saluer joyeusement le ciel bleu.

Jeune homme, jeune fille, marchez dans la pureté ; parents, aidez vos enfants à vivre d’une vie pure.

Tout ce qui est impur affaiblit, trouble, enlaidit, vieillit.

Soyez de ceux qui gardent longtemps dans la pureté ; ces deux signes jumeaux de paix et de bonheur : Jeunesse de visage et jeunesse de cœur.

Quant à vous, amis, que la souillure a ternis, qu’allez-vous faire ?

Oh ! Je sais, vous vous sentez au fond de l’abîme, vous répétez avec le poète, en pensant à votre âme souillée : La mer y passerait sans laver la souillure.

Mais, il est une mer dont un simple filet d’eau suffit à laver ton âme, à la purifier de toute souillure…

Cette eau, tu la connais, c’est cette eau vive, pure, oh ! de quelle pureté ! qui procède de Christ, de sa Croix, de sa Rédemption.

Baigne-toi dans cette eau, que l’Esprit de la Pentecôte te pénètre jusqu’à ce que tout désir mauvais soit chassé et emporté au loin.

Puis, va, prudent.

Le grand prédicateur chrétien Whitefield avait été lavé en Christ de l’impureté de sa jeunesse ; mais il disait un jour : " Je suis un tison arraché du feu. Il ne faut pas approcher les tisons trop près de la flamme, car ils se rallument facilement. "

Sois donc prudent, et ferme. Evite doublement, désormais, les tentations.

Henri SOULIE

L’expression du visage

Etudiez le visage des gens dans une foule…

Quelle variété de types et qu’elle est variée aussi, l’histoire écrite sur ces visages !

Il y a là de la comédie, de la tragédie, et de la simple bestialité.

Ici et là seulement, un visage pur avec l’auréole de la paix.

Combien peu de jeunes gens réfléchissent qu’ils écrivent leur biographie sur leur visage !

Vous croyez cacher vos actions derrière un écran et sous le couvert de la nuit ? ...

Ah ! non, jeune homme ! Vous les montrez, et vous trahissez même vos pensées, par les traits de votre physionomie.

C’est écrit là en caractères que tout le monde peut lire.

Je me souviens d’avoir vu un homme presqu’à cheveux blancs, bien habillé, mais avec un visage dont le feu semblait pouvoir allumer une allumette, et sur chaque trait duquel se lisait la victoire des appétits de la chair, la suprématie des plus viles passions.

Croit-il que le secret de sa vie n’est connu que de lui-même et de quelques intimes ?

Hélas ! il est écrit en lettres de feu sur sa physionomie.

Apprenez de bonne heure, mes jeunes amis, que rien n’embellit le visage comme les pensées pures, un idéal élevé, les actions nobles et désintéressées.

Commencez maintenant à vous préparer une belle vieillesse.

Lèvres pures

Un auteur distingué dit :

Quand j’étais encore enfant, je pris la résolution de ne jamais me servir d’un seul mot que je ne puisse prononcer devant ma mère.

Il tint sa résolution et devint un homme honoré, à l’esprit noble et pur. Sa règle de conduite et son exemple sont dignes de l’imitation de tout jeune homme.

Les jeunes gens apprennent terriblement vite un genre de mots et d’expressions vulgaires et bas qu’on n’entend jamais dans les cercles bien élevés.

Nous ne parlons pas ici des filles… on ne peut s’imaginer une jeune fille de bonne éducation employant des mots qu’elle n’oserait prononcer devant son père, sa mère, son institutrice ou une amie qu’elle estime.

Cette vulgarité d’expression parait intelligente à quelques jeunes gens : c’est être dans le courant et ce n’est pas si mal que je jurer, pensent-ils.

Mais c’est une habitude qui conduit à profaner les choses sacrées et qui remplit l’esprit de pensées mauvaises, et à préparer la voie à une foule de grossiers et terribles péchés qui corrompent la société de nos jours.

La visite de Madame Fortune

Un jour, Madame Fortune vint heurter à la porte de Mademoiselle Paresse.

Celle-ci se chauffait les pieds devant le feu en disant : " Ah ! quel ennui d’aller répondre !

Qu’on heurte une seconde fois si l’on veut que j’aille ouvrir ! "

Mais on ne heurta plus, Madame Fortune était allée chez le voisin.

Monsieur Laborieux était justement en train de réparer son plancher qui était gâté quand Madame Fortune heurta.

Il lui tendit la main et la fit entrer.

Dès lors, Mademoiselle Paresse ne cessa de se plaindre de ce que Madame Fortune ne vient jamais chez elle, oubliant qu’elle a négligé d’aller répondre quand la belle visiteuse a heurté à sa porte.

Morale : Si vous êtes paresseux, ne vous attendez pas à ce que la fortune vous sourie.

Personne au monde, ni médecin, ni avocat, ni officier, ni maîtresse de maison ne fait sa volonté ; tous, nous sommes domestiques de quelqu’un.

En tout cas, serviteurs de nos devoirs – de notre devoir.

L.

Vies mal employées

Récemment, mourait un millionnaire…

Peu avant sa fin, il exprima les remords de sa conscience pour sa vie mal employée.

- Oh ! disait-il, si je pouvais seulement recommencer !

Si je pouvais seulement vivre encore quelques années !

Pour cela, je donnerais la fortune que j’ai mis toute ma vie à amasser.

C’est l’existence consacrée à gagner de l’argent que je regrette.

C’est ce qui m’écrase et me fait désespérer de la vie à venir.

Les richesses n’ont été qu’un piège pour mon âme.

Je les donnerais joyeusement pour un mot d’espérance quant à mon salut éternel.

Quelle plainte pathétique !

Et qu’elle est caractéristique de notre époque et de notre génération qui courent après le plaisir et l’argent !

Toutes les énergies, tout le temps, tous les talents sont consacrés au service de ces dieux trompeurs et passagers.

C’est quand il est trop tard que les yeux s’ouvrent, que l’on reconnait son erreur et que l’on gémit sur l’irréparable passé.

Ces réflexions sont surtout utiles aux jeunes gens, à ceux pour lesquels il n’est pas trop tard, qui ont devant eux une route encore nette à parcourir.

Oh ! qu’ils écoutent la plainte douloureuse du millionnaire mourant : " Si je pouvais seulement recommencer ! "

Commencez donc bien, jeunes hommes, donnez à votre jeunesse le but suprême : le Christ et son glorieux service.

Et sur le seuil du tombeau, vous ne pleurerez pas, vous chanterez l’hymne de la victoire par Celui qui vous a aimés.

Y-a-t-il quelque chose de plus radieusement beau qu’une jeunesse mise résolument au service du divin Maître ?

Le grand besoin de notre époque, c’est de regarder en haut ! " Encore plus haut " est l’appel de Dieu à tous.

Un caractère est comme un tableau encore non terminé sur le chevalet.

Il faut laisser le Maître y ajouter jour après jour, son divin coup de pinceau.

Notre but ainsi sera atteint.

Encore plus haut, jusqu’à ce que le sommet soit atteint, à l’heure où nous nous tiendrons devant Lui, pour recevoir ce témoignage : Cela va bien.

L’influence d'un homme

Un jeune noble anglais se trouvait un jour, pour la première fois, dans un village de Cornouailles.

Le temps était très chaud et l’humeur de monsieur n’était point patiente.

La soif le dévorait et comme il parcourait à cheval les rues du village, pour chercher un cabaret, il rencontra un paysan.

- Eh ! dites-donc, l’ami, fit-il énervé, comment se fait-il qu’il n’y ait pas moyen d’avoir un verre de liqueur dans ce misérable village ?

Le vieillard, reconnaissant un homme de haut rang, leva son bonnet, salua avec respect et répondit, non cependant sans un éclair de fierté dans ses prunelles ternies :

- Milord, c’est qu’il y a plus de cent ans, un homme qui s’appelait John Wesley a habité ce village pendant quelques temps.

Et sans autre explication, le vieux paysan continua son chemin.

Il serait intéressant de savoir ce que pensait le jeune noble en poursuivant la route, toujours altéré.

Mais quel témoignage rendu à l’influence d’un homme, cent ans après lui !

Pendant plus d’un siècle, la parole qu’il avait semée pour son Maître avait préservé ce village de la malédiction des cabarets !

Quel plus noble monument pourrait désirer un homme qui a vécu pour Dieu et pour son prochain ?

Un petit mot d'encouragement

Avez-vous un ami au loin et apprenez-vous qu’il est triste, ou découragé, ou souffrant ?

Ecrivez-lui un petit mot d’encouragement.

Cela lui apportera peut-être juste la somme d’espoir et d’énergie qui lui est nécessaire.

En tout cas, cette preuve de sympathie lui fera un bien immense.

Un monsieur rencontra un jour une dame de sa connaissance dont le mari était très dangereusement malade dans une clinique.

Elle était là, dans le salon d’attente, le cœur déchiré d’angoisse.

- Je regrette tellement, dit l’ami, qu’il m’ait été impossible d’aller vous voir tout ce temps-là.

- Mais, répliqua la dame en souriant avec gratitude. Vous m’avez écrit deux fois et vous ne pouvez vous imaginer combien j’ai apprécié votre attention.

Prenez un instant… et écrivez un mot d’encouragement.

Evitez les phrases mélancoliques. Que votre lettre soit un rayon brillant et réchauffant.

Que votre ami sente un autre cœur souffrir avec lui mais surtout un cœur désireux de lui apporter par contact affectueux, l’espoir et le courage.

Et vous verrez que cette action, si petite en elle-même, ne sera pas sans résultats.

Recette pour être malheureux

Si vous voulez être malheureux, pensez à vous-même, à tout ce que vous aimeriez et que vous ne pouvez pas vous procurer, à tout ce dont vous avez besoin et que vous n’avez pas, au respect dont les gens devraient vous entourer et qu’ils ne vous témoignent pas.

Gâtez tout ce que vous touchez par vos sentiments de mécontentement.

Pratiquez l’envie et la jalousie.

Méfiez-vous de tout le monde et n’aimez personne.

Et vous serez aussi malheureux qu’on peut réussir à l’être en y mettant le temps et la peine.

N’avez-vous pas entendu dire de tel ou tel :

" Il brûle la chandelle par les deux bouts. "

Cela voulait dire qu’il dépensait son capital avec les intérêts dans tous les domaines.

Le jeune homme du monde épuise, en effet, non seulement sa force quotidienne, mais encore il emprunte sur le capital de réserves physiques de l’avenir.

Dans quelques années, il sera vieux avant le temps.

Gardez-vous de brûler la chandelle par les deux bouts.

Elle brûle bien assez vite par un seul bout, car nos forces vitales sont vite épuisées.

En Grèce, on célébrait, tous les cinq ans, de grands jeux en l’honneur de Jupiter.

De partout, des foules de spectateurs accouraient pour en être témoins, car les jeunes Grecs de concouraient la plus haute noblesse v dans le champ de courses.

Une tribune était érigée à une des extrémités et là, des juges s’asseyaient.

Ceux-ci étaient des hommes qui avaient eux-mêmes, conquis, autrefois, les honneurs olympiques.

Les vainqueurs du matin ne recevaient leurs prix que le soir, mais après leur long effort se joignaient à la foule des spectateurs pour regarder ceux qui poursuivaient le même but qu’eux avaient atteint quelques heures auparavant.

Il en est ainsi des hommes de Dieu qui ont atteint l’âge mûr et qui suivent avec anxiété et intérêt les jeunes qui viennent d’entrer dans l’arène.

La génération actuelle nous donne des inquiétudes justifiées.

Elle témoigne d’un esprit vacillant et superficiel.

Le but à atteindre lui semble indifférent.

Jeunes hommes, éveillez-vous et regardez.

Le prix à conquérir est devant vous.

Ne désappointez pas les vétérans qui vous ont devancés.

SPURGEON

La jeunesse est le printemps de la vie.

C’est le printemps qui décide de la gloire de l’été, de l’abondance de l’automne, des provisions pour l’hiver. C’est le matin de la vie.

Et si le soleil de justice ne dissipe pas les brumes et les brouillards avant midi, le jour entier sera sombre et triste.

C’est le temps des semailles et ce qu’un homme sème il le moissonne.

Chacune de nos actions, à cette époque de la vie, a donc une importance énorme.

Jeunes gens, soyez forts

La voix de l’orateur se tut.

Un tonnerre d’applaudissements éclata dans la salle.

Les jeunes gens quittèrent à la hâte leurs sièges pour se diriger vers l’estrade afin de féliciter le conférencier.

Daniel Ménard profita de ce moment de confusion pour sortir inaperçu.

Arrivé dans la rue, il aspira avec force l’air pur du soir et, d’un pas rapide, prit le chemin de son logement.

Il avait hâte de se trouver seul, loin des lumières et du bruit, seul avec ses pensées.

Son modeste appartement se trouvait au deuxième étage d’une maison bien tranquille, dans un quartier peu fréquenté.

Tout y était d’une propreté méticuleuse.

Il alluma le bec de gaz, et, sans même quitter son chapeau, se laissa tomber sur la chaise devant sa table à écrire ; des journaux, des papiers et des livres y étaient rangés avec ordre.

Bien en évidence sur un gros dictionnaire, un billet ouvert, un billet au papier crème, discrètement parfumé et couvert d’une élégante écriture.

Il étendit la main, le saisit, et bien qu’il en sût par cœur le contenu, il se mit à le relire ; puis, le reposant brusquement sur la table, il murmura : " Je ne puis pas y renoncer ".

Un profond soupir, presque un sanglot, s’échappa de ses lèvres.

Jeunes gens, soyez fort !

Daniel tressaillit. Les mots du conférencier lui étaient revenus si fortement à la mémoire qu’il avait cru les entendre prononcer.

Il se leva et marcha de long en large dans l’étroite pièce.

D’un geste brusque, il envoya, lui si soigneux d’ordinaire, rouler son chapeau dans un coin.

Sa tête était en feu.

" Ne soyez pas des indécis, hésitant entre le bien et le mal ; n’essayez pas d’étouffer la voix de votre conscience en vous disant que vous ne pouvez faire autrement. Soyez forts ! Faites ce qui est droit et juste, faites-le à tout prix, même si vous devez renoncer à votre position, à ce que vous croyez être votre bonheur. Luttez pour remporter la victoire qui seule vous donnera la vraie joie. "

Comme les paroles entendues dans la salle de l’Union chrétienne lui revenaient avec clarté à l’esprit :

" Une hésitation amène une défaite et celle-ci une série de défaites. Examinez la situation en face, entrez en lutte avec toute l’énergie que vous possédez et avec l’aide de Dieu vous serez victorieux. "

Il y avait bientôt six ans que Daniel était venu à la ville.

Orphelin, il avait été élevé à la campagne par un oncle qui ne lui témoignait aucune affection, aucun intérêt.

Le jeune garçon, laissé à lui-même, aurait pu devenir un mauvais garnement comme bien d’autres au village, s’il n’eût possédé une vraie providence dans une ancienne amie de sa mère.

Veuve d’un fonctionnaire, elle et sa fille Germaine vivaient d’une petite pension, qui bien que modeste, leur suffisait amplement, leurs besoins étant peu nombreux.

Mme Romain s’était intéressée au pauvre enfant délaissé, lui avait donné des leçons, avait surveillé ses devoirs, s’était réjouie de ses bonnes notes et avait surtout essayé de l’attirer vers Dieu.

Cette influence si heureuse laissa une profonde empreinte dans l’esprit et le cœur du jeune garçon.

Elevé pour ainsi dire côte à côte avec Germaine, il ne put s’empêcher de remarquer les nombreuses qualités de la jeune fille, son aimable caractère, et petit à petit cette admiration se changea en amour.

Quand, bien décidé à voler de ses propres ailes, il quitta le toit peu hospitalier de son parent, il obtint de la veuve la promesse que, s’il continuait à être un vrai chrétien et dès qu’il serait en position de se mettre en ménage, elle lui confierait sa fille bien-aimée.

Il était parti plein d’espoir, soutenu par la pensée que les deux femmes le suivraient dans ses luttes, qu’elles prieraient pour lui.

Après avoir fait son service militaire, il était entré dans une importante maison de commerce, où son sérieux, sa probité, sa bonne volonté le firent remarquer.

Il était monté de grade en grade mais lentement à son avis, et il lui semblait loin le jour où il pourrait enfin fonder un foyer.

Cependant, à l’occasion d’une affaire embrouillée, il avait montré tant de tact et de savoir-faire, que le patron sembla tout à coup le prendre en amitié ; il l’invita même à venir chez lui, le présenta à sa femme et à sa fille, et bientôt le jeune employé fut un des habitués de la villa des Glycines.

Comme il était réservé, poli et serviable, il était toujours bien accueilli et même désiré.

Au contact de gens supérieurs il s’affina, chercha à s’instruire, cultiva sa voix qui était juste et forte mais qu’il avait ignorée jusqu’au jour où Melle Jeanine, la fille de son patron, lui avait demandé de chanter avec elle.

Petit à petit, Daniel n’éprouva plus le même plaisir à penser au home qu’il devait préparer pour Germaine.

Il lui écrivait aussi régulièrement que par le passé mais ses lettres étaient plus courtes et parlaient plutôt de son travail, de ce qu’il avait vu ou lu que du futur.

D’ailleurs, son temps était bien pris par son travail, ses études et ses nombreuses visites aux Glycines où, pour une chose ou l’autre, on avait toujours besoin de lui.

Le matin même, il avait reçu une pressante invitation pour passer l’après-midi du dimanche à la villa où, écrivait Melle Jeanine, on avait absolument besoin de lui pour décider ce qu’on devait faire le lundi de Pâques.

Le patron lui avait encore dit avec un sourire amical : " N’oubliez pas que vous êtes attendu, demain, aux Glycines. "

Sans être fat, il comprenait que s’il le voulait, il pouvait, tout à coup, devenir de simple employé, associé.

On le lui avait laissé entendre et si Jeanine différait totalement de Germaine, elle n’en était pas moins une jeune fille accomplie.

Distinguée, instruite, musicienne, possédant cette aisance que donne la fortune et l’habitude de commander, elle paraissait aux yeux du jeune homme bien plus désirable que sa modeste amie d’enfance.

Il faut dire que le cadre y faisait beaucoup ; il avait toujours vu la fille de son patron mise avec un goût sûr et coûteux, se mouvant dans un intérieur somptueux où tout était fait pour le charmer et l’éblouir, lui habitué à la simplicité la plus grande.

Il s’était donc laissé vivre tranquillement, côtoyant le précipice, sans en voir le danger et tout à coup, ce soir, la voix de l’orateur a fait éclater la tempête dans son cœur assoupi.

Cet homme connaissait à fond le cœur humain et toutes les ruses de Satan ; aussi d’une voix forte, parfois mordante, portant son coup, il a dévoilé les faiblesses, les lâchetés commises par les jeunes gens de notre époque, sous le futile prétexte qu’ils ne peuvent pas faire autrement.

Daniel a été bouleversé ; il a beau faire, il ne parvient pas à se ressaisir.

Cette phrase : " Jeunes gens, soyez fort ! " lui martèle les tempes, il ne peut l’oublier, comme il va et vient avec agitation dans la pièce.

Germaine l’a accepté quand il n’était rien, n’avait rien ; elle a cru et croit en lui, l’attend avec patience ; l’abandonnera-t-il ?

" Après tout, murmure le tentateur, vous n’êtes pas officiellement fiancés, elle oubliera ; d’ailleurs, tu n’es pas en position de te marier pour vivre à ton aise. Veux-tu être dans la misère toute ta vie ? N’as-tu pas plus d’ambition que ça ?

Epouse Jeanine, elle t’aime, tu seras patron, lancé dans une société de gens bien élevés, intellectuels, ce que tu as désiré toute ta vie. "

A bout de forces, Daniel se laissa tomber à genoux, il voulait être fidèle à sa fiancée, rester un disciple de Christ, être loyal et fort.

Avec des soupirs et des larmes, il fit monter vers Dieu d’ardentes supplications et quand, enfin, il se releva, le corps brisé par l’angoisse et la fatigue, sur son visage pâli par la souffrance, brillait une paix que le monde ne peut donner, qu’il ne connait pas.

Daniel était un fort !

Inès SOITBONS

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