Témoignage du boxeur Georges King
A la demande de plusieurs chrétiens et pour la Gloire de Dieu, je publie l'histoire de ma vie, avec l'espérance certaine que Dieu en bénira la lecture pour le salut d'un grand nombre d'âmes. Je ne l'ai pas fait sans lui demander, pendant longtemps, de me diriger et de me préserver de toute imprudence, désirant avant tout agir selon le Seigneur et conduit par son Saint-Esprit.
Je dirai ce qu'a été ma vie avant ma conversion.
Je ne me glorifie ni de ce que j’étais ni de ce que je faisais, mais je me glorifie en la croix de Christ, mon Seigneur.
J'ai eu d’excellents et forts respectables parents.
Ma chère mère était chrétienne et croyait à l’efficacité de la prière faite avec foi.
Elle intercédait pour moi jour et nuit avec larmes, et demandait à Dieu, soit en ma présence soit en secret, de me convertir avant qu'elle quittât ce monde, et de faire de moi un serviteur de Christ. Je me moquais d'elle comme un insensé.
Ma mère croyait fermement que ses prières seraient tôt ou tard exaucées, à cause de cette promesse : " Tout ce que vous demanderez avec foi, par la prière, vous le recevrez." (Matthieu 21 : 22)
Dieu soit loué de m'avoir donné une mère qui priait ! J'étais un fils indigne.
Entraîné par de mauvais camarades, je me mis à fréquenter les maisons de jeu de bas étage, les courses de chevaux, les repaires de voleurs, les foires, les brasseries, celle surtout que les filous appelaient : l'antre de Jack Sheppard.
Depuis lors, j'ai annoncé l'Evangile dans ce même local.
Mon ami, M. George Holland, en est devenu propriétaire et en a fait un bon usage.
La première tentation à laquelle je succombai, fut la boisson.
A quatorze ans, je m'enivrais déjà. Le diable était mon maître et, comme beaucoup de jeunes hommes, hélas ! je n’écoutais que mes convoitises et ma propre volonté.
Mes mauvais camarades m'ayant invité à fréquenter avec eux les lieux publics où luttaient les boxeurs, je pris bientôt part à ces joutes.
Pour mon malheur, un monsieur me dit un jour que j'étais particulièrement bien constitué pour la lutte et que je ferais un fameux boxeur.
C'était le diable qui me tentait par sa bouche.
J'eus la faiblesse de l'écouter, ne prévoyant guère où ce métier m’entraînerait plus tard.
Un soir, un boxeur de profession m’excita à lutter avec un autre garçon, seulement pour nous amuser, disait-il ; puis il nous proposa de nous donner une ou deux leçons, nous promettant qu'au bout de peu de temps nous pourrions gagner de belles sommes d'argent.
Après un apprentissage de quelques semaines, je fus appointé pour lutter avec un boxeur nommé Jones.
L'enjeu était de cinq cents francs.
Après vingt et une passes je remportai le prix.
Aussitôt mes camarades de me flatter ; je bus à leur santé et eux à la mienne, et mon penchant pour la boisson ne fit que s'accroître.
Depuis ce moment-là, je fus un boxeur de profession, un ivrogne aussi.
Un soir, je me livrai à de tels excès que je tombai ivre mort devant le comptoir du marchand de vin.
On me jeta dans la rue, où je demeurai jusqu'à ce qu'un garde de la police vint me relever pour me conduire à la prison.
Un autre jour, toujours sous l'influence de la boisson, j'envoyai quatre de mes camarades chercher un cercueil.
Sur ma demande, ils me placèrent dedans, après m'avoir enveloppé d'un drap et blanchi le visage comme un cadavre, et ils m'emportèrent ainsi à la maison pour terrifier ma pauvre vieille mère.
Celle-ci, entendant du bruit, accourt.
- Qu'est-ce ? S'écrie-t-elle.
- C'est votre fils que nous vous rapportons, lui répondent les complices de ma mauvaise plaisanterie. Il est mort.
Alors ma mère se met à fondre en larmes.
Sur ces entrefaites arrive mon frère qui, en apprenant ce qui se passe, s'écrie :
- Ah ! le monstre, enfin le voilà mort ! Ne pleure pas, mère.
C'est une bonne affaire que nous soyons débarrassés de ce bandit. Il n'était bon qu'à dépenser à la boisson l'argent qu'il avait gagné en boxant. Ne le pleure pas, mère, ne le pleure pas ! Tu aurais été bien plus heureuse, s'il était mort il y a longtemps déjà.
Mais elle : Ne parle pas ainsi, mon fils. C'était mon enfant chéri et j'ai toujours prié pour lui !
Tout à coup, je m’élançai hors du cercueil, un couteau à la main, et me précipitai sur mon frère pour le frapper.
Mon père, qui entrait en ce moment, n'eut que le temps de se jeter sur moi pour arrêter le coup.
Alors je sortis brusquement de la chambre et courus me réfugier dans une taverne, où je me mis à boire jusqu'à l'ivresse la plus complète.
Des scélérats me jetèrent dans une auge où il y avait un pied d'eau, et m'y laissèrent.
Quelqu'un m'en retira et me porta, demi-mort, au poste de police, d'où je fus reconduit le lendemain chez ma mère.
Pendant qu'elle me mettait au lit, je demandais en pleurant de l'eau-de-vie et du champagne, décidé à m'en faire donner à tout prix.
Ma mère cherchait à me calmer ; elle s'agenouilla à côté de mon lit et se mit à prier pour moi. Je lui dis que si elle ne cessait pas, je l’assommerais tout net.
- Eh bien, oui, mon garçon, me répondit-elle, tu peux m'assommer si tu veux ; mais je ne cesserai pas de prier pour toi et je sais que Dieu te changera ; je suis sûre qu'il entendra ma prière.
O mon enfant, viens à Jésus, je t'en supplie ! Sinon tu briseras mon cœur, et tu feras descendre mes cheveux blancs dans la tombe.
J'entendis tout cela sans me laisser émouvoir.
Décidé à me procurer à tout prix de l'eau-de-vie et du champagne, je sortis du lit, quoique malade, et me rendis en courant à la taverne.
Arrivé là, je m’aperçus que je n'avais point d’argent dans ma poche. Je revins donc à la maison.
- Il me faut sept francs, dis-je à ma mère ; si tu me les donnes je te rendrai un louis.
Elle allait céder, en dépit de sa répugnance, quand mon père, qui savait l'usage que je comptais faire de cette somme, intervint et l'empêcha de me la livrer.
J’arrachai alors sa montre de son gousset, je courus la vendre et m’enivrai de nouveau.
Je fus encore une fois conduit au poste.
Ma mère me suivait en pleurant comme un enfant.
Une autre fois, c'était en 1859, je fis le pari de me battre avec un chien, les mains solidement liées derrière le dos.
L'enjeu était de 1250 francs. Je devais tuer le chien ou mourir de ses morsures.
On m'amena au milieu d'une salle en forme de cirque, tout autour de laquelle se trouvaient de nombreux spectateurs.
Le bouledogue fut introduit. C'était un chien furieux, dressé tout exprès.
Nous rampâmes à la rencontre l'un de l'autre, épiant un moment favorable pour l'attaque.
Tout à coup le chien me saisit la main et me fit une grande blessure au poignet.
Cela me mit en fureur. Je criai qu'on me donnât à boire : on me versa de l'eau-de-vie dans le gosier ; j'étais presque fou.
Je me mis alors à tourner autour du chien, sans lui laisser une minute de repos et criant
toujours : " la mort ou la vie ! "
Je finis par m'élancer sur lui d'un seul bond, je le saisis à la gorge avec mes dents et ne le lâchai pas qu'il ne fût tout à fait mort.
Aussitôt les applaudissements éclatèrent.
" C'est un adroit compère ! C'est un courageux gaillard ! " Criait-on de tous côtés.
Ce combat m'avait complètement épuisé et j'avais perdu beaucoup de sang ; aussi me fallut-il garder le lit plusieurs jours. Mais on cautérisa mes plaies et, par la bonté de Dieu, je ne fus pas atteint de la rage.
L'année suivante, au mois de mars, je me mesurai de nouveau avec Jacques Martin.
L'enjeu était de 250 francs, que je gagnai facilement après dix-sept passes.
Au mois de mai, je demeurai encore vainqueur dans un combat qui dura deux heures et demie, et qui me rapporta 1250 francs.
Le 19 juin 1862, je devais boxer avec un nouvel adversaire ; cette lutte avait été annoncée par affiches.
C'est alors que les menées de Satan furent déjouées. Voici comment la puissance de Dieu s'exerça pour mon salut.
Comme je passais devant la chapelle de M. Spurgeon, j'eus l'idée d'entrer pour voir ce qu'on y faisait.
Jamais je n'avais mis les pieds dans un lieu de culte et je me faisais gloire de ne croire ni à Dieu ni à diable, ni au ciel ni à l'enfer.
Dans mon incrédulité, j'avais été jusqu'à brûler ma Bible, parce que je la détestais, et je disais qu'elle ne renfermait qu'un tas de mensonges.
J'ouvris donc tout doucement la première porte, puis une autre que je tins entrebâillée pendant que je jetais un coup d’œil dans l'intérieur.
Ma curiosité n'étant pas encore satisfaite, j'entrai.
Mon attention fut attirée d'abord par le prédicateur. M. Spurgeon expliquait justement le 3ème chapitre de Saint Jean, et il lisait ce verset : " Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il ait la vie éternelle ".
Quand le prédicateur en vint au mot quiconque, il dit : " Je vais vous expliquer maintenant ce que cela signifie. Quiconque veut dire tous, sans exception. Il y a peut-être ici, ce soir, un voleur, ou un menteur, ou un buveur ; il se peut même qu'il y ait un boxeur dans cette assemblée. S'il s’en trouve un, je lui dirai : " Mon ami, tu es ce quiconque ! Quiconque croit en lui ne périra pas, mais il a la vie éternelle ".
Au moment où ces paroles sortaient de la bouche de M. Spurgeon, je tombai à genoux et m’écriai : " Seigneur, sauve-moi, moi qui suis un boxeur. Seigneur, aie pitié de moi ! Seigneur, je crois ! "
Alors j'entendis une voix qui me disait : " Tes péchés te sont pardonnés ! " Mon fardeau fut aussitôt enlevé et mon cœur soulagé. Jamais je n'oublierai ce que j'ai éprouvé alors. Il n'y avait en moi aucune excitation, non pas la moindre.
Je me levai, je sortis et, au lieu d'aller au rendez-vous des boxeurs, je me rendis directement à la maison, vers ma bonne mère, et lui dis :
- Mère, Dieu a délivré mon âme ce soir !
C'était le jeudi 19 juin 1862.
Ma mère se leva, posa sa main sur mon épaule :
- O mon cher fils, s'écria-t-elle, le Seigneur t'a-t-il enfin changé ?
Et elle fondit en larmes.
Je lui répondis :
- Oui, mère, il m'a pardonné.
- Oh ! Que je suis heureuse. Maintenant, mon fils, mettons-nous à genoux !
C'est que ce nous fîmes, moi pour la première fois.
Ma mère commença à louer Dieu et, tandis qu'elle priait, mon père entra. Il vint s'agenouiller près de nous et mêla ses ferventes actions de grâces à celles de ma mère.
Quand ils se furent relevés :
- O mon cher enfant, dit-elle encore, je suis bien heureuse. Le Seigneur a exaucé ma prière. Que son nom soit loué ! Que son nom soit loué !
Puis elle m'engagea à prendre du repos et je me retirai peu après.
Le lendemain, je me rendis à la taverne, au rendez-vous qui avait été fixé pour la répartition des gains, après la représentation qui avait eu lieu la veille.
Un de mes camarades, qui m'aperçut à quelque distance de la maison, me cria :
- Eh bien, où étais-tu hier soir, Trickey ? Nous avons eu beaucoup de monde. Viens avec moi.
Je le suivis jusqu'à la porte du local où étaient rassemblés bon nombre de mes camarades, tous de fameux boxeurs.
Je n'entrai pas.
L'un d'eux voulait m'y contraindre :
- Non, lui dis-je, je ne veux plus y aller, c'est fini !
Tom, fort surpris, cria à ceux qui étaient à l'intérieur :
- Le voici dehors ! Il ne veut pas entrer.
Ils sortirent tous - ils étaient très nombreux - et m’entourèrent.
Tom, fort excité, me dit :
- Eh bien, qu'est-ce qui t'arrive donc ?
- Rangez-vous en cercle, répondis-je, et je vous raconterai tout ce qui s'est passé hier soir.
Comme je passais devant cette grande chapelle que vous connaissez, j’eus l'idée d'entrer pour voir ce qu'on y faisait, pensant rire de bon cœur, et puis sortir.
Le pasteur disait justement : " S'il se trouve un boxeur ici ce soir, il est ce quiconque."
Alors je tombai à genoux et criai à Dieu : " sauve-moi ! "
Des rires bruyants éclatèrent de tous côtés à mes paroles.
- Trickey, me cria le jeune Hils, surnommé l'Araignée, tu ne prétends pas être devenu dévot ?
- Non, reprit Tom, il est devenu méthodiste !
- Peu importe ce que je suis devenu, répondis-je ; je sais que je possède quelque chose que je n'ai jamais possédé auparavant, et je suis heureux. Dieu m'a pardonné tous mes péchés !
Tom s'efforçait de m’entraîner dans la salle à boire, mais je lui résistai :
- Non, je ne boirai plus !
Je sortis en même temps de ma poche une pipe d'écume montée en or, et la lançai sur le pavé en disant :
- Je n'en veux plus !
Je les quittai au milieu de leurs éclats de rire.
Rentré à la maison, je pris mes gants de lutteur, je les taillai en pièces et les jetai au feu.
Ma mère, tout effrayée, me regardait faire à distance.
Un paquet de cartes eut le même sort, ainsi que mes carnets de paris et tout ce qui avait joué un rôle dans ma vie passée.
J'avais dans ma chambre un magnifique portrait de Tom en posture de combat ; je le mis en pièces, ainsi que le mien, pris au plus beau moment de ma carrière de boxeur.
Restaient mes deux chiens, Charlie et Nipper. " Vous partirez demain, mes favoris, vous partirez demain ! " Et le lendemain j’allais les vendre.
Puis je jetai au feu mon attirail de boxeur et tout ce qui avait appartenu à l'association.
Le dimanche suivant, comme je traversais Hyde Park, je montai sur un banc de la promenade et me mis à crier : " Dieu m'a sauvé jeudi soir ! ".
La foule de m'entourer. On me croyait fou, mais moi je savais fort bien ce que je disais.
Le lundi, j’allai vendre tous mes bijoux ; mes bagues d'or enrichies de diamants, mes épingles d'or, les présents que j'avais reçus, tout y passa pour moins du quart de sa valeur.
Le mardi, je me rendis à mon ancienne taverne, et là, debout devant la porte, je racontai comment Dieu avait sauvé mon âme.
Le Seigneur me rendit capable de rendre témoignage à son amour qui pardonne.
Ma mère m'avait relu le texte de M. Spurgeon.
- Je suis un des " quiconque " dont il fait mention dans ce passage, disais-je à mes camarades.
Mais tous ils se moquaient de moi.
Dès ce moment j'ai renoncé à la boisson maudite.
Quelque temps après je me mariai.
Le désir m'était naturellement venu de trouver une épouse chrétienne, et j'avais exposé au Seigneur ce souhait de mon cœur.
Nous ne devrions jamais rien faire sans demander à notre Père céleste de nous éclairer et de nous diriger.
Je le priai, dans la solitude du cabinet, de m'accorder une compagne tendre, bonne, chrétienne et abstinente, qui pût m'encourager dans la bonne voie et m'aider à rendre témoignage de Jésus-Christ.
Ma demande fut bientôt exaucée, et de la manière la plus bénie.
La femme qu'il m'a donnée est justement telle que je la pouvais désirer, et il n'aurait pu m'en accorder une meilleure.
Elle est toute dévouée au service du Maître.
C'est une chrétienne éminente et une abstinente convaincue. Nous sommes parfaitement heureux, et la présence habituelle du Seigneur nous procure une indicible joie.
Avant ma conversion, je ne croyais ni à la Bible, ni à l'existence d'un Être suprême, et je détestais la Parole de Dieu.
Voici une question que je voudrais maintenant poser aux incrédules : si ce n'est pas Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit qui m'a sauvé, le 19 juin 1862, dans la chapelle de M. Spurgeon, qui est-ce alors ?
Le pasteur a été l'instrument, mais c'est Dieu qui, à cette heure-là, a délivré mon âme.
Lorsque j'entrai dans cette chapelle, je ne désirais nullement devenir chrétien et je haïssais la religion.
Je gagnais beaucoup d'argent, j'avais un grand nombre d'amis, de riches soutiens ; jamais mes pensées ne s’étaient tournées du côté de la religion.
Mon seul but dans la vie était de gagner de l'or, beaucoup d'or, et j'y réussissais.
Je faisais l'œuvre du diable et il me payait d'excellents gages.
Mais Dieu a eu pitié de moi. J'aurais pu mourir dans mon péché et être perdu pour toujours. Mais Dieu est un Dieu d'amour : ma conversion en est la preuve.
Lecteur, Jésus ne te sauvera-t-il pas comme il m'a sauvé ?
Si tu ne t'es pas encore donné à lui, fais-le sans retard, et il te recevra.
Ne m'a-t-il pas reçu, moi ?
Oui, que son nom soit béni ! Si tu comptes sur tes propres efforts pour devenir meilleur, tu échoueras entièrement.
Va à Christ comme un pécheur perdu, et Christ te recevra.
" Celui qui croit au Fils, est-il écrit, à la vie éternelle. Mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. " (Jean 3 : 36)