Le réveil national

Que voulons-nous exprimer par ce mot de Réveil national, dont nous nous servons, non parce que nous les trouvons parfaits, mais parce que nous n’en trouvons pas de meilleurs ?

Telle est la question à laquelle nous voudrions essayer de répondre, pour provoquer vos réflexions et éclairer peut-être l’esprit des autres, en augmentant la clarté dans nos propres esprits.

A l’heure actuelle, il ne nous est plus permis de nous laisser paralyser ou diviser par de simples malentendus.

Chacun avec ses convictions particulières, tous avec la même charité, nous devons travailler à la grande œuvre : le salut, il faudrait peut-être dire le sauvetage de notre patrie par notre Eglise.

Notre patrie ! Nous pensons d’abord à elle et nous y pensons avec inquiétude.

On nous a interdit il est vrai de parler de Réveil national, parce que la France n’a jamais été composée tout entière de chrétiens et qu’il faut y faire non pas renaître, mais naître à la foi.

Mais laissons ces ratiocinations byzantines.

Le fait trop réel, c’est que dans ce moment notre patrie traverse une crise, une crise à la fois dangereuse et humiliante.

Je ne veux vous rappeler qu’un fait.

Il y a à peine deux mois (il semble qu’il y a deux ans, tellement il faut changer le mot de la balade et dire non : " les morts ", mais " les vivants vont vite "), toute la presse parlait d’un bal que l’Association des étudiants de Paris allait donner.

Le programme était si scandaleux que la plupart des membres honoraires furent obligés de donner leur démission.

Malheureusement, cet incident déplorable fut l’occasion d’une manifestation plus déplorable encore.

Presque tous les journaux prirent parti pour l’immoralité " échevelée " contre la vulgaire honnêteté.

Il nous fallut trouver jusque dans des feuilles modérées et politiquement respectables, jusque dans la bouche de professeurs graves, de publicistes de bon sens, l’apologie cynique du vice nécessaire, et la justification, l’innocentation (excusez le mot) de l’adultère le plus vil.

On eût dit un marais large et profond qui, tout à coup troublé, laissait échapper les émanations les plus fétides !

Or, précisément à ce moment éclata, au Palais Bourbon, la bombe de Vaillant.

On causait débauche, et c’était la dynamite qui prenait la parole.

Vous direz : quel rapport y avait-il entre le vice du bal de Bullier et le crime à la Chambre des Députés ?

Quel rapport ? Demandez-le à notre vieil Evangile.

Il vous montrera comment l’immoralité finit par le sang ; après avoir dansé, Hérode fit couper la tête à Jean-Baptiste.

Quel rapport ? Tout simplement le rapport de la cause à l’effet.

Vaillant était le fils du vice ; sans le vice il ne serait pas même né !

Et puis ce vice, dont il portait le germe dans son sang, il l’avait nourri par une vie passée dans le vice.

Depuis la première page jusqu’à la dernière de son curriculum vitae, il y a un mot, toujours le même, qui revient, entremêlé à celui de vol, c’est celui de l’adultère.

Est-il étonnant que le crime ait pu s’emparer de ce cerveau déformé, de ces nerfs détraqués, de cet être vicié jusque dans son fonds ?

L’impureté a été de tout temps une voie qui mène au crime ; toute la question pour les impurs est de savoir s’ils s’arrêteront en route ou s’ils iront jusqu’au bout.

Après avoir dansé, Hérode, ivre de vice, fit couper la tête de Jean-Baptiste !

Et l’on nous dirait qu’il n’y a pas lieu de parler d’un Réveil national !

Alors cet abaissement des mœurs, cet affaissement de toutes les vertus, ce serait notre niveau normal, comme nation !

Alors cette névrose physique et morale qui frappe presque toutes les volontés de paralysie, et en jette quelques-unes dans des crises de manie aiguë, ce serait notre état normal, comme nation !

En vérité, Messieurs, mon patriotisme s’indigne et proteste !

Non ! Non ! Le réveil des mœurs, le réveil de la vertu, le réveil du spiritualisme, le réveil de l’idée du devoir, le Réveil…. Il est nécessaire, il est urgent, mais il est possible ! Il doit, mais il peut y avoir un Réveil national.

Alors, en même temps qu’à notre patrie, nous pensons à notre Eglise.

Il est naturel que nos regards se portent de l’une à l’autre ; qui prêchera, en effet, l’Evangile à la patrie sinon l’Eglise ?

Or, pour une telle œuvre, notre Eglise réformée est-elle prête ?

Certes, il y a du bon dans notre Eglise, et même beaucoup.

Je ne suis pas, à son égard, pessimiste ; et personne, ce me semble, n’a le droit de l’être, en ce moment moins que jamais.

A tous les points de vue, notre Eglise ne se reconstitue-t-elle pas ?

N’y a-t-il pas un désir d’ordre, un désir d’union, un désir d’activité, un désir de foi, un désir de piété ?

Ces désirs ne commencent-ils pas à se réaliser ?

Ne sentons-nous pas en elle un tressaillement, comme le tressaillement d’un organisme au cœur duquel afflue de nouveau le sang, dans la poitrine duquel arrive de nouveau l’air vivifiant ?

Saluons, Messieurs, avec reconnaissance et avec espoir, non seulement ces promesses, mais ces symptômes de vie nouvelle.

Et cependant, notre Eglise est-elle prête pour son œuvre ?

Ne voulant pas sortir de mon sujet, je demande surtout : Est-elle vraiment en contact avec le peuple ? Sa vie, forte ou faible, est-elle du moins en état de la communiquer ? Si elle parle, sera-t-elle écoutée ? Sera-t-elle entendue ?

Il me semble qu’entre notre Eglise et notre peuple, je vois partout des fossés étroits ou larges, des barrières basses ou hautes.

J’ai comme la vision d’une île, d’un îlot que les flots ne se donnent pas même la peine de venir battre.

Que dis-je ? Cette Eglise, au moment où elle aurait besoin de forces nouvelles, ne perd-elle pas celles qu’elle avait ?

C’est un fait : notre protestantisme diminue.

Aujourd’hui le mouvement continu de la civilisation tend à mêler de plus en plus les habitants d’un pays.

Il n’y a plus de distance pour les commerçants, pour les industriels, pour les fonctionnaires.

Les petits groupes, à chaque instant diminués, sont peu à peu réduits à l’état de poussière.

C’est ce qui est, c’est ce qui sera de plus en plus : c'est-à-dire que nous, minorité protestante, nous sommes destinés à être de plus en plus disséminés, à être de plus en plus clairsemés dans la grande société catholique.

Or, la dissémination, c’est la privation du culte, c’est la privation du milieu religieux, c’est la privation des liens et des appuis protestants, c’est l’affaiblissement de la foi, et finalement, par le mariage mixte, c’est, pour le protestantisme, la diminution, la disparition.

On a calculé qu’il disparaissait ainsi une église de population moyenne, chaque année ; cinq à six cents protestants.

De plus, la dépopulation qui sévit sur notre patrie, ne nous épargne pas ; en certaines contrées, elle nous frappe spécialement. Les familles s’en vont, et on a calculé qu’ainsi il disparaissait de nouveau une église chaque année, et même une très belle église : sept à huit cents protestants.

A deux églises par an, que deviendra notre protestantisme français dans un siècle ou deux ?

Je n’ai parlé de notre Eglise que d’une façon bien extérieure, si j’ose m’exprimer ainsi.

Mais le dehors ne trahit-il pas suffisamment le dedans ?

Si notre foi était la vraie foi, si notre piété était la vraie piété, verrions-nous ainsi nos rangs s’éclaircir ?

Serions-nous victimes des divisions, des doutes, des lâchetés de la pensée et de la conscience ?

Le Réveil au-dedans est donc aussi nécessaire que le Réveil au dehors.

Or, le Réveil de l’Eglise pour le Réveil de la nation, voilà posée la question du Réveil national.

E. DOUMERGUE

Le réveil

"…. non avec les discours persuasifs de la sagesse humaine mais avec une démonstration d’Esprit et de puissance " (1 Corinthiens, chapitre 2, verset 4).

L’Evangile et ses contrefaçons

On se forge souvent l’idée que les gens ne veulent plus entendre le vieil Evangile parce qu’il a perdu de sa puissance.

Il y a un tas de choses que les gens appellent l’Evangile, mais il n’y a pas plus d’Evangile dedans " que de beurre en broche. "

Après combien de sermons pourrait-on ajouter : comprends si tu peux !

Je peux dire sans crainte que j’ai entendu des hommes remarquables prêcher dans les nuages et si moi, je crois cependant être un homme d’intelligence moyenne, je n’ai rien compris du tout, qu’ont pu saisir les autres gens ?

Si vous présentez le vieil Evangile positivement et sans équivoque, il a plus de puissance aujourd’hui qu’Il n’en a jamais eu.

Il est faux de croire que les gens veulent un nouvel Evangile et que sa prédication a perdu de sa puissance.

Depuis six mille ans, l’homme n’a pas changé, le péché a pris dans le monde des proportions redoutables.

Le premier homme qu’une femme enfanta fut un meurtrier et nous ne sommes rien de plus que des vauriens.

C’est cela qu’il faut dire aux hommes, au lieu de les flatter et de les laisser croire qu’ils sont " des petits saints " parce qu’ils ont une certaine éducation.

Un coquin éduqué est le pire des coquins.

L’hiver dernier, alors que j’étais sur les côtes du Pacifique, j’appris par un journal qu’un pasteur trouvait que ma prédication commençait à perdre de sa puissance.

Ceci me donna à réfléchir et je me promis d’y veiller à l’avenir.

Le dimanche suivant, je prêchais au temple des Mormons, à Salt Lake City ; il y avait là à peu près 7000 personnes.

Je commençais à parler du péché. (Je pense que les Mormons sont des pécheurs autant que le reste d’entre nous).

Je dénonçais le péché aussi sévèrement que je le pus et pour terminer je dis : " M’avez-vous bien entendu ? Êtes-vous prêts à rompre avec le péché ? N’êtes-vous pas las du péché ?

Puis j’ajoutais : N’agissez pas sous l’effet d’une impulsion momentanée, mais prenez le temps de bien réfléchir. S’il y a quelqu’un dans cette maison qui veut en finir avec le péché, qu’il se lève et reste debout pendant que je prierai. "

Je leur posai la question de façon nette et précise, et je leur laissai à peu près cinq minutes avant de les amener à prendre une décision.

Eh ! Savez-vous ? Presque toute l’assemblée se leva ! Les larmes coulaient sur leurs joues.

Pourtant j’avais déjà prêché dans cette ville plusieurs années auparavant, sans cependant obtenir les mêmes résultats.

Le dimanche suivant, je prêchai à Détroit et j’eus l’après-midi une réunion pour les hommes dans une des plus grandes Eglises de la ville.

Je parlai sur le même sujet – Le Péché – et quand j’eus fini, je dis : Décidez-vous maintenant si vous voulez rompre avec le péché ou non ; voyez, maintenant, où vous en êtes. Je pris le temps de leur expliquer la décision qu’ils allaient prendre afin qu’ils ne fassent rien à la légère.

J’insistai encore sur ce point : " Maintenant, leur-dis-je, je ne veux pas que quelqu’un se lève parce que quelqu’un d’autre sera levé, mais si vous voulez rompre avec le péché, je vous demanderai de vous lever, tandis que je prierai pour vous. "

Cet auditoire – deux mille jeunes gens, composé d’employés de banque, d’employés de bureaux et de commerçants– se leva en masse.

J’avais déjà prêché à Détroit plusieurs années auparavant, mais je n’avais rien vu de pareil.

C’était le premier dimanche que j’étais là-bas, et c’est aussi la première fois que j’avais un auditeur aussi réceptif.

Ils étaient comme de l’argile dans les mains d’un potier.

Puis, je voulus leur adresser un appel encore plus personnel et je leur dis : " Si vous voulez vraiment signifier l’acte que vous venez de faire, je vous demande de rester après la réunion et nous parlerons avec vous. "

Plus de deux cents jeunes restèrent pour les entretiens personnels ; ils étaient fatigués et en avaient assez du péché.

Le dimanche d’après, je prêchai à Yale.

On ne peut rien dire d’après la première réunion dans la chapelle d’un collège, car tous les élèves sont tenus d’y assister, que cela leur plaise ou non.

Je pris de nouveau le même sujet, le Péché : je ne les épargnais point.

Le soir, ils étaient libres de venir ou de ne pas venir et cependant la chapelle était remplie.

Lorsque je fis l’appel, je vis qu’il y avait à Yale plus de gens tourmentés par leur conscience que je n’en avais jamais vus.

Vingt ans auparavant j’y était passé, mais quelle différence maintenant !

Le quatrième dimanche, je donnai un message dans la prison de Maryland.

C’était un nouveau genre d’auditoire : des Mormons, des commerçants, des employés de banques, quelques étudiants de Yale et les détenus de la prison.

Je dois également dire que j’avais déjà passé six mois à Baltimore, de 1878 à 1879, et j’avais prêché à la prison chaque dimanche matin.

Alors que j’avais prêché là-bas, il y a vingt ans, il s’était bien passé au moins quatre ou cinq dimanches avant que je n’eusse osé faire un appel pour une décision.

Mais au printemps dernier, quand j’eus fini de donner ce même message sur le péché, tout l’auditoire pleurait.

Ainsi, quatre dimanches de suite, quatre auditoires différents et cependant toujours les mêmes résultats !

Ne venez donc pas me dire que l’Evangile n’a plus la même puissance qu’autrefois, ou que les hommes ont besoin d’un message plus moderne.

Notre premier devoir est, de dénoncer avec force le péché et d’annoncer Jésus-Christ, seul remède de Dieu pour délivrer du péché.

Il y a plus de puissance pour sauver les hommes aujourd’hui, qu’il n’y en a jamais eu.

Les hommes sont toujours les mêmes, la nature humaine n’a pas changé ; plus vite nous l’aurons compris mieux cela vaudra.

Je crois que vous pouvez aller aujourd’hui dans n’importe quelle réunion d’évangélisation en Amérique et demander que les personnes qui se sont converties au cours d’un réveil se lèvent ; vous verrez que sur cinq chrétiens, quatre se lèveront.

J’ai essayé cela à travers tout ce pays à plusieurs reprises et j’ai trouvé cette même proportion.

Dieu est très près de nous.

Je crois que nous sommes à la veille d’œuvre puissante, si nous voulons seulement nous lever et la réclamer avec foi.

Je crois que, quand Dieu aura vivifié Son œuvre, les gens retourneront à la vieille Bible ; ils ont assez de la controverse.

La devise de Sam Jones disait : " Faites taire votre médiocrité ".

J’espère que bientôt, les serviteurs de Dieu de ce pays diront : " Maintenant, laissons là nos vieilles querelles, mettons-nous au travail et annonçons le pur Evangile.

A présent, voici la question qui se pose à nous : voulons-nous avoir une grande moisson d’âmes ou voulons-nous encore continuer à discuter autour de nos divergences théologiques ?

En ce qui me concerne, je suis terriblement fatigué de toutes ces vaines divisions.

Avant de quitter cette terre, je voudrais voir l’Eglise de Dieu revivifiée, comme elle le fut en 1857 et je voudrais aussi qu’une vague de salut, allant du Maine à la Californie, saisisse des milliers d’âmes pour le Royaume de Dieu.

Pourquoi ne pas, après tout, parler de cette œuvre qui n’est pas encore terminée ?

Le vent de la Pentecôte peut encore souffler aujourd’hui !

Les fruits du Réveil de 1857 sont encore là, sous nos yeux ; quelques-uns des meilleurs membres de nos Eglises furent sauvés par ce Réveil.

Pourquoi le pays ne serait-il pas de nouveau soulevé par une puissante vague de bénédictions ?

Seriez-vous peut-être de ceux qui s’y opposeront ?

Moody termina son message par cette question.

N’est-elle pas aussi pour nous ? Dieu ne nous a-t-il pas adressé Son Appel ?

L’Esprit de Dieu nous attend pour venir.

Ne voulons-nous pas obéir maintenant, à Sa Voix ? ….

D. L. MOODY (Le messager évangélique)

Pourquoi le réveil ne se produisait pas

Un vieux prédicateur visitait un jour une paroisse de campagne, où le terrain était sec, au point de vue religieux.

Il y avait cependant un petit groupe de chrétiens, qui persistaient dans la prière et demandaient à Dieu le réveil de la paroisse.

Depuis quinze mois, ils persévéraient dans l’intercession.

Le pasteur de la paroisse profita de la visite de son vieil ami pour convoquer tous les membres de l’Eglise.

Le vieux prédicateur ne voulut pas " prêcher " ce soir-là, mais exposa simplement la situation anormale et douloureuse de l’Eglise endormie, où les bénédictions se faisaient de plus en plus rares, où depuis longtemps, il n’y avait plus eu aucune conversion.

Il termina en invitant les auditeurs à s’unir, pour crier à Dieu, afin qu’Il révèle ce qui l’empêchait d’envoyer le réveil tant désiré.

Après un silence solennel, un homme se leva et dit :

" Monsieur le pasteur, je crois que le Réveil ne viendra pas tant que Valentin et moi serons en désaccord et ne nous parlerons plus. "

Sortant de son banc, il s’en alla auprès de son frère Valentin pour se réconcilier et lui demander son pardon.

Bientôt un autre frère se leva et dit à son tour :

" Monsieur le pasteur, il n’y aura pas de Réveil aussi longtemps que je vous souris et vous approuve quand vous me parlez, tandis que derrière votre dos, je dis du mal de vous. Je vous demande pardon de mon hypocrisie. "

Ce soir-là, la réunion dura plus longtemps que de coutume.

Plusieurs autres chrétiens confessèrent leurs péchés et implorèrent le pardon de leurs frères et sœurs.

Une ère nouvelle commencera pour cette Eglise, dans laquelle les obstacles au réveil furent mis à jour et confessés.

" Non, la main de l’Eternel n’est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre.

Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation entre vous et votre Dieu ; ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l’empêchent de vous écouter. " (Esaïe, chapitre 59, versets 1 et 2)

Le messager évangélique

(78 rue de JEHANSTER, VERVINS)

Et le feu se propagea !

Le grand Réveil de 1904 au Pays de Galle dont je fus un témoin commença ainsi.

M. Alexander et moi avions été invités à nous rendre à Cardiff, au Pays de Galles, pour une mission d’un mois.

Notre visite fut annoncée près d’un an avant la date fixée et les prières commencèrent à monter à Dieu à travers toute l’Angleterre et l’Ecosse et le Pays de Galles, demandant à Dieu d’envoyer son Réveil non seulement sur Cardiff mais dans tout le Pays de Galles.

Lorsque nous fûmes arrivés dans cette ville, nous apprîmes qu’une réunion de prière pour le Réveil y avait eu lieu pendant toute une année, tous les jours, de 6 heures à 7 heures le matin.

Pendant les deux premières semaines, les choses allèrent lentement.

De grandes foules étaient venues et l’on montrait beaucoup d’enthousiasme dans les chants, mais il nous était difficile d’obtenir de chacun une œuvre personnelle.

Nous décidâmes alors de consacrer une journée entière au jeûne et à la prière, aussi bien à Cardiff, que dans d’autres parties du Pays de Galle.

Seth Josué, qui fut par la suite l’instrument de si grandes bénédictions de la part de Dieu pour les foules, m’écrivit une lettre dans laquelle il relatait avec joie tout ce que le Seigneur avait accompli ce jour-là dans sa ville où il avait été chargé de diriger des réunions de prière.

Je crois que c’est ce jour-là, alors qu’il était agenouillé aux côtés d’Evan Roberts, que la puissance de Dieu tomba sur ce dernier.

Ensuite la puissance de Dieu vint sur Cardiff d’une façon si merveilleuse, que les réunions continuèrent, malgré notre départ obligatoire au bout d’un mois, et ce pendant plus d’une année.

Des multitudes furent amenées au salut.

Depuis Cardiff, le feu se propagea à travers les vallées du Pays de Galles.

Peu après notre arrivée à Liverpool, après avoir quitté Cardiff, nous reçûmes une lettre du pasteur, secrétaire de notre Mission de Cardiff, dans laquelle il nous racontait que son assistant s’était rendu le dimanche précédent dans une vallée pour prêcher.

Tout à coup, la puissance de Dieu était tombée sur lui et cent personnes avaient été converties par sa prédication.

Le feu s’étendit à tout le pays sous le ministère d’Evan Roberts et d’autres et on estime à plus de cent mille le nombre de personnes converties pendant cette année-là.

R. A. TORREY

Le réveil d'autrefois

Moody a visité trois fois les Iles Britanniques.

En 1892, nous avons eu le privilège d’assister à sa mission d’une semaine à Londres.

Nous n’avons jamais rien vu d’aussi beau, d’aussi saisissant, d’aussi grandiose que ces assemblées tenues dans le Tabernacle de Spurgeon.

Nous voudrions pouvoir vous faire éprouver quelque chose de ce que nous avons ressenti et dépeindre les scènes inoubliables dont nous avons été témoin.

Contentons-nous de détacher de notre carnet de voyage quelques notes prises sur place, regrettant que cette manière d’instantané ne donne qu’une idée bien effacée de la réalité.

Mercredi soir, 12 octobre.

J’entre dans le Tabernacle à 18 heures.

Nous sommes déjà deux cents et on ne commence qu’à 20 heures !

Des enfants passent de rang en rang, vendant des recueils de cantiques.

Dix-neuf heures : La chorale de 400 exécutants est au complet, et il y a déjà au moins 4000 auditeurs.

Elle chante avec un intervalle de cinq minutes entre chaque cantique.

C’est splendide !

Dix-neuf heures trente : Une vague humaine envahit l’édifice.

En deux minutes, tout est plein, même les passages et les escaliers.

Du parterre aux galeries, on ne voit qu’une tenture de têtes.

C’est si grand, si extraordinaire pour moi que je dois faire un effort pour réaliser que j’ai devant moi des êtres vivants et non un tableau.

C’est Moody qui arrive : taille moyenne, gros, carré, barbe et cheveux grisonnants, physionomie douce.

Cet homme doit aimer les enfants et jouer avec eux.

On dirait qu’il donne quelques ordres autour de lui. Il fait un grand geste de ses deux bras.

Tous debout pour chanter le numéro 379, et vivement !

C’est le neuvième cantique que j’entendrai. C’est si beau ! Moody fait varier les effets.

D’abord le chœur chante seul, puis tout le monde. Maintenant le chœur et la deuxième galerie. Ceux de la troisième galerie chantent, on dirait des voix venant du ciel.

Quand tout l’auditoire se fait entendre en même temps, c’est formidable, d’une puissance incomparable, surtout aux refrains.

Un cornet à piston sur l’estrade essaie de dominer et de diriger cette masse de voix d’homme ; même en écoutant bien, je ne parviens pas à l’entendre.

Moody fait des annonces : " Demain, je parlerai sur Semer et Moissonner. "

Si certaines personnes ne tiennent pas à m’entendre sur ce sujet que j’ai traité, il y a sept ans, elles n’ont qu’à ne pas venir. Cela fera de la place pour d’autres. "

Il demande les prières des chrétiens.

Il dit quelques versets et explique brièvement sa lecture. On chante encore. Un chrétien prie. Moody nous invite à rester en prière silencieuse pendant une minute.

Il parle sur Jean-Baptiste. Tout le monde peut comprendre. C’est si simple et si intéressant.

Il ne craint pas d’exciter notre hilarité, mais en quelques secondes, il nous ramène au sérieux le plus profond.

Sa voix est rude, presque grinçante quand il crie. Mais avec quel amour il parle ! On sent qu’il veut que chacun soit sauvé ce soir.

Cela vous étreint, vous pénètre. On se condamne soi-même. Comment serait-on assez fou pour continuer à vivre en jouant avec un tel danger ? Qui pourrait persister dans la révolte envers un Père si bon ?

Le moment est solennel. On pressent que Moody va terminer son allocution.

Pas le moindre mouvement dans cette immense masse humaine.

On écoute avec anxiété. Le grand évangéliste est si ému que sa voix devient tremblante. Il pleure. Quelques mots se perdent inintelligibles.

Tous les fronts se penchent.

Il termine par une prière poignante. Elle est coupée, saccadée, pleine de silences.

Beaucoup de " Parle, Seigneur ! …. Parle… Qu’on t’entende ! ... "

Parfois il s’arrête plusieurs secondes entre ses demandes à Dieu.

Il cite quelques passages. Puis, il reprend.

Il s’adresse maintenant à l’auditoire : " Que les chrétiens parlent à leurs voisins. "

Il indique un cantique. Entre les versets, il pousse trois fois de suite à l’action personnelle sur les âmes travaillées.

Il dit à ceux qui cherchent : " Venez ! N’ayez pas peur ! Allons les jeunes ! J’avais dix-sept ans quand je me suis converti, et depuis jamais mes regards ne se sont détournés de Christ. "

Après chaque strophe, il fait entendre une explication, une exhortation, un encouragement, un appel.

Rendez-vous maintenant dans l’Inquiry room (salle où se tient une seconde réunion pour ceux qui cherchent le salut) ; on vous y donnera les conseils et les encouragements nécessaires. On y priera pour vous. Quelle occasion unique de vous décider ce soir ! Si vous tardez trop à y descendre vous ne pourrez plus entrer, la porte sera fermée.

… Je descends dans l’Inquiry room.

800 personnes s’y trouvent déjà. On chante " Debout sainte cohorte ! "

Moody qui vient d’arriver demande à tous les chrétiens de se lever pour chanter un appel : " Christ reçoit les pécheurs. "

Il exhorte les convertis avec larmes, il leur lit le livre aux Hébreux, chapitre 5, verset 8 sur l’obéissance due à Jésus, qu’il commente : " C’est maintenant qu’il faut commencer à obéir, le voulez-vous ? "

Il parle presque à mi-voix avec une douceur inexprimable. Maintenant, il ne fait plus rire. " Dites : Je viens, je me repens ! Voulez-vous obéir à cet appel, venir ? "

Il cite d’autres invitations scripturaires.

Ceux qui veulent – ils sont nombreux – s’avancent vers lui et lui tendent la main.

On les dirige à mesure par groupes dans de petites salles où, sous la direction d’un chrétien expérimenté, aura lieu une réunion de prière.

Certains, plus timides, restent à leur place, osent à peine lever la main. Des femmes, beaucoup d’hommes, deux ou trois soldats.

A ceux qui serrent la main, il demande : " Voulez-vous venir ? " Moody est toujours sur son estrade : " Qui veut confesser Christ ? "

Au pied de l’estrade, un fait touchant se produit : deux soldats se rencontrent qui viennent de se donner à Christ. Ils se serrent la main avec effusion.

" Ils vont tous venir ce soir ", s’écrie Moody calmement, sans la moindre trace d’exaltation.

Après cette première série nombreuse, l’évangéliste continue à appeler, à pousser au devoir.

Moody encourage les chrétiens au travail personnel. Ils passent de rang en rang.

Des conversations personnelles s’engagent sur tous les points de la salle. Les uns discutent, d’autres pleurent, d’autres prient à genoux.

Moody aperçoit trois jeunes filles à l’air moqueur. Il va s’asseoir à côté d’elles et leur parle longuement. Elles sont devenues bien sérieuses ! Il leur fait écrire leurs adresses.

Derrière moi, un ivrogne crie :

- Que quelqu’un prie pour moi ! Je veux être délivré de ma passion. Seigneur, je ne veux plus boire !

Un peu plus loin, un rétrograde est aux prises avec un jeune étudiant en théologie.

La lutte se prolonge sans résultats. Il ne cesse de répéter : " J’étais chrétien, président d’une Union chrétienne. Je suis tombé, par manque de vigilance, aussi bas que possible. Je suis maintenant trop loin de Christ. Je ne vois pas le moyen de remonter. "

Ils se mettent à genoux. Le pauvre pécheur semble agonisant. Encouragé, il essaie de prier. Ce ne sont que des cris, des soupirs et des sanglots.

Puis des requêtes. La prière monte, peu à peu devient plus confiante, et l’âme reçoit son pardon. La brebis perdue est retrouvée.

Le combat se livre toujours sur plusieurs points de la salle.

Certains sont radieux, d’autres sombres et mornes, effrayants de tristesse.

Quels déchirements ! Il est 11 heures. Je dois quitter à regret ce champ de bataille.

Moody est sorti.

A la dernière réunion de cette mission d’une semaine, mille personnes se présentèrent, déclarant qu’elles avaient été converties par le moyen du grand évangéliste.

Pareilles victoires n’avaient pas été enregistrées depuis le temps de Wesley.

Il nous est impossible de suivre Moody dans le déploiement de sa dévorante activité.

De retour aux Etats-Unis, il se dépense sans compter. Il continue sa tâche d’évangéliste.

Tout en la poursuivant il fonde les fameux collèges de Northfield et de Chicago où sept cents jeunes des deux sexes sont entrainés chaque jour à l’évangélisation intensive et agressive.

Il crée de toutes pièces une œuvre colossale de colportage, vivifie les Eglises et donne au christianisme américain une impulsion et une vigueur inconnues avant lui.

Enfin, pendant l’Exposition, il organise une grandiose campagne d’évangélisation avec l’aide des hommes de Dieu les plus puissants de langue anglaise.

Jusqu’à la fin, il se multiplie parlant trois cents jours par an, à raison de trois fois par jour, à des foules considérables.

On l’appelle de tous côtés. On se le dispute. Mais, débordé par sa tâche, il voit sa constitution pourtant si robuste, fléchir sous l’effort surhumain.

Un tel surmenage finit par user son cœur. C’est à Kansas City, au milieu d’une réunion, que ses forces le trahissent. On doit l’emporter chez lui.

Les siens ont à peine le temps d’accourir à son chevet.

- Mon œuvre est terminée, puisque Dieu m’appelle, conclut-il. Et, triomphant, il confirme par ses dernières paroles toute sa vie et toutes ses espérances :

- La terre disparaît et le ciel s’ouvre, s’écrie-t-il. Il monte au Père toujours humble et confiant, le 22 décembre à midi.

Avec quels cris d’allégresse, ceux qu’il a amenés au Seigneur et qui l’ont précédé là-haut doivent avoir accueilli son entrée dans la lumière !

Comment ce petit pâtre sans instruction, ce jeune marchand de chaussures qui ne savait pas lire couramment, a-t-il pu devenir le grand Moody ?

Bien des raisons peuvent être mises en avant pour expliquer son ascendant si extraordinaire.

Assurément il possédait une santé de fer et une capacité cérébrale exceptionnelle. Et il en fallait pour venir à bout des 30000 réunions qu’il doit avoir présidées !

Il avait aussi, à un très haut degré, le génie de l’organisation, un bon sens pratique et un flair surprenant. Il étonnait son entourage par la justesse de ses appréciations et la sûreté avec laquelle, en quelques minutes, il jugeait son homme.

S’il était resté dans le commerce, il aurait surement fondé un des maisons les plus considérables des Etats-Unis.

Sans doute c’était encore un orateur dans toute la force du terme – nous ne disons pas beau parleur – car il ne s’exprimait pas toujours correctement, son élocution était plutôt monotone et sa voix désagréable.

Mais, comme il empoignait son auditoire ! Avec quelle facilité il travaillait.

Quel genre simple, intéressant, populaire, original, direct, plein d’entrain et de verve !

Cependant on peut avoir tout cela et ne pas gagner une seule âme à Dieu.

Le secret de son succès, le voici tel qu’il nous apparaît : L’amour de Dieu le consumait !

Surtout depuis qu’il avait été baptisé du Saint-Esprit.

Il le demanda longtemps avec instance sur l’observation de deux auditrices qui lui dirent un jour : " Vous manquez de puissance ! "

" Dieu se révéla à moi, raconta-t-il, et je sentis à un tel point la grandeur de Son amour que je dus Le prier de cesser. "

Cet homme envoyé de Dieu avait un message à proclamer.

Il portait au-dedans de lui une vérité qui embrasait son âme et qu’il criait sans se lasser jamais : " Dieu vous aime ! Dieu vous a pardonnés ! Dieu vous attend ! Acceptez son salut ici et maintenant, vous pouvez croire sur le champ à Son amour. Venez ! Ne tardez plus ! Si vous êtes perdus, ce ne sera pas parce que Dieu ne vous aime pas, mais parce que vous aurez refusé de croire à Son amour. "

Cet amour du Père et des hommes, cet enthousiasme pour Dieu et pour l’humanité le possédait, le transformait, lui donnait une puissance irrésistible.

C’est là, et non ailleurs qu’il faut chercher l’explication de ses succès sans précédents et la puissance de sa foi devant les plus formidables obstacles.

Jean SEQUESTRA

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