Une voix dans la nuit

C’était au printemps.

Un soir, après une rude journée, je me sentais accablé ; malgré la belle saison, j’avais des pensées sombres, je trouvais mon fardeau lourd, la vie m’apparaissait pénible.

Je sortis assez tard pour respirer l’air pur de la nuit et jouir un instant de la solitude loin du tumulte des hommes.

Je m’assis au sein de la nature, et je m’abandonnai aux rêveries du repos.

Peu à peu, mon esprit agité se calma ; j’oubliai mes fatigues, mes soucis, la vie et son train de guerre, le monde et ses conflits.

Mes regards se portèrent sur la voûte céleste, attirés par le doux scintillement des étoiles.

Le silence grandissait dans la nuit, il envahissait mon âme ; comme autrefois pour Elie en Horeb, un son doux et subtil murmurait à mon oreille le langage divin, et je fis moi-même silence pour écouter.

" Regarde, me dit la voix, toute cette nature est mon ouvrage, tous ces mondes sont sortis de mes mains ; je me promène dans cette immensité comme le cultivateur au milieu de ses champs.

J’ai tout créé, et par mon pouvoir suprême je soutiens l’univers.

" Que craindrais-tu ? Je conduis l’armée des étoiles, il n’en est pas une qui manque à m’obéir ; elles s’avancent dans l’ordre le plus parfait, elles poursuivent leur course, elles remplissent pleinement le rôle de leur destinée.

Va, fais de même ; souviens-toi d’être bon, généreux, obéissant, prends de la peine, supporte l’épreuve, accomplis vaillamment ta tâche.

Je suis avec toi pour te soutenir, mon regard t’accompagne, je t’enveloppe de ma main, j’ouvre la route devant tes pas, je te prépare d’avance la provision de chaque jour.

Je ne te laisserai point, je ne t’abandonnerai point que je n’aie réalisé pour toi tous les desseins de ma bienveillance.

" Je t’ai fait plus grand que tous les mondes, car je t’ai donné l’intelligence pour me connaitre, et je t’ai établi roi sur celui que tu habites.

C’est ici que je prépare ton éducation ; ici je dirige ton apprentissage, et je te forme pour que tu deviennes un jour mon parfait ouvrier.

Tous ces mondes passeront, j’en produirai de plus beaux, de plus durables, mais je t’ai créé pour l’immortalité, et dans les siècles sans fin je t’associerai à mes œuvres.

" Aie bon courage, sois fidèle dans les petites choses, dans les petits devoirs de chaque jour, n’ambitionne rien d’autre que d’écouter ma voix et de m’obéir.

Devant moi rien n’est grand ; je ne distingue pas entre le roi sur son trône et le mendiant sur son grabat ; à mes yeux, gouverner un peuple n’a pas plus de prix que de tenir en ordre sa maison.

Une seule chose est grande, c’est de m’aimer et d’accomplir sa tâche pour me plaire.

Je t’ai donné un cœur pour que tu saches que je t’aime et que ton amour réponde au mien.

Ne suis-je pas ton Père, n’es-tu pas mon enfant, mon enfant chéri ?

Souviens-toi de mon amour pour ton âme, du Sauveur que je t’ai donné, de son sacrifice, de sa mort au Calvaire ; vis comme ton Maitre qui s’est joyeusement immolé pour toi ; comme lui, embrasse le chemin de l’humilité, de la patience, sois fidèle jusqu’à la mort.

Et pour toi comme pour lui, l’heure viendra de quitter ce monde, d’entrer dans la vie, de ressusciter en gloire, d’habiter dans ma demeure céleste, de jouir avec moi de la félicité éternelle. "

Ainsi me parla la voix de mon Dieu dans le calme de cette belle nuit de printemps.

Je me relevai, j’étais consolé, reposé, rempli d’une nouvelle énergie pour reprendre le lendemain mon bâton de voyage.

Depuis lors, j’ai trouvé la vie moins rude et mon fardeau moins lourd.

Et même j’ai souvent oublié le chemin pour ne penser qu’au but, et la peine en vue du repos, et les souffrances de la terre dans l’attente des gloires du ciel.

Il y a des hommes, dit-on, qui ne croient pas en Dieu ou qui l’oublient, qui n’ont pas d’espérance et ne connaissent pas le bonheur.

S’il en est parmi nos lecteurs, je leur souhaite mon expérience.

Dieu n’est pas loin de chacun de vous.

Cherchez-moi, dit-il, et vous vivrez.

Le trouver, le connaitre, l’aimer, le servir, c’est déjà le ciel sur la terre en attendant le ciel dans le ciel.

J. SAINTON

M’aimes-tu véritablement ?

C’est dans une chapelle du nord de l’Amérique que je vous invite à me suivre.

Le culte vient de commencer ; un retardataire ouvre doucement la porte, pénètre dans l’assemblée et y prend une place encore disponible.

C’est un Juif, bien vêtu, d’aspect très respectable, mais dont l’expression trahit le plus profond chagrin.

Pendant qu’il écoute, très attentivement, des larmes brillent dans ses yeux et coulent sur ses joues amaigries.

Le pasteur, qui a aperçu cet étrange auditeur, et reconnu dans ses traits ceux d’un Juif, se hâte, lorsque le culte est terminé, de s’approcher de lui :

- Si je ne me trompe, lui dit-il, c’est à un enfant d’Abraham que je m’adresse ?

- Vous ne vous trompez pas, telle fut la réponse.

- M’est-il permis, alors, continue le pasteur, de vous demander quelle est la cause ou quel est le motif qui vous a amené dans une assemblée chrétienne ?

Alors le Juif, gagné par cet accueil aimable, se met à raconter son histoire.

Veuf depuis un certain temps, il a émigré avec sa fille unique, en Amérique, et s’est établi dans un très beau site de l’Ohio.

Mais sa seule consolation, c’était cette enfant de dix-sept ans, une tendre, délicieuse et très douée jeune fille.

Que de sacrifices n’a-t-il pas accomplis en vue de son instruction !

Elle lisait et parlait plusieurs langues et cultivait plusieurs arts avec succès.

A côté de son instruction, le bon père soignait son développement religieux en lui inculquant l’attachement le plus rigoureux aux dogmes et aux formes de la religion des pères.

Mais voilà que tout à coup, la santé de cette délicate plante a paru fléchir ; ses forces se sont mises à décliner visiblement.

Hélas ! elle en est venue à devoir rester toujours étendue.

Dès lors le pauvre père ne s’est plus éloigné pour ainsi dire de son lit de langueur ; il a fait appel à l’art et à la science de nombreux médecins, mais sans pouvoir se faire illusion sur le sort qui attendait son unique trésor.

Que de fois, il aurait voulu s’entretenir de la mort avec la malade, mais impossible de maitriser et ses soupirs et ses larmes !

Un jour, comme il allait et venait en pleurant dans son jardin, sa fille mourante l’envoie chercher.

Le cœur bien lourd il pénètre dans sa chambre, et là, convaincu que la suprême séparation s’approche, il se demande, dans ses tourments intimes, s’il reverra son enfant de l’autre côté.

Mais elle saisit sa main et lui fait cette question imprévue :

- Père, m’aimes-tu ?

- Mon enfant, répond le pauvre père, ne sais-tu pas que je t’aime plus que tout au monde ?

- Mais, cher père, m’aimes-tu en réalité ?

- Pourquoi, ma toute chérie, s’écrie le père, me torturer par de telles questions ? Ne t’ai-je pas toujours prouvé mon amour ?

- Mais, petit-père, te suis-je véritablement très chère ? dit encore la jeune fille.

Le père ne pouvait rien ajouter ; c’est pourquoi la jeune mourante continua immédiatement :

- Oui, je sais que tu m’as toujours aimée ; tu as été le père le plus tendre, et c’est du plus profond de mon cœur que je te rends amour par amour. Eh bien veux-tu me donner un suprême témoignage de cet amour en accomplissant le dernier désir de ta fille ?

- Demande ce que tu voudras, s’écrie le père ; quoique cela puisse me coûter, ton désir sera accompli !

- Eh bien, cher petit père, je te prie de ne jamais dire du mal de Jésus de Nazareth !

Le père resta muet de surprise.

- Je ne sais que peu de chose sur le compte de Jésus, continue la jeune fille, car on ne m’a jamais instruite à son sujet. Mais je n’en sais pas moins qu’il est mon Sauveur parce que durant ma maladie il s’est révélé à moi pour le salut de mon âme.

Bien que je ne fasse que de commencer à l’aimer, je crois que Jésus m’accueillera dans l’éternité bienheureuse.

Je sens, en effet, que je vais à lui et pour demeurer désormais toujours auprès de lui.

Et maintenant, mon très cher père, ne me refuse pas ce que je vais te demander : achète-toi un Nouveau Testament qui te parlera de Jésus-Christ, et, lorsque je serai partie, reporte, oh ! reporte sur lui tout l’amour que tu as eu jusqu’ici pour moi.

A ces paroles, elle ne put rien ajouter, mais retomba plutôt épuisée sur ses coussins.

Quant au père, il était tellement submergé par la douleur et le saisissement qu’il dut sortir de la chambre un moment.

Mais, avant que, remis un peu, il eût pu y entrer, l’âme de sa fille adorée s’était envolée dans les bras du Sauveur qu’elle aimait et adorait, bien qu’elle ne le connût encore que si peu.

Après les funérailles, la première chose que fit le pauvre père fut d’acheter le Nouveau Testament et de rechercher l’occasion d’un enseignement évangélique.

L’Esprit de Dieu l’aida à arriver à une pleine lumière, et maintenant il appartient à la troupe des disciples de Celui qu’il méprisait jadis en l’appelant le " pendu " et le " maudit. "

Précieuse découverte

Un pasteur, dont le fils a été tué dans un accident de chemin de fer, a, dans un cercle d’amis, fait un récit bien touchant :

" Nous n’avions pas le courage, ma femme et moi, a-t-il dit, d’examiner les vêtements que notre fils portait le jour où il nous a été enlevé.

Cependant, il y a quelques semaines, nous avons pu le faire, et dans la poche de son habit, nous avons trouvé une carte très usée et noircie, portant la marque des doigts, ayant été souvent lue et maniée.

Nous y lûmes ces mots :

Ma résolution

" Je ne vivrai qu’une fois le jour d’aujourd’hui ; je ne reverrai jamais les heures qui vont s’écouler ; j’en profiterai donc pour dire toute bonne parole que j’aurai l’occasion d’adresser et faire toute bonne action qui se présentera. "

" Ma femme et moi nous nous sommes regardés à travers nos larmes et elle me dit :

" - Notre cher garçon pouvait-il nous laisser aucun souvenir meilleur que celui-ci ?

" Je lui ai répondu :

" - Aucun. "

Messager paroissial de Plainpalais, à Genève

Les fruits d'une grande épreuve

Dans l’article que la Feuille religieuse a consacré à Mme Joséphine Butler, il a été raconté que ce fut à l’occasion de la mort tragique d’une chère fille unique que le Seigneur mit à part cette héroïque femme pour l’œuvre qui a fait la tâche principale et la gloire de sa vie.

Nos lecteurs, croyons-nous, nous sauront gré de leur donner, sur cet événement, des détails et une lettre de Mme Butler donnés récemment par Melle Sarah Monod.

Dans le courant de l’été 1864, a raconté Melle Monod, se passe un douloureux évènement que nous devons noter ici à cause de l’influence profonde qu’il eut sur toute la vie de Mme Butler.

M. et Mme Butler venaient de rentrer d’une absence de trois semaines.

Leur fille unique, en voulant s’élancer à leur rencontre, s’échappa des mains de sa bonne, et, pour les embrasser plus vite, se pencha sur la rampe d’escalier pour glisser jusqu’en bas.

Elle perdit l’équilibre et vint tomber aux pieds de son père.

Un cri déchirant retentit.

Les dalles du vestibule étaient de marbre froid et dur.

L’enfant relevée inanimée fut portée dans la chambre de sa mère et fut prise de convulsions.

L’agonie dura jusqu’au milieu de la nuit, puis tout fut fini.

Cette mort tragique plongea sa mère dans une sorte de torpeur.

Elle ne fut tirée de son affaissement profond que par l’état de son mari, qu’elle trouva un jour dans son cabinet de travail presque anéanti par son chagrin.

Elle le réconforta par ses paroles, et, à partir de ce moment, ils purent s’entretenir de leur enfant et se fortifier l’un l’autre par leurs souvenirs.

Une lettre de Mme Butler à une amie nous donne quelques détails touchants sur cette terrible épreuve ;

" Les vacances d’été, dit-elle, se passèrent très heureusement, avec la famille de nos amis Marshall, sur la frontière d’Ecosse.

Nous étions rentrés à Cheltenhan depuis quelques jours seulement, quand une lourde épreuve s’abattit sur notre cercle de famille.

La plus brillante figure de ce cercle nous fut soudainement enlevée.

" L’ombre épaisse de ce nuage ne peut facilement se décrire. Je préfère citer une lettre que j’écrivais à une amie quelques semaines plus tard sur la mort de notre enfant :

" Les paroles sont bien faibles. Puissions-nous ne jamais connaitre le chagrin qu’elles cachent plus encore qu’elles ne le révèlent.

Mais Dieu est bon. Il m’a, dans sa miséricorde, envoyé un rayon de lumière.

Et humblement courbée dans la poussière, à ses pieds, je l’ai remercié de ce rayon comme je ne l’avais jamais encore remercié d’une bénédiction de toute ma vie !

Il a été difficile au premier moment de soutenir le choc de la soudaineté et de l’angoisse de cette mort.

Chère petite âme ! La mort la plus douce aurait semblé déjà assez triste.

Jamais je n’oublierai ce souvenir ; la chute, le cri soudain, puis le silence ! cela faisait pitié de la voir sans force dans les bras de son père, sa petite tête appuyée sur son épaule, ses beaux cheveux dorés tout tachés de sang, reposant sur ses bras.

Plût à Dieu que j’eusse souffert cette mort au lieu d’elle ; s’il pouvait nous être accordé, pensai-je, d’avoir un regard d’adieu, un instant de reconnaissance !

Mais, quoique la vie ne se soit pas immédiatement éteinte, elle n’a jamais reconnu son père et sa mère qui l’aimaient si tendrement.

Nous l’appelions par son nom, mais sans obtenir de réponse.

" C’était notre seule fille, la joie et la lumière de nos vies.

Elle entrait et sortait tout le jour comme un papillon.

Dans toute sa vie, elle n’a jamais eu une heure de maladie ; elle ne nous avait jamais causé la moindre inquiétude.

Sa vie était un torrent de gaieté, de joie et d’amour.

Le dernier matin, elle m’avait récité une strophe de poésie qu’elle avait apprise :

Chaque matin, le chaud soleil se lève clair et brillant,

Mais le soir arrive, et après lui la sombre, froide nuit.

Il y a bien loin un beau pays où le jour ne finit jamais.

" Le froid, la sombre nuit vint trop tôt pour nous, car ce fut ce même soir, à sept heures, qu’elle tomba.

Les dernières paroles que nous avions échangées étaient à propos d’une jolie chenille qu’elle avait trouvée.

Elle cherchait une boite pour la mettre.

Je la lui donnai en disant :

" - Maintenant, sauve-toi, car je suis en retard !

" Que ne donnerais-je pas maintenant pour la voir cinq minutes !

" La seule discipline qu’elle connût était un conflit éventuel avec sa forte volonté. Rien ne lui était plus désagréable que ses petites leçons d’allemand.

Melle Bluncke l’appelait un jour pour sa leçon.

Elle était assise dans un petit fauteuil.

Elle enserre les bras, et d’un air sérieux et déterminé :

" - Oui, attendez un instant, je lutte.

" Et quand Fräulein lui demanda ce qu’elle voulait dire, elle répondit :

" - Je luttais avec moi-même.

" J’entendais Fräulein lui dire pendant sa leçon :

" - Travaille, Eva, travaille. " A quoi elle répondit d’un ton résolu :

" - Et je travaille, mademoiselle, aussi fort que je peux !

" Un soir, l’automne dernier, j’étais allée la voir dans son lit.

Nous étions seules.

" - Maman, dit-elle, si je vais au ciel avant toi, quand la porte du ciel s’ouvrira devant toi, je courrai bien vite pour te rencontrer. Et quand tu me prendras dans tes bras et que nous nous embrasserons, les anges s’arrêteront pour nous regarder.

" Elle se souleva, dans son ardeur, le visage rayonnant.

Elle se recoucha, mais ne pouvait pas rester tranquille.

" - Je voudrais prier encore, dit-elle.

" Elle avait déjà fait se petite prière habituelle, et nous priâmes encore sur cette rencontre dans le ciel…. Je n’aurais jamais pensé qu’elle partirait la première.

" …. C’était une nature parfaitement véridique, candide et pure. Quel repos merveilleux pour moi, quel vrai don de Dieu quand j’étais troublée par le mal que je voyais autour de moi, ou dans mes propres pensées, de pouvoir contempler la parfaite innocence et la pureté de cette douce enfant. Mais cette joie a disparu pour nous… "

Quelques années auparavant, avant qu’elle eût dix-sept ans, une obscurité profonde avait comme envahi l’âme de Mme Butler.

Cet état se prolongea pendant trois années, durant lesquelles, sans doute, elle était mystérieusement préparée pour une tâche dont elle n’avait aucune idée.

Il semblait qu’elle dût passer par une " fournaise ardente, " seule, l’âme déchirée, courbée dans la poussière, dans un combat terrible avec le mystère du péché.

Cependant, le moment vint où la paix se fit dans son âme.

Mais le combat n’était pas encore arrivé à son terme.

Quand, comme nous venons de le raconter, la vie de son enfant fut détruite sous ses yeux par un coup terrible, l’ancienne obscurité l’enveloppa de nouveau, et, dans les ténèbres de l’ombre de la mort, la lumière de Dieu sembla s’éteindre encore une fois.

C’était le " vent impétueux et le tremblement " qui précédaient le " son doux et subtil " qui était l’appel de Dieu.

Il n’est pas étonnant que, dans l’agonie de la douleur, le messager qui se présentait d’une manière si redoutable ne fût pas immédiatement reconnu.

Quand elle ferma les yeux de son enfant mourante, la désolation de cette mort l’enveloppa d’une nouvelle inexprimable obscurité, et, pendant longtemps, pas un rayon ne vint fortifier son cœur.

Un jour, enfin, dans la solitude de sa maison et de son cœur, le fardeau devint intolérable.

Elle se leva et sortit, hantée par les visions de ce que serait sa vie si Evangéline avait vécu.

Elle se réfugia auprès d’une sainte femme, âgée, autrefois membre de la Société des Amis.

Celle-ci posa sa main sur la tête courbée de Mme Butler et lui dit :

- Dieu a repris à lui celle que tu aimais, mais il y a bien des jeunes filles abandonnées qui ont besoin de l’amour maternel qui remplit ton cœur. Va à telle rue, tel numéro, et frappe à la porte.

Mme Butler obéit, trouva la maison, frappa, et on lui ouvrit.

C’était un refuge où Mme X. avait recueilli une quarantaine de jeunes filles.

Elle était devenue maintenant trop infirme pour s’occuper d’elles.

Mme Butler prit l’œuvre en mains, et, à partir de ce jour, elle travailla pour les jeunes filles abandonnées qui ont besoin de l’amour d’une mère.

La lumière s’était levée sur ses ténèbres, et une compassion profonde pour les filles perdues d’autres mères remplit le cœur déchiré de la mère en deuil, et la destinée de Mme Butler était fixée.

Désormais, quand elle visitait des hôpitaux ou descendait dans les repaires du vice, elle sentait qu’elle avait la puissance que donne la souffrance.

Elle réussissait à toucher les cœurs, à gagner la confiance des plus endurcis.

Elle y réussissait parce qu’elle aimait, et elle aimait parce qu’elle avait souffert.

Aucune femme n’était trop dégradée ou trop égarée pour qu’elle ne pût la presser sur son cœur avec une affection sincère.

Elle ouvrit même un refuge dans sa propre maison, et cette œuvre continua pendant bien des années ; à vrai dire, elle ne cessa jamais, sous une forme ou sous une autre.

Il est impossible, dans le temps dont nous disposons, de suivre Mme Butler au travers de ses trente années de labeur intense pour combattre le système de la réglementation du vice en Angleterre où il venait d’être introduit, et dans les autres pays de l’Europe, système entrainant les visites sanitaires obligatoires des femmes qui en sont des victimes, au mépris de toute droit et de toute justice.

Patience parfaite

Dans une chambre propre, bien aérée et où brûle un feu clair, une femme de soixante-quatre ans est au lit depuis vingt-huit ans.

Ses mains sont jointes et contractées, son corps est difforme et replié sur lui-même, par suite de crampes rhumatismales.

Depuis seize ans, elle ne s’est pas levée de son lit, n’a pas regardé à la fenêtre ou même levé sa main jusqu’à sa figure.

Elle souffre constamment puisqu’elle ne peut mouvoir un de ses membres.

Cependant aucune plainte ne sort de sa bouche, et si vous alliez la voir, vous l’entendriez, au contraire, remercier Dieu de la grande grâce qu’il lui a faite en lui conservant l’usage d’un pouce !

Sa main gauche, raide et crispée, lui est complètement inutile, mais elle a une petite fourche attachée à une baguette grâce à laquelle elle peut ôter et remettre, au prix d’efforts étonnants, ses grosses et antiques lunettes.

Elle arrive aussi à pouvoir manger, puis, au moyen d’un tube, elle absorbe petit à petit son thé en se servant de son seul pouce.

Il y a une autre chose qu’elle fait avec sa fourche : c’est de tourner les feuilles de la grosse Bible qu’on met à sa portée.

Un visiteur lui dit un jour qu’elle était bien seule

. - Oui, répondit-elle d’une voix douce et joyeuse, je suis seule et cependant je ne le suis pas.

- Vraiment ?

- Je sens que le Seigneur est toujours avec moi.

- Combien y a-t-il de temps que vous êtes sur ce lit ?

- Depuis seize ans et quatre mois ; et depuis deux ans et quatre mois on n’a pu me le faire. Malgré cela j’ai bien des actions de grâces à rendre à Dieu.

- Quelle est la cause de votre bonheur ?

- C’est la pensée que mes péchés sont pardonnés. Me confiant en l’amour infini de Jésus, mon Sauveur, j’accepte de rester dans ce lit aussi longtemps qu’il lui plaira de m’y laisser, et je serai heureuse de m’en aller lorsqu’il m’appellera.

(Louange et prière)

L’étoile de Ninette

Ninette, de son lit, voyait par la fenêtre

Une étoile à l’éclat paisible et radieux.

Un nuage survient et la fait disparaitre.

Mais, Ninette l’attend d’un regard anxieux.

La voici de nouveau, sereine et souriante !

Oh ! je devine… Et toi, sais-tu pourquoi, maman,

Pourquoi ma douce étoile est encore plus brillante

Après avoir été cachée un grand moment ? …

Vers le Seigneur Jésus elle s’était tournée,

Et lui, l’enveloppant d’un long regard d’amour,

Son sourire divin l’a tout illuminée ! ...

Vois comme elle regarde et sourit à son tour.

Lorsqu’un nuage vient assombrir notre route,

Qu’une pénible épreuve assaille notre foi,

Au lieu de nous laisser ébranler par le doute,

Elevons nos regards vers notre divin Roi ;

Et qu’alors, son sourire illuminant notre âme,

Nous retrouvions le calme et la céleste paix ;

Qu’au fond de notre cœur brûle à nouveau sa flamme,

Plus brillante qu’avant, plus douce que jamais !

G. R.

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