L’avis d’un médecin

" Dites trente-trois ! "

C’est l’ordre que les médecins du début du siècle précédent donnaient aux malades dont ils auscultaient les poumons.

En fonction de la manière dont le son était transmis, ils pouvaient connaître l’état du tissu pulmonaire.

C’était une méthode " clinique " pour faire le diagnostic.

Nous avons maintenant de nombreux examens paracliniques pour aider au diagnostic et compléter l’examen clinique (examen au lit du malade).

Cela fait maintenant trente-trois ans que je reçois des personnes pour un examen clinique, précédé d’un interrogatoire sur les antécédents médicaux, familiaux et personnels, les traitements en cours, les symptômes.

Avant cela, c’est la secrétaire médicale, l’infirmière ou moi-même, qui brossons un rapide cadre de vie en récoltant des données administratives, date et lieu de naissance, adresse, situation de famille, nombre d’enfants… .

Trente-trois ans d’un interrogatoire et d’un examen clinique approfondis, portant sur des dizaines de milliers de personnes différentes, voilà de quoi faire le diagnostic des aspirations, des besoins et des souffrances de ceux et celles qui composent notre société.

J’aime beaucoup le contact avec les personnes qui viennent me voir.

Elles sentent que je suis à leur écoute, peut-être est-ce à cause de cela qu’elles me parlent spontanément de soucis personnels ou de joies qui dépassent le cadre de la consultation.

Et puis, il y a bien des choses que l’on ne peut dire parfois à un médecin traitant, surchargé de travail, ou trop impliqué dans la relation avec la famille.

Je ne suis pas médecin libéral, mais je travaille dans la " prévention " des maladies.

Pendant plus de dix ans, j’ai travaillé dans des " Centres d’Examens de Santé ", dans le Nord de la France, puis en Région Parisienne.

Je ne me souviens pas d’avoir eu alors de difficultés relationnelles avec qui que ce soit.

Les gens ont besoin que l’on soit attentif, bienveillant, sérieux dans le travail, et surtout ils ont besoin de sentir que l’on n’éprouve pas le moindre mépris pour eux.

Plus ils sont éloignés de l’image idéale de ce qu’ils auraient voulu être, plus ils ont besoin de sentir en face d’eux du respect.

Pour ma part, j’ai toujours considéré que la souffrance et l’humiliation grandissaient un individu, je n’ai donc aucun mal à respecter les " petits " de ce monde, les " méprisés ", les " mal vus " parfois.

Nous avons tous besoin, comme le souligne le célèbre psychologue américain Abraham MASLOW (la " pyramide de Maslow " est une bonne image de sa théorie) de la nécessité de :

1er – satisfaire les besoins physiologiques (du corps)

2ème – ensuite satisfaire les besoins de sécurité,

3ème – puis les besoins d’appartenance et d’amour,

4ème – enfin les besoins d’estime et de reconnaissance,

5ème – le besoin d’accomplissement de soi arrive en dernier, c’est le sommet de la pyramide.

Chacun de nous désire apporter quelque chose de bon autour de lui, désire bien faire ce qu’il a à faire dans cette vie qui lui est donnée.

La mère de famille veut être une bonne mère de famille.

Le chef d’entreprise veut développer son entreprise.

L’ouvrier veut bien réussir la pièce qu’il fabrique.

Le chirurgien veut guérir son patient.

La femme de ménage veut que tout soit parfaitement propre après son passage.

L’institutrice s’efforce d’amener ses élèves à la connaissance.

Il est vrai que nos besoins fondamentaux ne sont pas toujours parfaitement pourvus, pour diverses raisons : la maladie, les problèmes financiers ou relationnels.

Pourtant, nous tendons tous vers l’amélioration.

J’ai longtemps travaillé comme médecin de prévention pour les agents de la fonction publique (en médecine de santé au travail).

Et j’ai pu constater que les agents au travail ont un énorme besoin de reconnaissance.

Ils ont besoin d’être encouragés, reconnus dans leurs efforts.

Les humiliations et les mises à l’écart, principalement celles qui viennent de la hiérarchie, peuvent pousser les personnes dans la dépression, voire le suicide.

Le succès et la reconnaissance au travail sont pour chacun le moyen de construire sa propre identité. Mais actuellement, dans le monde du travail, l’accent est souvent mis plutôt sur la productivité.

Un agent qui n’est jamais valorisé perdra confiance en lui, et souvent ses capacités, sa motivation.

J’ai l’habitude de dire : " Nous marchons sur deux pieds. L’un de nos pieds, c’est l’activité que nous avons, l’autre, c’est la vie affective, l’affection qui nous donnons et recevons. "

Pour être heureux, épanoui, un individu doit pouvoir marcher sur deux pieds en bon état.

La vie affective est un pôle très important de la vie humaine.

Les gens les plus heureux que j’ai rencontrés sont les couples hétérosexuels, stables, avec des enfants puis des petits-enfants.

Les familles recomposées sont en souffrance, quoi que l’on dise.

Il y a souvent des conflits violents entre les membres (majeurs et mineurs) des deux familles, et années après années, l’amertume s’épanche lors des consultations.

Les homosexuels aussi sont en souffrance, ils sont souvent méprisés dans leur milieu professionnel, voire personnel.

Déjà isolés d’une partie de la société, ils s’isolent encore plus.

Le célibat et la solitude étreignent les cœurs de façon parfois dramatique, comme pour cette femme qui me suppliait de lui fournir des adresses de lieux, d’associations, où elle pourrait au moins " partager son repas avec d’autres personnes. "

Le célibat fait d’ailleurs partie des circonstances qui favorisent la dépression.

Avec la libération des mœurs, la multiplication des sites de rencontre, les jeunes principalement me font part de la difficulté à trouver un conjoint.

Telle cette belle jeune femme de trente ans, journaliste sur une chaîne prestigieuse de télévision, qui me disait : " Quand on sort avec un homme, on ne sait même pas si on est en couple avec lui, et surtout jusqu’à quand ? "

Ou cette avocate, trentenaire elle aussi, qui nous vantait son ami : " Il a toutes les qualités ".

Deux semaines plus tard, il n’était plus dans sa vie, à sa grande déception.

Un jeune homme très sensible, qui était harcelé par sa chef de service, avait d’importants troubles du sommeil.

S’il m’était possible d’agir en ce qui concerne ses conditions de travail, je ne pouvais rien faire pour sa vie personnelle.

Une jeune fille, à laquelle il était très attaché, l’avait quitté, et il m’avouait : " Quand on rencontre une fille, on ne sait jamais si c’est pour une parenthèse…. (geste éloquent) ou pour une histoire plus sérieuse. "

La dernière fois que je l’ai eu en visite médicale, ce beau jeune homme m’a dit : " J’ai pris un chat…. "

Mon cœur saigne devant cette belle jeunesse, qui ne veut pas s’engager dans la vie de famille.

Dans le métro, j’entendais parler deux jeunes hommes :

" – Alors, finalement tu l’as quittée ? "

" – Oui, tant qu’on était à deux, ça allait, avec un enfant, encore, à la rigueur. Mais avec le deuxième, c’est trop. Tu ne peux pas imaginer comme c’est flippant. "

Une ancienne collègue de travail avouait : " Mon fils et ma fille ont bien réussi leur vie professionnelle, mais sur le plan sentimental, c’est une catastrophe. "

Pour tous les jeunes, en fait, la vie sentimentale est en train de devenir une catastrophe.

Savent-ils qu’à force de ne pas vouloir s’engager, ils vieilliront sans famille, sans enfants ?

Et, lorsque le travail sera derrière eux, lorsque l’âge avancera, que deviendront-ils ?

Ce cadre supérieur était allé voir une psychologue, qui lui a donné une explication pour sa vie instable sentimentale : " C’est à cause de la relation que vous avez eue avec votre mère…. "

C’est ce que l’on dit aux hommes qui papillonnent.

Mais, lorsque notre vie est faite de tranches successives, de conjoints successifs, d’enfants de plusieurs unions, on se retrouve un jour seul, ou avec des conflits familiaux qui rendent la vie odieuse.

Ne me dites pas que la liberté sexuelle a rendu l’homme et la femme plus heureux.

Seule une famille stable avec des enfants puis des petits-enfants peuvent rendre un individu heureux.

A une époque, je faisais les visites médicales dans une infirmerie scolaire.

Ma collègue et moi accueillions le personnel technique et le personnel de restauration des collèges.

Entre midi et deux, nous avions quelques minutes pour compulser les brochures proposées aux collégiens.

D’énormes paquets de brochures concernant et encourageant les émois entre jeunes de même sexe trônaient sur le présentoir.

Est-ce pour déculpabiliser les jeunes homosexuels, qui se suicident plus souvent que les autres ?

Nous déjeunions un jour à une terrasse avec ma collègue, lorsque tout près de nous, nous avons vu deux jeunes gens, d’une distinction et d’une beauté remarquables d’ailleurs, plonger leurs regards l’un dans l’autre en se caressant les mains.

L’un d’eux, un peu plus jeune semble-t-il, semblait hypnotisé par l’autre.

J’étais, moi, tétanisée, en imaginant la vie qu’ils allaient avoir, pleine de rejets, d’hostilité.

Qu’on le veuille ou non, c’est une très grande souffrance d’être homosexuel.

On fait partie d’une minorité souvent rejetée par la majorité.

Un homme de cinquante ans, homosexuel, que je connais, s’est exclu lui-même d’une activité de groupe que nous avions en commun. Il ne supportait plus de n’avoir rien à raconter sur sa vie de famille.

Il ne veut pas venir vivre dans un village, malgré son amour de la nature, parce que " à la campagne, les gens n’ont pas l’esprit large, ils ne m’accepteraient pas tel que je suis. "

La liberté de pratiquer l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) a permis de suivre médicalement les femmes qui la pratiquent.

Mais ce que l’on sait moins, c’est que lors des visites médicales, les femmes ont honte d’en parler.

Ce n’est souvent qu’au bout de quelques années qu’elles m’en font part, et elles me demandent toujours de ne pas le mentionner sur le dossier médical.

Au cours des visites médicales, de plus en plus de gens, même à un âge avancé, se déclarent célibataires, pour les raisons que nous venons de citer.

Seuls, et sans enfants, à 20 ou 30 ans mais aussi à 40 ou 50 ans.

Et au-delà, ils ne supportent pas les défauts de leur nouveau conjoint. Ils sont parfois trop âgés pour s’adapter.

Bien sûr que je ne suis pas favorable à l’obscurantisme religieux et /ou politique qui, dans certains pays, enferme la femme sous le voile, la marie sans son consentement, ne lui permet pas d’avoir une activité professionnelle, ne lui permet pas d’exprimer ses idées.

Cette situation-là est aberrante.

Je me souviens des années où une amie médecin se rendait régulièrement dans un de ces pays où la femme est moins considérée que les animaux parfois.

Cette amie, médecin, soignait les femmes du pays dans les spécialités de gynécologie et d’obstétrique.

En effet, les femmes du pays n’ayant pas le droit de faire des études supérieures, et les hommes n’ayant pas le droit de voir ni de toucher le corps d’une autre femme que la leur, nous n’avons aucun mal à imaginer la suite.

Pas de femmes médecins… pas de soins aux femmes.

Bien entendu, dès qu’elle sortait de l’avion, mon amie médecin était de force recouverte d’un voile descendant jusqu’aux pieds.

J’ai énormément de mal à imaginer que l’on puisse, dans notre siècle, dit évolué, demeurer dans un état d’obscurantisme aussi profond.

Une catégorie de jeunes qui souffrent beaucoup sont les enfants de maghrébins qui se sont installés en France au milieu du siècle dernier.

Ils ne savent pas où se situer entre leur culture, et la culture française (ou européenne).

Beaucoup de jeunes femmes n’envisagent même pas de se marier.

L’une d’elles me disait : " Je peux rater ma vie de famille, mais surtout, je ne veux pas rater ma vie professionnelle. "

Deux d’entre elles avaient attaqué leur collègue simplement amoureux en hurlant au " harcèlement sexuel ", pour une réflexion sur leur beauté physique.

L’une d’elles a fait une crise de larmes parce que son mari a proposé à la gérante du camping dans lequel ils passaient leurs vacances de venir boire un café avec elle.

Un jeune informaticien, pour faire plaisir à ses parents, chez lesquels il réside à l’âge de 30 ans, s’est proposé de se marier de façon " traditionnelle ", avec une jeune fille algérienne (vivant en Algérie).

Le mariage n’a pu se faire à cause de difficultés administratives.

Le futur beau-père a perdu patience et a donné sa fille à un autre…. Notre jeune homme était tout dépité.

Malgré sa beauté physique, je ne sais pas s’il aura le courage de chercher une femme en France. Il ne veut pas perdre l’approbation de ses parents.

Je me souviens de cette jeune femme, cadre supérieur dans une administration et mariée à un français non musulman.

Lorsqu’elle passait des concours, elle demandait à ce que son nom n’apparaisse pas sur les listes.

Elle était d’origine maghrébine, et son frère, parce qu’elle avait la culture française, avait promis de la tuer s’il la retrouvait.

Toutes ces situations sont synonymes de grandes souffrances au quotidien.

Et je ne parle pas ici de toutes ces familles monoparentales où la mère (quelquefois le père) se débat seule pour élever un ou plusieurs enfants tout en travaillant. Le parcours professionnel est émaillé de longues périodes d’absentéisme.

La nature veut nous imposer ses règles, nous n’en voulons pas.

La société veut nous imposer ses règles, nous n’en voulons pas.

La morale judéo-chrétienne, qui nous donnait des règles de vie permettant à l’homme et à la femme de s’épanouir dans des limites bénéfiques, nous n’en voulons plus.

Le Dieu qui s’est révélé aux hommes pour leur bien, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de Jésus-Christ, nous n’en voulons plus.

Le résultat est là.

La jeunesse se tourne de nouveau vers Dieu, vers sa parole, parce qu’elle sent, elle sait qu’elle est en danger.

Elle n’a plus de valeurs auxquelles s’accrocher.

Elle reste sentimentale, mais elle sait que ses sentiments risquent à tout moment d’être bafoués.

Elle veut fonder une famille, mais elle sait que si elle ne retourne pas à Dieu, à son créateur, tout ce qu’elle aura de plus cher risque de voler en éclats.

Il n’est pas question d’empêcher les femmes de s’épanouir dans une activité professionnelle.

Elles font des études et peuvent allier une vie professionnelle avec une famille (avec deux enfants en moyenne).

Il n’est pas question non plus de mépriser les hommes.

Ils ont, devant Dieu, la même valeur que les femmes.

L’apôtre Paul, malgré la forte pression des traditions à son époque, reconnaissait que " la femme n’est point sans l’homme, ni l’homme sans la femme " (Epître aux Corinthiens).

Les hommes qui méprisent les femmes se font du mal à eux-mêmes et à leurs enfants, et les femmes qui méprisent les hommes se font du mal à elles-mêmes et à leurs enfants.

Mais il est une chose que Dieu nous a enseignée dans Sa Parole, c’est que la fidélité et la stabilité dans un couple sont une très bonne chose pour les conjoints, pour leurs enfants et petits-enfants et pour la société en général.

Il est temps de revenir aux anciens sentiers, il est temps de lire ce vieux livre, la Bible, qui nous révèle ce que nous sommes et ce que nous pouvons devenir, avec l’aide de Dieu.

Dr. F. DEMEYERE

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