Les ombres que nous projetons

" Par elle, quoique mort, il parle encore " (Hébreux 11 : 4)

Chacun de nous projette une ombre.

Il règne autour de nous une sorte de pénombre, un je ne sais quoi d’indéfinissable que nous appelons l’influence personnelle, et qui déploie ses effets sur tous ceux sur qui elle tombe.

Où que nous allions, elle nous accompagne ; nous ne pouvons pas l’employer ou la supprimer à notre gré, comme on le fait d’un vêtement.

Elle émane constamment de notre vie, comme la lumière vient de la lampe ; la chaleur de la flamme ; le parfum de la fleur.

Personne ne peut vivre sans exercer son influence.

Aucun être humain ne peut venir au monde sans augmenter ou diminuer la somme totale du bonheur humain, non seulement du bonheur présent, mais aussi de celui des âges futurs de l’humanité.

Il n’y a aucun recoin isolé de l’univers, aucune cachette sombre dans laquelle il puisse se retirer pour ne plus exercer d’influence sur les destinées morales du monde ; partout sa présence ou son absence se fera sentir ; partout il aura des compagnons qui seront meilleurs ou pires à cause de lui.

Être, c’est avoir de l’influence sur les autres, ou pour le bien ou pour le mal.

Le ministère de l’influence personnelle est quelquefois admirable.

Sans en avoir conscience, nous faisons sans cesse impression sur autrui, grâce à l’étrange puissance qui émane de nous.

Les autres gens nous observent et leurs actions sont modifiées par les nôtres.

Combien ont été conduits à une vie de bénédictions par l’influence d’une seule noble action !

Les disciples virent leur Maître en prière et furent tellement impressionnés par son sérieux ou par le rayonnement de son visage lorsqu’il était en communion avec son Père, qu’ils lui demandèrent de leur enseigner à prier.

Toute âme sincère est continuellement stimulée par ce qu’elle voit de saint, de bon et de noble chez les autres.

Une action bonne en inspire souvent beaucoup d’autres.

Voici un récit de journal qui vient à l’appui de cette vérité :

Un petit marchand de journaux monte dans un tramway.

Il se couche sur la banquette et s’endort profondément ; peu après, deux jeunes filles entrent aussi dans le tramway et s’asseyent en face du gamin.

Elles remarquent ses pieds nus, ses habits déchirés, sa figure pâle et tirée portant les traces de la misère et de la faim.

Voyant que sa joue repose sur le cadre en bois de la fenêtre, l’une d’elles se lève et doucement glisse son manchon en guise d’oreiller sous la tête du petit dormeur.

Cet acte de bonté ne passa pas inaperçu et porta ses fruits.

Un vieux monsieur, assis un peu plus loin, tend à la jeune fille une pièce d’argent tout en lui montrant le garçon.

Après une minute d’hésitation, elle la prend ; un autre lui donne cinquante centimes, une femme quelques sous ; et en peu de temps une petite collecte est faite en faveur du petit marchand.

Un seul acte de bonté a produit comme une vague d’influence qui a touché le cœur d’une vingtaine de personnes et les a poussés à faire chacun quelque chose.

La vie de chaque jour est pleine de tels faits.

Chaque existence utile exerce une double action, celle qu’elle accomplit directement en faveur des autres, et celle qu’elle inspire aux autres par une sainte contagion.

La mort elle-même ne met pas fin à cette influence.

Quand la vie humaine se termine, l’activité d’un homme de bien cesse.

Il fait un grand vide dans le milieu où sa présence a été en bénédiction ; ceux qui avaient l’habitude d’être réjouis ou réconfortés par ses paroles ne peuvent plus les entendre ; ses bienfaits ne prennent plus le chemin de la demeure du pauvre auquel ils ont si souvent apporté du soulagement.

Son affectueuse sollicitude ne donne plus force, espoir et courage aux cœurs qui avaient appris à l’aimer.

La mort d’un homme de bien interrompt le ministère béni qu’il a exercé dans le cercle où il vivait.

Mais son influence continue, et l’influence que les morts ont sur nous est parfois très grande.

Nous pensons les avoir perdus quand nous ne voyons plus leur visage, que nous n’entendons plus leur voix, et ne jouissons plus de leur bonté habituelle.

Cependant, dans bien des cas, l’action que nos bien-aimés exercent sur nous après leur mort est tout aussi importante que celle qu’ils auraient eue s’ils étaient restés encore ici-bas.

Le souvenir d’une belle vie est en bénédiction.

L’influence de cette mémoire sacrée est plus tendre que sa vie elle-même.

Car la mort transfigure nos bien-aimés ; elle efface les fautes et les imperfections de leur vie mortelle, et nous laisse une vision durable dans laquelle subsiste tout ce qui était beau, pur, aimable et vrai en eux.

Dans les combats et les rivalités de l’existence, nous perdons, hélas ! maint ami que nous aurions conservé à toujours, si la mort ne nous l’avait pris aux jours de notre première amitié.

Souvent se réalise la parole du cardinal Neumann :

" Celui qui meurt reste vivant pour nous ; celui qui vit est perdu pour nous…"

Ainsi, la mort même n’éteint pas l’influence d’une noble vie ; elle continue à être une bénédiction pour le monde longtemps après être terminée.

Rappelons-nous toutefois que toute influence n’est pas bonne.

Les mauvaises actions exercent aussi la leur.

Les méchants eux aussi vivent encore après avoir quitté ce monde.

Un mourant, qui avait fait beaucoup de mal, poussait ce cri de détresse : " Rassemblez mon influence et mettez-la avec moi dans ma tombe ! "

Ce vœu désespéré était inutile ; l’homme quitte ce monde, mais son influence lui survit pour empoisonner pendant longtemps d’autres existences.

Veillons donc avec un soin extrême sur notre influence.

C’est un crime de jeter dans la rue un vêtement infecté qui peut transporter la contagion dans d’autres demeures ; c’est un crime pire encore de mettre en circulation une page imprimée dont les mots sont infectés du virus de la mort de l’âme.

Ceux qui font et publient cette littérature empoisonnée qui de nos jours se répand partout, souillant et déflorant des vies innocentes, auront un compte terrible à rendre lorsqu’ils seront devant le tribunal de Dieu pour répondre de leur influence.

Voulons-nous que nos vies soient dignes de Dieu et en bénédiction à nos semblables, alors prenons garde de rien faire qui puisse les entraîner au mal.

Veillons non seulement sur nos paroles et sur nos actions quant à leur but et leurs intentions, mais aussi quant à leur influence possible sur autrui.

Telles libertés, qui peuvent être inoffensives pour nous, seraient dangereuses pour d’autres, moins bien entourés que nous ou plus faibles de caractère. Nous devons penser à ceux-là et à l’influence que notre exemple aura sur eux.

Ne faisons rien qui puisse nuire à autrui ; soyons prêts à sacrifier notre liberté, si par elle nous faisons courir un danger à l’âme d’un autre.

Saint Paul nous dit : " Il est bon de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin et de ne rien faire qui puisse faire tomber ton frère " ; et " si la viande est pour mon frère une occasion de chute, je ne mangerai jamais de viande pour ne pas scandaliser mon frère. "

Comment pouvons-nous être sûrs que notre influence sera toujours bénie ?

Il n’y a qu’un seul moyen de rendre notre vie pure et bonne.

Dans la mesure où nous sommes remplis de l’Esprit de Dieu et où nous possédons l’amour de Christ, notre influence sera sainte et bénie pour le monde.

MILLER

Incident de colportage

Un soir, en France, un colporteur se perdait dans une forêt.

Il pleuvait à torrents, les ténèbres allaient en s’épaississant.

Tout à coup une lumière frappe ses regards.

C’est la chaumière d’un garde-forestier.

Le colporteur regarde par la fenêtre.

Il voit un homme aux cheveux gris qui lit dans un livre à une femme et à deux jeunes gens assis auprès du feu.

Il entre.

Le maître le fait asseoir et lui demande la permission de finir sa lecture.

Le colporteur écoute.

Comme son cœur bat !

Le livre que cet homme lit, c’est un des Evangiles.

- Il faut nous excuser, dit le garde-forestier quand il a terminé, si nous ne nous sommes pas laissé interrompre par votre arrivée. Il nous tardait de savoir tout ce que le Seigneur avait à nous dire ce soir. Depuis neuf ans nous terminons ainsi chacune de nos journées et nous tenons beaucoup à cette habitude.

Neuf ans auparavant, un colporteur avait traversé cette forêt et vendu un Nouveau Testament dans la maison du garde-forestier.

Messager des messagers

Une prière exaucée

- Non, disait l’avocat à son client, je ne me charge pas de votre affaire. Vous pouvez confier le procès à quelqu’un d’autre ou le laisser tomber, comme vous voudrez.

- Hem ! Vous pensez peut-être qu’il n’en sortira rien ?

- Oh ! Si, vous obtiendrez bien quelque chose, mais ce serait pour ce pauvre vieux la perte de la petite maison qu’il regarde comme la sienne, vous savez. En tout cas, je ne m’en mêle pas.

- On vous a découragé ?

- Non, ce n’est pas cela.

- Alors le vieux s’est répandu en supplications ?

- Oui, justement.

- Et vous vous êtes laissé attendrir ?

- Non, je ne lui ai rien dit.

- Tiens ! Alors il a entretenu tout seul la conversation ?

- Oui.

- Et vous n’avez rien répondu ?

- Pas un mot.

- Mais au monde qu’avez-vous fait ?

- Je crois que j’ai versé quelques larmes.

- Et le vieillard vous suppliait, avez-vous dit ?

- Non, je n’ai pas dit cela ; il ne m’a pas adressé la parole.

- Alors je me permettrai de vous demander avec qui il a parlé devant vous.

- Avec le Dieu tout-puissant.

- Ah ! Ah ! il s’est mis à prier devant vous ?

- Non, nullement pas par hypocrisie !

Et l’avocat croisa sa jambe droite sur la gauche et se mit à se passer la main sur le genou comme pour réfléchir à ce qu’il avait à dire.

- Voilà ce qui est arrivé : J’ai trouvé sans peine la petite maison et j’ai frappé à la porte extérieure qui était entr’ouverte.

Personne ne m’entendit.

J’entrai doucement dans le corridor, et j’aperçus par la fente d’une autre porte une chambre proprette, la seule probablement.

Là, dans un lit, entourée d’oreillers, la tête blanche inclinée sur les genoux, j’aperçus une vieille dame, tout comme ma mère lorsque je la vis pour la dernière fois.

J’étais sur le point de frapper lorsqu’elle appela d’une voix distincte :

" – Viens, père, commence, je suis prête. "

Alors le vieillard vint s’agenouiller auprès du lit, il était encore plus blanc et plus cassé que sa femme.

Je n’aurais pu me résoudre à les troubler !

Il se mit à prier.

D’abord il dit à Dieu qu’ils étaient ses enfants obéissants et que s’il lui plaisait, sur leurs vieux jours, la mère étant malade et infirme, de leur enlever leur chère petite maison et de les laisser sans abri, ils se soumettraient, car ils avaient passé par des épreuves encore bien plus pénibles !

Il expliqua comme tout aurait été différent pour eux si un de leurs fils leur avait été conservé.

Ici la voix lui manqua et une main amaigrie se glissa hors de la couverture et caressa les cheveux blancs, puis il répéta que rien de plus douloureux ne pouvait leur arriver que d’avoir vu mourir leurs trois fils, sauf pourtant s’ils devaient être séparés l’un de l’autre.

Une consolation leur restait, c’était la pensée qu’il n’y avait pas de leur faute s’ils étaient menacés de perdre leur demeure, ce qui pour eux signifiait aller à l’hospice.

Il demandait instamment à Dieu de leur épargner ce chagrin, si telle était sa volonté.

Puis il récita plusieurs passages où Dieu promet son secours et son aide à ceux qui se confient en lui.

Oui, je puis dire qu’il priait avec supplications, et le moment le plus émouvant fut lorsqu’il demanda à Dieu de bénir ceux qui faisaient valoir contre eux leurs droits.

Et l’avocat se frotta silencieusement le genou ; au bout de quelques instants il reprit avec solennité :

- Et je crois que j’aimerais mieux aller moi-même à l’hospice que de salir ma conscience en me mêlant de cette affaire !

- Auriez-vous peur de faire manquer la prière du vieillard ?

- Quelle idée, s’écria l’avocat, c’est impossible.

Une pareille prière ne peut pas ne pas réussir. Je vous le répète, il a tout remis entre les mains de Dieu, tout en lui exprimant ses vœux.

Il s’appuyait sur la promesse que nous devons nous décharger sur lui de toutes nos inquiétudes et alors il prendra soin de nous.

Je n’ai de ma vie entendu une prière plus fervente !

Savez-vous, dans ma jeunesse, j’ai appris ces choses.

Pourquoi j’ai été appelé à les entendre de nouveau, voilà qui me parait inexplicable !

Mais quant au procès, je m’en dégage.

- J’aurais préféré, répondit le client, que vous ne m’eussiez rien dit de cette prière du vieillard.

- Pourquoi donc ?

- Eh bien, j’ai besoin de l’argent que me rapporterait cette propriété, mais lorsque j’étais jeune on m’a aussi enseigné la Bible, et je ne pourrais aller en travers d’une prière comme celle que vous m’avez racontée. Si seulement vous n’aviez rien entendu ! A votre place, je n’écouterais plus ce qui ne m’est pas destiné.

L’avocat sourit :

- Mon cher ami, vous vous trompez ; cette prière, c’est Dieu qui la destinait à mon oreille…  et à la vôtre aussi. Ma vieille mère m’a souvent parlé des voies mystérieuses de Dieu, si je m’en souviens bien.

- Oui, la mienne aussi.

Et le client roulait entre ses doigts les papiers qui devaient servir au procès.

- Vous pouvez, si vous voulez, aller demain de bonne heure vers ce vieux couple leur dire que la plainte est retirée.

- D’une façon merveilleuse, ajouta joyeusement l’avocat.

(Du CHRISTENBOTE)

Une réjouissante surprise

Heureuse, oui, et réjouissante ! Car il y en a de telles, et dues même quelquefois au Saint-Esprit, comme le prouve, entre autres, le fait émouvant que nous a raconté M. le professeur H. Blois, dans son très beau livre sur " Le réveil au pays de Galles. "

Le voici, à peu près tel que M. Blois nous l’a donné :

Dans une ville du comté de Glamorgan, un homme de bonne éducation et père de deux petites filles, avait contracté de déplorables habitudes, funestes à ses devoirs envers son Eglise et sa famille.

Celle-ci était des plus mal entretenue ; pour se procurer de la nourriture et les objets les plus indispensables au ménage, la pauvre mère avait dû vendre tout le mobilier.

L’homme, autrefois bon époux et bon père, buvait tout son gain.

Un soir, il assista à une réunion de réveil.

La grande assemblée était en train de chanter un hymne favori, en répétant, sans se lasser, le refrain :

Il se fait tard, la porte de la pitié n’est pas encore fermée….

Et voilà que le chant de cet hymne éveille quelque chose dans le cœur du nouveau venu.

Il rentre chez lui sans avoir même l’idée de s’arrêter dans aucun cabaret ; le refrain de tout à l’heure murmure toujours à ses oreilles :

Il se fait tard, la porte de la pitié n’est pas encore fermée….

Tout en marchant, il se surprend même à répéter cette simple prière : " Je te remercie, Seigneur, la porte de la pitié n’a pas été fermée. Aide-moi à passer cette porte, Seigneur ! "

Sa femme fut surprise de le voir rentrer si tôt et de le trouver si affectueux dans ses manières.

Chacun des soirs qui suivirent, il revint de même à la maison, sobre, mais souvent avec des traces de larmes sur les joues.

Sa pauvre femme ne savait pas grand-chose du réveil.

Ses habits étaient trop misérables pour lui permettre de se rendre dans un lieu de culte.

Elle vivait donc beaucoup à la maison, considérant sa vie comme perdue et ayant renoncé à tout espoir de temps meilleurs.

Vient le samedi ; le mari rapporte chez lui tout son argent, toute sa paie, - deux livres, - c'est-à-dire 50 francs !

Elle reçoit cette somme, mais n’en dépense que 7 shillings, soit 8 francs 75, comme d’habitude, …. Quand elle n’avait pas moins.

Pendant la seconde semaine le mari rentra encore sobre à la maison, chaque soir.

Et le second samedi il donna de nouveau à sa femme la totalité de ses gages en se montrant toujours tendre et affectueux.

Reconnaissante et de plus en plus étonnée, sa femme ne dépensa encore cette fois que sept shillings.

Même conduite transformée du mari pendant la troisième semaine ; seulement comme il se montre un peu plus réservé dans ses manières, sa femme croit deviner qu’il souffre de quelque désappointement.

C’est que durant tout ce temps, aucun changement ne s’était produit dans le logis ; alors la femme se décide à dépenser une partie de la somme qu’elle a reçue.

Elle achète quatre chaises de cuisine, une nappe, quelques couteaux et quelques fourchettes, de la vaisselle et quelques habits pour elle et ses filles.

Quelle transformation ses modestes achats n’opèrent-ils pas dans ce misérable intérieur !

Aussi, quand l’homme y rentre dans l’après-midi du samedi, et que de la porte il aperçoit à la table sa femme et ses enfants qui l’attendent, croyant s’être trompé de numéro, il sort précipitamment en murmurant des excuses.

" Mais non, c’est bien le numéro, c’est tout de même bien là, " se dit-il devant l’entrée de la maison, dans la rue.

" Que m’est-il arrivé ? "

Il entre donc de nouveau, fait quelques pas, se trouve en face d’une table recouverte d’une nappe blanche et entourée d’enfants joyeux ; et il croit de nouveau avoir commis une erreur.

" Il était, disent les Gallois qui racontent ce trait, comme un agneau qui ne réussit pas à reconnaître sa mère tondue ! "

Une seconde fois, il allait ressortir lorsque sa femme, rajeunie, semblait-il, de dix années dans son vêtement tout neuf, lui dit enfin :

- William, tu ne me reconnais pas ?

Alors William s’élance vers elle, se jette à son cou et l’embrasse ; puis, se mettant à genoux, il remercie Dieu de ce que la porte de la pitié n’est pas encore fermée pour lui.

Il implore son pardon et demande encore que sa femme et ses enfants puissent lui accorder le leur.

" Amen ! " répond la femme en sanglotant.

William est maintenant parmi les convertis, et, chaque soir, avant de se livrer au repos, les époux font le culte domestique en n’oubliant jamais de chanter ensemble le cher refrain :

La porte de la pitié n’est pas encore fermée….

Il n'y aurait donc qu'à dire merci ?

Le récit du fait qui a provoqué jadis cette exclamation de surprise joyeuse a été un moyen de bénédiction pour plusieurs âmes ; dans l’espoir qu’il le sera encore à d’autres, et sur la demande qui m’en a été faite récemment, je le produis ici volontiers.

Il y a de cela un assez grand nombre d’années.

Un pasteur, qui visitait un vieillard gravement malade dans l’une des localités du Jura neuchâtelois, fut amené à lui exposer le salut dans toute sa divine simplicité, et surtout dans sa gratuité parfaite.

En s’appuyant sur des passages tels que 2 Corinthiens 5 : 19 à 21, il le présenta comme une amnistie signée en quelque sorte par le doigt même de Dieu trempé dans le sang de son Fils, et qui n’attendait, pour déployer toutes ses conséquences éternelles, que la contre-signature du pécheur repentant.

Au Calvaire, dit-il, avait été acquis à un grand prix et proclamé, depuis vingt siècles, un pardon général, gratuit, complet, immédiat, que l’homme n’avait pas à mériter, ni à acquérir, pas même en quelque sorte à solliciter, mais bien à accepter comme un don, une divine aumône, une grâce gratuite qui devance toute œuvre de sa part et n’a que la foi, un mouvement de foi véritable pour condition.

C’est alors qu’illuminé tout à coup par un rayon de lumière divine, le vieillard s’écria :

- Mais, monsieur le pasteur, si je vous comprends bien, il n’y aurait donc qu’à dire : merci !

- Oui, mon cher, dites merci, dites de tout votre cœur merci ! reprit aussitôt le pasteur qui, témoin de l’émotion de son paroissien, était bien sûr que son merci ne serait pas une vaine parole.

Alors le vieillard se met sur son séant, ôte son bonnet, joint les deux mains, et, d’un ton solennel, sincère, convaincu, dit ces seuls mots : " Seigneur, merci, Seigneur, merci ! "

Et la suite a prouvé que ce mot, parti du cœur, avait bien scellé une alliance de grâce entre le Sauveur et lui, car, peu après, il réunit sa famille autour de son lit et fit des excuses, demanda même pardon pour les torts qu’il avait eus à l’égard de ses proches.

Eh bien, comme je le disais au début de cet article, cette toute simple histoire a déjà provoqué des " merci " tout pareils à celui du vieillard neuchâtelois.

En voici deux cas :

Je prêchai, il y a dix ou quinze ans, dans une grande ville de France, où je m’étais déjà fait entendre précédemment.

A l’issue du culte, je vis s’approcher de la chaire une personne encore jeune, au visage rayonnant de joie chrétienne, qui me dit :

- Vous rappelez-vous, monsieur, votre histoire du vieillard et de son merci ? Eh bien, moi aussi j’ai dit merci comme lui, et dès lors ma vie a été entièrement changée ; je suis à Jésus-Christ et Jésus-Christ est à moi !

Dans une ferme très pauvre et très retirée des Cévennes, je fus appelé, un jour que je me trouvais près de là, auprès d’une jeune femme qui se mourait.

Quand j’arrivai auprès d’elle, par des sentiers bien sinueux, et à travers plus d’un ravin profondément creusé dans le granit pourri, je trouvai la malade tellement faible, tellement à la fin de vie qu’il ne pouvait être question ni d’un long entretien avec elle, ni même d’une lecture biblique.

Je demandai à Dieu de me donner pour elle un message très court, très impressif, et voici, la pensée de mon vieillard neuchâtelois et de son merci me vint à l’esprit en réponse à ma prière.

Je racontai donc le fait de mon mieux, et je n’oublierai jamais la pression de la main de la jeune femme dans la mienne ; incapable de dire un seul mot, elle me montrait par ce mouvement significatif que, touchée à son tour par la grâce prévenante de notre Dieu, elle y répondait en disant merci du fond de son cœur.

Pourquoi l’exclamation du vieillard ne produirait-elle pas le même miracle au près et au loin, parmi nos lecteurs ou par leur entremise ?

G.T.

La maitresse ne le sait pas !

C’était un lourd après-midi de novembre ; un brouillard épais enveloppait la cité, tout était silencieux dans la cour étroite et sombre, les gamins même avaient cessé leurs jeux.

Tout à coup, un chant clair et joyeux s’éleva jusqu’à la chambre obscure où travaillait Anna Greyleigh avec quelques autres femmes.

- Ecoutez, dit-elle.

Et la voix chantait :

Avançons-nous joyeux, toujours joyeux,

Vers le pays des esprits bienheureux ;

Vers la demeure où Jésus pour nous prie,

Marchons, c’est là notre patrie.

- Je vais voir qui c’est, dit Anna, posant son dé et son aiguille.

Le brouillard remplissait la cour, mais deux étages plus bas elle vit une fillette de douze ans au visage épanoui tenant un bébé dans ses bras.

- C’est toi qui chantes ? demanda-t-elle.

- Oh ! je répète seulement mon cantique pour endormir bébé ; cela ne fait rien ce que je lui chante, il ne comprend pas. Je vais ensuite chez la voisine Brown, elle fait entrer Willie, le petit boiteux, et la vieille Marguerite, et je leur raconte ce que dit ma maîtresse de l’école du dimanche, puis je chante des cantiques. J’étudie, voilà tout.

- Viens un jour là-haut, au n°9, et tu nous chanteras.

Hetty le promit.

Le jour suivant était triste et humide.

Les quatre femmes travaillaient, aussi maussades que le temps.

Anna avait connu de meilleurs jours, mais son mari l’avait abandonnée.

Comme elle était plus habile que ses compagnes, celles-ci lui payaient une modeste rétribution pour venir coudre dans sa chambre sous sa direction.

Vers la fin de l’après-midi, Hetty apparut.

Anna la fit asseoir.

- Tu viens faire la maîtresse, lui dit-elle, cela nous distraira.

- Quelle jeune maîtresse ! fit une autre.

- Je ne suis pas la maîtresse, dit la petite ; seulement je fais comme elle parce que cela fait plaisir aux vieilles gens et aussi aux enfants.

- Eh bien, comment commence-t-on ?

- On chante, dit Hetty, vous chanterez le refrain.

Et la voix fraîche retentit dans la chambre sombre : Quand les mères apportaient à Jésus leurs enfants…etc.…

- Mais il n’y a pas de refrain, dit Anna.

- Ah ! J’oubliais ; nous pourrions dire : Laissez venir à moi les petits enfants…

C’était plus qu’Anna n’en pouvait supporter ; elle avait jadis perdu un enfant et n’avait jamais songé à l’amener à Jésus.

Ses yeux se remplirent de larmes.

Après le chant, Hetty dit :

- A présent, nous lirons, mais je ne sais pas si vous avez assez de Bibles.

- Tu liras pendant que nous travaillerons.

Hetty commença : " L’Eternel est mon Berger…  "

C’était si nouveau, si étrange ; une influence bienfaisante se répandit sur les pauvres femmes, mais elles ne surent que faire quand Hetty ajouta :

- La maîtresse nous dit de nous agenouiller et alors elle parle à Dieu.

- Fais-le toute seule, dit Anna, nous verrons comment on fait.

Timidement, Hetty se mit à genoux et dit : " Seigneur, aides-nous à être bonnes, comme Jésus, et bénis-nous. Amen. "

Puis, se relevant, elle raconta que le Seigneur était un bon Berger, qu’il donnait ce dont on avait besoin ; elle et sa mère le savaient bien.

Quand elle eut fini, Anna lui demanda :

- Mais que pense ta maîtresse de ce que répètes ainsi tout ce qu’elle dit ?

- Oh ! La maîtresse ne le sait pas !

Elle partit en courant, laissant tomber de sa Bible un verset à apprendre : " Mon secours vient de l’Eternel qui a fait les cieux et la terre. "

Anna n’avait jamais pensé à son Dieu.

Et maintenant c’est une enfant qui venait, comme une messagère du ciel, auprès de ces quatre femmes lassées ; chaque fois Hetty leur apportait quelque chose de nouveau et elles finirent par trouver leur Sauveur.

La monitrice de l’école du dimanche préparait sa leçon du lendemain, se demandant comment elle pourrait se faire comprendre de ses élèves et se disant qu’elle n’avait jamais vu de fruits de son travail.

Ce jour-là, une amie vint la voir, et, après avoir causé un instant, elle lui dit :

- Ma voisine, la vieille Mme Brown m’a parlé d’une fillette qui est le rayon de soleil de leur cour ; elle répète ses leçons de l’école du dimanche et ses cantiques à plusieurs petits groupes dans la maison.

Vous pleureriez de joie en entendant tous les détails.

Quand l’une des femmes me raconta que la vaillante petite écolière disait : " Oh ! ma maîtresse ne le sait pas ! " J’ai pensé : " il faut que je lui dise à cette heureuse maîtresse " ; et c’est vous.

Il n’est pas nécessaire d’ajouter quel soin cette maîtresse apporta dorénavant à la préparation de ses leçons.

Moniteurs et monitrices, annoncez fidèlement la Parole de vie et laissez à Dieu les résultats ; les méthodes peuvent différer, mais la Bible interprétée avec amour a toujours la même puissance pour conduire jeunes et vieux à leur seul Sauveur.

Du " CHRISTIAN "

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