Si j'avais milles vies - Isaac HOMEL

Le mercredi 27 octobre 1683 entre quatre et cinq, par un jour de bise grande et froide, à Tournon, expirait sur la roue dans le plus effroyable des supplices, un condamné à mort : Isaac Homel, pasteur de l’Eglise Réformée.

Isaac Homel était né à Valence en 1820.

Son père, Abraham Homel, était avocat.

Protestant zélé, il fréquentait assidûment les cultes qui avaient lieu tous les dimanches dans le temple de Soyons.

Dans ce temps-là, en effet, les protestants de Valence étaient rattachés à la paroisse de Soyons et devaient traverser le Rhône pour se rendre aux cultes.

Lorsqu’il fut devenu jeune garçon, Isaac fut envoyé au collège de Dié.

Il y avait là une Académie protestante (sorte d’université qui comprenait un collège correspondant à peu près à nos lycées aujourd’hui).

Isaac y entra en classe de 4ème ou 3ème et y resta jusqu’à ce qu’il eût passé tous les examens qui lui permettaient d’entrer à l’Académie proprement dit où il fit de solides études de philosophie puis de théologie.

Il désirait être pasteur.

L’exemple de la vie chrétienne familiale et l’éducation reçue au collège lui avaient permis d’écouter l’appel de Dieu et d’y répondre en lui consacrant sa vie tout entière.

Après quelques premières années de ministère à Châteaudouble (Drôme), Isaac Homel est nommé pasteur de l’Eglise de Soyons, qui comprenait aussi les localités de Charmes, Saint-Georges, Toulaud, Guilheraud, Saint Peray (dans l’Ardèche d’aujourd’hui).

Isaac Homel était doué, dit-on, " d’un grand esprit, d’un grand jugement et d’une grande mémoire. "

Les pasteurs qui le reçurent dans le ministère s’accordaient à reconnaître " ses dons rares ".

Marié, il eut un fils et trois filles.

L’une d’elles écrit : " Il avait un grand zèle pour la religion, une grande piété, il était fort consciencieux, sans fard, sans dissimulation ni flatterie… d’une conversation douce et si affable qu’il se faisait aimer de tous, tant d’une que d’autre religion. " (tant des protestants que des catholiques).

A Soyons et dans les lieux environnants, Isaac Homel s’adonna avec zèle à toutes les charges du ministère pastoral : prédications, cultes, visites, instructions, démarches, etc…

Il souffrait beaucoup d’un état de santé médiocre qui lui causait parfois des crises de douleurs aiguës, ce qui ne l’empêcha pas d’accomplir avec conscience son devoir.

Il acquit rapidement une grande autorité auprès de ses collègues pasteurs et fut chargé à plusieurs reprises de présider les Synodes de la région.

Il fut aussi leur délégué au Synode national.

Une fois même, on le chargea d’aller inspecter l’Académie de Dié dont il avait été l’élève.

Isaac Homel était parfois attristé de ce qu’il appelait " la léthargie des peuples, " c'est-à-dire le manque de zèle des protestants, et il s’efforçait de les réveiller en les excitant à la piété, au chant des psaumes, à la lecture de la Bible et à la prière.

En ce temps-là, le Protestantisme n’était que toléré dans le Royaume de France.

Depuis l’Edit de Nantes, promulgué par le roi Henri IV, les Réformés pouvaient librement exercer leur religion, mais cette liberté était souvent menacée.

Vexations et persécutions, ennuis et difficultés de toutes sortes ne manquaient pas.

Au temps d’Isaac Homel, le roi Louis XIV supportait mal qu’il y eût dans son royaume une partie de ses sujets n’ayant pas la même foi que lui.

Il croyait y voir une atteinte à " son pouvoir absolu ", et bien que les Réformés eussent donné de nombreuse preuve de leur fidélité au roi, il résolut de les éliminer, s’il le fallait par la violence.

On commença par restreindre peu à peu les libertés accordées par l’Edit de Nantes.

Sous des prétextes futiles, on ordonnait la démolition des temples.

Le 8 septembre 1682, le Conseil du Roi interdit pour toujours l’exercice de la religion réformée à Soyons et ordonna que le temple serait démoli jusqu’aux fondements.

Isaac Homel essaya des démarches, en pure perte.

Il comprit que les décrets royaux faisaient partie d’un plan d’ensemble de suppression du protestantisme en France.

Cette année 1682 fut sombre.

Les Eglises pressentaient qu’elles étaient à la veille d’une tourmente.

Aussi décidèrent-elles de se concerter et de s’unir malgré les défenses royales.

Des délégués et des pasteurs des diverses régions protestantes du Midi se rencontrèrent.

Un projet " d’union " fut élaboré.

Isaac Homel, y adhéra et devint le directeur du mouvement de résistance en Vivarais (Ardèche).

En quoi consistait cette résistance ?

A continuer de s’assembler pour les cultes dans les lieux interdits.

Aux jours dits, des " assemblées " eurent lieu partout en plein air.

Les pasteurs y prêchaient en robe et rabat dans des chaires démontables ; les fidèles y assistaient et chantaient les psaumes comme dans les temples. Nul n’était armé. On ne se cachait pas.

Isaac Homel, qui résidait à Valence, après la démolition du temple de Soyons vint résider à Chalancon pour diriger le mouvement.

En quittant sa femme, il lui dit : " Adieu, ma mie, console-toi, je m’en vais au martyre. "

Alertées, les autorités réagirent aussitôt.

Quinze jours après les premières assemblées, le ministre Louvois écrivait : " Les troupes nécessaires pour punir les religionnaires du Vivarais sont en marche. "

De fait, deux régiments de dragons et trois régiments de cavalerie approchaient.

Comment empêcher que les protestants du Vivarais ne prissent les armes pour se défendre ?

Malgré les tentatives de pacifications et les promesses d’amnistie faites par l’intendant de la province, un premier combat eu lieu à l’Herbasse.

Quelques centaines d’hommes se trouvèrent aux prises avec les dragons (4000 hommes environ).

Les " Huguenots " durent s’enfuir dans les bois.

Une dizaine d’entre eux furent pris et pendus sur le champ.

Les troupes royales progressèrent le long de la vallée de l’Eyrieux, opérant partout de sauvages répressions.

Elles gagnèrent Chalancon.

C’était la défaite des protestants.

On décida d’accepter l’amnistie et ses conditions, mais les pasteurs en étaient exclus, et durent se cacher et fuir.

Le mercredi 29 septembre 1683, Isaac Homel et ses collègues franchissent l’Eyrieux.

Ils se dirigent vers Gluiras.

Homel et un jeune pasteur du Languedoc se proposent de passer dans cette province et là, de gagner un pays étranger.

Ils partent à cheval tous deux ; un guide les accompagne.

On marche de nuit. Au point du jour, Homel envoie le guide chez un nommé Amas, qui est prostestant, pour le prier " de leur donner retraite. "

Mais le guide est arrêté.

Le jeune pasteur qui accompagne Homel veut aller à sa recherche ; il est arrêté à son tour.

Les habitants du village sont alertés et Isaac Homel doit abandonner sa monture et se cacher dans les rochers.

" Le lendemain, étant sorti pour tâcher de poursuivre son chemin, Homel fut arrêté par un paysan qui lui demanda où il allait.

Et comme il se débarrassa de ses mains et se mit à courir, le paysan lui tira un coup de fusil qui ne le blessa pas, mais attira en ce lieu plusieurs autres paysans qui le saisirent et l’amenèrent au prince d’Harcourt, seigneur d’Aubenas, qui le fit enfermer dans son château. "

Voilà Isaac Homel, arrêté. Il fut aussitôt transféré à Tournon pour y être jugé.

Sur la route, à l’entrée du village de Charmes, il entrevit ses filles qui l’attendaient là, sachant qu’il allait passer, mais on ne lui permit pas de s’arrêter pour les voir.

A Tournon, le procès d’Homel fut rondement mené.

Accusé de rébellion aux ordres du roi, il fut condamné à être rompu vif sur un échafaud.

C’était le supplice de la roue, infamant et horrible.

En attendant l’exécution, Isaac Homel fut autorisé à recevoir la visite de ses filles et de quelques personnes qui purent recueillir ses dernières paroles.

" Le soir avant sa mort, il soupa comme à l’ordinaire ; après il dit sans paraître ému : " Voilà mon dernier " souper ".

Le reste de la nuit il dormit.

Deux heures avant le supplice il dit à un parent : " Ne soyez pas surpris de me voir joyeux, c’est aujourd’hui le jour de mon triomphe. "

Conduit sur la place de Tournon où la roue avait été dressée, devant une grande foule qui garnissait jusqu’au faîte des maisons, il éleva la voix et prononça de nobles paroles dans lesquelles il disait entre autres :

" Quand je considère les bontés de mon Sauveur d’avoir souffert volontairement la mort honteuse et douloureuse de la croix pour moi, je suis ravi en admiration et si j’avais mille vies je les donnerais agréablement pour l’amour de lui.

" Après ces paroles il récita des psaumes, puis s’étendit lui-même de bon gré sur la roue.

Le supplice dura trois heures et plus.

Au milieu d’intenses souffrances, Isaac Homel fit preuve de la patience et de la fermeté des martyrs chrétiens.

Il mourut dans la certitude qu’il allait à Jésus-Christ son Sauveur, et dans l’espérance de la résurrection.

Sa mort eut un grand retentissement, tant en France que dans les pays étrangers protestants.

Elle contribua à affermir la foi des fidèles et à donner à tous l’exemple de l’espérance des martyrs.

Jacques SERR d’après les travaux du Pasteur Samuel Mours

Un vieilllard extraordinaire

Une revue mensuelle très répandue intitule chaque mois un de ses articles : " L’être le plus extraordinaire que j’aie rencontré. "

Bien que nous ne soyons pas Américains, il nous arrive de rencontrer des personnalités qui sortent de l’ordinaire et nous donnent envie de leur ressembler.

Tel était M. Emile Pons.

Lors de notre première rencontre, il avait déjà quatre-vingt-cinq ans ; j’entends encore la voix sonore de ce bon vieillard, tout à fait sourd, qui levant les bras au ciel saluait le jeune pasteur et sa femme en train de faire les premières visites dans leur nouvelle paroisse par ces mots, criés à tous les échos : " Soyez les bienvenus, messagers de l’Eternel ! "

Et quel sourire ! Si la joie rayonnante est l’apanage de la jeunesse, notre octogénaire était étonnamment jeune.

Il était nîmois ; converti par le moyen de l’Armée du Salut, dans les temps héroïques, il avait une piété solide et virile, qui s’extériorisait volontiers, avec toute l’ardeur du salutiste fervent, et la délicieuse fantaisie d’un humour méridional plein de saveur, que l’âge n’avait nullement diminué.

Il m’avait un jour invité à dîner ; la conversation, à cause de sa surdité, se faisait sur un ton très élevé, coupée de silence.

En voici un échantillon :

- M. R…, vous ne savez pas ce que je fais tous les jours, vers deux ou trois heures du matin ?

- J’espère que vous dormez ?

- Eh non, Vous savez, à mon âge, on a parfois des insomnies. Alors je prie pour vous, et pour ce brave Albin (il s’agissait d’Albin Peyron, alors Commissaire de l’Armée du Salut, auquel il était apparenté), et pour tous les serviteurs de Dieu.

Et puis je prie pour les gens du village.

Je suis les maisons les unes après les autres, depuis le haut de la rue jusqu’en bas. (Un silence. Puis il prend un air contrit).

Seulement, parfois, je m’endors avant d’avoir fini…

- Heureux ceux qui s’endorment en priant !

- Oui. Mais vous avez bien lu, n’est-ce pas, que le Seigneur Jésus, lui, passait parfois tout la nuit en prière. Toute la nuit ! Vous avez bien lu cela ? …

- (Un silence) ? C’est qu’il était jeune, lui !

- Oui…

M. Pons vécut jusqu’à quatre-vingt-seize ans.

A quatre-vingt-quinze ans, il était encore moniteur de l’Ecole du Dimanche.

" Le plus vieux moniteur de France, " disait-il.

Et son groupe ne manquait ni de verve, ni de joie, je vous assure.

Il ne manquait jamais le culte.

Quelqu’un s’en étonnait car il n’entendait rien, à peine le chant des cantiques.

Mais une jeune fille de la paroisse s’asseyait à côté de lui.

" Ma brave Lotte, disait-il, m’indique dans la Bible le texte du Pasteur, et je me prêche un sermon à moi-même. "

Le soir de l’Ascension, en mai 1934, il était comme d’habitude au culte.

Le texte de la méditation était : " Les yeux fixés sur le Ciel…. " (Actes, chapitre 1, verset 10).

A la sortie je me tenais à la porte, pour serrer la main des fidèles.

Il s’approche, toujours plein de vie, et, au lieu de me serrer la main, m’embrasse sur les deux joues, puis s’en va, tandis que je pensais, un peu attendri, et à peine surpris : " Encore une fantaisie de ce brave M. Pons ! "

Mais dans la nuit il eut une attaque et, quelques heures plus tard, partait vers la gloire céleste.

Ce saint baiser d’adieu m’est resté comme une des plus précieuses grâces de mon ministère.

Que Dieu nous suscite des Emile Pons !

René DE RICHEMOND – En avant (28 avril 1951)

La cave où se lavent les bouteilles

Je fus pendant quelque temps employé dans une grande maison de commerce à Copenhague.

Il y avait dans cette entreprise une vaste cave, où se faisait le nettoyage des bouteilles, flacons et récipients qui devaient servir plus tard pour la vente des marchandises liquides de la maison.

Ce fut des chargements considérables de verrerie qui passèrent continuellement dans cette cave.

Il y en avait de toutes les formes, de toutes les mesures, de toutes les couleurs et de toutes les odeurs – eau de Cologne, liqueurs, vinaigre, acide, - liquides de toutes applications, quelques-uns aussi avec une étiquette de " tête de mort " pour indiquer que ce flacon ou ce récipient avait servi pour contenir un poison.

Sans distinction et sans ménagement, tous furent jeté dans une grande cuve d’eau pour y être trempés pendant quelque temps.

Après cela, chaque bouteille et chaque flacon passaient entre les mains d’une laveuse, qui les faisait passer dans l’eau chaude dans laquelle était dissoute une forte dose de cristaux.

J’observai alors quelque chose de particulier.

Les étiquettes simples des récipients d’un usage plus ordinaire se détachaient déjà dans le premier bain d’eau, et après le bain dans l’eau chaude, ils étaient prêts à être rincés dans l’eau propre et pouvaient ensuite servir.

Mais dans ce travail, les laveuses devaient faire un minutieux triage, car bon nombre de bouteilles portaient des étiquettes qui collaient si opiniâtrement aux verres et avaient une telle odeur, qu’il était nécessaire de les faire passer par un nettoyage spécial.

C’étaient en général les flacons de parfumerie et de certaines marques de liqueurs renommées, qui donnaient le plus de difficultés, et dans bien des cas, il fallait les traiter rudement avec une brosse métallique.

D’autres avaient laissé un dépôt infect au dedans, et il fallait, dans ces cas, employer le gros sel et les secouer énergiquement pour parvenir à rendre bien propre leur intérieur aussi.

Tout cela ne semble pas, à la première réflexion, présenter un bien grand intérêt.

Mais pour moi, ce fut une leçon de christianisme pratique, que je n’oublierai jamais.

Dieu désire faire de chacun de nous une vase d’honneur – un récipient qui lui appartient – sanctifié, utile à son Maître, propre à toute bonne œuvre (2 Timothée, chapitre 2, 21).

Notre forme extérieure et notre couleur peuvent différer ; cela n’a pas d’importance.

Ce qui compte, c’est le contenu du récipient et sa propreté.

Que de vies spirituelles gâchées, parce que les vases étaient malpropres.

Que d’erreurs et que d’accidents, quelquefois mortels même, parce que l’étiquette avait trompé ; le contenu était un poison de l’enfer au lieu d’être la substance de la vie divine en Jésus-Christ.

Quelles que soient notre vie, nos dispositions, nos étiquettes religieuses, notre extérieur ou notre intérieur, il nous faut tous passer par le même procédé de nettoyage – la même purification par l’œuvre accomplie par le Fils de Dieu ; il faut que nos âmes soient bien trempées dans la Parole vivante et efficace de Dieu.

Pour les uns – ceux qui sont sans prétention et sans complications - , les " étiquettes " tombent toutes seules au premier contact avec la Parole de vérité, et le nettoyage se fait assez rapidement.

Pour les autres, il y a tout un travail, et parfois un rude travail, à faire enlever les fines étiquettes fantaisistes d’une religion superstitieuse et idolâtre (et elle est terriblement tenace, cette colle qui est employée pour ces étiquettes-là).

Ou bien, les étiquettes décoratives de la vanité et de la recherche des plaisirs de la chair, qui elles aussi sont très lentes à disparaître.

Pour ne pas parler de toutes ces multiples odeurs : alcool, nicotine, parfums, produits de maquillage, etc... etc...

Tout doit passer au bain purificateur de la Parole de Dieu, et bien souvent le péché laisse un tel dépôt infect en nous que nous devons exiger une bonne mesure de ce " sel ", qui seul peut dissoudre et enlever les mauvaises dispositions de notre vieille nature pécheresse.

" Le sel est une bonne chose ", nous dit l’Evangile, mais à la condition qu’il conserve sa saveur.

Pour un peuple infidèle, idolâtre et perverti, Jérémie recevait un jour, dans l’atelier d’un simple potier, le message solennel concernant les vases qui ne " réussissent " pas, et comment le potier les rejette et en formera d’autres, qui " réussissent " mieux.

C’est souvent dans les circonstances les plus ordinaires et dans la situation où nous l’attendons le moins, que Dieu adresse aux hommes ses appels et ses avertissements les plus simples et les plus solennels.

Pour ma part, je bénis le Seigneur aujourd’hui pour l’enseignement reçu il y a une vingtaine d’années, dans cette " cave de nettoyage de récipients " à Copenhague.

Et si je vous en donne ici le récit, c’est uniquement dans le but qu’il vous serve, comme il a servi pour moi, d’illustration pour mieux comprendre l’œuvre de Dieu avec les hommes individuellement et avec les nations particulièrement.

Plaise à Dieu que notre peuple écoute et comprenne les avertissements qu’Il a multipliés à notre égard, afin que le terrible sort de Moab et de bien d’autres peuples nous soit épargné.

Ove FALG – Viens et Vois (juillet 1944)

Témoignage d'un métallo

Ben voilà…, commence-t-il avec des gestes gauches et timides.

Et il fait l’historique de sa pauvre vie dans un langage sans apprêt oratoire, mais combien vivant et poignant.

Fils d’un charbonnier de la Haute-Savoie, il devint ouvrier dans une grande usine métallurgique.

Père de famille, il se laissa aller à la boisson et devint un ivrogne invétéré, souvent en crises de délirium tremens.

- Je n’en voulais faire qu’à ma tête, avoue-t-il, et je gâchais tout.

Pourtant il voulait se libérer du terrible esclavage :

- Hélas ! Tous mes efforts désespérés n’ont abouti à rien.

Un jour un grave accident le conduisit à l’hôpital.

L’idée de suicide s’empara de lui quand il apprit qu’il ne pourrait sans doute plus se servir de ses jambes.

Le voyant très abattu, une religieuse lui parla de Dieu.

- Ma foi, c’était ma seule planche de salut, alors j’ai sauté dessus.

Malheureusement, il ne tint pas bon.

Et comme de juste, il échoue à l’Armée du Salut où il assiste à une réunion d’évangélisation.

Qu’est-ce qu’il entend ?

Le salutiste parle d’un ivrogne devenu sobre, un autre homme, ça l’intéresse, l’impressionne :

- Comment cette chose peut-elle se faire ?

- Par la conversion, dit le salutiste.

- La conversion ! … Frappé par tout ce que j’ai entendu ce soir-là, je m’amène au banc des pénitents !

Depuis c’est fini.

Vous pouvez demander à ma femme et à mes enfants, à mes voisins et à mes camarades d’usine : je suis devenu un autre homme.

Bien sûr ce n’était pas sans fluctuations.

A certains moments, il se sentait affreusement tenté, mais un salutiste lui dit :

- Quand tu passes devant un bistro et que tu te sens tenté, dis de tout ton cœur : " Jésus, Jésus ". Appelle-Le à ton secours et passe ton chemin.

Notre métallo suivit ce conseil ; il le trouva bon…

En avant (10 novembre 1951)

La photographie

Une jeune fille quitta le foyer familial, se perdit dans la vie trépidante d’une grande ville et, finalement, échoua dans une maison de honte.

Lorsque sa mère désolée apprit ce qui était arrivé, elle partit à sa recherche.

Elle emporta quelques-unes de ses propres photographies et en déposa une dans chaque maison de prostitution de la ville.

La jeune femme regarda un jour négligemment la photographie, qui était sur une cheminée, s’approcha et pâlit.

C’était le portrait de sa mère, avec ces mots : " Viens à la maison, signé maman. "

Elle quitta ce lieu et retourna dans les bras maternels.

Si la vie de Jésus a une signification, c’est la photographie de Dieu placée parmi ses enfants errants et pécheurs ; en travers est écrit : " Viens à la maison. "

C’est tout ; mais c’est assez.

Voilà la signification de l’incarnation.

C’est seulement Dieu qui dit à ses enfants : " Venez à la maison. "

Il est des bras dans lesquels les fils prodigues peuvent pleurer leur péché et leur honte – que ce soient des prodigues qui ont gâché leur vie dans le mal ou des prodigues qui ont perdu des occasions de faire le bien.

L’Evangile offre une occasion de tenter une seconde fois la chance ; c’est l’Evangile d’un nouveau commencement.

A la vitrine d’une boutique étaient écrits ces mots : " Aucune porcelaine n’est trop brisée pour être réparée. "

Sur l’Evangile entier est écrit : " Aucune vie n’est trop brisée pour être réparée. "

E. STANLEY – JONES

Invoque-moi … Je te répondrai !

Un scaphandrier se trouve en plongée dans le port du Cap.

Soudain un bras mystérieux s’enroule autour de sa jambe, un autre étreint son bras droit, un troisième enlace sa poitrine…

Jean Palmer est assailli par une pieuvre géante. Il est perdu ! … Non ! … Il tire de toutes ses forces la corde qui le relie à la surface.

Son ami répondra-t-il à temps ? …

Moments diaboliques, la pieuvre le regarde.

Là-haut, dans la barque, son ami actionne le treuil.

Jean Palmer commence à monter.

Mais la bête ne lâche pas prise. Elle l’étreint plus fortement encore en montant avec lui.

La lumière devient intense. La pression de l’eau diminue.

Le scaphandrier arrive à la surface.

Son ami doit se servir d’un couteau et même d’une hache pour couper bout après bout les terribles tentacules qui adhérent par des centaines de petites ventouses.

Enfin Jean Palmer est libre.

Livré à lui-même il était immédiatement perdu.

Mais son ami veillait, prêt à intervenir au moindre signal.

Ne vous semble-t-il pas que nous sommes souvent assaillis par une pieuvre plus terrible encore ?

La pieuvre du mal sous ses mille et une formes.

La pieuvre des adultères, la pieuvre de l’alcool, la pieuvre du mensonge, du vol, de la haine, la pieuvre horrible du découragement et du doute…

Ne vous est-il jamais arrivé de soupirer après la délivrance de telle passion dégradante ou de sentiments coupables qui vous tourmentaient ?

Comme le scaphandrier nous sommes impuissants.

L’ennemi de nos âmes nous a liés.

Du haut du Ciel, Jésus-Christ veut intervenir.

Il attend que nous tirions la corde de la prière.

Alors Il nous attire à Lui et Il brise les chaînes de nos passions.

Voici ce qu’Il nous déclare :

" Quiconque se livre au péché est esclave du péché. Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres. "

Votre sort est peut-être bien plus tragique que celui du scaphandrier.

Celui-ci connaissait l’ami qui était dans la barque, tandis que vous ne connaissez Jésus-Christ que de nom et peut-être doutez-vous-même de son existence.

Ou, si vous admettez qu’Il est ressuscité comme l’Evangile le raconte, et qu’Il est monté au Ciel, vous ne croyez cependant plus à Son Amour où à Sa Puissance de vous sauver.

Un de mes amis, légionnaire en Algérie, s’est trouvé dans votre cas.

Il avait décidé de s’ôter la vie. Pourtant au moment d’accomplir l’acte fatal, il se souvient de sa mère qui a si souvent prié pour lui, et il lui vient cette pensée : " La prière, si tu essayais ce truc-là. "

Il veut prier, mais ne sait que dire… ; et bientôt, de sa voix grave, il articule cette requête émouvante : " O Dieu, si tu existes, prends-moi parce que moi j’en ai marre ! "

Le lendemain par un concours de circonstances tout à fait providentiel, un camarade lui remet un livre qui lui fera connaître le grand Libérateur.

Jésus-Christ, notre ami céleste, a entendu et exaucé le S.O. S. du légionnaire.

Celui qui avait été lié par la pieuvre du péché a été délivré par notre puissant Sauveur.

Un soldat de l’armée américaine a été parachuté dans le nord de la Chine et les Japonais l’ont fait prisonnier.

Pendant des mois ceux-ci l’affament lentement ainsi que ses camarades.

Il conçoit une haine farouche à l’égard de ses ennemis.

Puis il commence à lire la Bible et le message d’amour de cette Bible le bouleverse.

Il demande à Dieu de pardonner ses fautes.

Il croit que Jésus-Christ, mourant au Calvaire, a porté ses péchés.

Il accepte la grâce divine. Bientôt son cœur est rempli d’amour pour ses bourreaux.

A l’armistice, il rentre aux Etats-Unis.

Après sa convalescence il se prépare à retourner au Japon comme missionnaire.

Jésus-Christ a tué la pieuvre de la haine et a donné à ce soldat d’aimer ses ennemis.

Au lieu de bombes, il apportera des Bibles aux Japonais.

J’aimerais m’adresser à vous, chers amis chrétiens, qui depuis longtemps peut-être avez reçu Jésus comme votre Sauveur.

Plusieurs bras de la pieuvre ont été coupés déjà.

Vous avez été délivrés de certaines passions, et cependant l’un des bras visqueux de la pieuvre est encore accroché à votre âme.

Jésus-Christ veut vous en libérer.

Laissez-le faire. Renoncez à tout péché connu.

Acceptez la victoire que Jésus vous offre maintenant.

Non seulement Jésus veut nous délivrer de l’étreinte mortelle du péché, mais Il veut encore intervenir dans toutes nos circonstances, nous sauver de toutes nos détresses.

Voici sa promesse : " Invoque-moi au jour de la détresse, je te délivrerai et tu me glorifieras. "

Durant la guerre une forteresse volante prit feu par l’explosion d’un ballon d’oxygène.

L’équipage put s’enfuir en parachute.

Privé du sien par la violence de l’explosion, le pilote, condamné à rester dans l’avion en feu, essaya d’atterrir sur la côte anglaise.

L’avion était encore à 1000 mètres d’altitude.

Les commandes de l’appareil étaient endommagées.

Les bombes qu’il transportait pouvaient sauter d’un moment à l’autre.

Dans la nuit noire, le pilote parvint à se poser sur un champ miné et à se sauver avant l’explosion de sa charge meurtrière.

Voici ce qu’il a déclaré à la presse : L’homme qui est là-haut, c’est lui qui m’a fait atterrir. Je lui ai parlé, je lui ai beaucoup parlé et il doit m’avoir entendu…

Cette expression toute laïque peut nous surprendre.

Elle exprime l’absolue conviction du pilote qui devait son salut à une intervention divine.

En parlant ainsi, le lieutenant Vinson n’a pas voulu manquer de respect à son Créateur.

Son allusion à " L’Homme qui est là-haut " est conforme à l’enseignement du Nouveau Testament.

Vous vous souvenez peut-être de cette déclaration du martyr Etienne, quelques années après l’ascension de Jésus-Christ : Je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu.

Ailleurs encore il est écrit : Jésus-Christ est toujours le même, hier, aujourd’hui et éternellement. Il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par Lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur.

Comme le scaphandrier :

Enlacé par la pieuvre a tiré la corde qui le reliait à son ami resté dans la barque, vous, chers amis, qui êtes liés par la pieuvre de la désobéissance à Dieu sous toutes ses formes, tirez la corde de la prière.

Invoquez Jésus-Christ, votre Ami céleste, et Il vous délivrera de la chaîne de vos passions.

Comme le légionnaire :

Criez à ce Dieu que vous ne connaissez pas, en qui vous croyez à peine, et Il se révèlera dans votre vie.

Comme le parachutiste américain :

Lisez la Bible ! Croyez à ses promesses.

Obéissez à ses ordres.

Et Dieu transformera vos cœurs.

Comme le pilote de la forteresse volante :

Suppliez Dieu de venir à votre secours dans toutes vos détresses, car Il a dit : Invoque-moi au jour de la détresse, Je te délivrerai et tu me glorifieras.

Ernest LORENZ – L’appel du Maître

La lanterne du garde-voie

La ligne de chemin de fer gravissait en cet endroit une côte abrupte.

Au haut du talus de rocailles se trouvait la petite loge qu’on avait posée à l’abri du rocher, et, dès la tombée de la nuit, André, le garde-voie s’y portait avec sa lanterne.

Il y restait jusqu’au matin, solitaire au milieu des ténèbres et du silence.

Les trains étaient rares et passaient devant la niche d’André sans que personne ne prit garde à lui.

Il avait pour unique tâche de veiller à ce que rien sur la route ne vint compromettre la sécurité des voyageurs.

Combien les nuits étaient longues, même les plus belles nuits étoilées, jusqu’à ce qu’un filet d’une pâle clarté annonçât l’aurore !

André était illettré, mais il avait été à l’école de la nature ; il savait observer, réfléchir, penser, et son esprit ne restait point inactif.

Dans son isolement, dans son existence si simple et si monotone, il s’était instruit lui-même de bien des choses ; il savait admirer ; parfois il priait.

Une certaine nuit, dont nous allons faire l’histoire, l’âme d’André se trouvait en proie à une effroyable tempête ; un immense chagrin l’avait récemment atteint, son cœur était dans le deuil et en révolte ; tandis que le silence régnait autour de lui, le tumulte était dans ses pensées.

Peu à peu une amertume poignante avait allumé chez lui une sourde colère, qui s’exprima par des paroles incohérentes ; dans son exil, loin de tout voisinage, il ne songeait à les réprimer.

Tandis qu’il était ainsi travaillé dans son esprit, quelqu’un se dirigeait lentement et sans bruit vers lui.

Il y avait au pied de la montagne un élégant château, et minuit avait sonné, qu’une lumière brillait encore à l’une des fenêtres.

Dans cette chambre, un étranger, hôte de la maison, homme d’âge mûr, ne pouvait songer à dormir ; lui aussi était agité par de pénibles pensées.

Regardant au dehors, son attention avait été attirée par la petite lumière qui brillait à mi-hauteur de la colline.

La lanterne du garde-voie l’intrigua et, fatigué de son insomnie, il se décida à aller voir ce que pouvait être ce point lumineux en un endroit si désert, si peu accessible.

Il se glissa hors de la maison et se dirigea, dans les demi-ténèbres d’une belle nuit, vers un petit sentier en zigzags qu’il avait remarqué dans ses promenades.

Il avait lentement gravi ce chemin sinueux à travers les roches dévalées et il arrivait près du but qu’il s’était proposé, quand il entendit une voix qui parlait avec passion.

L’homme à la lanterne étendait ses deux bras vers le ciel, et sa silhouette se détachait sur l’espace qu’éclairait la lanterne, cachée par la saillie du rocher.

L’étranger s’arrêta pour écouter.

- Oh ! Seigneur Dieu ! disait la voix ce n’est pas juste ce que tu as fait. Nous n’avions que cet enfant pour nous donner un peu de bonheur. En quoi t’avons-nous offensé ?

Jeanne et moi avons toujours rempli notre devoir. Quel reproche méritons-nous ?

Nous n’avons jamais ni juré, ni bu, ni porté faux témoignage ; nous rendions service à qui nous pouvions.

Depuis notre mariage nous avons été à l’Eglise sans manquer et à la communion.

Pourquoi donc as-tu repris notre chère petite ?

Oh ! Seigneur Dieu, est-ce que nous ne l’élevions pas bien ?

En quoi avons-nous péché ?

Si nous étions en faute, tu pouvais nous le faire savoir d’une autre manière.

Si tu n’expliques pourquoi tu as frappé, à quoi servait de nous affliger ?

Faudra-t-il que nous renoncions à te servir ?

Les bras s’agitaient et l’accent du pauvre homme devint plus amer, plus frémissant.

Sa querelle avec le Tout-puissant s’envenimait.

Voilà Thomas, notre voisin, qui boit tout l’argent de sa paie, qui bat sa femme et ses enfants ; nous n’en avions qu’un, et tu nous le reprends !

Que peux-tu me répondre à cela, ô Dieu ! ô Seigneur ! Il n’y a pas de raison à ce que tu as fait. Parle, justifie-toi ou je blasphémerai et j’irai à la mort !

Que m’importe maintenant ! Je ne tiens plus à rien ! Dis ! Comment peux-tu supporter la vue de cette mère qui se désole là-bas sur son lit, en ce moment même, ne comprenant rien à ce que tu nous as fait ?

Qu’ai-je besoin d’un Dieu comme toi, sans pitié, sans justice ?

O ma pauvre petite chérie, il me la faut, il me la faut ?

Où est-elle la mignonne enfant ?

Réponds ! Ici, dans la nuit, nul ne nous entend, ne parleras-tu pas ?

A ce moment, le visiteur inattendu jugea à propos de se montrer.

Il fit quelques pas jusqu’à ce que la lanterne l’éclairât.

André fut tout interdit.

Il se demandait d’abord si Dieu lui envoyait un messager, mais ayant considéré l’intrus qui voilait si inopinément sa retraite, il le reconnut pour l’avoir rencontré plus d’une fois.

Il y eut une explication, puis André reprit sa plainte :

- Vous m’avez entendu ! Il y a deux mois que j’ai perdu ma petite fille, et je ne puis m’en consoler. Comment Dieu a-t-il pu me la reprendre ? Pourquoi s’est-il plu à nous traiter ainsi ?

- Ecoutez, mon ami, dit l’étranger, moi aussi j’ai une plainte à faire entendre. Chez moi, nous étions de même à trois ; nous avions un fils qui était notre espoir, notre gloire, nous rêvions pour lui de grandes choses ; ce fils n’est pas mort, mais bien pis que cela, il est enfermé dans une des cellules du pénitencier.

Il nous a déshonorés, il nous a brisé le cœur, et sa mère en est morte de chagrin.

Je crois que ma peine est plus grande que la vôtre.

Dans deux mois d’ici, j’irai rejoindre ce fils à sa sortie de prison, je m’y prépare avec douleur.

Voilà ce qui me tient éveillé les nuits, ce qui ne me laisse à aucun moment ni paix, ni repos.

Quel âge avait-elle votre enfant ?

- Neuf ans, monsieur, et si vous saviez comme elle était jolie, la chérie ; on eût dit un ange !

- Peut-être que Dieu vous l’avait laissée jusqu’à cet âge pour que vous sachiez un peu ce que c’était qu’un ange et pour vous faire penser au ciel.

- Vous croyez, monsieur, mais vous, avec votre fils…. Qu’en dites-vous ?

- Eh bien, mon ami, j’ai, grâce à Dieu, un message pour ce fils. Sa mère, avant de mourir, m’a fait promettre de faire en sorte de lui amener son garçon là-haut.

J’étais un bien pauvre chrétien, et pour pouvoir répondre à ce vœu de ma défunte, j’ai dû d’abord chercher Dieu ; j’ai voulu me mettre à la hauteur de la tâche qu’il m’a confiée.

C’est un premier bienfait du coup cruel qui nous a frappés.

Je suis certain maintenant que là où est allée ma femme, j’irai moi-même.

Ce fils, que je destinais à une position brillante dans le monde, je le conduirai à Dieu.

L’humiliation qu’il nous a fait subir et qui lui a été infligée sera son salut.

J’en suis venu à dire que Dieu fait bien ce qu’il fait. Nous l’avions oublié, Il nous a ramenés à lui.

- Alors, vous croyez qu’on peut se retrouver dans le ciel ?

- C’est mon vif sentiment.

- Si nous pouvions être sûrs de la revoir un jour notre petite, ce serait une grande consolation.

- Dieu nous appelle à nous rencontrer tous autour de son trône. Si nous nous y préparons, notre attente ne sera pas trompée.

- Ah ! … fit André. Eh bien, il me tarde que le matin soit là ; il pointe déjà ; je suis pressé d’aller parler de cela à ma pauvre Jeanne. Si la petite nous attend là-haut, nous allons demander à Dieu ensemble qu’il nous conduise vers elle.

Désormais André, le garde-voie, fera son chemin éclairé par une espérance, l’espérance des chrétiens.

(Paix et Liberté)

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