Prisons bolchéviques

Je recommande vivement aux lecteurs de " l’Ami " le bel ouvrage : Mes vingt-six prisons et mon évasion de Solovki par Youri Bersonov, ancien capitaine de cavalerie de la division caucasienne dit " division sauvage ", traduit du russe par E. Semenoff, avec 9 illustrations hors texte et 4 cartes ; éditeur : Payot, 106 boulevard Saint Germain, Paris ; 20 francs ; 1928.

Ce livre a l’attrait d’un roman par ses péripéties, l’utilité de l’histoire par ses renseignements, vécus, sur la Russie actuelle, la gravité édifiante de la mystique par le tableau d’une âme s’élevant dans la souffrance et par la lutte à l’union avec le Christ.

En compagnie de Bersonov, ceux qu’intéresse le spectacle de la vie russe aux prises avec la vie bolchévique se rendront aisément compte que les hommes qui s’imposent aujourd’hui à l’U.R.S.S. n’ont pas ce qu’il faut pour réaliser le progrès dont ils se vantent, bien à tort, d’être les initiateurs.

Ils sont inférieurs à une pareille tâche, les effets sont là pour en témoigner.

Ce n’est pas sur la délation, l’espionnage et la terreur que l’on édifie des sociétés prospères et durables.

Le tsarisme croule pour en avoir trop usé.

Ainsi en sera-t-il du bolchevisme qui, à le bien prendre, n’est que du tsarisme renforcé, et pire encore que l’ancien.

Lisez Bersonov et vous verrez…

Je transcrirai un passage seulement, extrait du chapitre 22, Solovki, p. 190 – 191 :

" La porte du wagon fut ouverte et on entendit dans le corridor les pas de plusieurs hommes.

On portait quelque chose…

On s’arrêta près du compartiment…

Des jurons retentirent…

- Mais, quoi ! Pas besoin de faire des cérémonies ! …

- Jette-la par terre…

- Quelque chose de lourd, de mou, frappa le plancher.

- Prend la corde ! … Tire ! …Cria la même voix.

Et de nouveau un piétinement.

Je m’approchai de la grille et je vis : dans l’étroit corridor, se tenant de côté, le bras étendu, le convoyeur avançait à petits pas.

A sa main droite était enroulée une corde par laquelle il traînait une femme inanimée pieds et mains liés, avec sa robe déchirée à la poitrine.

Il y avait huit femmes dans mon wagon.

Celle-ci lorsqu’on avait voulu l’emmener de la prison n’avait pas voulu partir.

Alors on l’avait battue, ligotée et malgré le froid atroce, on la jeta telle que, sans manteau, dans le traîneau et on l’amena à la gare.

En chemin, elle perdit connaissance.

" Une autre, en cours de route, nous raconta son histoire :

C’était une paysanne veuve.

Elle avait un enfant qu’elle nourrissait au sein.

Manquant de pain, elle quitta son village et se plaça comme nettoyeuse dans une école.

Le directeur de l’école était communiste.

Dès son entrée au service, il se mit à la poursuivre de ses assiduités.

Elle lui résista et il se vengea d’elle.

On l’accusa de faire de la contrebande, on l’arrêta, et elle resta longtemps en prison, puis, - il y avait un an de cela, on la déporta à Solovki.

Ne voulant pas se séparer de son enfant, elle le prit avec elle.

Mais on n’admet pas les enfants à Solovki et on la renvoya par étapes à Pskov après l’avoir assurée qu’on y réviserait son affaire et que, peut-être, on l’acquitterait.

A Pskov, on fit semblant de l’interroger.

Ne soupçonnant rien elle laissa son enfant à la garde d’une de ses codétenues et se rendit à l’appel du juge d’instruction.

Il lui posa des questions quelconques et la renvoya dans sa cellule : elle ne revit plus son enfant.

Et voici qu’on la transportait pour la seconde fois à Solovki.

G. H.

Nouvelles et faits divers

En Russie

On annonce que par décision du gouvernement des Soviets, le mariage, sous quelques formes que ce soit, est officiellement et définitivement aboli.

Après le mariage religieux, le mariage civil, même sous la forme sommaire d’une simple déclaration des époux consignée sur un registre.

Désormais, l’Etat soviétique ignorera donc ce qui partout ailleurs est considéré comme le fondement de la famille et de la société.

C’est le retour pur et simple à l’animalité ou plutôt à la sous animalité, puisque certains animaux supérieurs manifestent, à défaut de loi morale, une sorte d’instinet assez noble pour leur permettre de fonder de véritables familles.

Doux pays !

Pour la Russie 1930

Devant toutes les douleurs et les souffrances qu’endure la Russie, auxquelles s’ajoutent des persécutions dirigées contre les croyants et contre toutes les Eglises chrétiennes, et qui dépassent ce qu’ont commis les siècles passés, nous nous sentons remués dans le fond de notre être.

Mais ce n’est pas parce que nous sommes impuissants qu’il faut être impassibles !

Il nous reste la puissance de la prière…

Crions à Dieu en faveur des " persécutés ".

"Souvenons-nous de ceux qui sont dans les liens, comme si nous étions prisonniers avec eux. "

Ce n’est pas faire de la politique que de prier pour ceux qui sont malmenés et qui meurent de froid, de faim, ou de mauvais traitements.

Que de nos cœurs, de nos maisons, de nos temples montent vers le Père de la famille humaine des prières d’ardentes intercession en faveur de cette malheureuse Russie.

F. CHRISTOL

En Russie

" Le journal de Genève du 12 mars " rapporte le récit d’un des nombreux paysans russes qui ont passé la frontière polonaise.

Ce paysan, nommé Gromovitch, s’est enfui de Russie avec sa femme, ses quatre enfants et la grand-mère âgée de 70 ans, à cause des persécutions religieuses.

Il raconte qu’on a fermé l’église de son village natal, Slobodka, et arrêté le prêtre.

Un détachement de troupes du Guépéou arriva le 1er mars à Slobodka, arracha le prêtre de sa prison, le déshabilla et le pendit par les mains à un arbre, menaçant de pendre aussi quiconque oserait sauver le pope.

Gromovitch a ajouté que, dans le village voisin, le prêtre avait été cloué par les tchékistes aux portes de l’autel et ensuite fusillé.

Le " Temps " du 12 mars rapporte, d’après une conférence du Rév. Edmund Walsh, vice-président de l’Université de Georges-Town, de retour d’un voyage en Russie, les effroyables tortures infligées aux évêques de Belgorod et Youref, aux archevêques de Parm, de Feofan, de Veroney, et à 160 prêtres du diocèse de ce dernier.

Voici enfin, d’après la " Christliche Welt " du 15 mars, le questionnaire inquisitorial qu’on fait remplir aux enfants russes, dans les écoles, avec interdiction de le porter chez eux.

Un jeune élève sut, toutefois, en transcrire les questions en cachette.

1 – A quelle nationalité appartiens-tu ?

2 – Quelle est la profession de tes parents ?

3 – Quels sont, chez toi, ceux qui vont à l’Eglise ?

4 – Vas-tu toi-même à l’Eglise ?

5 – Te force-t-on à aller à l’Eglise ?

6 – As-tu réussi à faire valoir ton droit, et à ne pas aller à l’Eglise ?

7 – Portes-tu une croix sur la poitrine ? Si oui, pourquoi ?

8 – Pries-tu ?

9 – Comment te trouves-tu de la suppression du dimanche, et qu’en pensent tes parents ?

10 – T’es-tu fait inscrire au cercle anti-religieux ? Si non, pourquoi ?

Choisissez aujourd'hui

Lecture proposée : " Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : ou les dieux que vos ancêtres adoraient … ou l’Eternel " (Josué, chapitre 24, verset 15).

Un endroit en Suisse est appelé un peu pompeusement : " le milieu du monde. "

Pourquoi ?

Parce que c’est une ligne de partage des eaux.

Les gouttes de pluie qui tombent d’un côté de la ligne s’en iront vers la mer du Nord, celles de l’autre côté partiront vers la Méditerranée.

Si elles avaient, comme nous, la facilité de choisir…

Il y a ainsi dans la vie, des moments cruciaux, comme ces lignes de partage des eaux, où se décide l’avenir pour toute l’existence.

Au début du 20ème siècle, deux jeunes Juifs russes vivaient à New-York.

Un dimanche après-midi, ils furent invités tous deux à une réunion dans une petite chapelle méthodiste de la Cité.

L’un d’eux, Abraham Silberstein, se rendit à cette réunion, il entendit l’Evangile et accepta Jésus-Christ comme son sauveur.

Il devint missionnaire parmi ses anciens coreligionnaires.

L’autre jeune homme refusa l’invitation.

Il retourna plus tard en Russie et voua sa vie au communisme athée.

Il entra dans l’histoire sous le nom de Léon Trotsky.

Après quelques temps, il tomba en disgrâce dans son parti.

Il s’enfuit au Mexique où il fut assassiné en 1940.

Qui sait si aujourd’hui n’est pas un de ces jours de décision pour vous – dans une grande ou petite affaire ?

Mais les petites décisions préparent les grandes et les orientent dans un sens ou dans l’autre.

A. KUEN

Un dégoûté

Paris, le 22 août.

M. Paul Marion, ancien membre du Comité Central du Parti Communiste, ancien chef de la section d’agitation et de propagande du parti communiste, vient de donner sa démission.

Il a fait connaitre sa décision par une lettre à l’" Humanité ", qui s’est bien gardée de la publier.

Nous en extrayons les passages suivants :

Un séjour récent de quinze mois en Russie (novembre 1927 – février 1929) et une année de collaboration au " Rominter " me donnent l’absolue certitude que votre activité démagogique et néfaste ne procède pas d’erreurs passagères.

Elle a sa source dans la conception irrémédiablement fausse que les dirigeants de l’U.R.S.S. et de l’Internationale se font de l’évolution économique et politique du monde, du mouvement ouvrier et de la situation même de leur propre pays.

En effet, après plusieurs mois de présence en Russie, quand j’ai pu m’entretenir directement avec des ouvriers et des petites gens de là-bas, il m’est apparu – et de plus en plus clairement au fur et à mesure que je poursuivais mon enquête dans toutes les couches de la société soviétique – que, derrière la façade " dictature du prolétariat et construction du socialisme ", façade admirablement composée (et j’avoue que je m’y suis laissé prendre au début comme les autres) se cachait la plus cruelle et la plus désolante réalité.

La domination d’une caste de quelques millions de bureaucrates de toute espèce et de toute taille – depuis Staline jusqu’au dernier correspondant de village – sur un pays qu’elle maintient dans la misère économique et morale par sa politique insensée et sa dictature absolue, inquiète, inquisitoriale et qui va s’aggravant avec les années.

J’ai vu des ouvriers, anciens membres du parti, combattants révolutionnaires en octobre 1917, qui considéraient onze ans après comme la plus grande bêtise de leur vie le fait de s’être battus " pour prendre le pouvoir. "

J’ai vu des techniciens chargés d’établir le fameux " plan économique de cinq ans ", honteux des statistiques et des pronostics qu’on les avait contraints d’établir, m’affirmer : " avec le divorce croissant qui se créé chez nous entre l’industrie et l’agriculture, la ville et le village, ce n’est pas au socialisme que nous allons, mais au précapitalisme et à la barbarie. "

C’est tout dire : Il n’y a en Russie ni dictature du prolétariat, ni construction du socialisme, mais dictature d’une caste et enterrement du socialisme.

(Le Nouvelliste de Lyon, vendredi 23 août 1929)

Pour copie conforme : Goerges HEBERT

261 - La création

Sir James SIMPSON - Inventeur des appplications du chloroforme En janvier 1...

262 - Le péché et son remède

Le mensonge et la vérité Un jour, un Mensonge s’échappa de son enclos et pa...

263 - Si Jésus venait chez toi

Si Jésus venait chez toi " Si quelqu’un entend ma voix et ouvre sa porte, j...

264 - Choisir la bonne voie

La femme malade depuis douze ans C’est sous ce titre que les Evangiles de M...

265 - L'aventure extraordinaire d'une Bibl...

L'aventure extraordinaire d'une Bible Une histoire véridique racontée par l...

266 - Le plus grand trésor du monde

Le plus grand trésor du monde Il existe beaucoup de livres utiles et profit...

267 - Sophie GOBAT

Sophie GOBAT " La mémoire du juste sera en bénédiction " (Proverbe, chapitr...

268 - Marguerite MARGE

Marguerite Par une journée étouffante de chaleur je partis pour faire ma to...

269 - Evangéline ou les cieux ouverts

Evangéline ou les cieux ouverts (1) - Mort triomphante d'une jeune chrétien...

270 - A la mort d'un enfant

A la mort d'un enfant " Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ?...

271 - Cinquante ans de marche avec Dieu

Cinquante ans de marche avec Dieu Avant propos Asa Mahan né en Amérique le...

272 - La Bible, sa nature et son usage

La Bible, sa nature et son usage par les catholiques Qu'est-ce que la Bible...

273 - Marguerite ou une étrange requête

Marguerite ou une étrange requête Une requête des plus singulières en effet...

274 - Pépita

Pépita Histoire vraie d’un grand artiste. On n’était encore qu’au début du...

275 - La seconde venue de Christ

La seconde venue de Christ Aux temps apostoliques, les disciples furent con...

276 - Russie, pays de l'est

Prisons bolchéviques Je recommande vivement aux lecteurs de " l’Ami " le be...

277 - Dieu en Chine

Plus que des passereaux Une simple et authentique histoire chinoise. Un mat...

278 - Histoires d'enfants

Mots d'enfants Un petit garçon de la ville était, pour la première fois, en...

279 - La vie chrétienne normale

Dieu vous cherche Lecture proposée : " Dieu était en Christ, réconciliant l...

280 - Jésus au secours des pauvres

Le vieux manteau - N’aurez-vous donc pas un manteau neuf cet hiver ? le vôt...