Education familiale

D’un article de l’Education Nationale, qui fait cette citation de Francisque Sarcey :

" J’ai été vertement battu dans mon enfance, et je sais un gré infini à mon pauvre père qui était bien le plus brave homme du monde, d’avoir dompté sa faiblesse naturelle pour corriger et redresser mon caractère.

J’étais né têtu, mais d’un entêtement invincible, d’un entêtement de mule buté à un obstacle.

On avait d’abord essayé de me priver de nourriture. Je serais mort de faim plutôt que de céder. Mon père me faisait venir et me disait doucement :

- Veux-tu lire ?

- Non, je ne veux pas lire.

- Très bien, mon ami.

Et doucement, sans se mettre en colère, il me rouait de coups et me renvoyait dans mon petit coin où je hurlais à mon aise.

Une demi-heure après, il me rappelait du même ton tranquille.

- Veux-tu lire ?

- Non, je ne veux pas lire.

- Bon, mon ami.

Et doucement, sans se mettre en colère, il me rouait d’une telle tripotée que je m’écriais, vaincu :

- Je veux bien lire.

Là-dessus, on m’embrassait, on me félicitait et je lisais.

C’est ainsi que l’on a eu raison et assez vite de mon obstination.

J’en devrais faire autant avec Jacques ; je n’en ai pas le courage.

C’est pourtant mon père qui avait raison.

Nous devrions, puisque nous sommes trop faibles pour exercer nous-mêmes ce droit de punir, le remettre aux mains des chefs d’institution.

Ah, bien oui !

Si une mère française apprenait que son fils a reçu un coup de règle sur les doigts, elle pousserait des cris d’aigle et ferait destituer l’imprudent professeur !

A la bonne heure !

Mais nos fils font ce qu’ils veulent et ils se moquent de nous ; nous leur préparons bien des chagrins et je ne sais pas s’ils ne nous en voudront pas un jour de notre lâcheté. "

Que c'est dur !

- Que c’est dur de n’avoir que la soupe à manger, lorsque les autres mangent toutes sortes de bonnes choses ! murmurait tout bas le jeune Francis en tenant dans ses mains son assiette pleine.

- Que c’est dur d’être obligé de se lever de bonne heure par les froides matinée d’hiver et de travailler péniblement tout le jour lorsque tant d’autres jouissent à l’aise de la vie, sans rien faire !

Et que c’est dur d’être forcé de toujours piétiner dans la neige lorsque tant d’autres ont des voitures à leur disposition pour faire leurs courses !

- Mais dis-donc, au contraire, répartit sa grand-mère tout en s’asseyant pour tricoter, dis que c’est une grande bénédiction d’avoir quelque chose à manger lorsque tant d’autres ont faim ; et une grande bénédiction aussi que de jouir de la vue, que d’entendre de ses oreilles et que d’avoir des forces nécessaires pour le travail de chaque jour lorsque tant d’autres sont aveugles ou sourds ou infirmes !

- Alors, rien ne te semble dur, grand-mère ? répliqua l’enfant d’un ton peu satisfait.

- Si, il y a au contraire, quelque chose qui me parait bien dur !

- Ah ! ah ! et quoi donc ? ajouta le garçonnet qui s’imaginait que sa grand-mère allait lui donner finalement raison.

- Ce qui est dur, mon enfant, et très dur, c’est le cœur qui n’éprouve aucune reconnaissance envers Dieu pour les bénédictions si grandes et si nombreuses qu’Il lui accorde… ; et auxquelles ce mauvais cœur ne veut pas prendre garde !

Mots d'enfants

Jack – Maman, est-ce que c’est Dieu qui t’a fait ?

Maman – Oui, mon chéri.

Jack – Et papa aussi ?

Maman – Oui.

Jack – Et ma sœur aussi ?

Maman – Certainement, petit questionneur.

Jack – Il a toujours fait de mieux en mieux, n’est-ce pas ?

Le père de Dédé gronda un jour monsieur son fils d’être le dernier de sa classe.

Le petit garçon regarda son père sans componction et dit :

- Mais papa, je croyais que tu serais content parce que, vois-tu, je ne puis descendre plus bas.

Robert désirait depuis longtemps deux choses : un petit frère et un couple de lapins blancs.

Or, il arriva que les choses convoitées vinrent le même jour.

Cependant, ce n’était pas exactement comme Robert le souhaitait car il vint deux petits frères et seulement un lapin.

Robert fut absolument vexé d’une pareille erreur.

Le lendemain, son père trouva attaché à la grille d’entrée l’avis que voilà :

A vendre : un gros bébé ; ou je l’échangerais contre un lapin blanc.

On demanda à un enfant qui il aimait le plus, son père ou sa mère ?

Il donna vite cette sage réponse : je les aime le plus tous les deux.

Un petit garçon dit un jour à sa mère :

- J’aurais bien aimé vivre du temps de notre Sauveur pour faire quelque chose pour lui.

- Qu’est-ce qu’un petit enfant comme toi aurait pu faire ?

- J’aurais fait ces commissions.

- Monsieur, dit un jeune garçon en s’adressant à un armateur bien connu, dans un des entrepôts de Boston, avez-vous un emploi vacant sur votre vaisseau ? je voudrais gagner quelque chose.

- Que sais-tu faire ? demanda l’armateur.

- Je puis essayer de faire de mon mieux ce que l’on ne donnera à faire, répondit l’enfant.

- Mais qu’as-tu fait jusqu’à présent ?

- J’ai scié et fendu tout le bois de ma mère depuis près de deux ans.

- Et qu’est-ce que tu n’as pas fait ? demanda encore l’armateur.

- Eh bien ! monsieur, répondit le jeune garçon après une courte pause, je n’ai pas chuchoté une seule fois à l’école de toute l’année.

- Voilà qui suffit, mon garçon ; tu peux t’embarquer à bord de ce navire ; et j’espère t’en voir le capitaine un jour ! un garçon qui peut faire façon d’une pile de bois et tenir sa langue en bride a en lui l’étoffe d’un homme.

La mère – Toto, pourquoi bébé crie-t-il ?

Toto – Il est en colère contre moi, maman, parce que je voulais le faire sourire avec ta brosse à dents.

Le petit Jean allait pour la première fois à l’école maternelle.

On commença comme d’habitude par une prière.

Tous les petits se mirent à genoux, sauf Jean.

- Agenouilles-toi, Jean, comme les autres, lui dit la maîtresse.

- Oh ! moi dois pas, paque-moi a des pantalons tout neuf …. Répondit le bambin.

La petite Marguerite vient de commencer sa vie d’écolière et trouve qu’elle a déjà beaucoup appris.

L’autre jour, en rentrant, elle était songeuse.

- A quoi pense ma petite fille ? lui dit sa mère.

- Maman, crois-tu que je sache maintenant autant de choses qu’il y a de choses que je ne sais pas ? questionna-t-elle.

Je suis décidé à mourir riche

La phrase ci-dessus tomba des lèvres d’un homme, dans des circonstances étranges.

Un vaisseau appelé le Britannia échoua contre des écueils sur la côte du Brésil.

Un gros chargement de dollars et d’argent était à bord.

Dans l’espoir de sauver au moins une partie du trésor, un certain nombre des barils qui le contenaient furent apportés sur le pont.

Mais le navire s’enfonçait si rapidement que la seule chance d’échapper à la catastrophe était de mettre les chaloupes à la mer sans perdre un instant.

Au moment où la dernière chaloupe allait s’éloigner, un officier fut encore envoyé à bord pour s’assurer que personne n’avait été oublié.

A sa profonde stupéfaction, il trouva un homme occupé à ouvrir les barils et à entasser les dollars autour de lui.

- Que faites-vous ? cria l’officier. Ne voyez-vous pas que le navire va disparaitre ?

- Le navire peut disparaitre, répondit l’homme, mais j’ai été un pauvre diable toute ma vie et je suis décidé à mourir riche.

Toutes les abjurations de l’officier n’obtinrent d’autre réponse qu’un autre vigoureux coup de hache sur le tonneau.

Et l’homme fut laissé à la tombe qu’il avait choisie.

Quelques minutes après, le navire et son chargement descendaient dans les profondeurs de l’abime.

Racheté

Lorsque l’esclavage régnait encore aux Etats-Unis, il se trouvait ici et là des maitres bienveillants.

La case de l’oncle Tom nous en fait connaitre quelques-uns, à côté d’autres du type opposé.

L’un de ces bons maîtres possédait, parmi les esclaves, un jeune homme et une jeune fille qui s’aimaient ardemment et devaient se marier.

Le jeune noir avait obtenu de son maître la permission de travailler pour son compte et de constituer ainsi un pécule qui lui permettrait bientôt de se racheter et de racheter sa future compagne.

Mais le maître ayant fait de mauvaises affaires, force lui fut de se défaire de l’un de ses esclaves.

Il se décida à vendre la jeune fille.

Cette décision fut pour les deux fiancés un terrible coup.

Le jeune homme résolut de se présenter aux enchères avec l’argent qui lui appartenait et qui se montait à environ mille dollars.

Il espérait que la jeune fille, qui pour lui valaient des royaumes, ne serait pas estimée au-dessus de cette somme-là.

Le jour des enchères venu, le pauvre garçon était là, le cœur battant à tout rompre, et son argent dans sa poche.

Curieux état social où l’on pouvait voir ceci : un esclave achetant un autre esclave de son propre argent !

La jeune fille fut mise à prix à mille dollars.

Un marchand d’esclaves, que la beauté de la jeune femme noire avait frappé, renchérit aussitôt.

Le jeune homme couvrit l’enchère.

Le combat dura ainsi quelques instants.

- Neuf cent cinquante dollars ! cria le marchand.

- Mille ! dit le jeune noir.

Le marchand hésita un moment : mille dollars, c’était un beau chiffre. Mais il ne voulait pas se laisser battre par un nègre ; d’ailleurs la jeune fille lui plaisait beaucoup.

Hélas, le pauvre garçon n’avait pas un sou de plus que les mille dollars qu’il avait misés.

Le cœur serré, il entendit tomber le marteau fatal : " adjugé à mille cinquante ! "

Mais l’amour donne du génie ; il fait des miracles ; il inspire les résolutions héroïques.

Le jeune noir courut trouver son maître.

- Massa, lui dit-il, si je vous payais mille dollars, me donneriez-vous mes lettres d’affranchissement ?

- Certainement, mon garçon, bien que tu vailles beaucoup plus.

- Et bien, les voilà !

Le maitre avait compris l’intention de son esclave.

- Pauvre enfant, lui-dit-il, puisses-tu réussir !

Et il lui donna des papiers en règle, avec lesquels le jeune homme se présenta au nouveau propriétaire de sa fiancée.

- Massa, je viens vous proposer un échange ; si vous voulez donner la liberté à la jeune fille que vous venez d’acheter, je m’offre à prendre sa place.

Le marchand d’esclaves regarda d’un œil connaisseur le solide gaillard qui s’offrait à lui.

Si belle fut la jeune fille, un garçon de cette espèce valait certainement beaucoup plus sur les marchés où les hommes vigoureux étaient particulièrement appréciés.

Il hésita bien un peu, mais l’avarice fut la plus forte.

- Marché conclu, dit-il.

Et il fit venir la jeune fille noire :

- Cet homme prend ta place ; tu es libre.

Les papiers en règle, le jeune homme suivit son nouveau maître dans les lointaines plantations.

Mais d’abord, quels adieux déchirants !

Que de larmes de séparation !

Restée seule et libre, la jeune fille trouva plusieurs occasions de se marier honorablement.

Elle aurait pu même trouver de brillants partis, car elle était fort belle.

Mais elle refusa toujours.

Je ne m’appartiens pas, disait-elle ; j’ai été achetée par un homme qui est là-bas, et qui reviendra un jour. Je lui garde mon cœur.

Là finit l’histoire.

On voudrait savoir ce qu’il advint des deux jeunes gens.

Le noir finit-il par se racheter ou sa fiancée lui rendit-elle la pareille et réussit-elle à gagner la somme suffisante pour libérer son ami ?

C’est ce que notre récit ne dit pas.

Mais combien cette histoire est touchante et qu’elle éclaire d’un jour douloureux les profondeurs de misère créées par l’esclavage !

Esclaves, nous aussi, aux mains d’un odieux marchand, nous avons été rachetés par Celui qui, pour l’amour de nous, " étant riche, s’est fait pauvre ", étant libre s’est fait esclave : Jésus-Christ.

Nous avons été rachetés à grand prix, " non par des choses corruptibles comme l’argent ou l’or, mais par le précieux sang du Christ, comme de l’agneau sans défaut et sans tache," dit Saint Pierre.

Racheté, quelle doit être notre attitude, et quel doit être notre langage ?

" Je ne m’appartiens pas ; je suis, corps, âme et esprit, la propriété de Celui qui m’a payé si cher, qui a donné sa vie pour moi. Quand Il reviendra et Il reviendra sûrement, il faut qu’Il me trouve digne de Lui. "

(L’Ami de la maison) R.S.

Youssouf

En 1894, un entrepreneur de spectacles avait été chercher à Constantinople des lutteurs turcs, dont l’arrivée à Paris fut un évènement dans le monde des sports.

Les meilleurs lutteurs français s’inscrivirent pour la lutte.

La salle était bondée.

Au signal donné, Youssouf s’avança, les bras étendus vers son rival, et d’une seule main, l’écrasa à terre et le retourna sans effort apparent.

Il était vainqueur en quatre secondes.

Ce fut une stupeur parmi les athlètes français.

Les lutteurs se regardaient : Qu’est-ce que c’est que cet éléphant-là ? disaient-ils.

A Paris et en province, les trois turcs défièrent ainsi tous leurs adversaires.

Puis Youssouf s’embarqua pour l’Amérique.

A New-York, même succès ; l’arrivée de ce colosse causa une sensation aussi vive qu’à Paris.

Au premier combat, le plus fort des lutteurs américains était vaincu en un instant.

A cette soirée, Youssouf avait gagné cinquante mille francs qu’il se fit payer en or.

Il les enferma dans une ceinture qui ne devait plus le quitter.

Il n’eût dès lors qu’une idée : rentrer dans son pays et y vivre de ses rentes.

Quelques jours après, Youssouf s’embarqua sur La Bourgogne.

Il avait fière mine en ses vêtements orientaux.

Un énorme poignard était passé dans sa lourde ceinture gonflée d’or.

L’un semblait garder l’autre, et lui gardait bien les deux.

Lorsque la terre fut hors de vue, il descendit dans sa cabine.

Mais peu d’heures plus tard, c’était la catastrophe.

La Bourgogne venait d’être abordé par un autre navire et se mettait aussitôt à sombrer !

Une panique terrible s’empara des passagers.

La foule affolée s’écrasait littéralement pour s’embarquer au plus vite sur les chaloupes.

Au milieu des cris de " sauve qui peut ", un être formidable apparut soudain sur le pont : c’était Youssouf.

D’une main tenant sa ceinture, de l’autre son poignard, il frappa à droite et à gauche, s’ouvrant un passage sanglant jusqu’au pont qui dominait le canot.

L’embarcation sur pleine s’éloignait déjà.

Youssouf sauta ; sous son poids formidable, elle chavira et tout ce qu’elle contenait fut précipité dans la mer.

Le turc était bon nageur mais la pesante ceinture qui lui ceignait les reins l’entrainait irrésistiblement au fond.

Trois fois, a raconté un témoin oculaire échappé du naufrage, on put voir la figure grimaçante et hideuse de Youssouf apparaitre sur l’eau, puis s’enfoncer malgré les efforts terribles de sa rage impuissante.

L’or qu’il avait gagné devait le perdre à son tour.

Ainsi disparut tragiquement l’un des plus forts lutteurs des temps modernes.

A quoi lui avaient servi cette force herculéenne, ses succès prodigieux, cette richesse gagnée en un soir qui assurait son avenir ?

Sa force ! : elle n’a pu le sauver.

Ses succès ! : ils ont abouti à un désastre.

Sa richesse ! : elle fut la cause même de sa mort.

Ses rêves d’avenir ! : ils ont sombré avec le reste.

Et après ?

A quoi servirait-il à un homme de gagner le monde entier, a dit Jésus-Christ, s’il venait à perdre son âme ?

Ce qui fait la valeur d’un homme, son âme, Youssouf n’y avait jamais pensé.

Le vrai but de l’existence, une vie à venir pour laquelle celle-ci n’est qu’une préparation, jamais il ne s’en est occupé.

Et c’est par milliers que l’on compte ceux qui, sans être des hercules de foire, n’ont jamais pensé qu’ils ont :

- Une âme à sauver ;

- Une vie à venir à laquelle il faut se préparer ;

- Un tribunal divin devant lequel nous aurons à rendre compte ;

- Un Sauveur qui nous offre le pardon.

FAVRE

Le chapeau d'été

C’était une petite maison de trois pièces seulement : la chambre de devant, avec son tapis de corde très propre, ses draperies gracieuses, ses chaises longues à coussins, sa petite table ronde….

Puis la chambre de mademoiselle Rébecca avec ses curieux boutons de porte en cuivre, son grand lit aux petits oreiller dodus et à la gaie couverture.

Enfin la cuisine où elle préparait et prenait sa nourriture, dans la solitude.

Elle habitait aussi, la plupart du temps, cette dernière pièce, très convenable pour une cuisine, avec son plancher si propre et son fourneau brillant qui faisaient honte aux ménagères paresseuses.

Mais cette petite cuisine, si elle avait pu parler, aurait raconté de bien tristes histoires, car la santé de mademoiselle Rébecca s’affaiblissait et son aiguille (la seule arme qu’elle possédât contre la pauvreté), avait dû être mise de côté.

Alors vinrent les temps durs.

La femme du docteur dit bien à la jeune madame Petiville qu’à son avis mademoiselle Rébecca n’en avait pas pour longtemps, mais elle oublia complètement de lui envoyer quelques petites douceurs (pour ne pas dire des nécessités), qui n’auraient pas fait beaucoup de tort à son office débordant de bonnes choses.

Chaque jour, mademoiselle Rébecca devenait de plus en plus pâle, de plus en plus menue, puis, conséquence naturelle de cet état de choses, elle ne put plus payer son loyer.

Et Simon Plana n’était pas un propriétaire commode.

Il était venu, ce matin, l’air sévère et important, pour terroriser la pauvre Rébecca.

- Le fait est, mademoiselle, déclara-t-il à la petite femme tremblante qui le reçut, le fait est que vous devriez aller à l’hospice. Vous ne pouvez pas payer votre loyer. Vous n’avez personne pour vous aider, et vous vous affaiblissez tous les jours.

Eh bien ! si vous allez à l’hospice, vous aurez un bon lit et des repas trois fois par jour. Si on vous demande de travailler un peu, vous ne refuserez certainement pas, car ce sera bon pour vous.

- S’il vous plaît, monsieur, accordez-moi encore un petit délai, balbutia la pauvre femme faiblement.

Je sais que je suis pauvre, mais je n’en suis pas encore à ce que vous proposez. Si je n’ai pas pu vous payer la semaine prochaine, je vous promets que je partirai.

Laissée seule, mademoiselle Rébecca s’affaissa sur sa chaise.

L’hospice ! oh quelle amère pensée.

Cet homme avait-il raison ?

Faudrait-il en venir là ?

Si seulement elle pouvait rester dans cette petite maison !

Vingt-cinq francs par mois, ce n’était pas beaucoup lorsqu’elle pouvait travailler, et peut-être qu’elle irait mieux maintenant.

Oh ! si quelqu’un avait voulu l’aider en attendant !

Alors elle pria :

" Seigneur, n’y aura-t-il pas d’autre alternative ? "

Papa venait de lui donner un billet de cent francs à Eveline.

- Voilà ce que les jeunes filles coûtent, dit-il avec un sourire, en pinçant la petite joue rose, surtout lorsqu’elles sont jolies comme la mienne.

Mais enfin, il n’y a qu’un été par ans, et les chapeaux sont les chapeaux.

Allons, achètes-en un joli, pendant que tu y es. Non pas que j’admire un jardin sur la tête mais c’est sans doute parce que je suis de la vieille mode.

Il riait et Eveline l’embrassa en le remerciant.

Elle le suivit du regard lorsqu’il partit pour ses bureaux.

- Cher papa ! murmura-t-elle.

Il était tout ce qu’elle possédait en ce monde depuis que la douce maman avait été prise dans l’éternel repos.

Après un instant de réflexion :

- Je puis aussi bien aller acheter mon chapeau ce matin, fit-elle.

Elle les avait regardés la veille et avait jeté son dévolu sur un amour de chapeau de cinquante francs.

C’était son prix habituel.

Celui-ci lui laisserait quelqu’argent pour des gants et des rubans.

La maison de mademoiselle Rébecca était sur son chemin et quelque chose la poussa à s’y arrêter.

Elle frappa et, ne recevant pas de réponse, elle ouvrit la porte et entra.

Et là, ramassée en un paquet, sur son vieux fauteuil, mademoiselle Rébecca sanglotait désespérément.

- Qu’y-a-t-il ? cria Eveline, qu’est-il arrivé, mademoiselle Rébecca ?

La vieille fille leva la tête.

Absorbée dans son chagrin, elle ne l’avait pas entendue rentrer.

- Bonjour chérie, fit-elle, la voix rauque. J’ai honte que vous me trouviez dans cet état. Excusez-moi.

- Mais qu’est-ce qu’il y a, mademoiselle Rébecca, demanda Eveline. Une nouvelle épreuve ? Peut-être que je pourrais vous aider ?

Mademoiselle Rébecca secoua la tête.

- Ce serait cruel d’assombrir votre gaieté par le récit de mes ennuis, dit-elle ; mais monsieur Plana sort d’ici et il me conseille d’aller à l’hospice.

Eveline s’agenouilla et mit tendrement ses bras autour du cou de la vieille femme.

- Et c’est ce qui vous fait pleurer, dit-elle. Cela ne m’étonne pas. Mais pourquoi vous
donne-t-il ce conseil ?

- Parce que je lui dois deux mois de loyer, répliqua mademoiselle Rébecca, ses joues fanées se couvrant de rougeur, et que je ne puis pas le payer, du moins maintenant.

- Cela n’est pas une raison pour venir vous faire tant de peine. Combien lui devez-vous ?

- Cinquante francs, fut la réponse.

Eveline pensa à son billet de cent francs et à son rêve de chapeau d’été.

Elle regarda la petite figure bouleversée et n’hésita plus.

- Mademoiselle Rébecca, dit-elle doucement, je paierai votre loyer.

Puis elle reprit dans sa petite bourse le prix du chapeau d’été.

- Non, je ne veux pas ! protesta mademoiselle Rébecca.

- Oh ! mais il le faut, dit Eveline gaiement. Ne puis-je pas faire cette offrande à Celui que j’aime ?

Alors mademoiselle Rébecca ne dit plus rien.

Le dimanche suivant, Eveline descendit, toute prête pour le service divin.

Au lieu du chapeau rêvé, elle en portait un très simple, garni de blanc. Sur le côté, une touffe de fleurs de pommier donnait une nuance rosée au doux visage qui l’accompagnait.

- Ah ! par exemple ! cria papa en la voyant. Des fleurs de pommier ! cela me reporte au verger de chez nous, quand j’étais gamin !

Puis, examinant le chapeau d’un œil critique :

- Est-ce le chapeau de cinquante francs, Eveline ?

Eveline sourit.

- Non papa, ce chapeau n’a coûté que quinze francs.

Papa n’avait pas l’air de comprendre.

- Il est joli, fit-il, mais très simple. C’est peut-être pour cela que je l’aime. Mais est-ce indiscret de demander ce qu’est devenu le reste de l’argent ?

- Non, ce n’est pas indiscret, dit Eveline en souriant de nouveau. J’ai payé le loyer de mademoiselle Rébecca avec.

Et elle raconta l’histoire.

- Alors, Simon Plana lui conseillait d’aller à l’hospice, observa papa, d’un air indigné. Cela va bien. Tu peux lui dire qu’elle n’ira pas tant que je serai en vie. Je me charge de son loyer désormais, Eveline, et veille à ce qu’elle ne manque de rien.

Il regarda sa fille et ses yeux s’emplirent d’une grande tendresse.

- C’est pour arriver à tout cela qu’il a fallu que ma mignonne renonce à ce beau chapeau d’été !

Suzanne MARTIN

Dieu écoute

Un pharmacien, plusieurs fois réveillé dans la nuit par des clients, se trompa de bocal et, dans son état de demi-somnolence, il délivra à un jeune garçon venu de la montagne et dont la mère était gravement malade, un violent poison au lieu d’une potion calmante.

Dès qu’il se fut aperçu de son erreur, après le départ du montagnard, il se mit à genoux et pria instamment Dieu d’empêcher l’empoisonnement de cette pauvre malade.

A ce moment, la sonnette de nuit retentit de nouveau.

C’était le même garçon, mais désolé et tout en larmes parce qu’en trébuchant dans la nuit sombre, il avait cassé la fiole.

Cette fois-ci, le pharmacien lui remit la médecine bienfaisante et rendit grâces à Dieu du fond de son cœur.

Non, le temps des miracles n’est pas encore passé !

Qui est mon prochain ?

Cette question, à laquelle le Seigneur Jésus répondit un jour par la belle parabole du Bon Samaritain, trouve une réponse toute semblable dans le récit que voici :

Je visitais une fois, dans un village, une école du dimanche, quand je remarquais dans un coin une pauvre petite fille, misérablement vêtue, qui se tenait là, blottie, comme effrayée.

Elle cachait dans ses mains sa face brûlée de soleil et sanglotait comme si son cœur allait se briser.

Bientôt, je vis une fillette, qui pouvait avoir onze ans environ, se lever soudain et venir droit vers l’enfant.

La prenant par la main, elle la conduisit dehors, alla avec elle près d’un ruisseau voisin et l’assit là sur un tronc d’arbre.

S’agenouillant alors auprès d’elle, comme le fit le Bon Samaritain auprès de l’homme blessé par les voleurs, elle lui rafraîchit le visage sillonné de larme et les yeux rouges de pleurs, lui arrangea doucement les cheveux, lui parlant tout le temps.

L’enfant se consola, tarit ses pleurs, sourit, et sa petite figure rose s’épanouit.

Je les avais suivies et je m’approchai :

- Est-ce ta sœur ? demandais-je ?

- Non, monsieur, répondit la fillette, je n’ai pas de sœur, et ses yeux, sa voix avaient quelque chose de mélancolique en faisant cet aveu.

- Alors, c’est une petite voisine ?

- Non, monsieur, je ne la connais pas. Je ne l’ai jamais vue avant aujourd’hui.

- Alors, pourquoi t’occupes-tu d’elle et en prends-tu un si grand soin ?

- C’est parce qu’elle est toute seule et que personne ne la connait ; il faut bien que quelqu’un soit bon avec elle.

Voilà une élève de l’école du dimanche qui avait bien compris le devoir envers son prochain, et ne devons-nous pas terminer l’histoire comme notre Sauveur termina sa parabole : " va, et fais de même ! "

Mamba le serpent

Le soleil disparaissait derrière les montagnes.

La chaleur, qui avait été torride toute la journée, s’atténuait.

Raine essuya son front que la sueur trempait.

Il venait d’escalader une pente abrupte et, maintenant, un peu essoufflé, contemplait le magnifique panorama.

L’Afrique du Sud le séduisait.

Une sorte d’envoûtement émanait de cette terre d’Afrique. Il en subissait le charme.

Mais l’heure était venue de regagner sa demeure.

En contrebas, à deux mètres à peine, s’offrait une sorte de plate-forme par où il aurait aisément accès à un petit chemin de raccourci.

D’un bond léger, il sauta et roula dans l’épaisseur des lianes qui encombraient la plate-forme.

Aussitôt, il sentit sur son dos une forme vivante qui se démenait avec force, avec furie.

Il reconnut le tueur des forêts sud-africaines, le serpent mamba que les indigènes nomment
" murit-walesu " qui veut dire " l’ombre de la mort. "

Sa morsure est fatale.

Sous le soleil sa peau n’était que reflets rouges, taches vertes et plaques d’or !

Glacé de peur, Raine se redressa.

Le mamba se glissa dans les lianes et disparut de sa vue.

Le jeune homme se tâta de la tête aux pieds.

N’avait-il pas été mordu ?

Soudain il poussa un cri de joie…. Là dans les guêtres, il venait d’apercevoir deux trous minuscules creusés par les crochets à venin.

Il était sauvé.

Ses guêtres l’avaient préservé d’une mort horrible.

Jamais comme à cet instant où la mort l’avait frôlé de son aile, la vie ne lui avait paru si belle !

Il reprit son chemin en sifflant, ponctuant sa chanson de savants moulinets qu’il décrivait avec sa canne.

Très certainement ne connaissez-vous pas le mamba ?

Peut-être vous a-t-il été donné de voir, dans un zoo pour certains, en Afrique pour d’autres, ces animaux qui inspirent toujours une espèce de répulsion.

Toutefois, et je crois pouvoir l’affirmer sans crainte de me tromper, le serpent tant et tant de fois représenté par mille et une gravures, celui du paradis terrestre, ne vous est pas inconnu.

Satan avait revêtu cette forme pour se glisser près de nos premiers parents et les tenter.

Aujourd’hui encore, tout comme en Eden, Satan est à l’œuvre.

Il n’a pas toujours l’aspect repoussant d’un reptile ni l’allure grotesque mais bon enfant, que la tradition populaire lui prête en l’affublant de cornes, d’une queue et d’une fourche ! il lui arrive de se camoufler, de se déguiser en ange de lumière nous dit la Bible.

Cette beauté du diable dont on parle tant, n’en est pas moins dangereuse !

Les guêtres de M. Raine l’ont protégé, elles l’ont sauvé d’une mort horrible.

Contre Satan, nous possédons également une arme invincible : Jésus-Christ.

Ce bouclier contre lequel viennent se briser les flèches empoisonnées du " meurtrier, du père du mensonge ", Dieu nous l’offre gratuitement.

En Jésus-Christ, nous avons l’assurance d’être vainqueurs.

Dieu n’impose qu’une seule condition pour l’obtention de cette armure : la foi en la puissance rédemptrice du sacrifice de Jésus-Christ.

Il nous faut reconnaitre notre impuissance à nous sauver nous-mêmes et nous en remettre uniquement, entièrement, à la grâce de Dieu.

Nous ne pouvons sous-estimer la puissance malveillante qui anime Satan, nous ne pouvons prendre à la légère ses attaques sournoises et insidieuses, elles ne sont pas, comme certains le pensent, inventions de cerveaux en mal d’élucubrations.

Le serpent du paradis terrestre continue dans les cœurs sa lente mais agissante reptation.

Pour protéger son navire des écueils meurtriers, le marin se sert d’un compas.

Pour ne pas s’égarer parmi les lianes inextricables de la forêt vierge, l’explorateur se fie à sa boussole.

Sur les sentiers rocailleux de la montagne, les brebis suivent leur berger.

Le chrétien, lui, pose son regard sur Jésus-Christ. Il est son guide, le guide par excellence.

Déjà le psalmiste chantait : "Ta houlette et ton bâton me rassurent " (Psaume 23 : 4).

Faisons confiance à ce divin Berger.

Lui-même disait : " Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis " (Jean 10 : 11).

Eliane TROUVE

L’ange gardien

(Authentique)

- Mon chéri, va te coucher ! écoute comme le vent chasse la neige contre les vitres. Il fait froid, mais ton petit lit est bien chaud, bien douillet !

- Je suis content d’aller me coucher, dit Charlot. Tu viendras, maman, quand je dirai ma prière !

- Oui, mon enfant, mais hâte-toi, j’ai encore tant de besogne à expédier ce soir avant de songer à aller me reposer !

Et la mère continua de sortir les miches dorées, cuites dans le gros poêle qui tenait lieu de four et qu’on chauffait de la cuisine.

Elle était veuve et habitait une ferme isolée dont elle faisait valoir les terres, aidée de sa fille ainée et d’un valet, avec une intelligence et une énergie admirables.

Charlot se déshabilla seul et entra frileusement dans son petit lit dressé aux côtés de l’énorme poêle dont la chaleur bienfaisante lui était agréable.

Un moment après, il cria à sa mère qui avait laissé la porte entrouverte :

- Je suis au lit, maman ! viens, je veux dire ma prière !

La mère accourut et écouta silencieusement la prière de Charlot ainsi conçue :

" O cher Sauveur, toi qui aimes les petits enfants, rends-moi sage et obéissant. Bénis mes chers parents et envoie ton bon ange pour qu’il veille sur moi pendant la nuit ! Amen ! "

La mère borda l’enfant, l’embrassa tendrement et se retira à la cuisine pour continuer son travail.

Laissé seul dans l’obscurité, l’enfant appela soudain :

- Maman, viens vite ! mon bon ange est à l’autre bout de la chambre et me fait signe d’aller vers lui !

- Tu as sommeil, Charlot, et tu rêves déjà ! dors bien et ne m’appelle plus.

L’enfant essaya de dormir, mais sa voix persuasive se fit entendre une seconde fois.

- Maman, je t’assure que l’ange m’appelle de nouveau. Que faut-il faire ?

- S’il t’appelle une troisième fois, cria la mère en riant, va auprès de lui et essaie de lui saisir sa main !

Elle croyait positivement que l’enfant, dont l’imagination était vive, cherchait un prétexte pour retarder l’heure de son sommeil.

Saisissant une corbeille, elle disparut à la grange pour aller la remplir du bois humide qu’elle voulait faire sécher dans le poêle après en avoir retiré le pain.

Pendant ce temps, Charlot, les yeux grands ouverts, regardait fixement au fond de la chambre où il avait vu l’apparition mystérieuse.

Soudain, l’ange parut de nouveau et, d’une main suppliante, il fit signe pour la troisième fois à l’enfant de venir auprès de lui.

Sans hésiter cette fois, Charlot sortit de son lit et courut auprès de l’ange qui lui tendait les bras.

Mais à peine était-il auprès de lui que l’être céleste disparut, tandis qu’une terrible détonation, retentit dans la chambre, ce qui lui fit pousser un cri d’effroi.

C’était le vieux poêle qui, surchauffé ce jour-là, venait d’éclater, recouvrant de ses débris fumants le berceau de l’enfant.

De la grange où elle était, la mère entendit ce fracas insolite.

Saisissant sa lampe, elle accourut dans la chambre où elle constata le désastre :

- Mon enfant, mon pauvre enfant ! cria-t-elle en détresse… il est enseveli sous ces pierres brûlantes !

- Non, maman, répondit Charlot remis de sa frayeur, en accourant vers elle. Je n’ai aucun mal !

J’ai obéi à l’ange qui m’a appelé une troisième fois, et je suis sorti de mon lit avant que le poêle saute….

- Merci mon Dieu ! dit la mère folle de joie, en serrant dans ses bras son cher petit garçon !

Ah ! qu’on ne me dise plus que nous n’avons pas chacun notre ange gardien qui veille sur nous pendant les heures de la nuit !

Et la fermière, les yeux humides, mit son chéri dans le gros lit de la chambre, tandis que sa fille et le domestique consternés enlevaient les débris de briques qui recouvraient le berceau.

Cette histoire fut racontée par un prédicateur éminent, un soir, dans une réunion d’évangélisation où elle convainquit les auditeurs d’un fait certain : c’est que les anges des petits enfants voient sans cesse la face du Seigneur et descendent sur la terre pour accomplir sa volonté.

Rappelez-vous, chers amis, que votre bon ange veille aussi sur vous.

Ne l’attristez pas en succombant aux tentations perfides que l’ennemi place souvent au-devant de vous.

Pour cela, veillez et priez !

(L’Espoir) Louise CHATELAIN

La petite pâquerette

Un certain prince s’en vint dans sa vigne pour l’examiner.

Il y vit un pêcher et lui dit :

- Que fais-tu pour moi ?

L’arbre répondit :

- Au printemps, je donne mes fleurs et remplis l’air d’un bon parfum et voilà mes branches chargées de fruits que bientôt on va cueillir et porter au palais pour vous.

- C’est bien, bon et fidèle serviteur, répondit le prince.

Il descendit dans la prairie et dit à l’herbe ondulante :

- Que faites-vous pour moi ?

Et l’herbe de répondre :

- Nous donnons notre vie pour autrui, pour vos moutons et pour vos bestiaux, afin de les nourrir.

- C’est bien, bons et fidèles serviteurs qui vivez pour les autres.

Il arriva devant une petite pâquerette qui croissait sous une haie :

- Et toi, que fais-tu ? dit-il.

- Rien ! dit tristement la fleurette. Je ne puis servir aux oiseaux pour leurs nids, je ne puis abriter le bétail, je ne puis envoyer des fruits au palais, et ne je puis même pas servir de nourriture aux moutons et aux bestiaux. On n’a que faire de moi dans la prairie.

Tout ce que je puis faire c’est d’essayer d’être la meilleure petite pâquerette qu’il m’est possible d’être.

Le prince se baissa et embrassa la petite fleur, en lui disant :

- Il n’y en a pas de meilleure que toi.

(Home HERALD)

Des télégrammes pour le ciel

En lui achetant un journal, un monsieur dit à un gamin qui vendait des journaux dans les rues :

- Eh bien, mon garçon, trouves-tu que c’est difficile d’être bon et honnête ?

- Oui, m’sieur, répondit le gamin.

- Moi aussi, quant à ça. Mais j’ai découvert le moyen d’y être aidé. Veux-tu savoir comment ?

- Oui, m’sieur.

- Tu as tout simplement à envoyer un télégramme.

L’enfant regarda son interlocuteur avec étonnement.

Le monsieur lui toucha le front d’un doigt en disant :

- Qu’est-ce que tu fais là-dedans ?

- Je pense, répondit le garçon.

- Eh bien, crois-tu que Dieu voit ce que tu penses ?

- Je suppose qu’oui.

- Certainement. Il voit et sait ce que tu penses. Donc, quand tu as besoin d’aide pour vendre tes journaux, ou pour faire ce qui est juste et bien, envoie un télégramme au ciel de cette manière.

Formule vite dans ton esprit cette phrase : " Seigneur Jésus, aide-moi." Et Dieu la verra et t’enverra du secours.

Quelques semaines plus tard, il rencontra le même petit vendeur de journaux qui, en l’apercevant, courut à lui et lui dit :

- J’ai envoyé des télégrammes au ciel ces dernières semaines et, depuis que je l’ai fait, j’ai vendu plus de journaux que jamais auparavant !

(Traduit par Tante Abeille)

Le voyage d'un enfant

Il y a quelques années, un pauvre journalier hongrois, appelé Halteza, quitta son pays et émigra aux Etats-Unis pour y préparer une demeure à sa femme et à son petit garçon.

Mais bientôt après son départ, la femme mourut, laissant derrière elle son petit bébé âgé à peine d’un an.

Le père dut travailler pendant trois ans dans une manufacture, en Pennsylvanie, avant de pouvoir louer une petite case et la rendre habitable.

Il désirait ardemment revoir son enfant, l’entendre babiller, le serrer dans ses bras ; mais il ne pouvait retourner en Hongrie pour le chercher.

Il aurait perdu sa place et tout aurait été à recommencer.

Il se décida à envoyer l’argent nécessaire au voyage de l’enfant, et demanda qu’on le lui envoyât par des émigrants qui, chaque année, quittent la Hongrie pour l’Amérique.

La gardienne du petit garçon ne connaissant personne sur le point d’émigrer, acheta un billet d’émigrant qu’elle attacha au cou de l’enfant avec une étiquette portant le nom et l’adresse du père, et quelques mots priant les bons chrétiens, sur sa route, pour l’amour de Dieu, de lui donner à manger et à boire.

Ainsi étiqueté, le petit garçon de quatre ans, aux yeux bleus et aux cheveux de lin, arriva dans une ville éloignée ou un chef de train le découvrit et partagea avec lui ses repas.

Les gens désordonnés et bruyants qui encombraient le long wagon parlèrent avec douceur au petit garçon effrayé.

Les femmes lui firent une place auprès de leurs enfants, la nuit, et lorsqu’il pleurait et demandait sa bonne gardienne, elles l’endormaient en le berçant dans leurs bras.

Aux soins de ces braves femmes, il fit des centaines de lieues, traversa les Alpes arriva à Gênes où elles le mirent à bord du vaisseau en partance pour New-York.

Une fois de plus, le pauvret se trouvait au milieu d’étrangers.

Mais l’histoire de l’enfant sans appui se propagea vite sur le navire.

Il se trouva toujours quelqu’un prêt à lui donner à manger, à le bercer pour l’endormir, à le dorloter sur les genoux.

Les passagers des cabines firent une collecte pour lui ; les femmes de l’entrepont lavèrent son linge et ses petites robes et les raccommodèrent.

Quand il arriva à New-York, ses amis de voyage lui dirent adieu et le mirent dans un train allant en Pennsylvanie.

Une bonne âme télégraphia au père, et ce même soir, quand le train s’arrêta à la station indiquée sur l’étiquette au cou de l’enfant, un ouvrier reçut le petit garçon dans ses bras et l’emporta avec des larmes de joie.

Pensez-vous que parmi tous ceux qui se montrèrent bons et compatissants envers le pauvre petit délaissé, il y en eut un seul qui regretta ce qu’il fit pour lui ?

La montre trouvée

Le 23 mars dernier, un homme excellent, dont l’Eglise pleure aujourd’hui la perte, envoyait le fait suivant au journal " Chrétien Evangélique ", en ajoutant :

" Voici le récit d’un évènement fort simple et qui m’a touché.

Connaissant personnellement les deux ménages dont il s’agit, j’en ai eu de près les détails et j’ai eu l’idée de l’écrire comme encouragement à la prière."

C’est une douce chose de voir accompli un souhait longtemps nourri dans le cœur.

Mais pour le chrétien qui a exposé son désir au Père céleste, il y a une joie toute particulière, une joie intime et profonde dans ce qui devient alors pour lui un exaucement.

Dans la ville de Genève, une dame veuve vit avec sa fille du produit modeste d’un petit magasin.

Durant les semaines qui précèdent le nouvel an, la vente est généralement plus forte ; mais à la fin de l’année dernière, ça a été une plainte universelle.

Point d’affaires ! point de ventes, une désolante stagnation.

Les marchands qui ont, comme on dit, les reins solides, peuvent supporter cette perte en espérant de meilleurs jours.

Mais il y en a d’autres, et notre veuve était du nombre, pour qui c’est presque une ruine.

Elle attendait une traite pour les premiers jours de l’année, et c’est sur la vente extra qu’elle avait compté pour la payer.

La vente avait été fort mal et il lui manquait cent francs pour parfaire la somme voulue.

Que faire ?

Emprunter ?

Elle qui, à la mort de son mari, s’était promis de ne jamais faire aucune dette !

Et puis, quelle démarche délicate, pénible ! non, elle ne s’y résoudrait qu’au tout dernier moment.

En attendant, elle fait comme Ezéchias : elle va déployer sa lettre devant son Dieu.

Elle le prie, elle le supplie.

Elle descend au magasin, puis elle remonte et supplie de nouveau : " Seigneur, tu es riche en conseils et puissant en moyens, voudrais-tu me faire trouver ces cent francs ! "

Elle prie seule, elle prie avec sa fille.

Une parente vient aussi qui se joint à elles, et c’est ainsi que se passe la journée entière du 31.

Sur le soir, cette bonne parente revint.

- Allons-dit-elle, venez un peu prendre l’air ! cela vous fera du bien. Vous avez les yeux brulants à force de pleurer, vous dormirez mieux après.

La pauvre veuve n’a pas le courage de sortir, mais elle accepte pour sa fille.

Bientôt, dans la rue Basse, à l’endroit le plus encombré de monde, le pied de la jeune fille heurte contre un obstacle.

Elle regarde. Oh ! surprise ! une montre !

Une montre de luxe toute neuve avec chaîne et médaillons…

Tremblante d’émotion, elle pressent une réponse à leur prière, et retourne en hâte à la maison avec sa trouvaille.

Pendant ce temps, que se passe-t-il dans un appartement de la ville haute ?

D’une main agitée, une jeune femme écrit une annonce pour le journal.

Son mari rentre.

- Mon bon ami, dit-elle et sa voix tremble, figure-toi, la belle montre que tu m’as donnée, les médaillons….

Et elle lui tend le papier : "perdu une montre… (suis la désignation), la rapporter contre cinquante francs de récompense au bureau de MM Haasenstein et Vogler. "

- Je ne peux comprendre comment cela s’est fait. Me l’a-t-on prise dans la foule ? est-elle tombée ?

Alors c’est impossible qu’on n’ait pas marché dessus.

Je viens de m’en apercevoir en rentrant ; et tu vois, j’ai promis cinquante francs de récompense. Enfin, si Dieu permet, nous la retrouverons.

- Cinquante francs, ce n’est pas assez, ma pauvre femme. Mets cent francs. Tu les donneras sans regret au brave homme qui te rapportera ta montre, et ce sera pour lui une étrenne dont il se souviendra.

Vous comprenez maintenant.

Cette montre était le moyen choisi de Dieu pour procurer les cent francs, pour les procurer sans les anxiétés d’un emprunt.

Et c’est pourquoi, au milieu de la cohue inouïe qui se presse ces jours-là dans les rues de Genève, le précieux bijou avait été gardé de l’œil comme du pied des passants.

Il ne devait être vu que par la fille de la veuve.

L’annonce, mise trop tard, ne parut pas le lendemain vendredi ; le surlendemain point de journal, les bureaux étaient fermés le jour de l’an.

Vous vous représentez l’émotion avec laquelle, le dimanche matin, 3 janvier, mère et fille emportèrent la feuille qu’un voisin leur prêta pour un moment.

Elles ne l’ouvrirent qu’après avoir prié.

A la quatrième page on lisait en grosses lettres : " Montre perdue, etc., etc., "et en lettres non moins grosses :" cent francs de récompense. "

Cent francs !

Les yeux se remplirent de douces larmes et leur cœur bénit l’ami fidèle, le Seigneur.

Plus tard, le jeune ménage de la ville haute sut cette histoire, et le mari comprit alors pourquoi, sans hésitation et comme obéissant à un mouvement intérieur, il avait dit à sa femme : " efface cinquante et mets cent francs."

Il y a des gens qui se feraient scrupule de demander à Dieu autre chose que des biens spirituels.

Je les ai entendu dire que ce serait profaner la prière.

Cette idée me semble toute humaine ; je n’ai pas vu cela dans la Bible.

L’invitation à la prière, cette invitation répétée, réitérée sous tous les formes, l’est sans restriction.

Oui, nous pouvons, nous devons dire tout ce que nous avons sur le cœur.

A quoi servirait-il d’ailleurs de ne pas le dire ?

Pendant que nous demandons autre chose, notre souhait caché n’est pas moins vivant au fond du repli où Dieu le voit.

Tout ce qui nous arrive, arrive par sa volonté ; mais quand nous l’avons prié spécialement pour telle chose, nous l’avons mis en demeure, si j’ose dire, de nous faire connaitre cette volonté d’une manière toute spéciale.

Refuse-t-il ?

Eh bien ! c’est comme s’il nous disait : " tu m’as demandé cela, mon enfant, mais je sais que ce ne serait pas bon pour toi."

Et alors le chrétien qui croit que son Dieu l’aime et ne peut se tromper, le chrétien se soumet plus aisément.

Et d’ailleurs, quand on a un ami, n’aime-t-on pas lui raconter, lui écrire tout ce qui nous intéresse, les moindres choses ?

Disons donc tout à Jésus.

Je pense en cet instant à la drachme perdue.

Croyez-vous que le Seigneur aurait approuvé la femme si, avant d’allumer sa lumière et de prendre on balai, elle eut prié Dieu de l’aider à retrouver cette drachme.

Je pense également à ce berger dont une brebis s’est égarée ; s’il a prié avant de se mettre à sa recherche, il aura été doublement heureux quand, du sein d’un fourré d’épines, il aura entendu le bêlement plaintif de la pauvre bête.

Oui, doublement heureux.

Heureux de rapporter sa brebis sur ses épaules, heureux d’avoir au ciel un Père qui entend les prières et dans le sein duquel nous pouvons nous décharger de tout ce qui inquiète notre cœur.

Pourquoi pas ?

- Raymond, veux-tu travailler ! si tu n’as pas plus de persévérance, tu n’arriveras jamais à rien !

Voilà ce que madame Delorme répétait toujours à son petit garçon, un gentil bambin de huit ans aux yeux bleus, au regard doux, au caractère égal, toujours joyeux, toujours de bonne humeur.

Ce charmant petit garçon avait un grand, très grand défaut ; il n’était pas vraiment paresseux puisqu’il s’occupait toujours, mais il avait un amour immodéré du changement et il se rebutait à la première difficulté.

Tout nouveau, tout beau, aurait pu être sa devise.

Il aimait beaucoup écouter la conversation des grandes personnes.

Et le dimanche, lorsqu’il y avait quelques amis à la maison, délaissant ses jeux, il s’installait confortablement dans un petit fauteuil, prêtant une oreille attentive à ce qui se disait sur les aéroplanes, les hommes-oiseaux, les ballons…. et les bateaux.

Raymond avait une affection particulière pour la navigation.

L’un parla, un soir, de l’expédition Charcot, de l’héroïsme de ces marins qui allaient courir peut-être vers la mort, en tous cas vers de grandes difficultés.

- Quel beau nom a été donné à ce bateau ! dit quelqu’un.

" Pourquoi pas ? " n’est-ce pas le synonyme de persévérance, de bravoure, de courage, de confiance dans l’effort ?

Que ne ferait-on, stimulé par une semblable devise !

En effet, pense Raymond, et il alla se coucher tout rêveur.

Toute la nuit le " Pourquoi pas ? " flotta dans ses songes.

Il rêva que c’était son bateau à lui, que pendant des mois, les glaces l’emprisonnaient.

Les vivres manquaient, les hommes mouraient de froid et lui, le capitaine, devait remonter le courage défaillant de tout son monde.

- Demain, leur disait-il, demain, nous repartirons et bientôt nous reverrons la France !

Enfin, enfin, le soleil brisait leurs entraves, le bateau oscillait légèrement, très légèrement, et, un matin, une voie s’ouvrait devant lui.

Puis, tout se brouillait….

C’était le retour.

C’était l’arrivée.

Une foule se pressait sur la jetée pour l’entrée au port : les acclamations montaient vers le ciel.

- Il est revenu, disait-on.

- Pourquoi pas ? répondait simplement le hardi capitaine.

Au matin, Raymond se réveilla bien tranquille dans son petit lit ; tout cela n’était qu’un rêve.

Hélas, ! il ne serait jamais le capitaine du Pourquoi pas ?

Mais la force d’âme du marin a laissé une trace dans l’esprit du petit garçon et Pourquoi pas ? deviendra sa devise, ce sera le mot magique qui soulèvera toutes les difficultés.

Mais craignant de parfois l’oublier, il se mit à construire de toute pièce un bateau ressemblant, à ses yeux du moins, au beau navire de ses rêves.

Morceaux de bois mal rabotés, branchettes plus ou moins tordues, tout lui fut bon.

- Tu n’y arriveras pas, disait la mère, incrédule.

- Pourquoi pas ? répondait en lui-même le petit garçon.

Il travailla longtemps au fameux bateau.

Enfin, il fut achevé. Les voiles blanches frissonnèrent légèrement à la brise, les mâts se dressèrent fièrement vers le ciel et la peinture toute fraiche de la coque brilla au soleil.

En lettres noires sur fond blanc, l’enfant écrivit : "Pourquoi pas ? "

Il chercha longtemps un emplacement pour son fétiche ; où pourrait-il bien le mettre ?

Il obtint finalement de son père la permission de le placer sur une petite étagère au-dessus de sa table de travail afin de l’avoir toujours devant les yeux.

Ainsi il ne serait plus nécessaire de l’exciter au travail, de lui prêcher la ténacité.

Lorsqu’une fois rentré de classe, ses devoirs un peu difficiles le rebuteront ou que, simplement distrait, il regardera autour de lui, la simple vue du petit navire lui redonnera un nouveau courage.

" Je veux y arriver," se dira-t-il et " j’y arriverai ! "

" Pourquoi pas ? "

Marthe LECOMTE

Le sabot de PAGANINI

Quelque part en Angleterre, dans une collection particulière, on peut admirer un sabot payé six mille francs par son possesseur actuel.

Ce sabot, à vrai dire, a une histoire et une touchante histoire, que rapporte le Bon Semeur.

C’était en 1832.

Le célèbre violoniste Paganini habitait alors, par raison de santé, une maison située aux environs de Paris et dirigée par un médecin dont il recevait en même temps les bons soins.

Notre excellent artiste avait en horreur d’être malade ; se voir obligé de vivre au milieu d’autres malades était cependant pour lui un supplice pire encore.

Il restait relégué dans sa chambre, évitant avec soin les salons où se réunissaient les pensionnaires.

En dehors du médecin, Paganini ne parla à personne pendant son séjour dans cet établissement.

Il fit exception cependant à l’égard d’une jeune bonne, Nicette, chargée de lui apporter ses repas et de faire son service.

Cette petite campagnarde, honnête et naïve, possédait une gaîté débordante.

Elle eut bientôt mis l’artiste au courant de ses projets d’avenir et de ses sentiments, sans omettre aucun détail, à l’égard du brave garçon de son village, qu’elle épouserait quand ses économies lui permettraient de se mettre en ménage.

Le rêve de la jeune fille intéressait évidemment Paganini, car il ne manquait jamais de s’informer de l’état des choses.

Un matin, Nicette fit son service sans ouvrir la bouche et le visage inondé de pleurs.

L’air sombre de la pauvre enfant ne put échapper à Paganini, en train de sculpter un manche d’ivoire destiné à un poignard.

- Qu’est-ce, mon enfant ? s’écria -t-il ? pourquoi ces pleurs ? vous est-il arrivé un malheur ?

- Hélas ! oui, monsieur.

- Parlez, parlez. Qu’y-a-t-il ?

Elle garda le silence, et son trouble convainquit Paganini.

- Avouez tout maintenant, fit-il. Après avoir fait mille promesses, il vous a oubliée, n’est-ce pas ?

- Hélas non ! s’il m’a oublié, il n’y a point de sa faute.

- Qu’est-il donc arrivé ?

- Il a tiré un mauvais numéro et va être soldat. Je ne le verrai plus, fit l’infortunée.

- Mais, ma pauvre Nicette, il faut lui acheter un remplaçant.

- Vous plaisantez, monsieur ! comment pourrais-je réunir la somme nécessaire.

- Elle est donc si élevée ?

- Cette année, c’est très cher, car on dit que la guerre va éclater, et l’on exige quinze cent francs !

Le musicien garda le silence, mais dès que Nicette fut partie, il écrivit sur une page d’un portefeuille : se rappeler ce qu’il est possible de faire en faveur de la pauvre Nicette.

Noël approchait et, d’habitude, chez les enfants surtout, il est d’usage de mettre en un coin de l’âtre, un sabot, qu’une bonne fée, venue de la cheminée, remplit de bonbons et de cadeaux.

L’après-midi du 24 décembre, Paganini dont la santé s’était presque complètement rétablie, recevait quelques amis.

Assis sur le canapé du salon, il buvait un verre d’eau sucrée.

Soudain, Nicette apparut, portant un paquet adressé au violoniste.

L’artiste n’attendait aucun cadeau ; ouvrant le paquet qu’on lui présentait, il en tira une première enveloppe de papier marron, puis une seconde, soigneusement cachetée de cire, renfermant un sabot d’enfant.

L’assistance éclata de rire.

- Un sabot ! s’écria Paganini en riant aussi, j’ignore qui a pu me l’envoyer ! Quelques dames voudraient sans doute, me faire passer pour un de ces enfants recevant des cadeaux sans jamais en donner. C’est parfait. Mais qui sait si ce sabot n’arrivera pas à gagner son poids en or ?

Là-dessus, Paganini quitte le salon, sans oublier son sabot.

De trois jours on ne le vit paraitre. Les mieux informés d’entre les pensionnaires apprirent seulement qu’il rabotait du matin au soir.

En fait, notre musicien, fort adroit de ses mains, avait fabriqué un excellent instrument, affectant la forme d’un sabot, sur lequel il avait tendu quelques fils d’argent.

Le lendemain, il ne fut question que du concert qu’allait donner Paganini, la veille du jour de l’an, dans le grand salon de la maison de santé.

Le maestro devait exécuter dix morceaux, cinq sur un violon et autant sur le sabot.

Le nombre des billets était limité à cent, et le prix fixé à vingt francs.

La meilleure société de Paris se les disputa.

Bien avant l’ouverture, la salle de concert était remplie ; tout le monde était anxieux de savoir ce qu’entendait Paganini par le son musical d’un sabot.

A la fin, on le vit apparaitre en souriant et saluer de la meilleure grâce.

Notre artiste entame une de ces poignantes fantaisies dont nos auditeurs semblaient tous charmés.

Était-ce musique ou poésie ?

On croyait assister au départ du conscrit et entendre les déchirantes lamentations de la fiancée.

C’était ensuite la vie bruyante du camp, les prouesses du brave enfant sur le champ de bataille.

Un joyeux carillon de cloches nuptiales terminait le morceau.

D’interminables applaudissements éclatèrent de toutes parts, auxquels se joignaient ceux des malades les plus récalcitrants.

Après son triomphe, Paganini regagna sa chambre et fit appeler Nicette.

La pauvre enfant pleurait encore, car la musique lui avait rappelé et le conscrit et la fuite de ses rêves.

- Tenez, Nicette, s’écria l’excellent homme, voici deux mille francs, c’est-à-dire cinq cent de plus que vous ne voulez pour acheter un remplaçant et permettre à l’élu de votre cœur de rentrer au logis.

Maintenant, pour faciliter votre entrée en ménage, prenez-ce sabot-violon et vendez-le. Demain, tout Paris parlera de ce concert et peut-être trouverez-vous un amateur décidé à s’offrir le violon du maestro pour cent francs.

Paganini, comme la plupart des grands artistes et vrais artistes, avait un cœur d’or et une main toujours prête à soulager une infortune.

CINCINNATUS

Margot la balayeuse

" Allons, à l’ouvrage ! " et dès quatre heures du matin, Margot sautait de son lit, mettait ses bas de laine, boutonnait sa casaque, enfilait ses mitaines tricotées et attachait sa capeline de molleton.

Parfois, la neige encombrait la chaussée, Margot en avait jusqu’à la cheville et en recevait autant sur les épaules, dans la figure, sur les mains.

Souvent c’était une boue liquide qu’il fallait balayer sous la pluie froide.

Avant l’aube, en hiver, avec du brouillard, de la glace, le métier était très dur.

Cependant Margot ne se plaignait pas.

Aussitôt qu’elle était à la besogne, son vaillant balai allait et venait, soufflant, sifflant sur le pavé, et bientôt la place était propre comme le parquet du salon.

C’est ce que remarqua vers huit heures la petite Lucie, qu’on venait d’habiller bien chaudement auprès du feu de sa chambre, et qui, son bol de lait à la main, achevait son déjeuner près de la fenêtre.

- Maman, dit Lucie, viens voir comme cette jeune fille travaille bien, elle n’a pas laissé du tout de neige sur le trottoir d’en face.

Maman obéit à sa petite fille et vint regarder par la fenêtre.

Elle vit la balayeuse et la suivit des yeux avec intérêt ; personne ne passait dans la rue à ce moment, la chambre était au rez-de-chaussée, elle ouvrit la fenêtre et appela la jeune fille.

Margot entendit, leva la tête, vit le signe qu’on lui faisait, posa son balai et accourut.

- Mon enfant, dit madame R., pourquoi balayez-vous avec tant d’ardeur, vous prenez beaucoup plus de peine que vos compagnes. Est-ce parce que vous serez payée davantage ?

- Non, madame ; nous ne travaillons pas à la tâche, nous travaillons à la journée ; mais, ajouta-t-elle, car elle avait appris à dire toujours la vérité à l’école du dimanche, Jésus me regarde : si je laissais de la boue par terre, il le verrait. Je balaye pour lui.

- Vous balayez pour Jésus…. Mais mon enfant, ne savez-vous pas que Jésus est au ciel ?

- Certainement, madame ; mais cette année, j’ai pris pour moi cette parole : " Mon Dieu, tu me vois, " et Jésus sait que je travaille pour Lui tout aussi bien que moi je sais qu’Il me voit. Quoique je ne puisse le voir, je sens qu’Il est là, et c’est pour lui que je me donne de la peine.

- Ce n’est pas pour l’argent que vous recevez. Ma petite Lucie ne veut rien faire si je ne lui promets pas quelque récompense et encore a-t-elle si mauvaise volonté, qu’il me faut toujours achever son travail.

Lucie, honteuse, rougit et baissa la tête.

- Madame, reprit Margot, il faut maintenant que je retourne à mon ouvrage, mais si la petite demoiselle travaillait aussi pour Jésus, parce que Jésus l’aime, elle serait plus heureuse. Cela lui vaudrait mieux qu’une masse de beaux cadeaux.

Margot s’en alla, mais madame R. n’oublia pas la jeune balayeuse ; elle sut son adresse et elle put dans la suite lui procurer un travail moins pénible et mieux rétribué.

Croyez cette brave Margot.

Tout ce que votre maman vous commande, faites-le pour l’amour de Jésus et de votre chère maman, non pas à contre-cœur ; vos moindres tâches, achevez-les soigneusement, car le Seigneur Jésus vous regarde.

Que ce soit le petit coup sec de votre aiguille dans le calicot neuf, ou le bruissement de votre plume sur votre cahier de devoirs, ou le sifflement du balai de Margot sur l’asphalte, Jésus écoute, et ces humbles bruits sont autant de cantiques qu’Il accepte, car Il vous aime.

Lucie retint le conseil de Margot ; tout ce qu’elle fait maintenant, elle le fait avec joie et elle le fait bien.

Il lui semble entendre Jésus lui dire : " Lucie fait une bonne action à mon égard. "

Chant à une petite fille

Tu voudrais, ma chère fille,

Que pour toi j’écrivisse un chant ?...

Que pourrait chanter l’alouette

Sous un ciel si gris et pesant ?

Mais si tu veux je vais te dire

Comment toi tu pourrais écrire

Le chant le plus charmant.

Sois bonne, toi, ma douce fille,

Et laisse à qui peut le talent ;

Que la pureté en toi brille !

Ne va pas tout le jour rêvant,

Mais agis avec diligence,

Fais de ta vie, dans le silence,

Un doux et noble chant.

D’après Charles KINGSLEY

Conseil à un enfant

Oh ! bien loin de la voie,

Où marche le pécheur,

Chemine où Dieu t’envoie !

Enfant, garde ta joie !

Lis ! garde ta blancheur !

Sois humble ! que t’importe

Le riche et le puissant !

Un souffle les emporte

La force la plus forte

C’est un cœur innocent.

Victor Hugo

Part à deux !

Le silence plein de frétillement de la période d’étude fut rompu par le fracas d’une porte qui se fermait violemment, et un enfant fluet, vêtu de sales haillons, fit irruption dans la salle d’école.

A moitié chemin du pupitre de la maîtresse, il balbutia :

- Papa veut que vous laissiez Jacquot rentrer à la maison maintenant.

Et comme mademoiselle prenait un air surpris et interrogatif, il ajouta :

- Il pourra revenir tout de suite.

La permission donnée, les deux fils déguenillés et mal nourris de la plus misérable famille de l’endroit, s’éloignèrent en trainant les pieds.

Bientôt après, Jacquot reparut avec un sourire satisfait et important sur sa pathétique petite figure.

- Je suis revenu aussitôt que j’ai pu. Le frère de papa se meurt, annonça-t-il gaiement, voilà pourquoi papa avait besoin de moi.

- Mais tu n’es pas resté chez toi, et je ne vois pas du tout pourquoi ton père te demandait, répondit la maitresse, mystifiée.

- Parce que papa doit s’en aller, expliqua Jacquot.

- Eh bien, qu’est ce que cela a à faire avec toi ?

- Mais il lui fallait ses bretelles, vous savez !

Servez les petits

Nous trouvons dans "l’Evangéliste ", ce trait raconté par un missionnaire travaillant dans un quartier déshérité de l’Est de Londres :

"L’incident suivant ne s’effacera jamais de mon esprit.

C’était un soir d’hiver, et il faisait un froid rigoureux.

Nous avions réuni huit cent enfants pauvres et affamés, auxquels nous commençâmes à distribuer un grand bol de soupe chaude.

Lorsque sept cents furent servis, nous nous aperçûmes que nous n’en aurions pas pour tous.

Grande fut notre consternation !

Que faire ! servir à la file la prochaine cinquantaine d’enfants jusqu’à l’épuisement de nos provisions ?

Diminuer les portions de moitié de façon à ce que chacun eût une part du repas ?

Dans notre hésitation, nous soumîmes le cas aux enfants et leur demandâmes de décider.

Comme d’une seule voix, ils crièrent :

- Servez les petits !

Et eux-mêmes poussèrent ces plus petits devant nous. Quand ils eurent été servis, il restait encore un peu de soupe.

- Donnez-la à ceux qui souffrent le plus de la faim ou qui sont malades, nous cria-t-on.

Et, de nouveau, ceux qui s’en privaient firent place aux plus misérables d’entre eux.

Mais je n’oublierai jamais le défilé de ces garçons qui n’avaient rien eu.

Pas un murmure, pas un regret ; un tableau de calme résignation. "

Une héroïne écossaise

En pleine guerre, un matin de juin 1916.

Madame Laurenson, femme de pêcheur habitant au nord de l’Ecosse une cabane sur le rivage d’une petite crique, veillait sur son enfant malade.

Elle voit soudain un sous-marin allemand s’immerger dans le canal faisant communiquer cette crique avec la mer.

La veille, le docteur lui avait dit qu’un cuirassé anglais devait mouiller dans la baie ce jour même.

Le sous-marin s’est donc bien placé pour réussir un coup de maître et faire périr huit cents matelots britanniques.

Terrible dilemme !

Le docteur a averti cette mère que l’état de son enfant exige des soins constants, et le bureau télégraphique est à près de deux kilomètres, sans aucune maison d’ici-là !

Madame Laurenson n’hésite pas ! elle laisse son enfant et court au télégraphe.

A son retour, le petit est mort !

Deux heures plus tard, un dragueur de mines entre dans la crique ; le sous-marin allemand le torpille et le coule ; on réussit à sauver l’équipage.

Le bateau allemand va s’enfuir, mais à la sortie le cuirassé anglais, prévenu, veille, prêt au combat.

Il faut se rendre ou périr : le sous-marin préfère se rendre.

A bord, on découvre quelques pêcheurs anglais recueillis par les ennemis après torpillages ; parmi eux, Laurenson, le mari de l’Ecossaise !

Le commandant du cuirassé, informé du dévouement de celle-ci, se rend chez elle pour la remercier.

Un matelot, derrière lui, porte un enfant inconnu recueilli en pleine mer, un des crimes des pirates.

- Voulez-vous l’adopter ? demande le commandant.

La mère sans enfant, prit le bébé, le serra contre sa poitrine.

Ce fut sa seule réponse.

Quand le commandant se retira, en lui laissant une part importante de la récompense gouvernementale, les larmes de l’héroïque écossaise étaient moins amères, et l’enfant inconnu, déjà apprivoisé, lui souriait.

Ils n'ont jamais pu s'échapper !

Deux jeunes cambrioleurs, se croyant très malins dans le métier, s’étaient introduits une nuit dans une grande fabrique de tissus, espérant bien pouvoir emporter les ballots de marchandises sans que personne y voie que du feu, comme on dit.

Mais ils n’avaient pas compté avec le dispositif perfectionné qui, dès qu’on ouvre une porte, fait retentir une sonnette électrique dans la chambre du gardien, en même temps qu’un petit feu rouge s’allume dans le plan de l’usine qu’il a accroché à son mur, pour indiquer l’endroit exact où cette porte a été forcée.

Il n’a plus alors qu’à se précipiter à son téléphone pour alerter la police, et dix minutes après les gendarmes sont là !

Ainsi pris par surprise, nos voleurs laissèrent tomber leurs outils et se mirent à courir chacun de son côté pour tenter de s’échapper.

Mais ne connaissant pas les lieux, l’un d’eux s’enfila dans un corridor sans issue et fut bien vite rattrapé par les gendarmes et les poignets serrés dans les menottes en fer.

Quant à son camarade, il demeurait introuvable !

Alors on eût recours au brave chien policier qui accompagnait son maître.

- Bobby ! lui dit-il, cherche-le vite !

Et après avoir bien flairé les outils du voleur, il partit le nez par terre, pour suivre sa trace.

Là il se mit à gratter, à aboyer. Oui, c’était bien là que se trouvait caché le voleur.

- Sors de là ! ordonna le gardien.

Mais il fit la sourde oreille. Alors le gendarme s’adressant à son chien :

- Tu le feras bien sortir, toi, Bobby !

- Ouah ! ouah ! répondit le brave cabot, bien décidé à entreprendre l’aventure.

Mais quand il l’entendit, notre voleur fut pris d’une telle panique à l’idée de ce gros chien qui allait lui sauter à la gorge, qu’il s’écria d’un ton suppliant :

- Tenez votre chien, je vous en supplie ! je vais me rendre tout de suite !

Ainsi, la capture ne fut pas longue et nos deux malfaiteurs furent bientôt conduits en prison comme ils le méritaient.

J’espère que si jamais vous aviez l’idée de suivre un jour leur mauvais exemple, amis, la triste fin de cette aventure suffirait à vous en décourager !

Le mal est toujours puni un jour ou l’autre, même sur cette terre, mais combien plus terrible encore sera la punition quand au bout du voyage il vous faudra comparaitre un jour devant le trône de Dieu !

Honore ton père et ta mère

Un duc, mourant, laissa trois fils triplés, âgés de seize ans.

Une contestation s’éleva entre eux pour savoir auquel échoirait le château entouré d’un parc.

Le tuteur décida que celui des trois en deviendrait possesseur, qui réussirait à loger une flèche dans le cœur du père, représenté par un tableau à l’huile, qui servirait de cible.

La flèche du premier traversa la tête, celle du second le bras gauche.

Vint alors le tour du troisième, qui aussitôt brisa l’arc et la flèche et, indigné, déclara les yeux remplis de larmes, qu’il aimait beaucoup trop son père pour essayer de lui briser le cœur.

C’est lui qui fut déclaré héritier du château ducal et de son parc.

Honore ton père et ta mère, nous dit le cinquième commandement. C’est le premier commandement qui a une promesse.

Prions et Dieu répondra

Une jeune fille pieuse avait soigneusement préparé ses examens.

Un mois avant de se présenter, elle remit son acte de naissance à l’Inspecteur d’Académie.

Celui-ci lui déclara carrément qu’il lui manquait trois jours pour avoir l’âge réglementaire, et qu’aucune exception ne pourrait être faite en sa faveur.

Désolée de cet ajournement, elle pria instamment le Seigneur de faire aboutir ses démarches auprès du recteur ou d’autres autorités compétentes.

Mais tous ses efforts furent inutiles, partout elle échoua.

Finalement, elle adressa une pétition au Ministère de l’Instruction Publique qui lui répondit :
" Avec la meilleure volonté du monde, je ne puis pas vous rendre plus âgée que vous ne l’êtes, mais je vais de suite retarder l’époque des examens de huit jours, ce qui vous permettra de vous présenter."

Ainsi fut fait et la jeune fille fut admise avec la mention " très bien ! "

Mais ce qui la rendit la plus heureuse, c’est d’avoir été si merveilleusement exaucée.

Soyons droits et Dieu sauvera

Pendant la terreur, le pieux pasteur Oberlin du Ban-de-la-Roche avait recueilli chez lui une jeune fille noble, dont les parents étaient proscrits.

Mais il fut dénoncé et les tyrans démagogues envoyèrent chez lui deux gendarmes pour saisir l’innocente créature suspecte, et la jeter en prison.

- Vous cachez une " aristo " chez vous, dirent-ils en pénétrant dans le presbytère, et nous sommes chargés de la conduire devant le tribunal de Strasbourg.

Que fera l’homme de Dieu ? niera-t-il le fait ? mentira-t-il ?

Jamais de la vie ! ou bien livrerait-il à la guillotine celle qui s’était réfugiée chez lui ?

Le dilemme était terrible.

Dans son angoisse et sa perplexité, Oberlin criait à Dieu du plus profond de son âme, implorant son secours, sa sagesse, sa solution, sa délivrance.

Et il fut merveilleusement exaucé.

- Ma maison est à votre entière disposition, dit-il aux gendarmes. Cherchez vous-mêmes et je vous accompagnerai depuis la cave jusqu’au grenier.

On ne trouva rien.

- Voici la dernière chambre, déclara Oberlin, tout tremblant d’émotion, lorsqu’on arriva à la mansarde où la jeune fille, ne se doutant de rien, et venant de se laver, s’essuyait derrière la porte où était suspendue une longue serviette. Jetez-y un regard, Messieurs, dit Oberlin en poussant cette porte.

Les gendarmes n’y voyant personne, furent plutôt honteux et confus, et prièrent le vénéré pasteur d’excuser leur indiscrétion !

Ainsi Dieu sauve et exauce, comme il est écrit dans le livre du prophète Daniel au chapitre 6 : Il sauve et Il délivre. Il fait des prodiges et des miracles, dans les cieux et sur la terre.

La chaise vide

Un agent de police chrétien racontait devant une assemblée que le devoir le plus pénible qu’il avait dû accomplir avait été d’arrêter dans un bureau de poste un jeune employé accusé de vol.

Ce jeune homme s’était adonné au jeu, à la boisson et à tout ce qui s’ensuit.

Des lettres chargées avaient manqué à la poste ; on le mit à l’épreuve et il fut trouvé coupable.

En sortant du bureau, dit l’agent, il fondit en larmes ; le courage lui manquait.

Il avouait avoir caché des lettres sous une haie, chez lui, et d’en avoir d’autres dans sa malle.

Ses parents étaient pieux, et je souffrais en pensant au déshonneur qui les attendait.

Nous dûmes nous rendre chez eux, la nuit arrivait ; nous nous hâtâmes de chercher les lettres cachées sous la haie.

Pendant ce temps, nous entendions les vieux parents qui chantaient un cantique.

Arrivés jusqu’à la porte, nous écoutâmes prier le père.

Il disait d’une voix émue :

- Oh ! cher Seigneur, préserve mon fils ! garde-le loin des mauvais compagnons et protège-le contre tout mal !

Lorsque j’entendis cela, je fus brisé.

Je sentis que si ce garçon s’était échappé, je n’aurais pas eu le courage de le poursuivre.

Nous ouvrîmes la porte ; là, près du feu, étaient les pantoufles du fils, toutes prêtes ; là aussi était sa chaise vide près du foyer et le souper préparé pour lui.

La douleur de ses parents, lorsqu’ils le virent arriver avec des menottes et qu’ils apprirent ce qu’il avait fait fut telle, que je désire n’en plus jamais revoir de pareille.

Sa mère dit :

- Et mon fils ne s’assiéra pas là ce soir pour souper ?

Quand je leur eus répondu que non, leur chagrin fut intense.

Le cœur se rompait de douleur ; c’était navrant…

Lorsque nous eûmes quitté la ferme, pendant une assez longue distance, j’entendis les gémissements et les sanglots de ce père et de cette mère…

Le fils fait maintenant cinq années de prison.

Sa place chez lui et sa chaise sont encore vides et l’on se demande si la mère pourra survivre pour le revoir !

Oh ! que de larmes elle a versées, que de soupirs ont oppressé le cœur de ce pauvre père !

Quand le garçon reviendra, quelle difficulté il aura à reprendre sa place dans une société honorable !

Jeunes gens, vous aurez à rendre compte à Dieu de toutes les larmes que vos parents auront versées à votre sujet.

M.L.

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