Veux-tu me faire place ce soir ?

Il est près de minuit, la journée de Noël tire à sa fin.

Fêtes religieuses et fêtes mondaines sont terminées, le calme règne partout.

Dans une petite chambre faiblement éclairée, un jeune garçon, un apprenti, est assis seul.

Accoudé sur la table, le front sur la main, il réfléchit.

La journée a été sérieuse pour lui, Noël a parlé à son cœur.

Pour la première fois, il a compris quelque chose du divin amour de son Sauveur, il a entrevu quelque chose de Son humiliation.

" Il n’y a pas de place pour lui dans l’hôtellerie. "

Cette parole, entendue le matin, l’a ému profondément, elle résonne encore à ses oreilles, elle le poursuit, il ne peut l’oublier.

Soudain, la porte s’ouvre, un Etranger entre.

Son visage est lumineux, Son sourire plein d’amour, Son expression divine.

S’approchant du jeune garçon, il pose la main sur sa tête, et d’une voix qui le fait tressaillir.

- As-tu place pour moi dans ton cœur ? Veux-tu me recevoir ce soir ? Je t’apporte le pardon, le salut, la JOIE.

La question n’étonne pas le jeune homme.

Depuis plus d’une heure, elle se pose à lui tantôt sous une forme, tantôt sous une autre, mais que répondre ?

C’est une vie très remplie que la sienne : le travail, le plaisir, les camarades, et tant d’autres sujets occupent son cœur et l’absorbent.

Fera-t-il place à l’Hôte divin ?

Le recevoir, ne sera-ce pas bannir tous les habitués de la maison, perdre ses camarades, renoncer à ses jouissances favorites, rompre avec des habitudes devenues partie intégrante de sa vie ?

Sans doute !

Mais l’étranger a parlé de joie, et le jeune apprenti, qui jusqu’ici ne l’a guère connue cette joie, la désire ardemment.

Un combat intense se livre dans son cœur, son visage exprime l’incertitude, l’angoisse.

Permettra-t-il au visiteur d’entrer ?

La main divine repose encore sur sa tête, le regard céleste cherche le sien …

Mais le jeune garçon s’est redressé brusquement.

Par un effort violent, il a réprimé son agitation, une expression de froide indifférence a remplacé l’émotion sur son visage.

Non, le Sauveur n’entrera pas pour le moment, si c’est en Maître qu’il doit entrer, et d’une voix presque irritée :

- Pas ce soir ! répond l’apprenti. Je ne peux Te faire place aujourd’hui. Plus tard, lorsque je serai un homme !

Vingt années se sont écoulées.

De nouveau, c’est Noël.

L’enfant est devenu homme, l’apprenti ouvrier.

Ses traits ont changé. La fatigue, les soucis ont sillonné son front, le péché a altéré son visage et le pli accentué de sa bouche trahit le dur combat de la vie.

Aujourd’hui comme jadis, Noël lui a parlé, et dans sa solitude, ce soir-là, il croit encore entendre résonner ces mots, prononcés le matin, à l’Eglise : " Il a porté nos maladies, il s’est chargé de nos douleurs... il a été blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités. "

Un bruit mystérieux lui fait lever la tête : l’Etranger à l’expression divine est en face de lui ; il le reconnait tout de suite.

C’est bien le même regard qui le sonda autrefois, un soir de Noël, alors qu’il n’était qu’un enfant.

- Veux-tu me faire place ce soir ? Reçois-moi, je t’apporte le pardon, le salut et la PAIX.

Sa voix est pressante, Son accent plein d’amour.

La paix ! Ah ! quelle douceur dans ce mot et comme l’âme de l’ouvrier frémit en l’entendant !

Que de fois il a soupiré après cette précieuse paix !

Actuellement encore, aucun sacrifice ne lui semble trop grand pour l’obtenir…. Mais soudain, l’ouvrier se rappelle le prix...  et une ombre passe sur son visage !

Ah ! c’est qu’il connait ce Visiteur, il sait que Sa présence bannit le péché, il comprend qu’il doit régner dans la demeure où il pénètre ; et, à cette pensée, il fronce le sourcil, il se détourne, son regard s’endurcit… son cœur se referme.

Non, pour le moment, l’ouvrier restera son propre maître, il luttera contre les difficultés de la vie du mieux qu’il pourra, il fera ce que bon lui semblera pour gagner le pain de la famille, goûtera les jouissances qui lui conviennent et il s’étourdira tant bien que mal pour oublier la tristesse et les soucis rongeurs.

- Pas ce soir ! Pas ce soir ! répondit-il enfin. Je n’ai pas de place pour Toi en ce moment. Plus tard ! et l’Hôte divin s’éloigne.

Les années ont passé.

Noël est revenu.

L’homme vigoureux est maintenant un vieillard, son regard est vague, ses membres tremblants.

La tristesse de son visage exprime souffrance et désillusion.

Le désert s’est fait autour de lui, les années de travail ont passé, sa famille est dispersée et les joyeux compagnons d’autrefois n’ont plus rien à lui offrir aujourd’hui.

Ce soir de Noël, dans sa solitude, le passé se dresse devant lui, mais ce passé n’amène pas de sourire sur ses lèvres.

Travail ingrat, jouissances trompeuses, amis infidèles… déceptions... déceptions, tout se résume dans ce triste mot.

Son cœur est froid et vide aujourd’hui, et cependant, jadis, il était si rempli que l’Hôte divin n’y put trouver place.

Ce passé, ce terrible passé lui serre le cœur, et quant à l’avenir, il n’ose y penser.

La tristesse accable le vieillard ; il s’endort.

Dans son sommeil la scène change.

Ce n’est plus sa misérable mansarde qu’il a devant les yeux ; c’est un portail, un haut portail.

Il le connait, c’est celui du Ciel.

Hésitant, tremblant, il frappe ; le portail s’ouvre ; de l’intérieur un jet de lumière s’échappe et l’éblouit.

Un ange se présente.

- Puis-je entrer ? demande le vieillard d’une voix étranglée par l’angoisse. Quel moment pour lui !

L’ange plonge son regard dans le sien :

- Pas de place pour toi, répond-il enfin, tu n’as jamais fait place au Sauveur. Il ne peut te faire place aujourd’hui.

Le portail se referme, le vieillard se retrouve seul dans la nuit sombre, seul avec son angoisse dévorante.

A cet instant, les ténèbres se dissipent, le portail disparait, le rêve s’évanouit.

Il ouvre les yeux et reconnait sa mansarde.

Ce n’est qu’un rêve… Oui, mais un rêve plein de réalité, le vieillard le sait, il tremble de la tête aux pieds, son visage est baigné de sueur.

Le portail se rouvrit-il jamais pour lui ?

A son grand âge, lui fut-il possible encore de répondre à l’appel divin et d’accueillir enfin Celui que si longtemps il avait repoussé ?

Hélas ! C’est peu probable ! Il est rare, bien rare de voir un vieillard se convertir.

Le cœur qui a longtemps refusé Christ, éprouve de jour en jour une difficulté croissante à Le recevoir.

Les appels divins se font de plus en plus rares, bientôt la conscience ne les perçoit même plus, l’âme s’habitue aux ténèbres, elle s’y complait, elle s’y endort, elle finit par y mourir.

Pour vous, cependant, puisque vous lisez ces lignes, c’est aujourd’hui le temps favorable, mais demain ne vous appartient pas.

Laissez entrer aujourd’hui, l’Enfant de Bethléhem, recevez aujourd’hui la joie de Noël, de crainte qu’un jour à la porte des cieux, cette terrible parole ne retentisse à vos oreilles : Pas de place pour toi ! Tu n’as jamais fait place au Sauveur, il ne peut te faire place aujourd’hui.

" Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur " (Hébreux, chapitre 3, verset 7).

Un instrument sensible

" Je n’ai rien sur ma conscience ; mais par là je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur " (1 Corinthiens, chapitre 4, verset 4).

" Priez pour nous, car nous croyons que nous avons une bonne conscience, désirant bien nous conduire en toutes choses " (Hébreux, chapitre 13, verset 18).

Notre conscience peut être comparée à un compteur dont l’aiguille se déplace sur le cadran gradué du bien et du mal.

Depuis la désobéissance initiale d’Adam, notre premier père, l’être responsable que nous sommes est pourvu de cette indispensable faculté.

Or un compteur peut perdre sa sensibilité.

Il arrive qu’il soit forcé et alors l’aiguille définitivement déplacée reste en deçà de la juste division.

C’est ce qui arrive facilement à notre conscience.

Cet instrument délicat est progressivement faussé au contact du mal et perd sa sensibilité.

Ne pas écouter sa conscience, c’est l’endurcir.

Elle ressemble alors à un organisme malade qui s’habitue à des doses de calmants de plus en plus fortes et qui ne réagit plus.

Situation des plus dangereuses !

Un compteur faussé ne dispense pas l’automobiliste d’une amende pour excès de vitesse.

Si le mien marque 50 km/h en traversant le village, mais que le radar de la gendarmerie ait enregistré 80, je n’échappe pas à la contravention.

De même que la conscience est affaiblie par l’habitude du mal non jugé, elle peut aussi être affinée lorsqu’on la règle sur la Parole de Dieu.

Nous avons là la " sûre norme " à laquelle un chrétien éprouve continuellement le besoin de se référer (Proverbes, chapitre 22, verset 21).

(Calendrier de la Bonne Semence)

Compté…. Pesé…. Divisé… !

Le chapitre 5 du livre de Daniel et l'archéologie

Belschatsar n’a jamais existé ! Donc la Bible s’est trompée une fois de plus !

Ainsi triomphaient les critiques jusqu’au début du siècle.

Effectivement on n’avait encore jamais retrouvé dans l’histoire le nom de ce roi que nous présente le prophète Daniel.

Mais d’autres générations d’archéologues remuèrent les déserts de Mésopotamie.

Les ruines de Babylone ne tardèrent pas à révéler les secrets d’un brillant passé enseveli sous des siècles de poussière.

L’histoire put se reconstituer.

Après le long règne de Nebucadnetsar, " roi des rois et conquérant du monde ", son fils, Evil-Merodac, lui succéda sur le trône.

Autant le père avait été despote et violent, autant le fils fut doux et clément.

C’est bien ce que Jérémie démontre lorsqu’il nous présente Evil-Merodac à la première année de son règne, s’intéressant à un ex-roi prisonnier auquel il parle avec bonté (Jérémie, chapitre 52, verset 32).

Mais Babylone n’a que faire d’un souverain qui renie son rôle de dictateur.

Nergal-Scharetser, l’un des capitaines de Nebucadnetsar (cp. Jérémie, chapitre 39, verset 3), assassine le roi, son propre beau-frère, pour accaparer le trône ; période troublée et tourmentée.

Son fils Laborosoarchod lui succède bien vite, puis périt à son tour sous les coups d’un meurtrier, laissant le royaume a un autre descendant du " roi des rois ", Nabonnaïde.

Mais Nabonnaïde n’est pas fait pour être roi ; c’est un Chaldéen, c’est-à-dire un sage, un scribe, qui n’entend pas abandonner ses recherches historiques ou astronomiques pour gérer l’empire.

Il remet donc les charges officielles à son fils aîné qui n’est autre que Belschatsar, le roi dont nous parle Daniel.

Si les disciples se taisent, les pierres crieront, avait annoncé le Seigneur Jésus (Luc, chapitre 19, verset 40).

Les pierres des ruines de Babylone ne se sont pas contentées de parler, elles ont crié et crient encore, au désespoir des raisonneurs de notre temps !

Sur un temple babylonien, une inscription cunéiforme attribuée à Nabonnaïde, déclare :

" Que mon fils aîné Belschatsar, la postérité de mon cœur, soit satisfait avec la plénitude de la vie. "

Pour Belschatsar, la plénitude de la vie, c’est manger et boire avec mille convives (cp. Daniel, chapitre 5, verset 1).

C’était aussi défier le Dieu des cieux devant lequel il ne voulait pas s’humilier comme Nébucadnetsar (Daniel, chapitre 5, verset 3).

Belschatsar devait pourtant se souvenir de la solennelle expérience de son grand-père qui perdit la raison pendant sept ans (cp. Daniel, chapitre 4, verset 34).

Il ne pouvait pas l’ignorer, puisque même les chroniques de Bérose, historien grec du 3ème siècle avant Jésus-Christ, mentionnent encore la maladie mentale de Nébucadnetsar et son rétablissement inattendu.

Cependant, dans son orgueil effronté, Belschatsar ne veut pas s’abaisser devant le Dieu des cieux.

Il le brave même, en commettant un sacrilège à l’égard des ustensiles du temple de Jérusalem.

Mais le Tout-Puissant sait dire à l’homme : " Jusqu’ici mais pas plus loin. "

Le courroux divin le frappe d’une manière foudroyante ; une extrémité de main se montre sur la chaux de la paroi en face du chandelier, où elle écrit des mots incompréhensibles que seul Daniel pourra interpréter.

Non seulement on a retrouvé dans les ruines de Babylone des traces de chaux, mais les archéologues mirent la main sur une brique où on lit cette phrase :

" Si une extrémité de main écrivait sur la muraille, le pays serait livré aux pillards. "

Les Chaldéens étaient des gens très superstitieux et l’apparition soudaine de cette extrémité de main fut sans doute envisagée comme un signe de très mauvais augure.

Mais n’est-ce pas extraordinaire que Dieu permette que l’on recueille des décombres de la fameuse capitale une inscription en rapport direct avec l’un des chapitres les plus contestés de la Bible ?

Daniel n’était pas au festin du roi Belschatsar.

Ce n’était pas sa place… ; et ce n’est pas non plus votre place de prendre part à un festin offert par le prince de ce monde !

Daniel se tenait devant Dieu (cp. Daniel, chapitre 7, verset 1 ; et chapitre 8, verset 1).

Il se laissait avertir, il consultait le livre de Jérémie (cp. Daniel, chapitre 9, versets 1 et 2) qui, soixante-dix ans auparavant, avait prophétisé entre autre le châtiment inopiné de Babylone, au moment où ses chefs seraient en train de s’enivrer (Jérémie, chapitre 51, versets 39 et 57).

Aussi, lorsqu’on le fit chercher, Daniel ne s’embarrassa pas des habitudes protocolaires de la cour.

Il dénonça le péché du roi et avertit le " Tout Babylone " d’alors du jugement imminent décrété par le Tout-Puissant.

Puis il interpréta l’écriture mystérieuse : " Compté, compté, pesé, divisé. "

Les jours du premier empire mondial, Dieu les avait comptés : la même nuit, les Mèdes et les Perses allaient surprendre la ville et s’en emparer sans coup férir.

Le roi Belschatsar était pesé dans la main du Souverain des cieux, mais il ne valait surtout pas son pesant d’or.

" Mine de la mine, " disait-on à Babylone lorsqu’un fils suivait dignement les traces de son père, mais les balances de Dieu sont réglées sur un autre barème : " Schekel " (pesé) écrivait la main, et schekel, c’était à Babylone la plus petite unité de poids, la soixantième partie de la mine.

Non ! Belschatsar ne valait pas grand-chose ! " U- Pharsin " (divisé) complétait la sentence : U-Pharsin, c’était la racine du verbe " paras ", qui signifie diviser, et en même temps le pluriel du substantif pharès = Perses !

Et Dieu annonçait en un seul mot cette double réalité : le plus grand royaume du monde allait être divisé et livré aux Mèdes et aux Perses.

Le message était clair et sans appel ; mais Belschatsar ne le comprit pas.

Il fit de riches présents à Daniel, lui attribuant la troisième place – pas la seconde puis qu’il régnait lui-même en second aux côtés de Nabonnaïde, son père ! – d’un royaume qui allait lui être enlevé la même nuit…

Et le Souverain des cieux est capable aujourd’hui encore de frapper soudainement en une nuit les plus grands dictateurs qui terrorisent notre monde.

La prise de Babylone, nous racontent Xénophon et Hérodote, fut foudroyante.

Tandis que le roi et ses grands étaient à boire et à s’enivrer, la ville fut conquise par l’intrépide général Cyrus, neveu de Darius le Mède.

L’Euphrate traversait la cité de part en part ; mais Cyrus eut recours à une stratégie inattendue.

Divisant son armée en trois corps, il installa un régiment en aval, et un autre en amont de la capitale, tandis que le troisième avait pour mission de détourner les eaux du fleuve à des dizaines de kilomètres plus au nord.

Alors les soldats vainqueurs s’avancèrent jusqu’au cœur de la ville en utilisant le lit desséché du fleuve, s’emparant de la septième merveille du monde, sans rencontrer la moindre résistance.

Dieu l’avait dit : Babylone serait prise " à l’improviste " (Jérémie, chapitre 50, verset 24).

A l’heure où une confédération politico-religieuse se propose de rassembler les vestiges de la chrétienté déchue en un Concile œcuménique, il est bon de nous souvenir que notre Bible nous parle d’une autre Babylone, dont la chute viendra également " en une seule heure " (Apocalypse, chapitre 18, verset 10).

Et n’oublions pas non plus que le Tout-Puissant peut prouver, en 1962 comme aux jours de Daniel, qu’Il contrôle les agissements des chefs d’Etat par trop prétentieux et qu’Il dira à chacun d’entre eux un jour, comme à Belschatsar : " Tu n’as pas glorifié le Dieu qui a dans Sa main ton souffle et toutes tes voies " (Daniel, chapitre 5, verset 23).

Un dernier mot : ces petits, critiques de Daniel, chapitre 5 se sont trompés sur toute la ligne… qu’ils ne nous impressionnent plus !

Le Seigneur de toute la terre savait bien que, dans notre ère atomique, nous aurions spécialement besoin des certitudes glorieuses que nous révèle ce chapitre !

J. H. ALEXANDER

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