Fidèle à sa parole

Le futur général Cambronne avait un faible pour la bouteille.

Or, si je ne me trompe, à sa promotion de caporal, il s’était abominablement enivré.

Survint un officier qui lui fit une juste observation, mais Cambronne, qui avait la tête près du bonnet, se mit en colère au point de frapper son supérieur.

La chose était grave ; il fut condamné à mort.

Son colonel, qui l’aimait pour sa bravoure et sa loyauté, obtint sa grâce, à condition qu’il ne boirait plus de vin.

Vingt-cinq ans après, le caporal Cambronne était devenu le général Cambronne.

Retiré dans sa famille à Paris, il vivait tranquillement, aimé et estimé de tous ; son ancien colonel l’invita un jour à dîner, avec quelques vieux frères d’armes.

La place d’honneur était pour Cambronne, à la droite du maître.

On apporte un vin exquis, réservé pour les grandes occasions : " Mon général, dit le vieux colonel, vous allez m’en dire des nouvelles " ; et il s’apprête à remplir le verre de Cambronne.

Celui-ci refuse, l’autre insiste ; Cambronne se fâche.

" Mais, mon général, je vous assure qu’il est excellent ! "

" Il s’agit bien de cela, dit vivement Cambronne, il s’agit de mon honneur ! et ma promesse de caporal, l’avez-vous oubliée?  …. Depuis ce jour, pas une goutte de vin n’a touché mes lèvres.

Ma parole et ma conscience valent mieux que votre vin. "

Deux exemples de relèvement (1)

1 - Une conférence qui porte

Une dame raconta que son père s’était adonné à la boisson pendant des années.

Il avait brisé le cœur de sa femme.

De toute la famille, seule cette fille lui était restée, se dévouant pour lui, le surveillant, le soignant, allant jusqu’à le chercher à l’auberge pour le ramener chez lui.

Songez-y !

Une jeune fille ramenant son père ivre !

Elle réussit à le faire assister à une de mes conférences.

Tandis que je dépeignais le chagrin des enfants d’un ivrogne, il tordait ses mains convulsivement.

Tout à coup, se tournant vers elle, il lui dit d’une voix étranglée : " Berthe, ma chérie, vous-ai-je jamais fait souffrir ainsi ? "

Tout ce qu’elle put répondre fut : " O père, cher père ! "

- Berthe, je signerai l’engagement ; j’y suis résolu.

A la fin de la conférence, il signa en effet.

Et de ce soir, me dit cette dame, il abandonna totalement la boisson.

2 - Une visite dure, mais bénie

Un monsieur me parla une fois d’un cas désespéré, me priant d’aller voir le malheureux en question.

- C’est une triste brute, dit-il, la boisson en fait un vrai démon. Il a battu sa fille, âgée de quatorze ans, avec une lanière de cuir, si bien qu’elle en portera les marques jusqu’à la fin de ses jours.

Et pourtant, de sens rassis, il est doux et bon, il aime ses enfants et est tendre vis-à-vis de sa femme. Celle-ci est malade d’une fièvre bileuse, et le médecin a peu d’espoir de l’en voir guérir.

Voici quelques jours qu’il n’a pas bu, et si vous pouviez le voir, je suis sûr que vous lui feriez du bien.

- J’y vais, répondis-je.

On me montra la maison et je frappais à la porte.

L’ivrogne m’ouvrit et me reconnut, car il avait assisté à l’une de mes conférences.

- Monsieur Gough, je crois.

- C’est mon nom ; voudriez-vous me donner un verre d’eau ?

- Certainement, entrez.

J’entrai et m’assis.

Il apporta de l’eau.

Je remarquais deux enfants jouant par terre ; une porte était entrouverte, elle conduisait à la chambre où était couchée la femme malade.

Je lui parlai du temps, des chemins, de la crue, de la rivière, du chemin de fer en perspective, cherchant à amener la tempérance sur le tapis, mais l’homme était déterminé à ne pas m’y laisser arriver, et quand j’approchais du sujet, il m’en écartait.

J’étais perplexe et songeais à m’en aller, quand, regardant les enfants, je dis :

- Voici deux beaux enfants, sont-ils à vous ?

- Oui, ce sont les miens, et ils se portent bien.

- Vous aimez vos enfants, n’est-ce pas ?

- Certainement ! J’aime mes enfants.

- Ne feriez-vous pas quelque chose pour le bien de vos enfants ?

Il devint grave, comme cherchant où j’en voulais venir, puis il dit :

- Certainement, je devrais être disposé à faire du bien à mes enfants.

- Eh bien, - et je me levai, prêt à sortir dans le cas où il s’en offenserait, - ne croyez-vous pas que si vous abandonniez la boisson, ce serait un avantage pour vos enfants ?

Il me regarda curieusement, puis éclatant de rire, il s’écria :

- Eh bien oui, oui, si j’abandonnais la boisson, se serait un avantage pour mes enfants.

- Vous avez une brave femme ?

- Oui, Monsieur ! La meilleure femme que jamais homme ait pu avoir.

- Vous l’aimez, votre femme ?

- Certainement, - puis il ajouta avec une certaine impatience : - J’aime ma femme ! C’est naturel qu’un homme aime sa femme.

- Ne feriez-vous pas n’importe quoi pour lui faire plaisir ?

- Certainement ! Je dois lui faire plaisir si je le puis.

- Ne pensez-vous pas que si vous signez l’engagement, cela lui ferait plaisir ?

Se levant brusquement, il s’écria :

- Je ne pourrais rien faire qui lui plût autant que cela ! Mille tonnerres ! Si je signais l’engagement, je crois bien que la vieille serait capable de se lever et de se remettre à sa besogne avant une semaine, toute malade qu’elle est maintenant.

- Alors, vous le ferez ?

- A l’instant même.

Il ouvrit une armoire, en sortit de l’encre et une vieille plume, je déployai la feuille d’engagement.

Il s’assit, couchant presque sa tête sur la table, et écrivit son nom.

- Voici, dit-il, en déposant la plume.

Les enfants avaient cessé leur jeu en entendant parler de tempérance.

Ils savaient quel buveur était leur père, et tout ce qu’ils pouvaient attendre d’un engagement.

Tandis qu’il signait, ils ouvrirent leurs yeux tout grands, et l’un dit à l’autre : " Père a signé l’engagement ! "

Levant les bras au ciel, l’autre répondit : " Bonté ! Je vais aller le dire à maman ! "

Elle se précipita dans l’autre chambre ; la mère avait écouté et tout entendu, et je l’entendis doucement appeler son mari : " Luc, Luc ; viens ici, Luc ! "

Se tournant vers moi, il me dit : " Entrez avec moi, ma femme vous verra avec plaisir. "

Je le suivis.

La femme était couchée, très pâle, avec des yeux immenses.

Prenant ma main dans une de ses mains amaigries, et de l’autre celle de son mari, elle murmura : " Luc est le meilleur homme du monde ; bon père, bon ouvrier, mari affectueux ; la boisson seule, voilà l’inconvénient. "

Son mari tremblait comme une feuille.

Arrachant tout à coup sa main à l’étreinte de sa femme, il découvrit une vilaine blessure à l’épaule de la pauvre malade, près du cou, et s’écria : " Elle dit que je suis bon ! Elle dit que je suis bon ! Voyez cela ! c’est moi qui l’ai fait, trois jours avant qu’elle soit tombée malade, et elle dit que je suis bon ! que le Dieu tout puissant me le pardonne. Suis-je bon ? "

Tombant à genoux devant le lit, il se mit à sangloter en cachant sa tête dans les couvertures.

Sa femme posa sa main sur sa tête : " Non, Luc, je t’en prie, ne pleure pas ! Ne le croyez pas, monsieur. Il ne m’aurait pas frappé, si ce n’avait été l’ivresse. Ce n’était pas toi, cher Luc, c’était la boisson. Ne pleure pas, je t’en prie. Tu as signé l’engagement, et tout ira bien maintenant. "

Je les revis deux ans plus tard.

L’homme avait tenu sa promesse.

C’est un de ces cas, entre mille, pour lesquels aujourd’hui je remercie Dieu de tout mon cœur.

(1) Ces deux exemples sont pris, parmi beaucoup d’autres, dans le récit qu’un ancien buveur, devenu chrétien abstinent et conférencier dans les Etats-Unis, a fait de sa propre vie.

Ce récit est plein d’expériences, car John Gough a consacré plus de quarante ans à la cause du relèvement de ses frères tombés.

Nous le recommandons à tous ceux qui ont cette œuvre à cœur. Se procurer l’autobiographie de John Gough, 314 pages, au prix de 1 fr. 25 à l’Agence de la Croix-Bleue, 33, rue des Saints Pères, Paris.

Jules DEJARNAC

Angleterre

Le directeur de la prison de Cantorbéry disait en 1889 :

" Dans les quinze dernières années, j’ai enfermé ici vingt-deux mille condamnés ; il y avait parmi eux des jeunes gens et des vieillards, des pauvres et des riches, des savants et des illettrés ; mais je n’ai pas vu entrer ici un abstinent de boissons alcooliques.

Les femmes et la religion.

On a souvent dit, pour se moquer de la religion, que les femmes sont toujours en majorité dans les Eglises.

Mais, s’il y a discrédit, c’est pour les hommes et non pour la religion.

Il y a plus d’hommes que de femmes dans les prisons, dans les débits de boissons, dans les maisons de jeux et parmi les criminels et les désœuvrés de tous les pays.

Ceci n’est guère une preuve de la supériorité intellectuelle et morale de l’homme.

Parmi les promoteurs et les défenseurs de toute noble cause, les femmes sont au contraire très souvent en majorité.

L’eau de vie est votre grande ennemie, disait un pasteur à un ivrogne de sa paroisse.

- Oui, Monsieur le pasteur, mais la Bible me recommande d’aimer mes ennemis.

- Fort bien, mais elle ne vous dit pas de les avaler !

Il existe une espèce de tissage où le tisserand ne voit pas son travail à mesure qu’il l’exécute ; il n’a devant lui que le modèle, que ses mains et ses pieds s’efforcent de réaliser.

Mais finalement son œuvre apparaît, en tout point conforme au modèle.

C’est de cette manière que nous sommes transformés, d’ordinaire à notre insu, à l’image de Jésus notre modèle, si notre regard reste toujours fixé sur lui pour lui ressembler.

Annonce d'un cabaretier

Désirant réussir sans travailler fort, et voulant échapper à l’ancienne loi qui ordonne que chacun doit gagner son pain à la sueur de son front, j’ai décidé d’obtenir mes profits aux dépens des autres.

Qu’on ne m’appelle pas fainéant ! Je suis fabricant ! Je continuerai là à fournir aux villageois, à la commune, et au pays entier, des ivrognes, des ruinés, des criminels et des aliénés pour que les gens sobres et philanthropes du pays s’occupent à les aider, à les relever si possible, et à en faire ce qu’ils pourront.

Autorisé par la loi, j’augmenterai les accidents mortels, les maladies inguérissables, les querelles avilissantes, les batailles sanglantes et les meurtres indescriptibles.

Mes liqueurs garantiront de raccourcir la vie aux uns, d’ôter la raison aux autres, de diminuer les fonds de tous, et de rendre la paix de la famille et du cœur impossible.

De bons pères et de bons maris, elles en feront des monstres ; aux mères, elles leur feront négliger et maltraiter leurs enfants, perdre leur modestie et leur pureté. Elles enverront les enfants au travail, et leur donneront l’ignorance et la misère en héritage.

De bons voisins, elles feront des flâneurs, des blagueurs, des joueurs et des citoyens dangereux.

J’invite les femmes à entrer dans mon établissement par une porte particulière qui conduit à un quartier favorisé, où on leur débitera à discrétion des boissons qui, sans les rendre ivres de suite, et sous prétexte de faire comme les autres, les feront devenir inintelligentes, oisives et querelleuses.

Les garçons et les filles sont le matériel sur lequel je travaille le plus aisément, et desquels je fais la bonne clientèle de l’avenir.

Les parents sont invités à les envoyer chercher les liqueurs qu’ils voudront bien eux-mêmes consommer en leur présence.

Mes liqueurs font vite effet.

En deux heures de temps, je garantis de mettre les maris en condition de rentrer chez eux en titubant, de briser les meubles à coups de hache, et de meurtrir les membres de la famille à coup de poing ; de battre leur épouse et de jeter leurs enfants endormis dehors, dans la nuit et aux rigueurs du froid.

En quelques années, ou en quelques mois même, j’agirai sur le cerveau, le cœur et la morale d’un bon ouvrier, de telle sorte qu’il commencera à gâter au lieu de bien faire son ouvrage, à dégoûter ses patrons, à fatiguer ses confrères, à perdre sa place et son honneur, et à devenir un vagabond.

Si un de mes clients voulait abandonner ses habitudes de boisson, pour quelques sous je me tiens prêt à lui renouveler la soif par une invitation à " boire un seul coup " avec moi, et ainsi à lui replacer la plante des pieds sur la route qui descend aux enfers.

L’argent qu’il dépenserait pour sa famille en pain, en vêtements et en écolage, m’achètera le luxe, après qu’il l’aura fait passer sur mon comptoir.

Quand il l’aura tout dépensé, je l’engagerai à emprunter, à vendre son nécessaire et ses meubles, à voler même, pour se fournir de quoi satisfaire sa soif désordonnée.

Quand toute ressource lui manquera, je le chasserai de ma présence et j’inviterai la police ou les gens philanthropes à en prendre soin jusqu’à ce qu’il puisse revenir avec les poches pleines.

Mes liqueurs produisent spécialement les fièvres, la phtisie et la paralysie.

Elles aggravent toutes les maladies du corps et de l’âme. Elles diminuent le courage et l’affection naturelle. Elles augmentent énormément toutes les misères du consommateur et de sa famille, les fardeaux de la paroisse et de tout le pays. Elles ne respectent ni profession, ni rang, ni capacité, ni âge, ni sexe.

A mon comptoir, comme à la tombe ou aux galères, tous sont au même niveau…. le plus bas.

Le sénateur et le charretier, quand ils sont ivres de mes boissons, ne se distinguent plus, ni par leurs actions, ni par leur langage.

J’établis donc l’ère de l’égalité.

Je maintiens en pleine activité certaines professions et leur fournis l’occasion de s’exercer.

Je donne du travail aux médecins, aux pharmaciens, aux pasteurs, aux sergents de ville, aux juges de paix et aux geôliers.

Je mets en activité les rouages de toutes les sociétés de secours et les organisations charitables, les hôpitaux, les maisons de correction et les asiles pour les malheureux de tous genres.

Plus qu’aucune autre cause, je leur fournis des clients et des victimes.

Les statistiques vérifieront mon assertion.

Je sais que pour tous ces maux que ma boisson crée ou excite ou augmente, Dieu m’appellera en jugement, et je me sens déjà condamné par avance.

Mais ayant bouché mes oreilles contre tout appel de la justice et de l’humanité, ayant émoussé ma conscience contre tous les cris de pitié que la misère de mes victimes pousse, j’ai payé le gouvernement pour mon privilège de débiteur de boissons, et je réclame le droit de faire pleuvoir sur ma tête et celles de mes semblables, la pluie de maux ci-dessus mentionnés en abrégé.

Ma récompense sera le petit gain qui me brûlera la paume, et les malédictions des milliers de cœurs, de la souffrance desquels je suis l’agent.

Aimeriez-vous voir des échantillons de mes liqueurs ?

Venez à n’importe quelle heure à mon comptoir où s’entrechoquent les verres ; entrez dans les salles de police le lundi matin ; faites un tour d’inspection réfléchie dans les asiles pour les pauvres, les vicieux, et les idiots ; allez aux prions et aux galères, et là, contemplez le résultat terrestre de mon trafic.

Si vous voulez en savoir davantage, consultez la Bible.

Elle ose en parler franchement et avec autorité.

Je n’indique que Proverbes, chapitre 23, versets 29 à 35 et Esaïe, chapitre 5, verset 11.

(Publié en Amérique et traduit par l’auteur, Rev. S. GOBIET)

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