Lorsque j’avais douze ans, je cherchais Dieu.

Mon père et ma mère aussi cherchaient Dieu, mais chacun de leur côté. A la maison, on n’en parlait pas, on ne lisait pas la Bible.

J’aimais et admirais beaucoup mes parents, et je ne voulais pas leur faire de peine en leur désobéissant.

Ma mère cherchait passionnément le bien de ses trois filles et ne ménageait pas sa peine pour y parvenir.

Mon père, quant à lui, ne se départait jamais de sa douceur et de la maîtrise de soi.

Je ne l’entendais jamais prononcer le moindre mot vulgaire. Son comportement exemplaire me fascinait. Il n’allait pas dans la même Eglise que nous, mais au cours des rares occasions où il me parla de l’Evangile, ses paroles furent une source de lumière pour mon âme en recherche.

Elles atteignaient leur but, elles étaient limpides et m’apportaient une libération intérieure.

A l’école, personne ne nous incitait à lire la Bible.

Je ne garde pas de souvenirs des cours de catéchisme, sauf d’une fois, où quelqu’un, pour imager la relation qui existe entre Dieu et les hommes, nous affirma que Dieu était tellement grand que nous étions pour lui aussi petits que des vers de terre.

J’avais horreur des vers de terre, et j’espérais être, pour ce Dieu que je recherchais de tout mon cœur, bien autre chose qu’une petite créature sans valeur.

Le dimanche matin, je participais à un office religieux.

Je partais à l’Eglise avec ma mère et mes sœurs en pensant : " Je vais rencontrer Dieu. "

J’espérais que cette rencontre avec Dieu, un être invisible mais bien réel, serait inoubliable et m’apporterait un très grand bonheur qui durerait toujours.

Ce serait " la rencontre de ma vie. "

Mais il ne se passait rien. Je ressortais déçue et frustrée.

A intervalles réguliers, mes sœurs et moi allions nous confesser à un prêtre.

J’attendais beaucoup de la confession et surtout de retrouver une conscience pure et de perdre le sentiment d’être coupable, même si j’étais considérée comme une enfant sage.

Mais la confession à un homme et les prières toutes faites ne suffisaient pas à effacer l’impression d’être coupable, même si c’étaient de petites fautes sans conséquence.

Et la soif de rencontrer Dieu était toujours présente.

Il est vrai qu’à 12 ans, un enfant cherche en général à s’amuser et à profiter pleinement de la vie qui s’ouvre devant lui, ce n’était pas mon cas. Les divergences qui opposaient mes parents sur le plan religieux et donc sur le mode de vie retentissaient lourdement sur l’ambiance familiale.

J’étais déjà tourmentée par une santé physique un peu déficiente et je voyais autour de moi beaucoup de gens souffrir de diverses façons.

Les nouvelles que se disaient les adultes entre eux faisaient toujours état de deuils, de maladies terribles, d’enfants malheureux.

Je ne pouvais imaginer que ce monde dans lequel je vivais, si beau, puisse être exposé à des souffrances si terribles, sans qu’un être bienveillant soit là pour l’aider, comme un père ou une mère qui se penche sur son enfant souffrant.

Le jour où j’ai eu connaissance des atrocités qui ont atteint des millions d’êtres humains pendant la seconde guerre mondiale, tout ce qui restait en moi du bonheur de vivre et de l’insouciance de l’enfant a disparu à jamais.

Pourtant un enfant ne pense pas que la tombe est la fin de tout, même en face de la souffrance.

Il est important de l’aider à conserver cette espérance qu’il reverra ceux qu’il aime, même si la mort les a séparés de lui.

Je me souviens de cette amie qui me disait avoir perdu la joie de vivre à l’âge de 7 ans, le jour où sa grand-mère est morte.

Personne n’avait pris soin de l’aider à développer une espérance en une vie après la mort.

C’est à plus de 30 ans, après avoir reçu le message de Dieu contenu dans les Evangiles et les épîtres, qu’elle retrouva une pleine espérance et le goût de vivre.

Pour ma part, je gardais l’espérance en Dieu, mais j’avais besoin de le connaître vraiment.

Il y avait, à l’entrée de l’Eglise dans laquelle je me rendais le dimanche, une grande croix de bois sur laquelle était clouée la statue d’un homme crucifié, Jésus-Christ.

Des filets de peinture rouge descendaient le long des bras et des pieds, à l’endroit où les clous étaient plantés. Ce corps torturé, ce sang qui coulait ne me parlaient que de souffrance.

Cette statue m’impressionnait, me faisait peur et je pensais : " Mais pourquoi donc avoir mis cette statue si horrible dans une Eglise ? "

Le message de l’Evangile, à travers la messe, n’avait pas pénétré mon cœur.

Je restais dans l’ignorance, n’osant poser la question à personne.

Lorsque j’ai eu 18 ans, je suis partie dans une ville universitaire, à 200 kilomètres environ de chez mes parents, pour y étudier la médecine.

Jamais je n’avais eu le désir d’étudier autre chose que la médecine.

Tout en étudiant, je continuais, bien entendu, à chercher Dieu.

Je n’étais pas attirée par l’Eglise que j’avais fréquentée dans mon enfance, et dans laquelle ma soif de connaître Dieu n’avait pas été étanchée.

Mais je me méfiais aussi de toutes les autres Eglises " dites chrétiennes ", ayant été prévenue du danger qu’on y courait d’être manipulé et embrigadé, d’y perdre sa liberté de pensée. Je restais sur mes gardes.

Pourtant le fait de croire en Dieu m’a aidée dans ma vie d’étudiante.

Je savais que Dieu veillait sur moi et que je ne serais pas contrainte de ne compter que sur mes seules forces pour réussir.

Et je savais aussi que mes parents priaient pour moi.

Le jour du concours qui sanctionnait le premier cycle des études médicales, alors que les étudiants qui m’entouraient manifestaient les signes de la plus grande nervosité, je me souviens avoir monté les marches qui conduisaient à la salle d’examens aussi détendue que si l’on m’avait invitée à une fête.

J’étais moi-même étonnée de ressentir cette grande paix au milieu de l’anxiété ambiante, et j’eus du mal à croire ceux qui m’apprirent que j’étais reçue au concours parmi les premiers.

Je me souviens aussi, au début de mes études, avoir fait une expérience, liée peut-être au fait que je n’avais pas les mêmes centres d’intérêt que beaucoup d’étudiants.

Un après-midi, à la fin des cours, je me trouvais mêlée au flot des étudiants qui sortaient de l’amphithéâtre, et je pris la direction pour rentrer chez moi.

En longeant le mur qui conduisait vers la sortie de la faculté, je pris conscience d’un silence inhabituel.

Tous les étudiants avaient disparu, comme par enchantement, et je me retrouvai seule.

J’en reçus l’explication le lendemain.

Les étudiants les plus anciens avaient décidé de faire subir un bizutage aux derniers arrivés.

Tous les étudiants, garçons et filles, avaient été contraints d’entrer de force dans une grande salle où on leur avait demandé de mimer des gestes et attitudes obscènes.

Je ne peux pas donner d’explication au fait que j’aie échappé à cette séance, car j’avais des relations cordiales avec mes camarades de faculté, mais j’étais contente d’avoir évité cette épreuve et je n’ai d’ailleurs jamais subi par la suite non plus de bizutage.

Lorsque j’étais en deuxième année, je reçus par mon père un petit livre, le Nouveau Testament, deuxième partie de la Bible ou des Saintes Ecritures. Personne ne m’avait conseillé de le lire jusqu’alors.

J’en lisais un chapitre chaque soir, avant de fermer la lumière, espérant ainsi connaître Dieu.

Mais je n’y comprenais pas grand-chose.

Le seul avantage que j’y trouvais, c’est qu’avant la fin du chapitre j’étais endormie, alors que j’avais toujours eu du mal à trouver le sommeil.

Je participais également à quelques réunions chrétiennes où l’on priait, on lisait la Bible.

Ces réunions étaient fréquentées par des jeunes gens et des jeunes filles, et conduites par des responsables aussi jeunes que l’auditoire.

J’en ressortais comme j’y étais entrée, avec la même soif de Dieu.

Dans ma recherche angoissée de trouver la vérité concernant la personne de Dieu, j’ai même passé un jour et une nuit dans une petite communauté considérée aujourd’hui comme une secte dangereuse.

Je réussis à en partir le matin, mais ils avaient des arguments si convaincants pour me retenir que j’eus l’impression, en les quittant, d’avoir raté la chance de ma vie.

Fort heureusement, la semaine qui suivit, j’étais en congé et je me retrouvai à la montagne pour quelques jours.

Au milieu de la nature si belle, si calme, si vraie, tous les risques auxquels j’avais échappé me furent évidents.

Dans cette petite communauté, dont tous les membres étaient très jeunes, personne ne travaillait. Ses membres pensaient peut-être vivre par la foi, en réalité ils faisaient pression sur les commerçants de leur ville pour obtenir des denrées alimentaires gratuites, des services gratuits, comme ceux du coiffeur.

Ils avaient des mœurs très libres et leurs " traités d’évangélisation " étaient parsemés de paragraphes choquants et franchement érotiques.

Quant à leur chef autoproclamé, qui s’était lui-même donné des prénoms bibliques prestigieux, il avait rebaptisé son adjoint " Ismaël " et lui faisait faire toutes les corvées de la maison.

C’est dans le calme de la nature que j’ai retrouvé mon équilibre intérieur.

Je suis certaine que beaucoup de jeunes perdent la notion des choses saines parce que leur corps et leur cerveau sont fatigués par une mauvaise hygiène de vie. Le manque de sommeil, de nourriture équilibrée, l’usage de divers excitants, de drogues, n’induisent pas des comportements équilibrés et auto protecteurs chez les jeunes dont la personnalité est encore fragile et encline à des comportements extrémistes.

Jusqu’à la fin de la troisième année des études de médecine, on étudie le corps humain normal : L’anatomie, l’histologie (étude des cellules et tissus), la chimie du corps (biochimie) et son fonctionnement (physiologie)…

C’est un véritable sujet d’émerveillement que de contempler la beauté et la perfection de ce corps, qui possède en lui-même toutes les capacités nécessaires à un bon fonctionnement et à la lutte contre beaucoup d’agressions extérieures.

La dame âgée, veuve, chez laquelle je logeais, me disait : " Lorsque mon mari mangeait du poisson et qu’il enlevait l’arrête centrale, il me disait toujours : Comment veux-tu que la nature, qui est si bien faite, se soit créée toute seule ? "

Si la contemplation d’une arête de poisson suscitait l’admiration et la foi chez cet homme, à combien plus forte raison celle du corps humain chez moi !

Lorsque la quatrième année est arrivée, nous avons commencé à étudier les maladies (la pathologie) et à effectuer des stages dans les divers services hospitaliers.

Toutes ces maladies dont nous nous efforcions d’étudier le mécanisme, les symptômes, le traitement, et qui détruisaient cet admirable corps humain, me faisaient le même effet que de grosses taches noires sur un chef d’œuvre.

Mais le plus pénible à supporter, c’étaient les souffrances physiques et morales des malades qui étaient soignés dans les services où nous étions en stage.

Les corps étaient amoindris par la maladie, les regards étaient angoissés, les membres des familles éplorés sur les trottoirs qui longeaient les bâtiments de l’hôpital.

On nous posait des questions auxquelles nous n’osions répondre lorsque le pronostic de la maladie était sombre.

Tous les jours, nous étions confrontés à la mort d’êtres humains, souvent jeunes, et qui ne demandaient qu’à vivre.

A cette époque-là, j’étais loin de ma famille, je me posais des questions sur " l’au-delà ", et j’aurais voulu apporter une consolation à ces grands malades et à ces mourants, mais mon angoisse était telle qu’il m’était impossible de le faire.

J’ai traversé deux années d’agonie, pendant lesquelles chaque journée, du moment du réveil jusqu’au coucher, était dominée par la terreur et les angoisses.

L’angoisse devant la souffrance et la mort, l’angoisse de l’au-delà et l’incapacité à apporter une réponse et une espérance aux mourants.

Pourtant, les réponses je les avais en lisant les écrits des évangélistes et des apôtres, dans le Nouveau Testament.

Mais l’angoisse demeurait, parce que j’étais incapable de communiquer ces réponses aux malheureux qui m’entouraient. La connaissance intellectuelle de Dieu ne suffisait pas.

Je cherchais la sortie du tunnel, en me disant que ces angoisses auraient une fin, et qu’elles avaient sûrement un but et une finalité.

Un jour je compris, enfin, qu’il n’était pas normal qu’une chrétienne vive dans cet état d’esprit, et je pensai : " Si je finis par " perdre la tête " à cause de ces angoisses, ce qui est certain, c’est que Dieu ne sera pas du tout glorifié par ma vie. Donc il faut que je sorte de cet état. "

Je fis alors cette simple prière, mais qui venait du plus profond de mon être confronté à de profondes ténèbres : " Mon Dieu, je t’en prie, fais quelque chose pour moi, je n’en peux plus. "

Je ne sais pas si Dieu attendait ce moment-là, s’il attendait que je cesse de m’appuyer sur moi-même pour se révéler à moi, mais c’est ce qu’il fit.

J’allais à cette époque-là dans une Eglise ou l’Evangile était annoncé exactement comme il a été apporté au monde par les apôtres et les témoins oculaires qui avaient vécu avec Jésus le Christ.

Rien n’avait été ajouté, aucune doctrine, aucune tradition humaine. Rien non plus n’avait été retranché, on y prêchait le salut, non par les œuvres, mais par la grâce de Dieu, par la foi en Christ.

Les dons spirituels étaient exercés sous l’autorité du pasteur de l’Eglise locale, et cette dernière était structurée, non par une hiérarchie mise en place par une volonté humaine, mais par les ministères dont il est question dans la première épître de l’apôtre Paul aux Corinthiens (chapitres 12 et 13).

Cette Eglise-là, comme le dit l’apôtre Paul, est l’Eglise du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité (1 Timothée 3 : 15), lorsqu’elle est conduite par des hommes qui ne cherchent que la gloire de Dieu, uniquement selon sa parole et pour le bien de tous.

Il est probable que si je n’avais pas pu fréquenter les réunions dans une de ces Eglises, réunions où l’on annonçait la Parole de Dieu, où l’on priait pour les âmes et les corps, jamais la lumière ne se serait faite dans mon âme.

Mon intelligence, mon esprit étaient touchés déjà, je savais que l’on y annonçait la vérité. Mais il me manquait de rencontrer Dieu, d’être véritablement immergée dans le Saint-Esprit.

Quelques semaines après avoir supplié Dieu, avec une sincérité absolue, de faire quelque chose pour moi, je vécus une libération intérieure totale de tout ce qui enserrait mon cœur.

J’étais seule, dans le calme de ma petite chambre d’étudiante.

Et petit à petit, mon cœur endurci, dur comme une pierre, devint comme de l’eau. Toute sa dureté disparut.

Je vis ce qui habitait ce cœur et j’en fus horrifiée : Des affections coupables, un orgueil démesuré qui me poussait à vouloir dépasser les autres.

Je commençai à pleurer, de grosses larmes silencieuses, qui semblaient sortir directement de mon cœur.

Je ne pleurais pas sur moi-même, mais sur Dieu d’abord, que jamais je n’avais adoré de tout mon cœur, que j’avais tant offensé.

Je pleurais aussi sur ceux qui m’entouraient, que j’avais été incapable d’aimer par moi-même, et à qui j’avais fait beaucoup de mal sans même en avoir conscience.

Cette expérience, la plus merveilleuse, la plus libératrice qui soit pour une âme et un cœur humain est celle de la repentance.

Repentance : Un mot qui fait peur tant qu’on ne l’a pas expérimentée.

Elle laisse derrière elle un homme, une femme, un enfant, transformé, réconcilié avec un Dieu aimant, réconcilié avec ceux qui l’entourent et qui deviennent ses frères et sœurs.

Elle laisse derrière elle une âme, un cœur délivré de la peur, de l’oppression, de la tristesse et de la haine.

J’étais baptisée d’eau depuis plusieurs mois, lorsque je fis cette expérience intérieure.

C’est par la présence du Saint-Esprit en moi que je fus véritablement transformée intérieurement, que je devins une " nouvelle création. "

Je n’étais pas, en apparence, une grande pécheresse. Je m’efforçais de toujours plaire à Dieu. Mais les efforts du cœur humain sont toujours vains. Le cœur ne peut pas se changer lui-même.

Il est impératif de le savoir, si l’on veut vivre la vie nouvelle que Dieu veut nous donner par son Esprit.

Le prophète Esaïe (chapitre 6, versets 4 et 5), dans l’Ancien Testament, l’exprime ainsi : " Tu as été irrité, parce que nous avons péché ; et nous en souffrons longtemps jusqu’à ce que nous soyons sauvés. Nous sommes tous comme des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé. "

Le but de Dieu n’est pas de nous écraser sous la culpabilité, mais de nous délivrer de celle-ci, de nous redonner une bonne conscience, par le pardon gratuit qu’Il nous donne en Jésus-Christ.

Nous n’avons qu’une seule chose à faire, c’est de saisir cette grâce.

L’action de la présence de Dieu par le Saint-Esprit était telle dans ma vie, ces jours-là, que je ne pouvais plus me mettre à genoux dans ma chambre pour prier ou lire la Parole de Dieu, je ne pouvais plus écouter un cantique ou participer à une réunion dans l’Eglise sans verser de grosses larmes de repentance.

Et en même temps, l’angoisse disparaissait entièrement, il n’en restait pas la moindre trace.

J’avais maintenant un cœur plein de vie et d’amour et je le savais, j’avais rencontré ce Dieu que je cherchais depuis si longtemps. Par son offrande volontaire à la croix, par l’offrande de son sang, Jésus-Christ m’avait ouvert la porte du pardon et de la régénération. J’avais maintenant une conscience purifiée. (Epître aux Hébreux, chapitre 9, verset 14).

Mes larmes durèrent une semaine, après laquelle je me dis en moi-même : " Je ne peux pas passer ma vie à pleurer. Et puis pourquoi les autres chrétiens sont-ils si heureux et ne pleurent-ils pas ? Ils sont sûrement passés par la même expérience que la mienne, mais leurs larmes ont été séchées. "

Mes larmes, à moi aussi, séchèrent, lorsque je fis l’expérience du pardon de Dieu, qui suit toujours la repentance comme le dit Jésus aux disciples qui allaient vers Emmaüs : " Et il leur dit : " Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. " (Evangile de Luc, chapitre 24, versets 46 et 47).

Ce pardon, je le reçus pleinement, en recevant la révélation intérieure de la valeur du sacrifice de Jésus pour moi sur la croix.

La première épître de l’apôtre Jean m’apporta un éclairage extraordinaire.

Un verset particulièrement (1ère épître de Jean, chapitre 1, verset 7) fut pour moi une réponse évidente et trouva un plein accomplissement dans ma vie : " Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes mutuellement en communion, et le sang de Jésus son fils nous purifie de tout péché. "

En s’approchant de moi, Dieu m’avait plongée dans sa lumière et avait révélé les péchés secrets de mon cœur, provoquant la repentance.

J’étais désormais réconciliée avec Dieu, avec mes frères et sœurs, en communion avec eux, et le sang de Jésus me purifiait de tout péché.

Cette repentance avait été acceptée par Dieu, qui avait accordé un plein pardon. Et ce pardon était possible à cause du sacrifice de Jésus. Jésus, qui avait pris ma place à la croix, avait subi le châtiment que je méritais.

Le prophète Esaïe (Ancien Testament), plusieurs siècles avant la venue de Jésus parle aussi de lui :

" Le châtiment qui nous donne la paix est retombé sur lui. " (Esaïe 55).

Je ne cessais de repasser en mon cœur ce verset : " Le sang de Jésus, son fils, nous purifie de tout péché. "

Son effet sur toutes les détresses de mon cœur était extraordinaire. Jamais de ma vie je n’ai éprouvé un bonheur aussi parfait, une joie, une paix aussi parfaite qu’à ce moment-là. Le poids de la culpabilité avait complètement disparu.

Je savourais avec délices les prédications qui avaient pour thème le sacrifice de Jésus, les cantiques qui parlaient de la valeur du sang de Jésus :

" Jésus, par ton sang précieux,

Enlève mon iniquité,

Regarde-moi du haut des cieux,

Dis-moi que tu m’as pardonné. "

Pendant cette semaine-là, où je fus fortement touchée par la grâce de Dieu, et qui se situait entre Noël et le jour de l’an, une amie de l’assemblée chrétienne à laquelle j’appartenais, m’avait envoyé une carte représentant une rose rouge, pour me souhaiter une bonne année.

Le verset : Le sang de Jésus, son fils, nous purifie de tout péché, était imprimé en haut de la carte, que je conservai précieusement dans ma Bible.

Après les vacances, lorsque je revins à la faculté, elle me raconta qu’elle voulait envoyer cette carte à sa meilleure amie, mais qu’elle avait été contrainte intérieurement de me l’envoyer.

Cette rédemption qui m’était accordée avait un prix : Le sacrifice consenti volontairement par Jésus-Christ de sa propre vie. (Rédemption signifie : délivrance par le paiement d’un prix). En Jésus-Christ, Dieu avait payé la rançon pour me racheter de mon ancienne vie.

Je savais que j’avais été délivrée de la puissance du péché et de sa conséquence, la mort éternelle.

Cette rédemption s’opère par le sang, mais aussi par le pouvoir de Dieu.

Le chapitre 8 de l’épître aux Romains nous présente magnifiquement l’origine de la puissance de la rédemption : (verset 2 : " La loi de l’Esprit de vie en Jésus-Christ m’a affranchi de la loi du péché et de la mort. ")

La nouvelle vie dans l’Esprit me permit d’abandonner sans peine, de rejeter même les péchés commis auparavant.

Je pris une nouvelle direction dans ma vie personnelle, et je peux affirmer, plus de 30 ans après, que sans l’intervention de Dieu mon sort aurait été terrible.

La vie et la marche dans l’Esprit de Dieu s’avérèrent n’avoir rien de commun avec les impossibilités auxquelles se heurtait mon propre esprit.

Auparavant, je voulais aider ceux qui m’entouraient à accéder à plus de bonheur.

Mais je n’avais rien qu’un peu de savoir humain à proposer. La souffrance, la mort, la crainte de l’au-delà étaient présentes, alimentant une angoisse sans cesse renouvelée.

Après la " nouvelle naissance " qui m’avait été gratuitement offerte, toutes les impossibilités disparurent et j’expérimentais la puissance de l’Esprit de Dieu dans ma vie, selon le verset écrit dans la seconde épître à Timothée (chapitre 1, verset 7) : " … car ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné ; au contraire, son Esprit nous remplit de force, d’amour et de sagesse. "

Avant la repentance, le pardon de Dieu et la nouvelle naissance, j’étais remplie d’une crainte terrible, d’une impossibilité de parler du salut de Dieu, que je n’avais accepté qu’intellectuellement.

Je sentais ma responsabilité à l’égard des personnes qui m’entouraient et auxquelles j’étais incapable d’apporter une parole de Dieu. Cela créait en moi une angoisse extrêmement aiguë.

Mais l’expérience que je venais de vivre me convainquit de la bonté de Dieu et de son cœur aimant de Père.

Lorsque j’étais dans la détresse morale la plus noire, et sur le point de sombrer, de prendre dans ma vie personnelle une orientation dont je ne serais pas sortie sans beaucoup de dégâts intérieurs, il était intervenu par l’action du Saint-Esprit.

Dieu est un Dieu de grâce, qui nous aide à nous détourner du mal, qui pardonne, qui nous aide à repartir à zéro.

Si Dieu m’aimait à ce point, et au point d’avoir donné Jésus pour moi, il était évident qu’il aimait de la même façon tout être humain, beaucoup plus que je n’aurais jamais pu le faire.

Cette constatation fit disparaître toute angoisse.

Désormais la vie chrétienne me parut toute simple : Il fallait garder en moi cette merveilleuse présence de Dieu et le laisser agir en moi.

Je fis donc, pour moi-même et pour les autres cette expérience écrite dans l’Evangile de Jean, au chapitre 3 et au verset 16, que " Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. "

Moi qui étais extrêmement timide et inhibée, je devins témoin de ce que j’avais reçu, sans efforts, sans difficultés, tout naturellement, sans manifestations extraordinaires. J’avais simplement changé de nature.

Je me sentais parfaitement bien, heureuse. La vie de Dieu était en moi, et sa paix si présente que je pouvais apporter une parole à ceux qui m’entouraient, lorsque l’occasion s’en présentait. La paix et la douceur qui se dégageaient de moi suscitaient des questions auxquelles je répondais " avec douceur et respect ", comme le demande l’apôtre Pierre (1ère épître de Pierre, chapitre 3, verset 15).

La consolation que j’avais éprouvée, d’autres aussi l’éprouvaient, même au comble de la souffrance et de la solitude.

L’hôpital, qui me semblait jusqu’alors " la vallée de l’ombre de la mort ", comme il en est parlé dans le Psaume 23, était devenu pour moi un endroit privilégié, où je sentais partout la présence de Dieu.

Je n’eus aucun mal à apprendre par cœur le psaume 23, je le vivais chaque jour : " Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ton bâton et ta houlette me rassurent. "

C’est formidable de se retrouver dans des lieux et des situations angoissants et de se sentir parfaitement en sécurité parce que l’on suit un " bon berger ".

Ce bon berger, c’est Dieu.

C’est Jésus, celui qui, comme tout bon berger, est prêt à donner sa vie pour ses brebis.

Dieu était avec moi, je le savais, je le sentais. Les ténèbres intérieures avaient été remplacées par une lumière intérieure, douce et apaisante.

Et la personne même de Dieu était en moi par le Saint-Esprit. A certains moments, cette présence était si précieuse que je ne trouvais aucun mot suffisant, aucune comparaison pour la décrire.

Le diamant le plus beau et le plus pur faisait pâle figure face à cette présence sans prix.

Dans toutes les situations qui jusqu’alors me semblaient insurmontables, j’avais maintenant une solution : Je priais, je demandais intérieurement à Dieu de me venir en aide. Je lisais sa parole.

J’étais réconciliée avec Dieu, et il m’arriva tout naturellement ce dont parle Jean-Baptiste à ceux qui, confessant leurs péchés, se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain (Evangile de Matthieu, chapitre 3, verset 11) : " Moi, je vous baptise d’eau pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint-Esprit et de feu. "

Celui qui baptise du Saint-Esprit, c’est Jésus, parce qu’il est le Fils de Dieu. Et ce baptême dans l’Esprit de Dieu nous permet de devenir un être nouveau. C’est la nouvelle naissance.

Voici comment Jésus explique ces choses à Nicodème, un éminent homme religieux de son temps qui n’arrivait pas à comprendre ce qu’était la nouvelle naissance, malgré sa connaissance des écrits bibliques.

(Evangile de Jean, chapitre 3, verset 3 à 8) : " Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu. Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître ?

Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau, (la repentance) et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est Esprit. Ne t’étonne pas que je t’aie dit : Il faut que vous naissiez de nouveau. Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit. "

J’avais désiré, cherché le salut de Dieu, j’avais fait beaucoup d’efforts pour le trouver, et finalement j’avais reçu ce salut gratuitement. Ainsi que le dit l’apôtre Paul : " C’est par grâce que vous êtes sauvés, et ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne se glorifie. "

Cette grâce est pour ceux et celles qui la veulent, qui la demandent.

Dr. F.D.

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