Jugements téméraires

On connait l’histoire du vieux prêtre de Silo, en des temps d’indifférence religieuse et de relâchement moral qui marquaient la décadence de son peuple.

Apercevant dans un coin du sanctuaire une adoratrice qui avait l’air de parler tout bas, il ne peut lui venir à l’idée que cette femme discrète élève vers Dieu la prière éperdue de son cœur de croyante, et il renvoie brutalement, en l’accusant d’état d’ivresse, l’une des plus saintes mères qui jamais consacrèrent leurs enfants au Seigneur : Anne, la future maman du futur prophète Samuel.

Les fausses suppositions ont dans la vie une importance plus sérieuse qu’on ne le croit généralement.

On se figure les dispositions intérieures et les intentions des autres tout différemment de ce qu’elles sont en réalité ; ce sont ces idées fausses à leur sujet qui inspirent paroles, actions, attitudes.

Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que l’effet en soit tout autre qu’on ne l’avait pensé ?

Sans doute il n’est pas possible de connaitre toujours les circonstances où se trouve le voisin, ce qui le tourmente et l’oppresse.

Mais ne pourrait-on pas faire des suppositions qui parleraient pour lui plutôt que contre lui, et qui inspireraient à son égard de l’affection, des prévenances et de la patience, au lieu de sentiments mauvais ?

Dans un compartiment de chemin de fer, une jeune femme était assise, tenant sur ses genoux un enfant dont les cris incommodaient de plus en plus de voyageurs.

A la fin, l’un d’eux, impatienté, leva les yeux de son journal et dit :

- Vous ne pourriez pas enfin faire taire cet enfant ?

La femme, que bien des regards inamicaux mettaient visiblement dans un grand embarras, répondit, les larmes aux yeux :

- Je n’y peux rien, je fais tout ce que je peux, mais l’enfant ne veut pas rester tranquille.

- Où est donc la mère ? répliqua vivement le personnage indigné !

- Dans un cercueil, monsieur, là-bas dans le fourgon !

La figure et les yeux du voyageur changèrent soudain, et il chercha à réparer par toutes sortes de gentillesses son manque d’amabilité et ses reproches de colère.

Ce que fit un chinois

Un pauvre petit chinois, nommé Lsching-Loo, arriva un jour à Boston et, comme ses pareils qui viennent en grand nombre aux Etats-Unis pour y gagner leur vie, il loua une humble boutique basse et enfumée, suspendit au-dessus de la porte un écriteau et se mit à blanchir et repasser les chemises et les faux-cols du voisinage.

Les chinois ont un don particulier pour ces sortes de choses et sont préférés en Amérique, à tout autre blanchisseur.

Isching-Loo eût bientôt une clientèle assez nombreuse.

Il avait été converti là-bas, sur les rives du Fleuve Bleu, par un missionnaire américain et il se dit : " Puisque j’ai reçu de l’homme blanc une si merveilleuse chose, il est juste que je la rende à ses compatriotes. "

Mais comment faire ? il savait à peine quelques syllabes d’anglais, juste assez pour rendre la monnaie à ses clients, et il ne pouvait songer à leur faire un sermon en chinois.

Il se souvint alors d’une grande feuille que le missionnaire lui avait donné au moment de son départ et qui portait en lettres anglaises ces mots que Lsching-Loo trouvait bien beaux, car son ami les lui avait expliqués.

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. " 

Notre chinois prit donc quatre clous et fixa la précieuse feuille sur la muraille.

Puis dès qu’une personne allait quitter la boutique, il la tirait par la manche, montrait la feuille et disait :

- Lisez cela.

Or, un jour, arriva un français qui vivait depuis quelques années en Amérique.

Il s’était enfui de France autrefois, après avoir commis un crime, mais personne ne le savait.

Ayant pris sa commande, le chinois recommença son petit manège.

- Lisez cela, dit-il.

L’homme qui croyait qu’il s’agissait d’une réclame quelconque, lut, haussa les épaules et s’en alla.

De toute la journée, il n’y pensa plus ; mais le soir, quand il se trouva seul dans sa chambre, elles revinrent tout à coup, non plus écrites sur la feuille de la muraille, mais prononcées par une voix douce et tendre, qui, quand il était petit, les lui faisait épeler et répéter mot à mot et qui s’était tue, il y avait bien longtemps.

Pendant toute la nuit, les mots au sens mystérieux martelèrent son cerveau avec persistance.

Il en fut de même les jours suivant.

- " Je deviens fou, pensa-t-il, je me suis trop surmené ces derniers temps. Il me faut me reposer. "

Il chercha à se distraire, visita ses amis, rien n’y fit.

Dès qu’il se trouvait seul, le souvenir de son crime le réveillait, il en revoyait toutes les phases, et une angoisse affreuse le saisissait.

Au bout d’un mois, épuisé au physique et au moral, il se dit : " Il n’y a qu’un pasteur qui puisse me tirer de là ; il m’en faut aller trouver un et, s’il faut tout dire, je dirai tout. "

C’est ce qu’il fit.

Pressé par le pasteur à qui il avait raconté sa vie et avoué sa faute, il retourna en France, fut condamné, subit sa peine aux travaux forcés.

Puis il revint en Amérique, se prépara dans une école missionnaire et fut envoyé en Chine où il fut, jusqu’à un âge très avancé, un des plus fervents et des plus chaleureux apôtres de la Bonne Nouvelle.

Lorsqu’on lui demandait :

-" Mais pourquoi avez-vous choisi la Chine au lieu d’un champs d’activité français ? " 

Il répondait :

- " Je sais que je vais à la Vie Eternelle et c’est, après Dieu, au geste d’un petit chinois que je le dois " 

L.P.

Surmontez le mal par le bien

Un officier américain qui faisait partie de l’Armée du Nord pendant la guerre civile aux Etats-Unis, raconte le fait suivant :

Il avait été chargé, comme officier d’ordonnance, d’une reconnaissance lointaine.

C’était en été. La chaleur était si forte et si étouffante que sa langue s’attachait à son palais.

A moitié défaillant le soir, il aperçut une source. Il approche, il veut remplir sa gourde.

Mais son cheval, qui était rétif, se cabre à plusieurs reprises et, quoique l’officier fut un excellent cavalier, il ne lui fut pas possible de mettre pied à terre.

Dans cette perplexité, il tendit sa gourde à un soldat qui se trouvait justement là, et il le pria de la remplir.

Mais le soldat éclata en terribles imprécations et cria à l’officier :

" Tu n’as qu’à remplir ta gourde toi-même ! "

Ce refus grossier enflamma la colère de l’officier.

- Misérable coquin ! s’écria-t-il. Dieu veuille que je te trouve un jour mourant de soif et demandant un verre d’eau, et qu’alors j’ai la joie de te le refuser !

Deux ans après cette rencontre, l’officier fut envoyé à l’hôpital de Washington, par suite d’une légère blessure.

Il se rétablit promptement et put s’employer à soigner ses compagnons de souffrance.

Par une journée de chaleur suffocante, intolérable, raconte-t-il lui-même, je me rendis dans les salles de l’hôpital où les blessés étaient entassés.

J’avais pris un verre et une cruche d’eau glacée et je tendis à chaque blessé un verre de cette boisson rafraichissante.

Tout à coup, un homme se dressa sur son lit et cria d’une voix creuse :

- " De l’eau ! pour l’amour de Dieu, de l’eau ! "

Je m’approchai ; mais quand j’eus jeté mon regard sur lui, je demeurai pétrifié.

C’était ce soldat qui, assis près d’une source, m’avait un jour refusé de l’eau fraiche.

Il ne parut pas me reconnaitre.

Et dans mon cœur, une voix me disait :

- " Prends maintenant ta revanche. Fais-en sorte qu’il entende le bruit rafraichissant de la glace ; passe tout près de son lit, donne de l’eau glacée à tous, excepté lui ; le jour de la vengeance est enfin arrivé. "

Mais une autre voix se fit entendre :

- " Mon ami, c’est aujourd’hui le jour favorable. Pardonne, comme le Sauveur a pardonné ! "

Un attrait irrésistible m’amena près du soldat ; je passai le bras autour de son cou, je lui soutins la tête, et j’approchai le gobelet de ses lèvres desséchées.

Oh ! avec quelle ardeur il en avala le contenu ! je n’oublierai jamais le regard qu’il attacha sur moi.

Le soldat avait reconnu l’officier au moment où celui-ci lui donna à boire.

Il lui raconta plus tard qu’avant sa première rencontre, il s’était passé quelque chose qui l’avait mis hors de lui.

Mais à peine le cavalier s’était-il éloigné, que le soldat eut honte de sa conduite et, depuis deux ans, il cherchait à le rencontrer afin de lui demander pardon.

Qu'est-ce que la foi ?

L’Empereur Napoléon 1er passait en revue ses troupes sur la place du Carrousel à Paris.

En donnant un ordre, il laissa par distraction flotter les rênes de son cheval qui partit au galop.

L’Empereur dut se cramponner à la selle. Alors un simple soldat s’élance à la tête du cheval, saisit la bride et la tend à l’Empereur qui, tout ému encore, lui demande :

- Je vous suis très obligé, capitaine !

Prenant l’Empereur au mot, l’homme, en le saluant, lui demande :

- Dans quel régiment, Sire ?

Charmé de sa confiance, Napoléon répond :

- De mes gardes !

Et il s’éloigne au galop.

Aussitôt, le soldat pose son fusil et s’approche du garde des officiers d’état-major.

En le voyant, l’un des généraux dit d’un air méprisant :

- Que vient faire ici cet individu ?

- Cet individu, réplique le soldat fièrement, est un capitaine de la garde !

- Vous ? mon pauvre ami, vous êtes fou de parler ainsi !

- C’est lui qui l’a dit ! répond le soldat en montrant du doigt l’Empereur.

- Je vous demande pardon, capitaine, dit le général avec respect, je ne le savais pas.

L'amende payée

Deux hommes, qui avaient été amis d’enfance et camarades d’école, après s’être perdus de vue pendant bien des années, se retrouvèrent un jour dans un tribunal.

L’un était au banc des accusés, l’autre occupait le fauteuil présidentiel.

Le cas fut jugé et le prévenu reconnu coupable.

En considération de son ancienne amitié pour le prévenu, le juge l’acquittera-t ’il ?

Non, il faut que son devoir se fasse ; la justice doit avoir ses droits ; il faut que les lois du pays soient respectées.

La sentence est rendue : quatorze jours de travaux forcés ou deux cent cinquante francs d’amende.

Le condamné ne possédant pas un sou vaillant n’a que la perspective de faire la prison.

Mais aussitôt la sentence prononcée, le juge se lève de son siège, se dépouille de sa robe, puis se rendant auprès du condamné, il paie son amende et lui dit :

- Maintenant, Jean, je te retiens à souper.

Cette petite histoire représente bien l’amour de Dieu pour le pécheur.

Le péché ne peut rester impuni ; il faut que justice se fasse et que sentence soit prononcée.

Mais Christ lui-même s’est chargé de payer l’amende et le pécheur est mis en liberté.

(Extrait)

Prions pour les enfants

Un commandant d’artillerie conduisit son garçon chez un pasteur qui prenait des pensionnaires.

Mon fils est un terrible enfant, lui dit-il, tout à fait incorrigible à mon avis ; veuillez essayer d’en faire quelque chose car, pour moi, j’y renonce. Je l’ai exhorté, je l’ai enfermé, mis au pain et à l’eau, je l’ai puni et battu, mais rien n’a servi.

- Avez-vous aussi prié pour votre fis, et avez-vous prié avec lui ?

- Cela, non.

- Dans ce cas, ne vous étonnez pas de votre insuccès dans votre éducation.

Le pasteur pria avec son nouveau pensionnaire et ne cessa de prier Dieu pour lui.

Ses prières furent exaucées et, par la grâce divine, le mauvais garnement devint un homme nouveau, à la grande joie de ses parents.

Nobles de coeur

C’était le matin.

Un corbillard de pauvre montait lentement la rue Kleber, se dirigeant vers le cimetière de Loyasse, à Lyon.

Le convoi n’est pas nombreux ; un groupe de cinq personnes suivies d’un garçon âgé d’environ sept ans.

C’était tout.

L’enfant trottinait péniblement et grignotait, en pleurant, un morceau de pain.

Il marchait le dernier, à quelques pas du convoi.

Un ouvrier, ému et voyant l’isolement de ce triste cortège ôte sa casquette et se met à côté de l’enfant pour accompagner le corps à sa dernière demeure.

Quand la cérémonie fut finie, il se tourne vers son jeune compagnon.

- Qui a-t-on porté là, mon enfant ? lui demande-t-il avec intérêt.

- C’est maman, répond l’enfant en lâchant son pain pour frotter avec ses deux petites mains ses yeux ruisselant de larmes.

- Et ton papa ? reprend le brave ouvrier, pour faire diversion à la douleur de l’enfant ?

- Papa ?

- Oui, ton père ?

- Mais je ne l’ai plus, dit le petit malheureux, en baissant sa tête blonde.

- Et où vas-tu aller maintenant ? demande l’ouvrier tout attendri.

Je n’en sais rien, répond l’enfant avec cette naïve insouciance de son âge.

L’ouvrier baisse la tête à son tour et réfléchit un instant ; puis paraissant avoir pris une courageuse résolution, il saisit la main du pauvre petit en grommelant tout bas :

- Et bien ! tant pis ! nous allons peut-être nous chamailler un peu avec la bourgeoise, mais qu’importe ? Si la pitance n’est pas toujours abondante, je sais le proverbe : quand il y en a pour un, il y en a pour deux.

- Allons en route mon garçon, ajoute-t-il tout haut en s’adressant à l’enfant, et songe que nous avons à mesurer avec nos pieds un fameux ruban de chemin.

L’orphelin suis son protecteur.

Ils marchent rapidement sans mot dire ; mais au moment d’arriver, l’ouvrier, presque malgré lui, ralentit le pas.

C’est que l’on approchait de la maison et qu’il redoutait la scène qui allait avoir lieu à cause du nouveau pensionnaire qu’il amenait.

Il faut convenir que le moment était bien mal choisi pour une semblable présentation car, du bas de l’escalier, il entendait sa femme en discussion assez vive avec le propriétaire pour le terme non encore payé.

Il ne manquait plus que ça ! pensa l’ouvrier ; nous allons avoir la tempête au grand complet !

Et il monta hardiment.

En voyant son mari, et surtout en apprenant qu’il avait trouvé un nouveau convive, la ménagère éclate en imprécations, en reproches, et l’accable de toutes les injurieuses épithètes qu’elle n’avait pas osé adresser au propriétaire, parti aussitôt pour ne pas se fâcher davantage.

L’enfant effrayé, se mit à pleurer.

-- Alors l’ouvrier, sans mot dire, prend par la main le petit orphelin et se dirige vers la porte.

- Où vas-tu donc, à cette heure, grand vaurien ? lui crie sa femme dont la colère allait en augmentant.

- Je vais conduire ce mioche où je l’ai trouvé, puisqu’il est de trop dans notre échoppe et que, de plus, il est un sujet de discorde ; il vaut mieux qu’il meure de faim dans la rue.

Et l’ouvrier s’en allait….

- Allons, reste ici, s’écrie la femme dont la mauvaise humeur a subitement disparu. Nous aurons soin de l’enfant. Mais à une condition seulement !

- Laquelle ?

- C’est que plus jamais tu ne t’enivres. Au fond, tu es un brave ouvrier, plein de cœur. Mais le lundi tu deviens fou.

- Je te jure, ma chérie, dit l’ouvrier en pleurant, je te jure que dès ce jour, je suis corrigé ; prends ce petit à la maison.

A ce moment, la porte s’ouvrit et le propriétaire parut sur le seuil :

- J’ai tout entendu, mes amis ; ce que vous venez de faire pour cet enfant me touche profondément. Aussi je ne veux pas que, dans votre position, vous soyez seuls à le secourir… Tenez, voici ma part.

Et, jetant un papier sur la table, il disparut aussitôt pour se dérober à tout remerciement.

Ce papier était la quittance de six mois de loyer !

Un héros

Le docteur Georges Turner – que le roi d’Angleterre vient de nommer chevalier : Sir Georges Turner – est l’une des plus belles figures de notre temps.

A cinquante ans, en 1895, il entra au service de la Colonie du Cap, et pendant la guerre sud-africaine, lutta avec un grand dévouement contre la terrible épidémie de fièvre typhoïde qui décimait les troupes.

Il fut nommé inspecteur des hôpitaux puis des camps de concentration, et se dépensa sans compter, risquant sans cesse sa vie.

C’est alors qu’il commença à s’occuper des lépreux.

Il y avait à Prétoria, un asile abritant une cinquantaine de lépreux Boers et quarante indigènes.

Il leur consacra tout le temps que lui laissaient ses autres devoirs, s’efforçant de les soulager et de trouver les causes de la terrible maladie.

Pendant trois ans, il travailla ainsi sans prendre un jour de repos, visitant ses malades matin et soir, passant au milieu d’eux le samedi et le dimanche, levé dès l’aube pour avoir le temps de faire les autopsies et les analyses bactériologiques.

Lorsqu’il fut atteint par la limite d’âge, il rentra en Angleterre et poursuivit dans les laboratoires l’étude de la lèpre.

Un jour, en se rasant, il aperçut sur sa main certaines tâches qu’il reconnut du premier coup d’œil.

Son diagnostic fut confirmé par deux de ses confrères, spécialistes : il était lépreux !

Depuis deux ans, il vit en reclus, continuant ses recherches et il vient de prendre la résolution de retourner au milieu des lépreux pour leur consacrer le reste de sa vie.

Il est plein d’entrain et espère pouvoir faire encore beaucoup pour eux.

(Le Christianisme)

Pardon et grâce

Parmi les actes de générosité et de miséricorde qui illustraient la vie de Robert Steward, alors qu’il était gouverneur du Missouri, il n’en est peut-être pas de plus touchant que le suivant :

Un jour qu’on lui avait amené un prisonnier pour lequel on lui demandait grâce, le gouverneur parut étrangement impressionné en le regardant.

Il le fixa longtemps en silence, d’un air indécis, puis, finalement signa l’acte de grâce qu’on lui avait présenté.

Mais avant de le tendre au condamné, il lui dit :

- Je crains fort que vous ne commettiez quelque nouveau crime qui vous ramène en prison.

Celui-ci protesta énergiquement.

- Je suppose que vous retournerez sur le fleuve, continua le gouverneur.

- Oui, j’en ai l’intention.

- Dans ce cas, j’exige que vous me promettiez une chose : je vous demande que vous me donniez votre parole de ne plus jamais vous de servir de gourdin, lorsque vous serez devenu contremaître, pour forcer n’importe quel mousse malade à sortir de son hamac pour vous aider à charger pendant une nuit orageuse.

Le prisonnier le lui promit, mais, surpris d’une telle requête, il s’enhardit à demander au gouverneur pourquoi il lui faisait faire cette promesse.

- Parce que, lui répondit-il, il se pourrait qu’un jour, ce garçon devint gouverneur et qu’il vous refusât le pardon d’un crime si vous vous adressiez à lui pour l’obtenir.

Puis, continuant :

- Par une nuit de tempête, il y a plusieurs années, vous fîtes escale sur le Mississipi pour charger du bois.

Il y avait un bord un jeune garçon qui s’était engagé à y travailler pour gagner son passage de New-York à Saint Louis, mais étant malade de la fièvre, il était resté couché dans la cale.

Vous aviez assez d’hommes pour faire la besogne sans lui ; néanmoins, vous allates chercher un gourdin pour le forcer à sortir de son hamac, le poussant devant vous, sous la pluie, dans la nuit noire.

Terrorisé par vos coups et vos jurons, il fut obligé de travailler comme un esclave jusqu’à ce que le chargement fût complet ! ....  Je suis ce garçon, et voici votre grâce !

Le prisonnier, tremblant de confusion, cacha son visage dans ses mains pendant un long moment, puis sortit sans prononcer une autre parole.

La leçon miséricordieuse reçue lui profita cependant, car, à partir de ce jour, il devint un autre homme et plus tard, un ouvrier chrétien dans la Mission Intérieure de New-York.

Une larme bue

Un homme passait devant un café.

Ses amis l’engagèrent à y entrer pour prendre un petit verre avec eux, mais il refusa.

Comme ils lui exprimaient leur surprise :

- Vous savez, leur dit-il, que, hier, nous sommes allés à la pêche et que nous avons pris avec nous un baril d’eau-de-vie.

Sur le matin, je m’endormais ivre mort sous un arbre et vous m’avez laissé là, allant dire partout que j’étais mort. Quand je me réveillai, ma femme était à mes côtés.

Ma bouche était si enflammée par la soif que je lui demandai à boire.

Elle ne me dit pas un seul mot de reproche, mais je vis qu’elle avait l’air très affligée. Elle m’apporta un verre d’eau du ruisseau qui coulait tout près de là.

Comme je me penchai pour boire, elle était courbée et je vis tomber dans mon verre une larme de ses yeux….

J’ai bu cette eau et cette larme !

Mais il ne m’arrivera plus de boire les larmes de ma femme ni de lui en faire verser !

Je l’ai juré et, Dieu aidant, je tiendrai ma promesse.

Un bon placement

Un industriel charitable et fort riche acheta une petite maison et une petite pièce de terrain qu’il donna à un vieillard âgé et pauvre qu’il respectait à cause de son caractère chrétien.

L’achat lui avait couté environ trois mille francs.

Il ne pensait à rien d’autre qu’à faire acte de bonté.

Seize ans s’écoulèrent et deux choses arrivèrent.

L’industriel perdit sa fortune et le vieillard mourut sans héritier.

La maison et le terrain revinrent à leur premier possesseur.

Mais la valeur de la propriété dans ce voisinage avait été multipliée par dix, pendant ces seize années.

Celui qui avait donné trois mille francs, en reçut trente mille.

Ceci peut servir de parabole à ce qui arrivera aux disciples du Christ qui auront compris la valeur d’un seul verre d’eau froide, donné en son nom.

Ne seront-ils pas surpris de la valeur qu’il aura acquise dans l’éternité ?

La visite du Christ

Il y a une belle légende d’un moine qui ne sortait pas de sa cellule et priait pour être moulé à la ressemblance de la Croix.

Il avait fait le vœu que personne ne verrait son visage jusqu’à ce qu’il ait vu la face du Christ.

Ses dévotions étaient donc continuelles.

Les enfants jouaient autour du monastère et les oiseaux chantaient à la fenêtre de sa cellule, mais le moine n’y faisait aucune attention.

Un matin, il lui sembla entendre une voix qui lui disait que ce jour-là, il aurait cette vision du Sauveur qu’il attendait depuis si longtemps.

Il se remit à prier et à veiller avec plus d’ardeur.

Il y eut un faible coup frappé à la porte.

Au bout d’un moment, il entendit la voix d’un petit enfant qui demandait un abri et de la nourriture.

Ses pieds étaient froids, disait-il et ses vêtements si minces !

Mais le moine ne voulait pas être dérangé.

Il attendait le Seigneur.

Le soir tomba, la cellule se fit sombre.

Pourquoi le Maitre tardait-il à venir ?

Enfin, on vint dire au moine que le Christ était venu.

Il avait longtemps frappé à la porte, il avait attendu, puis il était parti le cœur triste d’avoir été repoussé.

Il était venu sous la forme d’un petit enfant ayant faim et froid et il n’avait pas été admis.

Le moine attendait une forme resplendissante et glorieuse, mais le Maître était venu en proie aux besoins de l’humanité souffrante et il n’avait pas été reconnu.

Tuer le dragon

Un petit garçon de quatre ans avait été fort impressionné de l’histoire de Saint Georges et du Dragon que sa mère lui avait racontée, à sa sœur et à lui.

Le lendemain, il dit à son père :

- Papa, je veux être un saint !

- A ton aise, mon petit Jean, dit le père ; tu veux être un saint si tu le désires, mais tu trouveras que c’est bien difficile !

- Cela m’est égal, répondit Jean. Je peux être un saint et combattre un dragon. Je suis sûr que je pourrai en tuer un !

- Tu le pourras, en effet mon garçon.

- Mais quand est-ce que je serai un saint ? insista l’enfant.

- Tu peux commencer aujourd’hui même, dit son père.

- Mais où est le dragon ?

- Je te le dirai quand il se montrera.

Tout heureux, l’enfant alla jouer avec sa sœur.

Dans la journée, il arriva des cadeaux pour les deux enfants.

Jean reçut un livre et Jeanne une belle poupée.

Jean ne goûtait pas encore beaucoup aux livres, mais il avait une grande prédilection pour les poupées ; et quand il vit que sa sœur avait reçu un cadeau qu’il considérait comme bien plus enviable que le sien, il se jeta par terre en pleurant de colère.

Son père, qui était présent, dit tranquillement :

-  Attention, Jean, voilà le dragon.

L’enfant s’arrêta aussitôt de pleurer et porta vite ses regards tout autour de la chambre ; puis il leva les yeux sur son père, mais ne dit rien.

Le soir, quand il alla dire bonsoir à son père, il lui dit tout bas :

- Papa, je suis très content que Jeanne ait la poupée. J’ai tué le dragon !

La victoire d'un jeune

Un monsieur m’a raconté que lorsqu’il était jeune homme, étant le premier commis décorateur dans une très grande fabrique de poteries, une terrible tentation lui fut envoyée, un jour, au travail.

Le directeur, qui préparait toujours les formules dans un petit cabinet particulier, fut soudain appelé en bas et, sans y penser, laissa son livre de formules sur son bureau.

Jean Forestier, le premier commis, eut à aller dans ce cabinet pour chercher des couleurs.

Jugez de sa surprise lorsque, sous ses yeux, le livre du directeur lui révélait toutes les formules secrètes de la maison !

Ce petit volume contenait des choses d’une immense valeur.

Forester aurait bien vite fait de copier les principales et personne ne l’eut découvert.

Combien de jeunes hommes auraient profité de cette occasion unique de se mettre soi-même dans les affaires, de pouvoir produire cette pâte de porcelaine semblable à celle-ci, la meilleure du pays !

Une lutte terrible tenaillait le cœur du jeune homme pendant qu’il regardait le livre ouvert devant lui.

Il pouvait devenir riche, épouser la jeune fille qu’il aimait, éduquer ses enfants, prendre soin de sa vieille mère.

Il n’aurait plus à travailler ses dix heures par jour, dans une atmosphère brulante.

Quelle route facile vers la fortune !

Son agitation augmentait, la tempête faisait rage de plus en plus….

Il allait succomber.

Soudain il saisit le livre, le ferma brusquement, puis l’éleva en l’air en criant :

- Victoire ! Par Jésus-Christ !

Puis il alla trouver le directeur et lui tendit le petit livre qu’il avait cru avoir mis sous clefs.

Jean Forester est encore un humble décorateur.

Mais il est l’un de ceux qui ont " vaincu. "

L’influence d'une grande âme

Il y a quelque temps, un homme se rendit à Brighton pour tâcher d’y retrouver quelques réminiscences de Robertson, le grand prédicateur.

Il n’en trouva qu’une.

Ce fut dans une petite boutique tenue par un pauvre marchand.

Celui-ci lui dit :

- Venez ici, Monsieur.

Puis il le conduisit dans l’arrière-boutique, lui montra sur le mur le portrait de Frédérick Robertson et ajouta :

- Lorsque je suis tenté de faire quelque chose de mauvais dans mon commerce, je viens regarder cette figure et je ne puis faire cette chose-là.

Si Robertson pouvait produire un tel effet, combien plus le Maître de Robertson peut et doit nous aider dans toutes nos tentations et nos luttes afin que nous-mêmes puissions aider aussi les autres !

L’étang et la source

Il y avait une fois un grand étang plein d’eau pure, à côté duquel coulait une petite source.

L’étang demanda à sa voisine :

- Pourquoi coulez vous si vite ? lorsque viendront les chaleurs, vous regretterez d’avoir gaspillé tant d’eau. Suivez mon exemple, j’économise et en été, j’en aurai assez.

La source ne répondit pas, mais continua de couler joyeusement.

Peu à peu vint l’été avec ses chaleur.

L’étang avait épargné son eau.

Mais la petite source avait nourri les champs et les fleurs et avait fait du bien partout où elle était passée.

Reconnaissants, les buissons étalaient leurs branches au-dessus de leur amie, de sorte qu’elle n’eût pas à souffrir des rayons du soleil.

Les oiseaux vinrent bâtir leurs nids dans cette nouvelle verdure et les troupeaux se désaltérèrent à cette eau limpide.

Mais qu’advint-il de l’étang ?

Son eau, corrompue par la chaleur, répandit des odeurs malsaines de sorte que personne n’osa séjourner sur ses bords.

La source continua son chemin jusqu’au grand océan d’où ses gouttelettes montèrent vers le trône de Dieu.

Et Dieu changea l’eau en nuages et les fit retomber sur la terre en pluie bienfaisante pour nourrir la petite source.

Et l’on entendait son léger murmure qui disait : " mieux vaut donner que recevoir. "

(Traduit du hollandais par C. H. Hovy)

Conte arabe

Un jour de fort sirocco, un chameau passa son museau par la porte entrouverte de son maître.

- Permets-moi de respirer un peu d’air frais de ta chambre, dit-il.

- Soit, répondit le maître.

Mais peu à peu le chameau, abusant de cette autorisation, fit passer toute la tête, puis son long cou, et finalement il s’introduisit tout entier dans la petite chambre où il brisa et renversa tout.

A ce moment-là, c’était trop tard pour l’expulser.

- Je suis ici chez moi, dit effrontément le chameau, et j’y reste. Si mes manières ne te conviennent pas, tu n’as qu’a t’en aller.

Voilà une image fidèle des procédés du péché ; si nous ne le repoussons pas d’emblée avec toute notre énergie, il s’installera en maitre chez nous, et alors il sera trop tard pour le déloger.

Priez pour mon enfant

Une dame russe était venue dans l’Eglise d’un monastère afin de prier pour l’âme de sa fillette de trois ans qui avait disparu depuis six mois sans laisser de traces.

Toutes les recherches entreprises par la police ayant été stériles, on avait supposé que l’enfant avait été victime d’un accident.

Dans le voisinage du monastère, une mendiante qui portait un enfant dans ses bras, s’approcha de la dame riche pour lui demander l’aumône.

Celle-ci remit quelques pièces de monnaie en disant :

- Priez pour ma Véra !

Au son de cette voix, l’enfant se retourna en criant :

- Maman, maman !

C’était la fille volée : elle était aveugle et avait reconnu sa mère au son de sa voix.

L’enquête qui fut aussitôt ouverte par la police, révéla, dit un journal de Leipzig, ce fait horrible qu’il y avait dans un village voisin de Moscou, un établissement où l’on portait les enfants volés pour leur faire subir quelque mutilation qui les rendait infirmes.

Après quoi, on les louait à des gens qui s’en allaient avec eux mendier dans les grandes villes et gagnaient de la sorte de dix à vingt roubles par jour.

Maman comprendra

Dans un hôpital, sur un petit lit, un pauvre enfant de cinq ans gémit depuis de longs jours.

Il avait été renversé par une voiture et portait de graves blessures.

Les caresses et les sourires de sa mère qui vient le voir chaque jour, sont ses seules consolations.

Mais voilà que le père tombe malade à son tour, et la mère, accablée de soucis et de travail n’a plus reparu à l’hôpital.

Le petit blessé l’attend avec impatience ; tout à coup, une idée traverse son esprit : il demande un crayon et une feuille de papier qu’il barbouille de traits inégaux lancés dans toutes les directions.

Puis il prie l’infirmière d’envoyer cette lettre à maman.

- Ce n’est pas une lettre, mais un gribouillage qui ne signifie rien !

- Oh ! maman comprendra, répond le petit homme ; elle sait combien j’ai besoin qu’elle vienne ; elle comprendra et viendra.

Un voisin de lit mit la feuille sous enveloppe, écrivit l’adresse et y apposa un timbre.

La lettre arriva à bon port.

Mais d’où pouvait donc venir ce chiffon de papier, se demanda la pauvre femme ?

Que signifient ces traits incohérents ?

Ses hésitations ne furent pas longues ; maman comprendra, avait dit l’enfant, et il ne s’était pas trompé.

Maman comprit en effet, que son pauvre petit avait besoin d’un baiser, et elle accourut aussitôt pour l’embrasser à l’hôpital.

Parfois nous sommes découragés de prier, parce que nos prières ressemblent si peu à de vraies prières, elles expriment si mal ce que nous demandons, nous ne savons que bégayer.

Mais qu’importe ?

Dieu entend notre bégaiement, il lit notre griffonnage, il comprend et il répond.

Maman comprendra, maman viendra, avait dit l’enfant malade, et sa foi naïve ne fut point déçue.

Et notre Père céleste, infiniment meilleur que la meilleure des mères, comprendra aussi et nous répondra.

L’éducation

Les précepteurs, éducateurs, et professeurs des jeunes princes, leur adressent plusieurs fois dans la journée les observations, remarques et avertissements suivants :

- Ces paroles triviales, ces expressions vulgaires ne vous sont pas permises, car vous êtes des princes ; comme tels vous devez avoir une conversation et une tenue impeccables, une conduite modèle ; vos pensées même et vos sentiments doivent être irréprochables.

N’oubliez jamais que vous êtes des princes, et que " Noblesse oblige."

Ainsi, nous, chrétiens devenus enfants de Dieu par la foi et le baptême, nous devons nous aussi nous comporter comme il sied à des héritiers des cieux, nous rappeler sans cesse notre haute et suprême dignité et repousser en conséquence tout ce qui est contraire à la sainteté, à la foi divine, à la volonté de notre Père céleste, parce que nous sommes enfants de Dieu.

Accueille-le pour l'amour de ton fils

Un banquier, dont le fils était à l’armée, s’occupait activement des œuvres de bienfaisances et de charité.

Mais voyant que par-là, ses propres affaires étaient trop négligées, il résolut de ne plus quitter son bureau, et de ne plus se laisser déranger désormais par les nombreux solliciteurs et quémandeurs.

Un jour, pendant qu’il réglait ses comptes, la porte s’ouvrit et un soldat malade entra.

Le banquier ne fit d’abord pas attention à lui, et continua à écrire et à calculer.

Après un long moment d’attente inutile, le pauvre soldat plaça sur le bout de la table un morceau de papier froissé et maculé de taches de sang.

A cette vue, le père reconnut aussitôt l’écriture de son fils et s’empressa de lire la lettre.

Cher père, y était-il dit, le soldat, porteur de ces lignes, est de ma compagnie ; il a perdu la santé en se battant pour la patrie, et il retourne, mortellement malade, auprès de sa mère. Accueille-le bien, pour l’amour de ton fils Charlie.

Immédiatement, le banquier quitta son bureau et ses affaires, conduisit le soldat dans sa maison, et l’installa dans la chambre même de son propre fils.

Il le soigna jusqu’à ce qu’il fût en état de retourner auprès de sa mère.

En l’accompagnant à la gare, il le congédia en disant :

- Que Dieu vous bénisse, mon ami, pour l’amour de mon fils Charlie.

Ainsi, nous, chrétiens, nous sommes certains d’être exaucés, si nous prions Dieu, notre Père céleste, au nom et pour l’amour de son Fils Jésus-Christ, notre adorable Sauveur.

Car Lui, qui nous a donné son Fils unique, comment ne nous donnerait-Il pas toutes choses par amour pour lui !

Fidèle dans mon coin

Une fille de cuisine était assise dans un coin pelant soigneusement des pommes de terre, faisant bien attention que la pelure ne soit pas trop épaisse.

La cuisinière, qui préparait son dîner dans un autre coin, interpella la jeune fille, la priant de se dépêcher et de ne pas faire attention à la pelure.

Celle-ci répondit doucement :

" - Je suis fidèle dans mon coin, soyez-le dans le vôtre. "

La demoiselle de la maison passait justement devant la cuisine et entendit ces paroles qui firent une grande impression sur son cœur.

Elle entra dans la chambre de sa mère, la trouva à lire le journal, et lui répéta les paroles de la servante :

Je suis fidèle dans mon coin, soyez-le dans le vôtre.

La mère fut frappée à son tour de ces étranges paroles.

Elle mit son journal de côté et reprit son travail.

Quand le mari entra, il fut surpris de voir sa femme à son ouvrage :

- Comment, lui dit-il, si tard et encore si diligente ?

A peine leva-t-elle les yeux pour lui répondre :

- Je suis fidèle dans mon coin, sois-le dans le tien.

Le mari fut un instant confondu de cette réponse ; puis il prit son chapeau et dit :

- J’ai encore quelque chose à mettre à la poste ; au revoir, dans une demi-heure.

Il s’était souvenu tout à coup qu’il avait une petite dette à régler avec un ouvrier pauvre et qu’en se dépêchant, il serait encore prêt avant la fermeture du bureau.

Il y arriva tout essoufflé.

L’employé regarda avec étonnement le riche commerçant :

- Quoi, lui dit-il, vous vous donnez la peine d’arriver si tard, et comme je le vois, c’est pour bien peu de choses !

Le commerçant répondit, tout en comptant son argent :

- Je suis fidèle dans mon coin, soyez-le dans le vôtre.

L’employé ne répondit rien et termina l’affaire.

L’heure de la fermeture arrivée, on entendit un bruit de guichets et de tiroirs fermés, de chaises et de tables remuées, mais notre employé continua tranquillement à inscrire quelques versements, sans même se donner la peine de se retourner.

Un de ses collègues, chapeau sur la tête et canne à la main, s’approcha de lui :

- Allons, dépêche-toi et viens ; tu finiras tout cela demain ; viens prendre un verre avec moi.

L’autre leva la tête et dit avec calme !

- Je suis fidèle dans mon coin, sois-le dans le tien.

- Eh bien ! tant pis pour toi, travaille si le cœur t’en dit ; je boirai mon verre tout seul.

Mais en chemin, les paroles lui revinrent, et il se décida à renoncer à sa soif, ou plutôt à son habitude, et se rendit tout droit chez lui.

Sa femme fut très surprise de son prompt retour et lui demanda toute joyeuse :

- Comment, c’est déjà toi ? Qu’est-il arrivé que tu rentres si tôt ?

Il lui répondit tout tranquillement :

- Je suis fidèle dans mon coin, sois fidèle dans le tien.

Ainsi, les paroles d’une simple fille de cuisine, passant de bouche en bouche, produisirent un effet salutaire sur toutes ces consciences.

Une bonne parole est comme un grain de blé qu’on a jeté en terre et qui rapporte au centuple, sans que le semeur s’en doute.

Celui qui ne perdra pas sa récompense

Quiconque vous donnera à boire un verre d’eau en mon nom… il ne perdra point sa récompense (Marc 9 : 41)

Un célèbre chirurgien qui faisait parfois des excursions, en naturaliste, s’arrêta un jour dans une ferme solitaire et demanda un verre d’eau à une petite fille qui, gentiment, lui dit aussitôt :

- Oh ! monsieur, je vous offrirai plutôt un verre de lait !

Après avoir pris la délicieuse et rafraîchissante boisson, l’étranger donna sa carte à la fillette et lui dit :

- Si jamais toi ou un membre de ta famille avez besoin de mes soins, voici l’adresse de ma clinique. Vous y serez traités pour rien.

La fillette, émerveillée de l’aventure, le remercia avec effusion.

Plusieurs années après, l’état de santé de sa mère nécessita une opération très coûteuse.

Armée de la carte du chef, elle fut reçue en privilégiée et admirablement soignée dans la fameuse clinique.

Au moment de son départ, le chirurgien lui remit une note établissant ses honoraires habituels (très élevés, naturellement).

Au bas, il avait écrit :

Acquittés par un verre de lait.

Jésus peut

Le docteur G. F. Pentecost est un pasteur américain qui a exercé son ministère à diverses reprises des deux côtés de l’Atlantique, comme aussi sur la côte du pacifique.

Il a fait campagne comme prédicateur de réveil un peu partout.

Il nous conte un incident déjà bien ancien, mais qui était resté gravé dans sa mémoire.

Pour ajouter à la mise en scène de son récit, il faut dire qu’il était un homme de belle prestance, à forte moustache.

C’était à Aberdeen, un dimanche soir, au Music-Hall, où nous tenions une série de réunions d’appel.

La grande salle, bondée, avait contenu deux mille cinq cents auditeurs, hommes seulement ; elle venait de se vider de ses derniers occupants qui, au nombre de plusieurs centaines, étaient restés après la prédication pour avoir avec nous des entretiens concernant la vie de leur âme.

Une centaine environ avait déclaré se convertir et se donner à Christ.

Onze heures avaient sonné, les lumières étaient toutes éteintes, sauf un dernier bec de gaz.

Un ami et moi nous nous consultions sur certains arrangements à prendre, et j’allais et venais, mesurant l’espace disponible pour de nouveaux sièges, quand j’eus le sentiment d’être suivi, dans les demi-ténèbres, par un bruit sourd qui ne pouvait être que celui de pieds nus.

Je me retournai vivement et me trouvai en présence d’une petite fille en haillons, demi-vêtue, jambes nues, tête nue, qui semblait une ombre.

Elle pouvait avoir dix ou douze ans.

Elle était transie de froid, violette ; c’était l’image de la misère.

Elle semblait effrayée, et cependant elle m’avait suivi et ne paraissait pas disposée à s’éloigner.

Un peu indigné de cette insistance et de sa présence même en ce lieu à pareille heure, je lui dis brusquement :

- Que fais-tu ici ? il est bientôt minuit, tu devrais être chez toi, dans ton lit. Tu n’as rien à faire ici, va-t’en vite !

Elle ne répondit rien, mais restait là à me regarder avec un sérieux étrange.

Pensant qu’elle avait faim et voulait une aumône, je repris :

- Que veux-tu ?

Elle se souleva sur la pointe des pieds et me dit tout bas :

- Oh, monsieur, je voudrais être sauvée.

Toute l’impatience dont j’avais fait preuve disparut à l’instant.

Sa voix était pathétique, son accent si sincère, que je me sentis tout remué et lui mettant amicalement la main sur sa pauvre épaule à peine couverte, je dis :

- Vraiment petite ! j’en suis tout heureux ; mais pourquoi veux-tu être sauvée ?

Elle se souleva de nouveau sur ses orteils et murmura :

- Parce que je suis mauvaise.

Evidemment, elle savait bien ce qu’elle voulait et parlait avec un vrai sentiment de ses péchés.

Pour me rendre compte de son état d’esprit, je lui dis :

- Oui, mon enfant, nous sommes tous mauvais ; mais penses-tu que je puisse te sauver ?

- Non, non ! me dit-elle, vous ne pouvez pas me sauver ! aucun homme ne peut sauver un pécheur.

- C’est bien vrai, ce que tu dis là ; alors, qui peut te sauver ?

A cette question, elle reprit confiance, se rapprocha, se souleva encore, comme pour me parler à l’oreille et, de sa voix au timbre étrange, elle dit avec conviction, quoique bien bas :

- Jésus peut.

Elle m’intéressait vivement, je repris :

- Oui, chère enfant, Jésus peut te sauver, mais qu’a-t-il fait pour te sauver ?

- Il est mort pour moi, dit-elle sans hésitation.

- Alors, il est mort ? objectais-je, pour voir ce qu’elle répondrait.

La même indignation qu’avant se peignit sur ses traits ; elle recula de nouveau et répliqua vivement :

- Mais non, il n’est pas mort !

- Tu viens de dire qu’il est mort ! repris-je.

Cette fois, la pauvre enfant parut se défier de moi ; elle ne savait plus que penser à mon sujet.

- Non, il n’est pas mort ! répéta-t-elle, et elle faisait mine de vouloir s’éloigner.

Ses yeux jetèrent un éclair, puis après m’avoir considéré un instant, voyant que je la regardais avec affection, elle revint et, d’un accent ému, vibrant, elle me dit :

- Oh monsieur ! ne me contrariez pas ! Jésus est mort pour moi, mais il n’est pas mort. Vous disiez vous-même ce soir que Dieu l’a ressuscité des morts.

Non, monsieur, ne me contrariez pas. Il est mort pour moi, mais il vit, il est monté là-haut et il peut me sauver. Oh ! monsieur, s’il voulait me sauver !

Elle dit cela avec une telle passion, un accent si suppliant que les larmes furent très près de jaillir de mes yeux.

Petite écossaise, toute pauvre et déguenillée qu’elle fut, elle savait son catéchisme.

L’enseignement donné dans les paroisses, avec tant de précision, avait porté son fruit chez cette enfant de la rue, qui semblait abandonnée et hors-la-loi.

L’Esprit divin avait réveillé cette conscience, et les vérités logées dans sa mémoire avaient soudain pris vie.

Le chemin était clairement tracé devant son esprit ; il ne lui restait qu’à y entrer résolument et y marcher.

Profondément ému, je la pris par la main, la fis asseoir à mon côté sur un des bancs de la salle et lui donnai les explications et les encouragements qu’elle désirait avoir.

Je l’assurai de l’amour du Sauveur pour elle et lui dis qu’elle pouvait y compter.

Il y avait pour elle un pardon tout prêt ; la grâce de Dieu pourvoirait à tout.

Elle n’avait qu’à lui donner toute sa confiance.

Nous nous agenouillâmes ensemble.

Je priais ; elle pria aussi et en son langage d’enfant se donna de tout son cœur au Sauveur.

Combien souvent, durant les années écoulées, mon esprit était revenu à cette rencontre !

Cette âme d’enfant avait mieux saisi la vérité que mille et mille adultes si chancelants dans leur foi.

BROCHER

De quelque côté que le vent souffle

Spurgeon visitait, à la campagne, un ami qui s’était bâti une nouvelle ferme.

Cette ferme était surmontée d’un petit dôme, et le petit dôme d’une girouette, où se lisait ce texte de l’Ecriture : Dieu est amour.

- Que voulez-vous dire en mettant ce texte sur la girouette ? demanda Spurgeon. Est-ce que l’amour de Dieu est aussi changeant que le vent ?

- Oh ! non ! répondit le campagnard ; j’ai voulu dire que Dieu est amour de quelque côté que le vent souffle.

Une similitude de Sundar SINGH

Un jour, je traversais une rivière et je pris dans l’eau une pierre que je brisai.

Le milieu était sec.

Une pierre peut donc être immergée durant des années, l’intérieur n’en reste pas moins absolument sec.

La pierre était dans l’eau, mais l’eau n’avait pas pénétré la pierre.

Voilà l’image de beaucoup de chrétiens.

Ils sont dans le troupeau, ils sont en Dieu ; mais Dieu n’est pas en eux à cause de la dureté de leur cœur.

Il ne faut pas que les chrétiens ressemblent à une pierre, mais plutôt à l’éponge que l’eau pénètre dès qu’on l’y plonge.

Rien, ô Jésus que la grâce,

Rien que ton sang précieux,

Qui seul mes péchés effaces,

Ne me rend saint, juste, heureux.

Ne me dites autre chose,

Sinon qu’il est mon Sauveur,

L’auteur, la source et la cause

De mon éternel bonheur.

L’aigle royal

Un promeneur admirait un splendide aigle royal qui planait dans les airs.

Tout à coup, il remarqua quelque chose d’anormal dans son vol et, un moment après, il vit l’aigle s’abattre à peu de distance, comme foudroyé.

Il courut pour l’examiner et vit qu’il tenait dans ses serres une belette encore vivante qu’il avait voulu porter en pâture à ses petits.

Mais, pendant le trajet, la belette lui avait sucé le sang et ce puissant oiseau de proie devint la victime de ce petit ennemi qu’il serrait contre son corps et dont il ne s’était pas méfié.

Voilà une illustration caractéristique de l’effet des péchés mignons qu’on caresse au lieu de les combattre et les extirper !

Le secret du succès

Une jeune fille pieuse fut invitée à diriger un groupe de l’école du dimanche.

Elle accepta et l’on put voir qu’elle s’acquittait de son œuvre avec zèle, fidélité et beaucoup d’affection pour ses élèves.

Bientôt ces enfants prirent un véritable intérêt aux enseignements de l’Evangile et l’un après l’autre se convertirent.

Lorsque l’on vit ce résultat, on la pria de remettre son groupe à une amie et d’en prendre un autre où ne se trouvait pas un seul enfant pieux.

Après quelques réflexions elle y consentit.

Et la même bénédiction accompagna les soins qu’elle donnait à ses nouveaux élèves.

Il en fut de même pour un troisième groupe.

Tous les enfants dont elle s’était occupée dans l’école du dimanche avaient donné leur cœur au Seigneur Jésus.

Mais l’œuvre que cette jeune fille devait faire ici-bas était achevée et elle entra dans le repos préparé pour le peuple de Dieu.

Après sa mort, ses parents examinèrent son journal et y trouvèrent inscrite la résolution suivante :

" J’ai résolu de prier tous les jours pour chacun des enfants de ma classe en particulier."

Puis loin, on retrouva les mêmes paroles auxquelles étaient ajoutés ces mots :

" Et de prier avec ardeur ".

Enfin à la date où elle se chargea du troisième groupe, on lisait :

" J’ai résolu de prier tous les jours pour chacun des enfants de ma classe en particulier, de prier avec ardeur et de compter sur la bénédiction de Dieu. "

1 - Josué POOLE

Né en 1826, dans une petite ville du Yorkshire, il a aujourd’hui quarante-n...

2 - Gipsy SMITH

Rodney Gipsy SMITH - Sa vie et son oeuvre La vie de Gipsy Smith est une his...

3 - Petites histoires édifiantes

Jugements téméraires On connait l’histoire du vieux prêtre de Silo, en des...

4 - Petites histoires édifiantes pour l'éc...

Education familiale D’un article de l’Education Nationale, qui fait cette c...

5 - Confession d'un Pasteur

Chers Frères, Dieu m’a permis de retrouver dans un livre de 1840, cette con...

6 - La conversion de Marius

- A boire ! A boire ! On a soif quand on vient du fond ! C'était un bel hom...

7 - Entretiens avec des hommes de foi

Georges MULLER Par une chaude journée d'été, je gravissais lentement le che...

8 - Judson, vœux de nouvel an

Voeux de nouvel an et leur accomplissement Enfance et préparation "Adoniram...

9 - Le réveil

Introduction La question est de savoir si l'on ne pourrait pas présenter ce...

10 - Le réveil en Angleterre par Moody et...

Depuis deux ans, tout le public religieux suit avec intérêt le beau réveil...

11 - Une délivrance miraculeuse

Une délivrance miraculeuse Dieu n'est jamais la cause d'aucune de nos décep...

12 - La Bible, Parole de Dieu

Toute l'Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour instru...

13 - Les dix commandements

1 – Je suis l’Eternel ton Dieu - Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma fa...

14 - Gustave ISELY, un homme de Dieu

Gustave Isely a été commissaire de l'Armée du Salut en France pendant quelq...

15 - La couronne d'épines

Le sang de mes blessures, Ma couronne de Roi, Toutes ces meurtissures, Comp...

16 - Le réveil aujourd'hui

Dans notre recherche du Réveil, Dieu nous a conduits depuis plus de 5 ans a...

17 - Un lys parmi les épines

Un ami de la Société américaine des traités lui fit la communication suivan...

18 - Georges KING, le boxeur

Témoignage du boxeur Georges King A la demande de plusieurs chrétiens et po...

19 - Jésus, le divin berger

L'Eternel est mon berger : je ne manquerai de rien, Il me fait reposer dans...

20 - Histoires du passé pour les enfants d...

Timmy … et sa dîme Timmy est un petit garçon américain qui vit avec son pap...